LES CHRONIQUES DU SARKOZYSME ET AUTRES (octobre 2008)

mardi 28 octobre 2008
par  Jacques Franck
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Le chanoine et le vaudou

Un individu sans foi ni loi ni Dieu ni Maître s’est permis de fabriquer et de vendre une effigie de Monsieur Nicolas. Suivant les préceptes du rite Vaudou, en vigueur chez les peuplades impies de pays sauvages, il est suggéré aux acquéreurs de piquer cette fausse idole avec les aiguilles fournies à cet effet. Cette pratique, dite de l’envoûtement, doit nuire douloureusement au président de tous les Français, y compris les cons qui y croient.

Ce crime de lèse-chanoine doit être puni par la loi. Monsieur Nicolas, qui commence à sentir des piqûres sur tout le corps, a porté plainte devant un tribunal parisien. Le juge qui, contrairement au plaignant, ne croit pas aux pratiques de sorcellerie, a rejeté cette plainte. Les piqûres ressenties étaient dues aux mouvements de mécontentement des citoyens du chanoine, et pas au vaudou.

Monsieur Nicolas et les automobiles

Monsieur Nicolas aime les automobiles françaises, car il est patriote. Sa Citroën C6 commençait à vieillir. Il s’est acheté une Renault Vel Satis de toute beauté, blindée et allongée de 25 centimètres (c’est nécessaire pour étendre ses grandes jambes). Les contribuables n’ont pas hésité à débourser quelques grosses dizaines de milliers d’euros pour faire ce cadeau à leur chanoine.

Monsieur Nicolas aime les ouvriers de Renault. Il s’est rendu à Sandouville, où mille salariés doivent disparaître afin de ne pas chagriner les actionnaires. Il comptait les féliciter pour ce beau geste (involontaire) de solidarité. Les ouvriers de Renault ne sont pas patriotes. Inspirés par leur égoïsme de classe, ils se sont permis de mal recevoir Monsieur Nicolas. Les ouvriers de Renault n’ont pas reculé devant le délit de lèse-majesté. Ils seront punis. Leur patron, Monsieur Ghosn, en licenciera quelques uns de plus. Pour l’exemple.

Monsieur Benoît et la laïcité

"No « Nom de Dieu ! pensa Monsieur Benoît dans l’aéroplane pontifical qui se préparait à atterrir avec la majesté requise sur une piste d’Orly. Dans ce pays, ils ont osé séparer leur état de notre Sainte Église ! Ils ont rendu obligatoire l’école sans Dieu ! Ils autorisent la fornication hors des liens sacrés du mariage ! Ils ne craignent pas de laisser vendre ces instruments de Satan, les préservatifs ! Ils portent atteinte à la vie en légalisant l’avortement chez les femmes perdues qui en font la demande ! Ils ne mettent pas au pilori les..homosexuels (ma langue refuse de prononcer de tels mots) ! Les fidèles sont devenus des…citoyens ! Beaucoup d’entre eux se permettent même de naître, de se marier, de mourir sans le concours de la religion ! Ah ! Nom de Dieu ! » Ayant ainsi parlé, Monsieur Benoît se signa. Mais son cœur débordant de bonté et de tolérance s’emplit de joie lorsqu’il aperçut, au bas de la passerelle, son ami le Chanoine de Saint-Jean de Latran et sa concubine, la petite Carla. (Il ne pouvait pas lui reconnaître le beau titre d’épouse chrétienne pour des raisons techniques).

Or le Chanoine Nicolas professait des idées proches des siennes. Il parlait de "laïcité positive", ce qui ne voulait rien dire mais vidait le concept de tout sens. Il vantait la spiritualité, sans laquelle "la raison n’est qu’hémiplégique" (citation authentique). Il affirmait, tant à Rome qu’à Riyad, chez les adorateurs d’un autre dieu, que l’instituteur n’est que de la roupie de sansonnet (citation inexacte dans la forme mais juste dans le fond) à côté du ministre du culte. Les deux hommes s’embrassèrent (pudiquement), se congratulèrent, et montèrent dans la Papamobile qu’un avion de l’Armée de l’Air venait d’amener du Vatican. Gratuitement pour Monsieur Benoît mais pas pour les contribuables français.

