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PEUT-ON ESCOMPTER UN RENVERSEMENT DES EFFETS DE LA GLOBALISATION

dimanche 29 mars 2009
par  Gérard Bélorgey
popularité : 2%

Des analystes – se plaçant à l’évidence dans une définition des délocalisations, qui n’y incorpore ni les localisations d’activités faites ab initio à l’extérieur du territoire national, ni les importations se substituant à des productions localement obtenues, en France ni le service sous nos marques de clients externes depuis des implantations également externes (en bref tout ce qui est préférence pour d’autres localisations que sur notre territoire ; cf. sur ces points nos articles de base de ce site) semblent penser que les conditions de relocalisations chez nous d’activités qui en étaient parties se réunissent peu à peu.

C’est ce qui ressortirait d’extraits de plusieurs études dont la première est du cabinet Mac Kinsey sur un cas américain, repris récemment par la revue Alternatives Economiques (dont la conviction est plus de critiquer l’économie inégalitaire européenne que les effets de la mondialisation) et sur le blog d’un maître de conférences de Sciences Economiques (Olivier Bouba-Olga). Pointant l’une et l’autre que certaines délocalisations vers des pays à bas coûts sont en train de perdre de leur rentabilité économique, ces publications constatent que « délocaliser la production (en l’occurrence des Etats-Unis vers l’Asie) pour des produits de technologie moyenne n’est plus rentable aujourd’hui, alors que ça l’était encore il y a quelques années.... En cause, l’augmentation des salaires, la baisse du dollar et l’augmentation des coûts de transport, en lien avec l’accroissement du prix du pétrole ». Sur l’accroissement des salaires, selon les graphiques produits, la Chine serait maintenant très proche du Mexique.. » (... mais le niveau social du Mexique n’a rien à voir avec la France !). « Vu des Etats-Unis, on comprend que le choix entre Offshore (Chine) et Nearshore (Mexique) puisse être à réviser ». Dans un autre cas, « qui se focalise sur l’avantage de produire un serveur milieu de gamme en Asie plutôt qu’aux Etats-Unis, si l’on raisonne en coût complet....on voit que produire en 2003 en Asie permettait d’économiser 100 en termes de coût du travail, mais on perdait 7 sur le fret, et sur les coûts cachés, etc..., si bien qu’au total, on gagnait 64. Aujourd’hui, McKinsey estime qu’on perd 16... » Mais notons bien qu’il s’agit d’approches spécifiques à l’Amérique, avec la proximité du Mexique et compte tenu par ailleurs de la faiblesse du dollar, tandis que « pour les entreprises européennes c’est la force de l’euro qui maintiendrait l’intérêt de se délocaliser » (explication monétaire que nous trouvons trop simpliste pour la partager).

Le même blog nous offre un Nouvel exemple de relocalisation, celui de l’entreprise Geneviève Lethu : je cite intégralement : « La marque Geneviève Lethu, spécialiste des arts de la table, fabrique de nouveau des couteaux, des torchons et des nappes en France. La part de ses collections fabriquées en Asie est ainsi passée de 40 à 10%. Une "relocalisation" que de plus en plus d’entreprises françaises choisissent. En prenant en compte non seulement la qualité des produits mais aussi des arguments purement économiques… Des couteaux fabriqués à Thiers peuvent revenir 20% moins chers que les mêmes produits fabriqués en Asie. Dans les Vosges, le linge de maison est au même prix que celui tissé à l’autre bout de la planète. Si la marque Geneviève Lethu, spécialiste des arts de la table, a décidé de fabriquer de nouveau des couteaux, des torchons et des nappes en France, et de baisser dans le même temps de 40 à 10% la part de ses collections fabriquées en Asie, c’est avant tout pour des raisons économiques. Ce qui explique que d’autres entreprises françaises s’engagent dans cette voie, celle de la "relocalisation"… En Asie, le prix de l’énergie et des matières premières a bondi au cours des derniers mois. Le transport jusqu’en Europe devient moins rentable, coût du pétrole oblige. Surtout, avec la crise, les entreprises ont de moins en moins intérêt à avoir des stocks importants à financer pendant plusieurs mois. » « La "relocalisation" permet aussi de contrôler au plus près la qualité des produits. C’est enfin pour ces entreprises une manière de retrouver l’étiquette "Made in France". Un plus pour la clientèle française mais aussi étrangère. » Je laisse entièrement à son auteur (qui devrait faire un séjour chez les sous-traitants automobiles ou lire Morandat, « Les vivants et les morts ») la responsabilité du propos d’accompagnement qui suit et dont je ne partage guère le point de vue (je suis en fait très choqué par la distorsion, à mes yeux, de cette appréciation au regard du réel), sauf sur le caractère forcément spécifique de certains choix d’entreprises dans un sens ou dans l’autre. « J’insiste une fois de plus, dit en effet cet auteur : les délocalisations et les relocalisations ne pèsent pas autant qu’on l’imagine. Inutile donc, sur la base de quelques exemples, de monter trop vite en généralité (il faut lui retourner plus qu’aisément le propos, puisqu’ il y a quand même plus d’exemples de délocalisations, même au sens le plus strict, que de relocalisations). Mais l’analyse de ces cas permet de montrer la complexité des choix de localisation des entreprises. Ceux-ci dépendent des différentiels de coût du travail, de productivité, de qualité, de réactivité, des coûts de la coordination à distance, etc. De l’ensemble de ces éléments et de leur dynamique, parfois difficiles à anticiper, d’où la révision de certains choix ».

