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DEMOCRATIE ECONOMIQUE ET DEPASSEMENT DU CAPITALISME

dimanche 12 juillet 2009
par  Claire Villiers
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Nous sommes en ce début de siècle au cœur de quatre crises et non d’une seule ; leur ampleur et l’urgence des réponses à y apporter sont telles que quiconque ne veut pas être submergé devrait en prendre la mesure et arrêter de « bricoler ». Crise écologique et environnementale, résultat conjugué du pillage de continents entiers, de l’anéantissement progressif de modes de vie respectueux des équilibres et d’une vision du progrès de l’humanité reposant quasi exclusivement sur un productivisme prédateur et destructeur ; crise économique et financière qui met à nue les mécanismes les plus cyniques d’un capitalisme mondialisé, entièrement financiarisé ; crise sociale où l’on voit la pauvreté, les inégalités s’accroitre de manière vertigineuse entre les peuples et au sein des peuples ; crise démocratique enfin, aucune alternative ne semblant en mesure d’apporter et de porter les réponses qui s’imposent pour que l’humanité non seulement survive mais ne sombre pas dans des conflits multiples, la guerre étant toujours une des armes de sortie de crise des possédants de ce monde.

La question d’une reprise de pouvoir sur l’économie se pose donc avec une acuité renouvelée. Aujourd’hui la démocratie semble trop souvent se résumer à ce qui concerne les institutions, voire à leur gestion. Les différentes phases de décentralisation dans notre pays conduisent à transférer des champs de compétences accrus aux collectivités territoriales mais on peut se demander s’il ne s’agit pas plus de dilution que du rapprochement des citoyens et des lieux de pouvoir. La question est particulièrement prégnante pour le champ économique. Je constate dans l’exercice de mon mandat d’élue régionale que nous considérons les franciliens et franciliennes comme des habitant-e-s du territoire, exceptionnellement comme exerçant un travail quel qu’en soit le statut – salarié, indépendant, coopérateur…- Ce point aveugle nous empêche de comprendre d’une part que les organisations du travail comme celles des entreprises déteignent et imprègnent toute l’organisation sociale, d’autre part que des politiques de rupture ne peuvent évidemment pas faire l’impasse sur les modes de production comme leurs finalités . La démocratie économique ne se résume pas à la démocratie sociale et il y aurait un grand danger à laisser perdurer une sorte de « division du travail » : les collectivités interviennent sur le hors travail, et les « partenaires sociaux » (ou les adversaires sociaux ?) s’occupent de l’économie, du travail. Ce qui est d’ailleurs un effet de leurre : les capitalistes s’occupant … de toute la société !

Il faut donc de toute urgence « retransversaliser », réunifier, réconcilier l’individuel et le collectif dans une dialectique d’interaction : il n’y a pas d’émancipation individuelle possible sans des cadres de garanties collectives forts. La CFDT dans les années 70 (un autre siècle !) avançait un tryptique : autogestion – propriété sociale – planification démocratique et plus loin encore, dans les Bourses du Travail on s’occupait aussi bien de placement que de formation, de culture, d’aide mutuelle ou de mutualisme. Nous pouvons nous appuyer sur de tels acquis, comme sur une pratique et une analyse critiques des formes d’économie sociale pour construire les concepts, les stratégies, les projets d’une autre organisation du monde, du plus local au plus global. Cette stratégie de transformation pas seulement sociale mais économique, écologique, politique, démocratique devrait progressivement ré-expérimenter des formes d’auto-organisation, de coopératives, de démocratisation des services publics et inventer les processus de débat politique qui mêleront par exemple les travailleurs d’EDF, les usagers et les élus, chacun, chacune apportant sa pierre à une politique énergétique. Pour paraphraser Jaurès, on pourrait dire que si nous avons conquis le suffrage universel – pas tous et toutes – il nous reste à conquérir la souveraineté populaire qui visera la réappropriation par chacun et chacune de sa propre destinée sur une planète vivable et vivante. Y’a du boulot !

Claire Villiers est vice-présidente (Alternative Citoyenne) du Conseil Régional d’Ile de France


Commentaires

Logo de Mélinand Michel
mardi 24 novembre 2009 à 13h40 - par  Mélinand Michel

Il me semble que l’utilisation du terme dépassement est particulièrement trompeur ; en effet dans le dépassement il y a la notion d’une course de vitesse par exemple or il ne s’agit pas de courir plus vite que le capitalisme mais bien de créer les conditions de son abolition et que l’on ne me chante pas qu’il s’agit d’un terme marxiste alors que ce n’est qu’une mauvaise traduction de l’allemand utilisée par les réformistes
Michel Mélinand (site : unitecommuniste.org )

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dimanche 23 août 2009 à 22h27 - par  Ivan

On ne peut qu’aller dans ce sens, mais alors il y faut aller jusqu’au bout. Plus globalement, mais ici le global et le local sont étroitement mélés, nous sommes arrivés à un stade de développement des moyens d’action des hommes sur la nature, ce qu’on appelle les forces productives matérielles, tel, qu’un petit groupe d’humains, voire des individus, peuvent mettre en cause la vie de millions d’autres, voire de l’humanité et de la planète tout entières. Cette situation rend obsolète la propriété de ces moyens d’action sur la nature, c’est-à-dire que le capitalisme lui-même est en état d’obsolescence. La question de son dépassement est posée, c’est la question du "en commun" qui est posée, celle de l’intérêt commun, c’est-à-dire celle du communisme, espérons (on peut rêver non ?) que Claire Villiers fasse ce chemin jusqu’au bout.
Ivan

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