LETTRE A MONSIEUR LE SENATEUR, JEAN ARTHUIS ET A MONSIEUR LE DEPUTE, DIDIER MIGAUD

vendredi 12 septembre 2008
par  Michel Evrard
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Je tiens à exprimer ma stupéfaction et ma colère, pour les propos que vous avez tenus lors de votre pseudo-débat organisé sur France-Info, le 17 Juillet.

Monsieur le Sénateur, vous avez repris la ritournelle puérile de Sarkozy, à savoir « travailler plus, pour gagner plus » qui est, en outre, un belle incitation à l’égoïsme. Or, cela ne concernera que quelques individus, puisque depuis 2003, la France perd en moyenne et par an, 80.000 emplois industriels, selon Elie Cohen, économiste de renom. Tout le monde sait que le chômage a baissé, parce qu’il y a eu beaucoup de départs à la retraite. La réforme des 35 heures est une véritable usine à gaz. Mieux vaudrait revenir aux 40 heures payées correctement et permettre aux patrons de pratiquer le chômage technique dans une fourchette bien définie et de toutes façons, restreinte, en cas de baisse momentanée de l’activité économique (industrielle ou commerciale). Le recours aux heures supplémentaires serait limité et la paperasse qu’elles entraînent, également.

Quant à vous, Monsieur le Député PS, vous avez fait allusion aux délocalisations, mais vous vous êtes bien gardé de dire que le PS a fait voter pour Maastricht et toutes les « dispositions » qui supprimaient les barrières douanières, instaurant ainsi le vol légal du travail et la guerre économique, au profit des Imports-Exports ou des délocalisateurs-imports et autres affairistes sans scrupules. C’est une cause de l’effondrement notre Economie. Vous êtes pour le chèque-transport, alors qu’il faudrait plutôt rapprocher le travailleur de son lieu de travail ou vice-versa. La généralisation de ce chèque (qui existe déjà dans la Région Parisienne) serait encore une charge supplémentaire pour les Entreprises, une cause de nouvelles délocalisations et un ancrage encore plus fort dans un régime qui ressemble de plus en plus à un régime communiste, détourné au profit des capitalistes en général et des constructeurs d’infrastructures routières, ferroviaires, de tramways, TGV etc., en particulier.

Le prix des denrées alimentaires augmente de façon inquiétante, mais tout à fait prévisible pour ceux qui se penchent sur ce problème depuis quelques décennies. La raison principale est la constitution de circuits commerciaux de plus en plus tordus au niveau national, comme au niveau international et le mainmise de la Grande Distribution sur ce secteur. Pour lutter contre l’augmentation des prix, cet abruti d’Attali ne trouve pas mieux que de prôner le « développement » des grandes surfaces qui se gardent bien de se faire du tort et qui sont, en grande partie, responsables de cet état de fait, sans parler de la nécessité pour la plupart des consommateurs de prendre la voiture, pour aller faire leurs courses.

Il est une autre cause qui ne va pas tarder à se faire ressentir, c’est l’effondrement inéluctable de la fertilité de nos terres agricoles appauvries par 60 ans de surexploitation, à coups d’engrais artificiels (12 millions de tonnes par an) et de pesticides (60.000 tonnes par ans uniquement pour l’agriculture). Les engrais artificiels n’apportent que trois éléments principaux aux plantes qui ont besoin de 20 à 30 autres éléments. Dopées par ces trois éléments (NPK) elles puisent davantage dans les réserves humiques et minérales du sol qui n’a pas le temps de se reconstituer. Résultat : appauvrissement des sols dont certains ont perdu jusqu’à 80% de leur humus. D’autre part, les pesticides ont tué 80 à 90% de la matière vivante (bactéries, champignons, vers microscopiques) présente dans le sol, qui transforme les débris végétaux en engrais naturel et véritablement complet. Vous n’avez qu’à vous renseigner auprès d’ingénieurs agronomes, comme Philippe Desbrosses ou Claude Bourguignon qui essaient d’éclairer les Autorités, en vain. Demandez leur quelles solutions ils préconisent. Dans le Monde du 22-23 Juin, on pouvait lire un article intitulé « Il est urgent de sauver les sols ». Hélas ! ses révélations risquent de rester sans effet, avant le désastre final.

