https://www.traditionrolex.com/18 La Gauche Cactus http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/ fr SPIP - www.spip.net (Sarka-SPIP) Les élections du siècle en Turquie http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article2851 http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article2851 2023-05-01T14:02:00Z text/html fr Enis Coskun <p>Pour la première fois depuis vingt ans, le pouvoir du très autoritaire « sultan » Recep Erdogan est menacé lors de la toute proches élection présidentielle turque. Un score serré semble attendu, et la crainte de sombres manipulations du pouvoir en place est présente. Enis Coskun, éminent juriste turc, éclaire notre lanterne.</p> - <a href="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?rubrique61" rel="directory">Turquie</a> <div class='rss_texte'><p>Le 14 mai prochain les Turcs éliront leur Président et leurs députés. 100 ans après la fondation d'un État laïque sous la direction de Mustafa Kemal, ces élections sont cruciales pour l'avenir du pays.</p> <p><strong>Un contexte économique et social tendu</strong></p> <p>La situation économique et sociale du pays est catastrophique. Avec une inflation à trois chiffres, les hausses de prix sont devenues insupportables. Qu'ils soient ouvriers ou employés, la plupart des travailleurs ne perçoivent que le salaire minimum légal fixé à 8 500 livres turques (400 euros environ). Cette rémunération ne couvre même pas le montant des dépenses alimentaires élémentaires mensuelles pour une famille de quatre personnes qui s'élève à 9 590 livres (479,50 euros) tandis que le seuil de pauvreté s'établit à 30 700 livres turques par mois (1535 euros). Le chômage atteint, selon les dernières statistiques officielles, 10,7 % de la population. La balance des paiements s'est fortement détériorée. Tous ces indicateurs montrent une économie turque à bout de souffle.</p> <p><strong>Un délitement de l'État de droit. </strong></p> <p>La Constitution adoptée en 2017 a établi un régime présidentiel. Le Président Recep Tayyip Erdoğan exerce le pouvoir exécutif et dirige le parti au pouvoir, l'AKP. Surtout, il a placé le pouvoir judiciaire sous son administration directe.</p> <p>En Turquie, à la fin janvier 2023, 341 497 personnes étaient incarcérées. Parmi elles se trouvent des milliers de citoyens - journalistes, avocats, universitaires, personnalités politiques, membres d'ONG, syndicalistes - arrêtés, condamnés et emprisonnés pour des motifs politiques et sociaux, au grief par exemple d'injure au Président de la République.</p> <p>Le pouvoir bafoue la volonté populaire. Ainsi a-t-il démis de leurs fonctions des dizaines de maires du Parti démocratique des peuples (HDP), élus démocratiquement dans l'Est et le Sud-est du pays et a nommé des administrateurs à leur place. Un procès sans fondement est intenté contre le maire d'Istanbul condamné, en première instance, à l'interdiction d'exercer tout mandat politique et à une peine d'emprisonnement. Le juge chargé du procès s'est opposé à la demande de ce verdict, il a été dessaisi du dossier et muté. Le juge qui l'a remplacé a statué dans le sens souhaité. Ainsi, un maire élu démocratiquement par plus de 16 millions d'habitants est-il victime de l'arbitraire. À l'approche des élections du 14 mai, un procès a été intenté contre le HDP, troisième parti au Parlement en nombre de députés, et menacé d'interdiction. Selahattin Demirtaş, ex-coprésident de ce parti, est abusivement emprisonné depuis sept ans. L'objectif est de le maintenir en prison à vie en ouvrant des parodies de procès successifs. L'homme d'affaires Osman Kavala se trouve dans la même situation. Bien que la Cour européenne des droits de l'Homme ait ordonné la libération de ces deux prisonniers, Erdoğan s'obstine à ne pas respecter ces décisions.