Examinons pour conclure ces argumentaires rassuristes. Une fois éliminé ce qui pèse beaucoup en faveur de ces thèses, mais qui est soit spécifiquement américain (la faiblesse du dollar, la proximité du Mexique), soit conjoncturel (l’envolée du pétrole), les nouveaux facteurs par lesquels le marché (bien sûr..) s’auto régulerait tiendraient au premier chef au coût des transports, en second lieu à l’augmentation des coûts du travail dans les pays d’accueil, enfin à des appréciations qualitatives. Nous récusons largement le second point : alors même que des statistiques paraîtraient l’établir, leur fiabilité est à démontrer par rapport aux réalités et aux pratiques clandestines, tandis que des réserves de main d’oeuvre pauvres existent partout dans le monde ; aussi des augmentations de rémunérations dans un premier pays d’accueil pourraient elles plutôt conduire à un second déplacement, pouvant avoir, il est vrai, un effet de frein au regard des coûts et problèmes de déménagement successifs. Sur les facteurs qualitatifs il est tout à fait possible que des cas particuliers conduisent à relocaliser, mais l’on ne saurait généraliser dès lors que l’on n’est pas dans une compétition par la qualité, mais dans une compétition par les prix. Les seuls facteurs décisifs vraiment contraignants pour augmenter les coûts des manufacturations en pays émergents ou attardés sont, même hors crise récente pétrole, dans l’augmentation tendancielle forte des coûts de transports, ce qui est lié aux problèmes énergétiques, ce qui va de pair avec les augmentations qui devraient être appréciables des coûts de protection de l’environnement si les pays considérés y souscrivaient, ce dont on est loin.

C’est pourquoi, la réponse pertinente pour assurer un rééquilibrage est de faire augmenter les coûts rendus par des dispositifs de régulation tels que des taxes sociales et environnementales perçues par les pays importateurs sur des produits obtenus au mépris du respect des droits de l’homme au travail et du respect des patrimoines naturels, en instituant non pas des droits de douane, mais des droits ristournés bien sûr aux pays d’origine (cf. les anciennes préconisations de M.Lauré).

C’est ce qu’il faudrait chercher à obtenir dans un dialogue constructif avec ces pays , mais le négoce mondial – c’est à dire les classes commerçantes exportatrices des pays émergents et les détenteurs des circuits de distribution d’un bout à l’autre de la planète – est évidemment hostile à ce qui réduirait ses marges de manoeuvre et ses marges tout court puisqu’il est loin de ristourner aux consommateurs terminaux les gains considérables réalisés par le différentiel entre prix d’approvisionnements et prix de vente terminaux. La campagne rassuriste, très orientée, sur les chances de relocalisations – comme sur le rapide rattrapage social des pays avancés par les pays émergents, ce qui est une vue de l’esprit - devrait être bien consciente de la puissance de ces lobbies.

Le blog de Gérard Belorgey : http://www.ecritures-et-societe.com


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