EUROPEENNES : LES RESULTATS

mardi 16 juin 2009
par Marie-Thérèse Mutin
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"En politique, la communauté des haines fait presque toujours le fond des amitiés." (Alexis de Tocqueville)

Le peu de votants pour cette élection dont les électeurs ne voient pas la portée réelle quant au rôle du Parlement européen (dont on ne parle jamais), a amplifié les phénomènes que nous avions analysés. Ceux qui se sont mobilisés l’ont fait souvent sur des critères de politique intérieure. Ainsi l’électorat conservateur et crispé sur ses privilèges est allé voter pour son champion dont on connaît la capacité à crier victoire en toutes occasions. Ce vote, qui n’a cependant rien de glorieux, va lui permettre de continuer son travail de sape et de démantèlement du contrat social.

C’est pourquoi ce n’était pas forcément “se tromper de campagne” que d’attaquer le bilan du sarkozysme comme le déclare notre grand stratège socialiste Rebsamen ! Lui, à l’image des grands barons socialistes, il n’a pas fait campagne du tout comme en témoigne le score de la liste socialiste à Dijon (moins de 20% !), à Lyon (15,51 % pour la liste menée par Peillon, ami royaliste de Colomb), à Marseille (15,89 %)

Pour pouvoir déstabiliser une direction qui ne leur convient pas, ces grands féodaux s’ingénient à affaiblir le score de leur propre parti, sciant ainsi la branche sur laquelle ils sont assis. Lorsqu’ils auront perdu leur baronnie ce sera encore la faute de Martine Aubry : ce sont des irresponsables dans tous les sens du terme. Ce n’est pas la première fois que le PS prend une déculottée, Rocard, tête de liste nationale à l’époque, en 1994 avait obtenu 14,49 % talonné par la liste de Bernard Tapie. Ce score avait sonné la fin des ambitions présidentielles de Rocard mais le coup de barre à gauche donné notamment par le nouveau premier secrétaire Emmanuelli avait permis un rétablissement du parti et la victoire de 1997 (3 ans plus tard !)

Le résultat d’Europe écologie n’est pas surprenant : les écologistes ont les thèmes porteurs, avec l’angoisse sur le devenir de la planète, qu’on peut exprimer sans risque sur le plan intérieur. Les élections européennes en général réussissent bien aux écologistes mais ils ne savent pas organiser leur victoire. Pressés d’engranger des postes d’élus, au lieu de continuer de creuser leur sillon, ils se précipitent dans des négociations que le parti socialiste a la faiblesse d’accepter et ils se fondent dans des listes d’union de candidats et non de programme. Cette année, leur succès tient en grande partie aux têtes de listes très médiatiques qu’ils ont su faire travailler ensemble. Le charisme de Cohn Bendit n’est plus à démontrer.

Enfin le Front de gauche : le résultat est intéressant ; ce peut être le début d’une aventure passionnante. Dépasser les 6 % quand le modem s’effondre ou du moins n’atteint pas les scores espérés peut permettre de peser sur la stratégie du parti socialiste. Pourquoi s’allier avec le centre-droit quand la gauche de la gauche pèse aussi lourd ? La préparation des régionales qui est déjà dans toutes les têtes va être une étape intéressante dans la recomposition possible d’une véritable gauche porteuse d’espoir.

Le blog de Marie-Thérèse Mutin : http://babord.le-blog.info.le-blog.info