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Entre pertinence et utopie : face à « la crise », analyses et propositions des critiques du libre-échange mondial

jeudi 30 avril 2009
par  Gérard Bélorgey
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Les explications et remèdes communément proposés

La plupart des analystes de la crise y apportent des explications circonstancielles ou comportementales : les cycles économiques, la conjoncture, l’insuffisance des contrôles financiers et bancaires ayant permis des démesures d’imprudences et d’improbités, sont les causes citées, complétées par des considérations bien connues sur les effets du grand déficit structurel de la balance américaine ou des désordres monétaires mondiaux. Mais il est rare ou regardé comme politiquement très connoté qu’il soit fait état du libéralisme économique et du libre échange en tant que facteurs ayant conduit, après la croissance, à cette toile de fond dépressionnaire qui ne succède pas à la crise (encore que celle-ci l’aggrave), mais qui l’a bien a précédé et en a permis l’ampleur. Sur le versant des remèdes, le bon ton a été d’abord de stigmatiser des coupables pour exonérer le système, puis d’inviter à « moraliser » celui-ci. Des relances ont été ensuite engagées, sans que la planète, pour le présent, ne s’implique dans une cohérence keynésienne qui supposerait de vastes marchés intérieurs solvables dans les pays émergents. Enfin des explorations de réforme du système monétaire ont été indiquées. La part d’appréhension systémique en reste souvent là. Du commentaire, par exemple de Michel Aglietta, on retiendra schématiquement qu’à partir de la fin des années 80, le « business model » a consisté à maximiser la recherche du profit pour l’actionnaire dans un contexte où « l’ouverture mondiale crée un marché du travail beaucoup plus vaste avec un excès global d’offre de main d’oeuvre, une accentuation de la concurrence sur le marché des biens, une forte pression sur les revenus salariaux ». Mais après avoir signalé ces facteurs importants, il ne va pas jusqu’à mettre clairement en cause le régime mondial des échanges. Il constate que ces phénomènes ont conduit à « déconnecter la dépense et le revenu en stimulant la consommation par le crédit ». Pour faire ces crédits en en transférant les risques, les banques ont géré "une économie de la dette" qui a dérivé dans les excès que l’on sait. L’intervention étatique doit prendre la forme de provisions en capital, ainsi que d’une surveillance publique « jusqu’au coeur même des institutions financières ». L’objectif est d’imposer des règles de comportements qui doivent être universelles (pour que paradis fiscaux, pays émergents, empires sans scrupules y soient subordonnés, il y aura bien du chemin à faire), ce qui devrait impliquer une nouvelle coordination monétaire d’autant qu’il y a de fortes tensions pour aller vers des changes plus flexibles. Parallèlement, nombreux sont les pays qui ont jeté par dessus bord les règles ou les objectifs de stabilité pour s’engager dans un soutien budgétaire de l’activité dans lequel, à condition que l’État ne soit pas vraiment interventionniste, les libéraux voient une politique keynésienne salvatrice du capitalisme mondial en lieu et place du monétarisme d’hier.

