LA CATASTROPHE IMMINENTE ET LES MOYENS DE LA CONJURER
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Au moment où la crise financière frappe le système au cœur de sa folie rationnelle, demeure, se conforte l’illusion que l’on pourrait en sortir à l’intérieur des rapports sociaux impérialistes. Car il s’agit bien plus d’une crise impérialiste (Stade Suprême du Capitalisme) que d’une simple crise financière sur un capitalisme sain ( !). Nationaliser, injecter des fonds publics, relancer la production sans contrôle des gestions et appropriations nouvelles ne ferait qu’aggraver la crise, et la démultiplierait comme nouvelle forme du C.M.E (Capitalisme Monopoliste d’Etat). Concepts, notions que nous n’aurions jamais du abandonner.
Je relis Lénine, ‘La catastrophe imminente et les moyens de la conjurer’, d’une étonnante actualité, d’une vérité brûlante, en 1917 au feu de la révolution bolchévique, Lénine lance un appel désespéré aux nationalisations du secteurs bancaire et financier, à l’intervention dans la gestion et le contrôle des travailleurs, à la levée des secrets bancaires, car la faim menace. Nous n’en sommes pas si loin. Aux Etats-Unis, dans les monts de piété, des hommes viennent, s’arrachent une (ou plusieurs) dent(s) en or, qu’ils déposent, en garantie ! Lénine, insiste sur l’apathie, la démobilisation, le laissez-faire, la démission des instances politiques, nous sommes en Septembre 1917. On connaît la suite.
Il ne s’agit pas de réitérer ce modèle, mais d’inventer une solution qui s’attaque enfin à la toute-puissance impérialiste. Les prévisions et les propositions des économistes comme Paul Boccara sont prémonitoires et fabuleusement judicieuses, elles doivent devenir un mot d’ordre. Nous ne partons pas de rien, nous ne sommes pas rien, déjà se profile un front commun autour d’un pôle de financement public, etc…
Rien, rien ne se fera sans l’intervention consciente, et avertie des salariés, des citoyens. Trois milliards de personnes peuvent se lever et clamer qu’un autre monde est possible, qu’un autre mode de gestion est possible, qu’un autre ‘mode de jouir’ est possible. C’est ici que le bât blesse, la colère, la révolte, l’indignation, ne débouchent pas mécaniquement sur la conscience, la conscience de classe, la justesse de l’intervention, le besoin de justice. Il y a un danger de voire émerger, une horde primitive, qui exclue des modes de jouir antérieur se jette dans la bagarre, avec la haine du meurtre du père, ou de la mère tout-puissants, celui, celle, qui vous garantissaient la jouissance à tout prix, y compris dans un océan de misère.
Lacan a fondé le discours capitaliste, il s’articule du plus-de-jouir, de la consommation, elle s’origine de la plus-value, et de l’explosion de la limite, de la barre qui sépare le capital variable de la plus-value… Contre le travail, l’argent, l’argent consommé garantirait la jouissance. Dans l’aliénation. Le discours impérialiste, est beaucoup plus violent, il porte en lui l’exploitation, l’exclusion et l’extermination. Le discours impérialiste dit ‘jouissez à en mourir’ ou à faire mourir. C’est du tout au même. Il fait voler en éclat tout humanisme, prolifère les guerres d’Auschwitz, à Hiroshima, Alger, Bagdad, il n’a pas de limite quant à la mort organisée, il est devenu le discours dominant, dans un dispositif incroyable où les sujets, tous les sujets, sont soumis aux marchés.
Deus ex machina, les marchés sont devenus une instance à part entière, une entité toute puissante, devant laquelle tout le monde s’aplatit, y compris le monde politique. Et pourtant si on y regarde de plus près ces marchés condensent des rapports sociaux de domination, ils sont dirigés, impulsés par des classes dirigeantes aux ramifications multiples, jusqu’aux médias qui pendant trente ans les ont glorifié, en diabolisant toute autre forme de pensée, de dire et d’agir critiques. Nous avons malgré tout résisté.
L’avenir d’une illusion. Freud s’interroge sur la toute puissance de la religion, d’autant plus puissante qu’elle est incarnée par un dieu extérieur, invisible, inatteignable, inamovible, imprévisible. Comme les marchés.
Depuis un mois, les ‘gens’ attendent la réaction des marchés, les plus grands hommes d’Etat se réunissent, prennent des décisions, élaborent des stratégies, pour séduire, apprivoiser, remobiliser les marchés. Les marchés, nouveau dieu qui dévorent ses enfants, auquel on est soumis, d’autant plus soumis qu’ils sont invisibles, inconnus, qu’ils ne sont représentés concrètement par aucune entité. Ils sont partout.
Voilà de quoi, alimenter un véritable délire paranoïaque, pas si délirant que ça, car les marchés ne veulent pas du bien, ils veulent de l’argent et du pouvoir. Cette soumission totale, absolue, au grand Autre des marchés à quelque chose de sidérant, et de stupéfiant. Des milliards de personnes démunies, assistent médusées au plus grand hold-up de l’histoire, qui consiste à restaurer les marchés qui ont tout dilapidé, qui dilapident le travail humain depuis trente ans sans vergogne, sans limite, sans scrupule.
L’avenir d’une illusion, c’est croire aujourd’hui que l’on pourra redonner sens et goût à la vie, en restaurant ce dieu immonde que sont les marchés ; l’avenir d’une illusion c’est attendre et espérer que les dirigeants capitalistes et les états qui leur sont soumis s’extraient d’une logique de pensée et d’intérêts autres que le colmatage du même pour faire pire ; l’avenir d’une illusion c’est ne pas vouloir analyser le réel de la puissance de feu du discours impérialiste, celui qui s’inscrit dans nos inconscients et fait de l’argent et de la mort les ressorts de la jouissance.
Les moyens de conjurer la catastrophe existent, le moment est venu de capitaliser nos pratiques, nos acquis, nos savoirs. Aider à la levée en masse de tous les peuples du monde, non sous la forme d’une horde primitive qui voudrait se venger de ne plus pouvoir jouir à l’ancienne, mais d’un mode organisé à soumettre les dieux anciens au désir populaire de la justice et du pouvoir réel des hommes conscients sur leur destin. Face au discours capitaliste et au discours impérialiste, fonder le discours du prolétaire, est aujourd’hui plus que nécessaire.
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