La droite et la gauche se retrouvent toujours main dans la main, pour poursuivre l’aménagement du territoire, c’est à dire l’urbanisation et la construction de nouvelles voies de communication qui ont déjà dépassé le stade de l’utile et de l’acceptable, pour devenir la version moderne du tonneau des danaïdes. Cette activité dope le PIB, mais creuse encore l’endettement, car ce sont les contribuables qui paient les infrastructures et les logements sociaux qui sont le résultat de l’augmentation insensée du nombre d’habitants. Le niveau de population aurait dû être stabilisé, depuis longtemps et pas seulement en France. Pour nos déplacements, ce n’est pas tant le prix de l’énergie qui est en cause, que l’hypertrophie de la mobilité qui entraîne tellement de frais que l’Etat en prend une partie à son compte, jusqu’au jour où tout s’effondrera. Voilà l’une des causes essentielles de l’endettement public et de l’endettement privé. Peu de gens savent que la dette du Réseau ferré Français est abyssale. Dans ces conditions, on peut bien dire que les lignes de TGV sont bénéficiaires et en prévoir encore 2000 km de plus... Nous brûlons 52 millions de tonnes de carburant sur nos routes, tous les ans. Les voies de communication occupent la surface de 4 départements auxquels il faut ajouter trois autres départements pour les constructions… La TIPP est bien incapable d’éponger tous les frais engendrés par les excès de la mobilité. Depuis 1975, la distance domicile – lieu de travail a triplé. C’est la vache à lait, non pas de l’Etat, mais du BTP, des constructeurs de véhicules (routiers, ferroviaires etc.), des marchands de pétrole ou d’électricité, des assureurs et même des services hospitaliers et médicaux qui soignent, à grands frais, les cabossés de cette grande vadrouille. La dette de la Sécu vient, en grande partie, de notre mode de vie à roulettes. L’argent des Français par en fumée, c’est le cas de le dire. Malgré tout, les projets les plus fous voient encore le jour. Le maire de Grenoble et Vallini veulent une voie directe au milieu de la ville, alors qu’il faudrait rendre pratiquement obligatoire le co-voiturage et le transport par minibus, en attendant le relocalisation du travail et le rapatriement de certaines activités économiques que le mercantilisme déclenché par la suppression des barrières douanières nous a volées. Ces deux hommes politiques sont tombés sur la tête et qui plus est, du haut de la mairie de Grenoble. La future ligne Lyon-Turin et son grand tunnel ne serviront rien. Quand ces travaux seront finis, la relocalisation du travail et donc la régionalisation de nombreuses productions seront « en train » de faire leur grand retour. Certains économistes l’entrevoient déjà. Pour moi, c’est une évidence depuis longtemps. Jusqu’à ce jour, aucun homme politique n’a découvert qu’avec le cinquième des ressources non-renouvelables qui sont gaspillées sur les routes par les travailleurs, bien contre leur gré, on pourrait acheter les matières premières nécessaires à la fabrication très localisée et à des coûts tout à fait acceptables, de la plupart des biens de consommation courante qui nous viennent des Antipodes, au détriment de l’emploi en France, pour le malheur des esclaves qui les fabriquent, mais pour le plus grand profit des tyranneaux de ces pays lointains, des imports-exports ou délocalisateurs-imports.

En conclusion, vous avez donné la preuve que vous retardez de deux ou trois guerres. La classe politique actuelle me fait penser à celle qui n’a pas osé reconnaître la dangerosité de la montée de l’hitlérisme dans les années 1930. On a vu le résultat. En remontant dans le temps, elle me fait également penser à la noblesse de la fin de l’ancien régime. Même désinvolture à l’égard des vrais problèmes. Nous allons sans doute connaître une crise très grave. François Bayrou a parlé récemment de l’éventualité d’une « crise civique ». Pour moi, c’est un euphémisme. L’affaire du vol des explosifs à Corbas est tout à fait significative de l’irresponsabilité qui règne dans notre pays, de bas en haut de l’échelle. Désolé de vous avoir parlé si franchement, mais je suis convaincu que mes propos sont justes. Essayez de me prouver le contraire. Toutes mes salutations.


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