Les enjeux peuvent être appréciés selon plusieurs angles

Un premier débat porte en quelque sorte sur la science économique elle-même. L’économie politique décrit-elle l’ordre des choses ou les rapports de forces entre les hommes ? Telle est au fond la question posée par Jacques Généreux qui va ainsi au delà de la récusation de la religion que l’école de Milton Friedmann avait fait régner non seulement sur la doctrine, mais aussi sur des pays (de l’Amérique Latine à la Chine et d’Israël à l’Afrique du Sud) frappés par des changements brutaux les ayant mis à merci d’équipes d’experts ayant inspiré de meurtrières « gouvernances ». Le deuxième débat tient à ce qu’après un quart de siècle de croissance mondiale extra ordinaire – allant au demeurant de pair avec les problèmes de climat, d’énergie, de faim que l’on connaît – la libéralisation reste contestée dans son principe et discutée dans ses effets. Au niveau des principes, la critique radicale de gauche met en exergue que l’appropriation privée des moyens de production - de plus en plus dominante au nom des privatisations dont la compétition internationale impliquerait le besoin en suscitant marchandisation de services d’intérêt général – rend obligatoire une forte inégalité. Celle-ci, en effet, est indispensable pour engendrer les disponibilités pour placements des plus favorisés, afin que soit assuré un financement non public des investissements. Cette critique radicale voit également dans la dérégulation internationale, mettant en compétition des sociétés très différentes, la base volontaire de la mise en cause des acquis des pays avancés, sans que soient ouvertes aux pays en développement des formes sociales satisfaisantes de leur croissance. Au niveau des résultats, il est vrai que le panorama des gagnants et des perdants de la globalisation fait apparaître que la première catégorie englobe d’abord les acteurs, au Sud comme au Nord, du négoce mondial, au prix pour beaucoup de pays, avec l‘ouverture, de pertes de recettes douanières, de vulnérabilité des activités naissantes, d’incertitude sur les cours des matières premières. Les nouvelles classes moyennes des pays émergents, même si elles sont démographiquement importantes par rapport à l’Europe, restent bien marginales par rapport à l’ensemble des populations. Pour celles-ci l’espérance de vie a augmenté, mais des garanties pour la vieillesse n’existent généralement pas hors de la cellule familiale tandis que les conditions d’existence des masses, souvent traumatisées par des changements brutaux, sont dramatiques. Parmi les perdants il y a aussi des milieux modestes et moyens de pays dits « avancés » dont au premier chef les États-Unis. On ne peut s’empêcher de constater une corrélation entre la croissance par libéralisation des échanges et la montée des chômages ou des « working poors » dans bien des régions de l’Occident. Quant à l’équation particulière de la Chine, elle tiendrait à la réponse que l’appareil du parti unique - par des voies capitalistiques d’accumulation, mais aussi étatiques de contrôle des mouvements financiers - a été appelé à apporter à la crise asiatique de la fin des années 90 : en se mettant en position d’être, par des coûts imbattables, le « prédateur » (à l’égard d’ailleurs de bien des types de pays) du commerce mondial, en se garantissant des réserves de sécurité et des moyens stratégiques. L’épargne considérable que dégage le travail sous payé des masses chinoises a été détournée d’une utilisation, sociale ou publique, à leur profit au bénéfice de réserves de change, de capacités de placements en emprunts souscrits par des pays étrangers, déficitaires comme les États Unis, et en participations dans des groupes et fonds d’investissement. Des résultats en sont, d’une part, que la Chine « tient » tous ces partenaires d’une certaine manière et que, de l’autre, elle subit deux fois, par des pertes de marchés et des pertes financières, les difficultés de l’Occident. La comparaison des situations macro-économiques des pays avancés et des pays émergents met bien en vedette la question clef des taux d’épargne respectifs et porte au troisième débat : comment les rapprocher. Selon l’ouvrage cité dans la note précédente, lorsque « les Chinois épargnent 54 % de leurs revenus et les ménages américains quelque 1% à peine » (la question) « ne peut se résoudre que par un rééquilibrage des taux d’épargne » (et non des taux de change), ce qui est infiniment plus compliqué. Et infiniment plus douloureux ». Parce que cela exigerait, dans les pays avancés, des excédents budgétaires et une politique monétaire stricte (alors que pour faire face à la crise, on fait aujourd’hui l’inverse) et, dans les pays excédentaires en épargne, des dépenses publiques et sociales (que la Chine d’ailleurs débute sous l’effet de la récession) à une grande échelle, difficile à imaginer