Puis ils parlèrent. "-Vénéré Saint-Père et pape charismatique, je compte sur vous pour insuffler la sagesse dans les têtes de mes sujets. Ils en ont bien besoin et je crains qu’Edvige (bénie soit-elle) ne soit insuffisante. Ces gens-là, mon cher Benoîtissime, ne respectent plus rien. Même pas moi !
- Très estimé Chanoine et Président, mon vœu le plus cher est de ramener votre peuple dans le giron de notre Sainte Église. Pour ça, il va falloir abjurer quelques uns de vos principes délétères. La laïcité, tenez, ne la rayez pas du vocabulaire de vos ouailles, ce serait maladroit, mais inspirez vous de nos frères américains. Pour eux, et pour notre cher frère George W., la laïcité est le droit pour les religions d’occuper, au nom de la liberté (mot que je n’aime pas beaucoup) tout l’espace politique et de régenter toute activité publique.
- Ah ! merci, adoré Saint-Père, mais je crains que ce ne soit pas trop facile. Quoi encore ?
- Vos institutions "républicaines" ne laissent pas de place aux apôtres de la vraie Foi. Essayez d’arranger ça !
- Respecté Superpape, je crois que j’ai une idée pieuse !
-  ?
- Je vais commencer par remplacer les sous-préfets par les évêques !"

Les deux hommes se signèrent et tombèrent à genoux.

La Toussaint du chanoine

Ce samedi 1er novembre, Monsieur Nicolas, à son réveil, jeta un œil sur le calendrier des Postes (qu’il se préparait à privatiser) et se souvint qu’on était le jour de tous les saints. "Putain, ce truc-là ne se fera pas sans moi !" Il s’en ouvrit à Madame Carla. Elle faisait ses vocalises matinales devant un magnétophone et s’interrompit pour répondre à son mari : "Calme-toi, mon poulet, tu te fatigues déjà en faisant le bien des Français, qui ne s’en rendent même pas compte. Laisse cette histoire aux spécialistes !
- Mais je suis spécialiste de tout !" Madame Carla reprit ses vocalises et Monsieur Nicolas, saisissant son téléphone portable, appela Monsieur Benoît. "Salut, vénéré Papissime ! Comment vont les affaires ?
- Pas comme je le voudrais, cher et estimé chanoine ! Je souhaiterais béatifier mon ancien collègue Pie XII, tu sais, celui qui eut des faiblesses pour mes compatriotes pendant la guerre. Une bande de sectaires me met des bâtons dans les roues de ma papamobile ! Et toi ? Ça roule toujours selon tes désirs ?
- Euh…Oui, bien sûr, pontife de mon cœur ! Les Français m’aiment de plus en plus. Mais ça ne suffit pas. Je vais te proposer un coup fumant. Une promotion spéciale Toussaint dans l’ordre de la sainteté. Avec ça, ton Pie XII ; tu pourras te le mettre…
- Ach ! Mon très cher fils et président, qu’il soit fait suivant tes désirs !" Monsieur Nicolas remercia son ami Benoît, raccrocha, convoqua son secrétaire le fidèle Claude et se mit au travail. Le Journal officiel du lundi 3 novembre publia la liste des nouveaux saints de la République :
- Sainte Finance, Madame Lagarde
- Sainte Matraque, Madame Alliot-Marie
- Sainte Galère, Madame Fadela Amara
- Sainte Nitouche, Madame Rama Yade
- Sainte Injustice, Madame Rachida Dati
- Saint Chômage, Monsieur Xavier Bertrand
- Saint Pas Grand’chose, Monsieur Jean-Louis Borloo
- Saint Cancre, Monsieur Xavier Darcos
- Sainte Inutile, Madame Roselyne Bachelot Saint Larbin, Monsieur François Fillon
- Sainte Misère, Madame Christine Boutin
- Saint Charter, Monsieur Brice Hortefeux
- Saint des Saints, Monsieur Nicolas, chanoine de Saint Jean de Latran


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