BIERE IRLANDAISE ET BRISE ALLEMANDE : LE CONGRES DU MRC
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C’est à la bière irlandaise que les 400 délégués et auditeurs du congrès du Mouvement Républicain et Citoyen ont trinqué au plaisir de se retrouver les 21 et 22 juin au Kremlin-Bicêtre. Et c’est un drapeau irlandais (amené par un adhérent de … Nice) que Jean-Pierre Chevènement a brandi lors de son discours de clôture, pour rendre hommage à ce peuple qui venait de voter Non au TCE bis. Peine perdue en matière d’impact médiatique : à l’exception de deux articles honnêtes dans Libération, le MRC n’aura une fois de plus pas réussi à franchir la barrière ostracique des médias (pas de télé, pas un mot dans L’Humanité, La Croix, le Journal du Dimanche…). Il est vrai qu’élire JPC à sa présidence n’était sans doute pas, de la part du MRC, un acte si novateur qu’il était susceptible de faire sensation…
L’ambition était pourtant de taille : appeler à la constitution d’une organisation « rassemblant toute la gauche, depuis ses sensibilités radicales voire utopiques jusqu’aux plus gestionnaires ». Le MRC entend donc s’adresser à tous, démarche qui connaît déjà quelques ratés puisqu’il a par exemple omis par d’inviter le MARS à son congrès, au profit des seuls partis de l’ex-gauche plurielle. Signalons d’ailleurs que dans le nouveau secrétariat national, présenté comme « profondément renouvelé », c’est Georges Sarre (devenu numéro 4 du parti, derrière Marie-Françoise Bechtel, Jean-Luc Laurent et bien sûr JPC) qui s’est vu confier les « relations extérieures ». Les relations internationales revenant à Sami Naïr et le porte-parolat à Pierre Dubreuil et Catherine Coutard, il faut donc bien comprendre que c’est Georges Sarre qui va mener le travail d’ouverture et de rassemblement de la gauche en discutant avec les autres partis.
Si l’analyse et la hauteur de vues de JPC sur les questions économiques et internationales demeurent justement appréciées au MRC et au-delà, les militants semblent pourtant sceptiques sur la feuille de route en politique intérieure. Le congrès s’est déroulé sans incident, à l’exception de l’affaire des 300 fausses cartes (noms sans adresses) de la fédération du Pas-de-Calais de Jean-Marie Alexandre. La plupart des amendements à la motion d’orientation (qui faisait, entre autres, silence sur l’Amérique latine et les retraites) ont été intégrés. Les débats se sont même terminés presque deux heures plus tôt que prévu le samedi. Il y a donc eu quelques non-dits, le débat stratégique ayant été seulement esquissé entre ceux qui adhèrent à la ligne Chevènement, ceux qui préféreraient que le MRC maintienne sa ligne et son existence autonomes, et ceux qui envisagent autre chose.
En effet, il n’est pas anecdotique de relever qu’une petite brise allemande apporta quelque fraîcheur au congrès. L’inspiration que pourrait constituer Die Linke en Allemagne a été clairement évoquée, avec envie par certains délégués, avec prudence par le nouveau maire de Belfort Etienne Butzbach, par la force des choses par JPC mais cette seule mention lui a valu beaucoup d’applaudissements.
Quelle que soit leur préférence stratégique, les militants semblent d’accord sur un point : il faut d’abord renforcer le MRC. C’est une condition nécessaire pour la réussite du projet de JPC, mais sera-t-elle suffisante, d’autant que ce parti a plus d’une fois renoncé à exister (certain-e-s se souviendront des élections européennes de 2004…) ? Pour reprendre une formule chère à Jean-Pierre, il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer….
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