aujourd’hui sous le boisseau du régime au pouvoir. Ce débat éclaire le suivant – le débat sur le pouvoir d’achat - dans un sens contraire aux convictions trop répandues dans l’opinion et chez les économistes d’inspiration socialiste. La progression de la consommation est certainement indispensable dans les pays émergents ; elle est dans un pays tel que la France une redoutable tentation pouvant piéger – si rien ne change par ailleurs –une relance sociale : si celle–ci n’assure pas en même temps un meilleur niveau d’emploi et un contrôle des échanges désincitant aux importations et aux délocalisations. Et pourtant, les seules idées qui ressortent clairement de contributions aux débats d’une équipe comme celle d’ Alternatives Économiques ou que développent des « essais » tout récents de la Fondation Jean Jaurès sont, d’une part, de régulation technique financière et, d’autre part, de relance par le pouvoir d’achat. Or sans nier que la chute de la solvabilité des classes populaires et moyennes est aux Etats Unis, et moindrement en France, l’un des facteurs dépressifs, on doit douter qu’une politique du pouvoir d’achat soit, à elle seule, une réponse possible et efficace à la situation. Le pouvoir d’achat se nourrit d’abord d’un bon niveau d’emploi et d’une bonne rémunération de l’emploi. Or, la concurrence internationale par les prix – si elle entretient de l’offre à bas prix favorisant ce pouvoir d’achat – peut inversement le compromettre par des effets négatifs en matière d’emploi des délocalisations et, surtout, des non localisations (cf. infra). De plus, elle pèse sur les rémunérations par la pression sur les salaires et le glissement d’une part du salariat vers des activités de petits services peu payées et souvent précaires. Toutes choses égales en matière d’échanges commerciaux internationaux, des augmentations de ressources (par une voie ou une autre) risquent surtout, par l’effet de revenu, de nourrir l’importation et, par l’effet de coût, de compromettre la compétitivité. Une politique du pouvoir d’achat n’est guère possible sans un certain accompagnement par une dose de protection. La progression significative du revenu salarial étant, à notre sens (sauf augmentation considérable des coûts des transports maritimes), précisément ce qui est impossible dans le contexte du libre échange mondial, il est pour le moins imprudent de laisser croire aux citoyens qu’une politique sociale plus juste suffirait à faire que les problèmes économiques soient mieux résolus. De même, assurer de meilleures dotations aux budgets des services publics dans le besoin résoudrait certes des questions souvent brûlantes, mais loin de contribuer à faire réponse à la crise n’est pas des actions du registre adéquat : en économie ouverte, une dépense publique mal financée ne peut qu’accroître les difficultés globales d’une société menacée. Or, la sympathique intuition - qui séduit trop à gauche, alors qu’elle est souvent fausse, sauf à certaines conditions - qu’équité sociale et efficacité économique vont de pair ...converge avec le fait que la mise en cause du libre échange reste largement « le débat interdit ». Si J.P. Fitoussi, depuis son ouvrage du même nom, a fait sauter le tabou sur la question de la monnaie forte (sans que pour autant des politiques monétaires plus souples soient ou mises en oeuvre, ou bien efficientes...), il a apparemment partagé et fait partager les convictions de Paul R. Krugman exprimées dans « La mondialisation n’est pas coupable ». Cet apport, fondé sur les travaux sur le commerce international de ce nouveau prix Nobel, est moins venu au départ d’une réflexion directe sur les effets du libre échange que par l’autre face du débat : celle traitant des facteurs gouvernant les localisations d’activités, question qui domine d’ailleurs depuis plus de trois siècles une part de la théorie économique. Aujourd’hui coûts comparés (physiques, sociaux, fiscaux, etc.), effets d’échelle et de spécialisation, recherche par les firmes de la plus grande proximité possible soit des ressources clefs, soit des bassins de clientèle, facteurs monétaires, anticipation sur l’évolution des cours de l’énergie et les coûts en conséquence des transports maritimes, contribuent à des paramètres où l’emploi dans le pays de la nationalité apparente est tout à fait secondaire. Néanmoins, longtemps, les pays avancés ont longtemps détenu l’avantage d’une « efficience économique globale » engendrant leurs productivités du travail, leur qualité dans les réalisations à forte intensité culturelle, technologique et capitalistique, leur faculté de compétitivité « hors prix ». La contrepartie en dépenses de cette efficience globale est largement dans les coûts collectifs qu’elle implique de consentir. Ce facteur de pondération peu sensible sur les activités à forte intensité de main-d’œuvre, diminue très significativement