https://www.traditionrolex.com/18 MICHAEL JACKSON ET LA «HAINE DE SA COULEUR» - La Gauche Cactus

MICHAEL JACKSON ET LA « HAINE DE SA COULEUR »

mardi 14 juillet 2009
par  Albano Cordeiro
popularité : 11%

Vendredi 26, en écoutant dans les radios et chaînes de télé, le discours sur le « King », on n’échappait pas à l’impression que sa vie pouvait se résumer en quelques points répétés en boucle toute la journée. Sa fiche orale comportait : il était un phénomène de popularité mondiale inégalée, il est mort d’un arrêt cardiaque (ce qui revient à dire qu’il est mort, tout simplement), il a vendu 750 millions de disques et CDs, « Thriller » vendu à mais de cent millions d’exemplaires, il a inventé le « moonwalk » (reculer en semblant marcher en avant), il se serait endetté jusqu’au cou, pour plus d’une centaine de millions de dollars, il a eu des ennuis judiciaires suite à des accusations d’« attouchements sur mineurs » (le mot « pédophile » est parfois utilisé), il se considérait un « Peter Pan », le « garçon-qui-ne-voulait-pas-grandir », il acceptait aussi le mot « Bambi », il avait fait des opérations « esthétiques » (sans entrer dans des détails). Par contre, le fait qu’il a claqué une partie importante de la fortune accumulée avec la vente de ses disques, CDs et clips, pour prendre les caractéristiques morphologiques des « blancs », est rarement abordé. Ou alors ce fait est bien mentionné, mais sans avancer des commentaires ou des analyses. Comme si le trait de personnalité qui cela révèle pouvait diminuer l’impact l’opération des grands médias en conjonction avec des grands de l’industrie musicale.

L’acharnement que Michael Jackson a mis pour devenir « blanc » est l’un des plus grands affronts publics que les humains « de couleur noir » ont pu subir. Certainement, d’autres cas ont pu se produire dans le monde, mais avec Michael Jackson, la « haine d’être noir » était affichée chez un personnalité d’une envergure mondiale inégalée. Normalement, cet aspect de la personnalité de ce monsieur devrait être fortement critiqué pour son impact de renforcement les stéréotypes qui classent les « noirs » comme » une « race » à disparaître …. même les « noirs » ne veulent pas être « noirs » ! Cet aspect est tellement inscrit dans l’expérience de l’individu que l’on peut s’attendre que des africains et des « noirs » en général puissent opter pour l’occulter.

Michael Jackson était un malade mental

Michael Jackson a entrepris de changer, à partir du milieu des années 80 - quand sa popularité et revenus ont atteint des sommets - trois éléments essentiels de l’identité des individus, qui, en général, sont assumés (bien que ce ne soit pas une règle inviolable) : sa « couleur », sa masculinité et le fait que de l’enfance on passe à l’âge adulte. Oui, l’acharnement qu’il a mis dans le changement de sont apparence physique et même de sa personnalité, de son identité, relève de la maladie mentale, bien que l’usage de ce mot peut toujours être mis en cause.

Les psychologues et psychiatres lui ont donné un nom : la dysmorphophobie. C‘est le refus de son apparence physique qui caractérise la dysmorphophobie. Justement, les chirurgiens esthéticiens ont beaucoup à faire avec ceux qui en sont atteints. Dans le cas de Michael Jackson, ce refus va au delà de son apparence physique pour concerner sa propre identité. Outre les trois refus déjà cités, d’autres symptômes de Michael Jackson renforcent sa pathologie mentale, comme le fait de vouloir des enfants mais sans à les concevoir lui-même. Ses enfants, du moins les deux premiers, auraient été conçus par insémination artificielle, et lors du divorce de la mère et Michael Jackson, celui-ci a « payé » le dessaisissement du statut juridique de mère de « ses » enfants dont il n’était pas le père biologique. Du troisième enfant a toutes chances d’être un enfant « acheté » à une génitrice dont on ne connaît pas le nom.

Dans ce tableau, il est difficile de dire quel est l’aspect le plus signifiant de sa maladie mentale. Lors d’un passage au fameux show télé d’Oprah Winfrey, le 10 février 1993, Michael Jackson a dit quelques mots sur son enfance : « Oprah : Et cette enfance que tu n’as pas eue, tu la regrettes ? Michael : Je pense que c’est parce que je n’ai pas eu d’enfance que j’essaie aujourd’hui de compenser. Je m’entoure d’enfants parce que je trouve à travers eux des choses que je n’ai jamais eues. Quand j’étais petit, moi, je ne faisais que travailler »(1). Il raconte également que son père le frappait, pour obtenir de lui les meilleures performances, mais il l’aimait et le détestait à la fois. Il a également raconté ailleurs que son père l’appelait « big nose » (gros nez).

Dans les sociétés où sévit la discrimination ethno-raciale, les enfants des minorités visées, peuvent souffrir d’un complexe d’infériorité qui peut aller jusqu’au désir fort de ne pas appartenir au groupe ethno-racial de leurs parents (la haine envers tout ce qui « dénonce » leur appartenance). Ce sont là des éléments qui semblent bien être à l’origine de sa névrose-psychose et qui l’amèneront d’abord à entreprendre une dépigmentation total de sa peau et, ensuite, à procéder des opérations de chirurgie esthétique les unes après les autres (le chiffre de 14 est donné parfois). Les traits physiques qui l’auraient « classé » parmi les « noirs » ont été effacés jusqu’à s’inventer un nouveau visage … de « blanc » et de femme, ou du moins efféminé. Pour arriver à son dernier visage, nombre d’interventions ont été nécessaires. Son nez, en particulier, fut l’objet de diverses opérations pour aboutir un nez effilé et pointu.

Nous sommes donc devant un cas d’énorme souffrance d’origine psychique. Privé d’enfance, comme il déclara lui-même, il aurait accumulé des frustrations infantiles, traduites ensuite en une volonté d’automutilation pour ne pas être ce qu’il pensait avoir été obligé d’être. C’est peut-être là l’une des raisons pour laquelle, sa renonciation à « paraître noir » a pu être comprise. Mais, en définitive, c’est bien l’immense talent de chanteur et danseur qui a pu faire oublier tout cela.

(1) source : http://www.canoe.com/divertissement...)

Albano Cordeiro est sociologue (Migrations et relations inter-ethniques, CNRS)


Commentaires

samedi 10 septembre 2011 à 18h25

A sa mort il a été glorifié pour sa carrière mais tout ce que vous racontez a aussi été mis à jour. Bel article. Laurent de N’oubliez pas les paroles.

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mercredi 22 juillet 2009 à 08h15 - par  Paris sportifs

Super article vraiment !
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