MER NOIRE EN FEU, ORIENT EN DEUIL, PEKIN EN FÊTE (GUINDEE)
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Tandis qu’à Pékin (pardon, Beijing, il va falloir s’y faire), le Grand Show Olympique déroule ses fastes sous contrôle étroit. Au Darfour, à la Palestine, malheureux abonnés aux conflits sanglants, aux populations africaines victimes des chaos provoqués par les avidités post-coloniales et l’impéritie de quelques dirigeants (Robert Mugabé est actuellement le tenant du titre, après bien d’autres, dans cette catégorie, aux oppressions malheureusement habituelles que subit la fraction la plus pauvre de la population (majoritaire pourtant) de par le monde s’ajoute le conflit entre la Géorgie et la Russie, dont comme on le sait depuis toujours car c’est le lot de toute guerre, la population civile est la principale victime. Bien entendu, de nombreux avis des « milieux autorisés » dont le regretté Coluche se gaussait à juste titre, sont reproduits dans la presse. Bien entendu, la plupart, mais pas tous, de ces auto-autorisés n’ont jamais mis les pieds en Ossétie et en Abkhazie et ne connaissent, au mieux, de la Mer Noire que le souvenir de séjours balnéaires. Qui a « raison » ? Qui a « tort » ? Le gouvernement russe, qui affirme que le gouvernement géorgien est manipulé par Washington et que l’Ossétie(du sud) et l’Abkhazie ont droit à l’indépendance, voulue, selon certains scrutins, par la population ? Le gouvernement géorgien, qui rétorque que les velléités d’indépendance de l’Ossétie (du sud) sont en fait une manipulation militaro-maffieuse concoctée à Moscou ?
Contrairement à Libération, qui a pris parti pour la version géorgienne, nous ne trancherons pas. Ce que nous pensons juste, c’est qu’il faut un cessez le feu rapide, que pour cela un retour au statu-quo précédent soit accepté par les deux parties, et que la parole soit donnée aux populations concernées, par un scrutin organisé dans des conditions indiscutables. Utopique ? Pas tant que ça, puisque le plan Medvedev, devenu ici le plan Sarkozy, bravo l’artiste, va dans ce sens, et de toutes façons, nous n’avons pas mieux en magasin.
Nous avons observé l’agitation de notre président de tout sur la question, d’autant que Bernard Kouchner, qui n’en rate pas une, lui a consciencieusement (ou par inconscience,) savonné la planche en qualifiant l’enjeu ossète de « microscopique ». Après la démonstration de talent diplomatique de l’omniprésident, particulièrement illustré par son emmêlage de crayons dans ses relations avec la Chine, nous craigniions le pire, finalement évité grâce à un alignement total ou presque sur les positions du duo Poutine-Medvenev. Nicolas Sarkozy n’est probablement pas un gros lecteur, en général, et de Shakespeare en particulier, mais sa prestation russo-géorgienne, où il n’est pas pour grand’chose dans le résultat, après la mousse qu’il a montée après la libération d’Ingrid Bétancourt, où il n’est pour rien (à moins que la France ait casqué) illustre à merveille le titre d’une comédie du grand Will : Much ado about nothing.
L’Orient pleure ses grandes voix disparues, ou s’il ne le fait pas, il devrait. Albert Cossery voici quelques mois, Youssef Chahine voici quelques semaines, Mahmoud Darwich voici quelques jours, les pertes son lourdes. Mais les peuples ont des ressources et de nouvelles générations viendront ou sont déjà présentes sur les fronts de la création.
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