l’avantage d’un bas coût du travail selon que d’autres facteurs de production (équipements, formation, capital technique, services supports, recherche, savoir-faire, ingénierie financière) doivent être mobilisés. Mais les capitalismes émergents parviennent à cumuler d’une part les avantages de bas coûts du travail, ceux de garanties sociales et de services publics minimes, ceux de peu de prise en compte de l’environnement et, d’autre part, deux substituts à « l’efficience économique globale », bien moins coûteux que celle-ci. Ils achètent d’abord une « efficience économique ciblée » par des dépenses sélectives (d’équipements structurants, de formation spécialisée, de recherche et développement, de services aux entreprises d’export, etc.), sans s’alourdir, au bénéfice de tous, de charges sociales et publiques généralisées. Ils atteignent ainsi à la capacité d’offrir de mêmes biens et services de moyens et hauts niveaux que les pays avancés sans les mêmes coûts collectifs généraux. Parallèlement « les multinationales en transférant leur savoir faire en matière d’équipement, d’organisation du travail, etc... ont fait en sorte qu’une usine roumaine ou chinoise ait une productivité équivalente à une usine française ou allemande malgré un coût du travail cinq ou dix fois plus faible. Voire une productivité supérieure puisque, neuve, elle sera dotée des derniers perfectionnements de la technologie. À une division internationale du travail gouvernée par les coûts du travail et des approvisionnements en biens et services, se substitue une compétition sur tous les segments de marchés dont les pays avancés perdent de nombreuses parts, leurs firmes allant compenser ces pertes par des productions localisées chez les concurrents eux-mêmes (compensation qui, même gagnante en résultats financiers, est par définition plutôt perdante en emplois nationaux). Nos pays ne conservent leurs certitudes d’activités que dans des secteurs déterminés : les services de proximité (publics ou marchands) à la personne non délocalisables (mais susceptibles d’être tenus par des « immigrés »), les activités qui ne peuvent s’accomplir que sur leur territoire propre comme, par définition, le tourisme, ou les chantiers de BTP (pouvant néanmoins incorporer beaucoup de matériaux et produits importés), enfin, mais fragilement, celui des produits et services de haute technologie et forte valeur ajoutée. Ce n’est décisif que pour autant que leur propriété intellectuelle est protégée et pour le temps où ils peuvent garder une bonne part d’exclusivité de compétences (exclusivité à laquelle s’opposent les transferts de technologies souvent légitimement demandés par les acheteurs tiers comme condition d’une commande). La survie est donc conditionnée par une capacité permanente de fuite en avant. D’où les caractères déterminants de la recherche et de l’innovation qu’il faut unir l’incitation à de nouveaux désirs de consommations). La première des novations capitales de ce nouveau libre- échange est donc la floraison d’une concurrence, de plus en plus armée, aussi bien apte à la qualité (ce qui n’écarte pas des cas de tromperies) qu’aux meilleurs prix, concernant peu à peu tous les types de produits. Et ce libre-échange là ne répartit donc plus vraiment les fabrications des uns et des autres selon des avantages comparatifs respectifs conduisant à des spécialisations assez stables et pouvant s’équilibrer, mais est un très dur challenge en mutation permanente. La seconde novation est qu’il s’accomplit à grande échelle entre sociétés hétérogènes dont les logiques et les valeurs sont différentes, qu’il est donc complètement différent du libre échange existant entre pays européens de niveaux à peu près homogènes : il confronte à d’anciennes régions du monde dont les développements tiennent à une réelle pondération entre marchés intérieur et extérieur, des pays dont la croissance du PIB s’est fait essentiellement par la vente à des pays riches externes de productions obtenues par des main-d’oeuvre et des cerveaux trop mal rémunérés pour constituer un marché intérieur appréciable et solide. C’est un choix dont les émergents qui le pratiquent sont responsables, car ce n’était pas la seule voie possible, si l’intérêt de leurs gouvernants n’y avait conduit. Alors que les capitalismes occidentaux se sont consolidés par le constat que leurs salariés étaient aussi leurs clients (et lorsqu’à l’offre n’a pas fait écho une demande suffisante, ce fut d’ailleurs la crise comme en 1929), les capitalismes de type chinois se sont emballés vers des taux de croissance considérables dont le ressort majeur est la demande externe. Le résultat est de siphonner les économies occidentales aux faibles taux de croissance qui réciproquement pompent, pour faire face à leurs déficits et consommations, l’épargne dégagée par des économies d’accumulation et de