COMMENT STOPPER L’EUROPE MEURTRIERE

mercredi 5 août 2009
par  Gérard Bélorgey
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Tout converge pour la barbarie libérale. Sur tous les fronts l’Union Européenne démontre son caractère meurtrier. Le libre échange en son sein comme vis à vis de l’extérieur a poursuivi un but très simple : détruire le tissu des activités agricoles et industrielles lorsque celles-ci reposaient sur un niveau social acquis convenable pour créer une masse de chômeurs et de ruinés (comme les producteurs français de fruits et légumes livrés à la concurrence des sous-payés des autres pays de la Méditerranée et que ne défendront guère des ministres tout acquis à la vulgate euro-libérale) qui ne peuvent, eux-mêmes ou leurs enfants, trouver d’emplois précaires qu’en devenant un sous prolétariat de services à la merci des besoins du négoce et, au mieux, des offres des familles ayant besoin d’auxiliaires de vie.

Le modèle est aujourd’hui bien clair. C’est celui vers lequel roule l’Allemagne exemplaire, comme l’explicite très bien le texte ci-dessous (1) : « La stratégie allemande de sortie de crise se dessine nettement, surtout si la coalition ultralibérale accède au pouvoir à l’automne. Baisses d’impôts, austérité budgétaire, flexibilité accrue du marché du travail, baisse des dépenses sociales : on veut en finir avec l’Etat social "à l’européenne"...Les sondages avant les élections au parlement, le Bundestag, de septembre 2009 indiquent que le pays serait gouverné dès cet automne par une coalition ultralibérale (CDU, CSU et FDP) obsédée par les baisses d’impôts, une flexibilité encore accrue des marchés du travail et une baisse des dépenses sociales.... Appliquées aux particuliers, ces nouvelles règles réserveraient la construction de maisons, l’achat d’appartements, de voitures et d’autres biens de consommation durables à quelques héritiers ou parieurs chanceux et aux cadres supérieurs ayant épargné auparavant. Tout développement porté par le crédit, stigmatisé, serait remis aux oubliettes. On comprend donc l’aversion des responsables allemands pour toute solution européenne et coordonnée. Les ultras de la CSU bavaroise, comme Peter Ramsauer, annoncent d’ores et déjà un ambitieux programme fiscal pour la prochaine législature, un "programme éclair", dit-il, réalisé les 100 premiers jours. Il comporterait les décisions suivantes : forte baisse de l’impôt sur les bénéfices des sociétés, baisse des droits sur les successions et, à l’horizon de 2012, réduction de l’impôt des particuliers ». (Source : tagesschau.de du 06.07.2009)

On comprend donc l’aversion des responsables allemands, le "très" social SPD inclus, pour toute réponse, européenne et coordonnée, à la crise ou pour un "grand emprunt" à la Sarkozy : disons-le clairement, on veut en finir avec l’Etat social "à l’européenne". Ce qui signifie réduire massivement le filet social car les recettes publiques, en forte baisse, combinées avec l’interdiction de recourir à l’endettement, même pour financer les investissements publics, ne laisseraient qu’une seule solution : le démantèlement massif de l’Etat social allemand. Car qui pourrait envisager, raisonnablement, que l’Etat allemand se prive de sa police, de son armée ou de ses enseignants ? A la clé, soit l’implosion de l’euro soit un alignement des autres pays européens.

Les résultats d’une telle orientation, claire et nette, sont parfaitement connus : exportations allemandes de marchandises et de services en hausse massive ; exportation du chômage allemand grâce à un fort regain de compétitivité des entreprises allemandes payant moins de charges et d’impôts ; bref, une "beggar-my-neighbour policy" pur jus, avec, à la clé, ou l’implosion de l’euro ou un alignement des pays partenaires en Europe sur la stratégie allemande.

Si on ne s’engage pas dans une stratégie de rupture, il ne faut rien espérer. Il ne sert à rien d’en appeler à l’harmonisation sociale et fiscale intra européenne ; par le haut, elle n’aura évidemment pas lieu. Il faudrait donc sortir du système instauré par l’U.E. C’est celui qui conduit à la pauvreté gouvernée par les privilèges. Mais il n’y aurait sans doute pas de majorité, ici ou là, pour ces ruptures. Ceux qui sont gratifiés comme ceux qui sont aliénés par l’euro-libéralisme, les intoxiqués de toutes les propagandes, ceux qui ne peuvent survivre qu’en se soumettant, tous ces moutons bien différents mais allant ensemble vers des profits pour quelques uns, des miettes pour les collaborateurs et des abîmes pour beaucoup d’autres sont majoritaires par rapport aux victimes impuissantes et à ceux qui pourraient contester. Si les électorats des gauches et droites contestataires pouvaient, dépassant leurs postures passionnelles sur leurs différences, se réunir en une force brisant la pensée unique de la droite libérale et de la plupart des socialistes d’aujourd’hui - qui ensemble nous ont mené au point tragique où nous en sommes - il pourrait y avoir un chemin pour faire enfin prévaloir nos intérêts nationaux. Qu’est ce qui pourrait mûrir un tel miracle ...?

(1) http://www.contre-feux.com/economie...

Le blog de Gérard Bélorgey : http://www.ecritures-et-societe.com


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