ALLEMAGNE : LE SPD TOUCHE DANS SES FONDEMENTS PAR DIE LINKE

mardi 16 septembre 2008
par  Françoise Diehlmann
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La crise de la social-démocratie continue son chemin. Le SPD, Parti Social Démocrate d’Allemagne, a vécu, dans l’espace d’une journée, le départ de Kurt Beck, son président sortant, le remplacement de celui-ci par le vieux routier de la direction, Franz Munterfering, et la nomination de Franz-Walter Steinmeier, l’actuel ministre des Affaires étrangères, comme tête de liste du SPD pour affronter Angela Merkel aux élections législatives de fin septembre 2009. De par ce choix, le plus vieux parti social démocrate, créé au 19ème siècle, espérait ainsi stopper le départ des militants et son érosion dans les sondages, le SPD étant crédité aujourd’hui de moins de 30%.

Cependant, les deux grands partis traditionnels allemands, que cela soit le SPD ou l’Union chrétienne démocrate (CDU) d’Angela Merkel, ont toujours cru depuis la création de la République Fédérale d’Allemagne en 1949, qu’ils pourraient dominer sans crainte la scène politique allemande. L’arrivée des Verts à la fin des années soixante-dix avait quelque peu bousculé le paysage politique d’outre-rhin, sans entamer pour autant le socle que constituait les deux grands partis. Le SPD a continué de vivre sur un petit nuage depuis la chute du Mur de Berlin et l’unité allemande, se permettant même d’adopter, dans le cadre du gouvernement qu’il dirigeait avec les Verts, l’agenda 2010, qui n’est rien d’autre que le programme de démantèlement social de l’Etat Providence que -comble de l’ironie - le très conservateur chancelier chrétien-démocrate, Konrad Adenauer, a mis en place dans les années cinquante.

Bien entendu, les Allemands, notamment les plus défavorisés, mais aussi les couches moyennes, ne rendent pas responsable l’actuelle chancelière, Angela Merkel, de leurs difficultés, mais bien l’ancien gouvernement SPD-Verts de l’ex chancelier Gerhard Schröder. Si le SPD s’est déplacé vers la droite, ce n’est pas le cas de ses électeurs, qui ont, avec bon nombre de déçus, permis l’arrivée fulgurante de Die Linke dans les Länder de l’Ouest. Le SPD, sous la direction de Kurt Beck, n’était pas préparé à cet effet boomerang de Die Linke. Et pour cause ! Il pensait pouvoir poursuivre la même ligne, à savoir tolérer des coalitions SPD - Die Linke exclusivement dans les Länder de l’Est, de l’ex-RDA. Seulement voilà, Die Linke est entrée dans les Parlements des Länder de Brème, de la Basse-Saxe et de la Hesse. Son ascension ne s’arrête pas là : des négociations sont ouvertes actuellement entre Die Linke et le SPD de la Hesse, en vue d’un soutien sans participation de Die Linke à un futur gouvernement du Land dirigé par le SPD. Pour les futures élections de la Sarre, Oskar Lafontaine qui en fut le Ministre Président SPD, à l’époque, souhaiterait retrouver ce poste sous les couleurs de Die Linke. Il est d’ailleurs placé devant le candidat du SPD dans les sondages.

Il en ressort donc, que la direction du SPD a tout simplement ignoré que Die Linke n’est pas le parti post-communiste héritier de la RDA, qu’une grande partie des membres de Die Linke à l’Ouest, sont d’anciens militants du SPD déçus de la politique de Gerhard Schröder, à commencer par son Président, Oskar Lafontaine, qui fut Président du SPD et ministre des finances du gouvernement Schröder, avant de démissionner de toutes ses fonctions et de quitter le Parti. Die Linke, en s’implantant sur les terres du SPD, à l’Ouest, le touche dans ses fondements, en lui volant la première place concernant la défense de la justice sociale. La direction du SPD tente de créer un choc en plaçant au premier plan Franz Munterfering et Franz-Walter Steinmeier, très populaires, car ils sont les "poids lourds" du Parti. Mais ce sont eux qui ont façonné le plan de démantèlement social du gouvernement Schröder et le défendent corps et âme aujourd’hui. Ce choix dangereux des deux leaders de l’aile droite du Parti pourrait creuser le fossé avec la base du Parti. La précipitation de Kurt Beck vers la sortie fait ainsi imploser le centre du SPD.

Pendant ce temps-là, face aux succès de Die Linke, 60 personnalités de la Gauche du SPD demandent à leur propre parti de tourner le dos à l’Agenda 2010, en exigeant par exemple l’introduction du salaire minimum, la suppression de l’augmentation de l’âge de la retraite et la réintroduction de l’impôt sur la fortune. Pour ces revendications, ils ont reçu les félicitations. Elles ne sont pas venues de la direction de leur parti.... mais d’un certain Oskar Lafontaine.


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