sous-consommation. Dès les années 90 la conscience des changements en cours porte à ouvrir des interrogations successives sur les formes de la mondialisation associant un intéressant phénomène culturel de « melting pot » et un inquiétant phénomène économique de globalisation. La contestation de la libéralisation internationale émane d’abord de fortes personnalités du business (Jimmy Godsmith) ou de la science économique (par notamment le prix Nobel1988, Maurice Allais), retient l’attention de milieux modérés (rapport Arthuis de 1994), apparaît dans des cercles de réflexion comme la disparate et éphémère Fondation Marc Bloch, s’introduit dans les débats sur l’Europe et aboutit à la prise de conscience de l’importance des délocalisations. Dès lors que l’on englobe sous ce terme non seulement le déplacement à l’étranger d’une unité de production, mais sa création ab initio hors du territoire, de même que toute substitution à des productions localement obtenues de biens et de services réalisés ailleurs (remplacements de productions nationales par des importations et - ce qui est d’un grand poids - remplacements d’exportations par des livraisons émanant de pays tiers). Ainsi l’effet négatif emploi tient-il surtout aux « non localisations » qui sont discrètes, mais que l’on a pu estimer représenter cinq fois les déménagements d’entreprises. C’est ce que met en évidence le remarquable rapport de la députée Chantal Brunel, dont la conclusion est essentiellement d’inviter à des adaptations françaises (comme la flexibilité en cours... et la « TVA sociale », perdue de vue peu après le début du quinquennat) puisque la parlementaire dit, en substance, qu’on ne saurait changer l’ordre du monde, et surtout pas en y introduisant du protectionnisme. Celui-ci étant la voie contestée, il faut, avant de la rappeler évoquer la voie aujourd’hui consensuelle, néo-keynésienne qu’illustrent bien les préconisations de Paul. R . Krugman. Parce qu’il n’est pas sûr de la pertinence des actions publiques, celui-ci exprime sa préférence pour un libre échange supportant des adaptations pragmatiques. Il préconise pour les États-Unis deux types d’actions dont la conciliation paraît d’ailleurs délicate : d’une part, un redressement des déséquilibres américains ; d’autre part la nécessité de renouer avec le pacte de prospérité rompu par la Reagan economics, la globalisation étant, à ses yeux plus prétexte que cause à la montée des inégalités : « le nouveau paradigme de la création de richesse a conduit les USA à régresser en 20 ans à un niveau d’inégalité comparable à celui du 19ème siècle », constat qui le porte à s’engager pour les démocrates. Il avait d’ailleurs estimé il y a déjà plusieurs années que « l’économie de la dépression est de retour, ... (ce qui) veut dire que pour la première fois en deux générations, des failles sont apparus du coté de la demande, des dépenses privées pour utiliser pleinement la capacité productive existante ». Mais, s’il a mesuré les risques nés de la chute de la demande solvable, il n’a pas prévu le caractère cyclonique de la crise de 2008. Nombreux sont les adeptes de cette école de pensée qui estiment en fait que le salut keynésien ne pourrait venir, en régulant les concurrences de toute nature, que d’une espèce de gouvernance mondiale. Si l’on doute du caractère réaliste de cette perspective, le second type de réponse (dont le réalisme est également sujet à caution) consiste à inviter à gérer les échanges commerciaux et de capitaux par des relations négociées entre grands ensembles régionaux, établissant chacun la part de réglementations et de protections lui paraissant utiles. Comme l’exprime J. Généreux, « en l’absence d’un jeu coopératif entre les gouvernements, la montée en puissance du libre-échange suppose celle de la libre entreprise, libre de charges sociales, libre de normes de production, libre de contraintes dans la gestion de la main d’oeuvre. Dans un contexte de guerre économique, le laisser passer des biens n’est supportable pour les entreprises que si on les laisse faire. Mais la conjonction de ces deux libertés est insoutenable pour la société ». La recherche d’une pondération entre modération du laisser faire et modération du laisser passer nourrit la recherche des solutions comportant la sauvegarde d’un compromis social par une dose raisonnable de protectionnisme. En France, un courant prendra sur le sujet une position de plus en plus tranchée, illustrée notamment par les ouvrages et interventions d’Emmanuel Todd, s’enracinant dans ses travaux de démographe et de sociologue et s’épanouissant dans des accents polémiques, tandis que les chaînons intermédiaires des raisonnements économiques et des propositions programmatiques ont été assurés de manière plus développée par Hakim el Karaoui et par Jacques Sapir.


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