</p> <p>La liberté de pensée et d'expression est sous pression. Une anecdote qui circule sur les réseaux sociaux l'illustre parfaitement : dans une prison, un détenu souhaite se procurer un ouvrage ; le gardien lui fait savoir que l'établissement ne dispose point de ce livre, mais que …son auteur s'y trouve !</p> <p><strong>Une candidature à la légalité constitutionnelle contestable</strong></p> <p>La candidature d'Erdoğan suscite d'intenses débats. L'article 116 de la Constitution dispose qu'une personne ne peut être candidate à la présidence de la République que deux fois, ce qui est le cas du président actuel. En l'absence de majorité parlementaire justifiant l'organisation d'élections anticipées, Erdoğan a argué du fait que le référendum constitutionnel de 2017 avait ouvert une nouvelle période et que son élection de 2018 ne constituait que son premier mandat. La quasi-totalité des constitutionnalistes de Turquie désapprouve cette interprétation de la Constitution. Cependant, le Haut Conseil électoral (YSK), qui est chargé d'organiser les élections et dont les membres sont nommés par Erdoğan, a rejeté toutes les objections formulées. S'il était réélu le 14 mai, le mandat d'Erdoğan courrait jusqu'en 2028. En cas d'élections anticipées il pourrait même l'étendre jusqu'en 2033 !</p> <p>Erdoğan a l'habitude de s'affranchir des dispositions légales et constitutionnelles. Il a indiqué qu'il ne respecterait pas et n'appliquerait pas les décisions des tribunaux supranationaux, tels que la Cour européenne des droits de l'Homme, des juridictions suprêmes nationales, la Cour constitutionnelle et le Conseil d'État, ou même les décisions du pouvoir judiciaire qu'il n'approuverait pas.</p> <p><strong>"La démocratie est un train que l'on quitte une fois arrivé à destination" (Recep Tayyip Erdoğan, 1996)</strong></p> <p>Que visait réellement le maire d'Istanbul d'alors ? Que son projet politique, celui de l'abaissement de la démocratie et de la laïcité était au cœur de son programme, derrière des promesses de façade rassurantes. Aujourd'hui, Erdoğan, se prépare à franchir un nouveau cap. L'instauration d'une république islamique serait-elle le terme du nouveau “voyage”, s'il était réélu ?</p> <p>Dans la perspective des élections du14 mai prochain, l'AKP a fait alliance avec deux partis nationalistes (MHP et BBP) ainsi qu'avec deux partis politiques islamistes, l'Hüdapar, considéré comme la branche turque du “parti de Dieu” (Hezbollah, distinct de son homonyme libanais), mêlé à de nombreux assassinats politiques et le Yeniden Refah Partisi. Ces deux derniers partis ont posé comme condition la possibilité de porter atteinte aux principes républicains et laïcs inscrits, jusqu'à présent, dans la Constitution. Ils souhaitent également l'abrogation de la loi interdisant les violences à l'égard des femmes, dans le prolongement du désengagement de la Turquie de la Convention d'Istanbul. Ils demandent aussi que les femmes ne puissent occuper que des emplois “adaptés à leur nature” et que la mixité des classes à l'école soit abolie. Erdoğan a accepté les candidatures de ces deux partis dans sa coalition électorale.</p> <p><strong>La Turquie à la croisée des chemins</strong></p> <p>En fait, les élections du 14 mai prochain et les efforts d'Erdoğan pour rester au pouvoir cristallisent la lutte centenaire entre les républicains et leurs opposants. Parmi les pays du Moyen-Orient, le processus historique de la Turquie est unique. Il y a 100 ans, à l'issue de la Guerre d'indépendance, avec la proclamation de la République, le sultanat et le califat furent abolis. Depuis son élection, Erdoğan n'a eu de cesse d'affaiblir les fondements laïques de la république. Avec la présidentialisation du pouvoir induite par la modification constitutionnelle de 2017, ce mouvement s'est approfondi. Le peuple est progressivement dessaisi de sa souveraineté au profit du pouvoir présidentiel.</p> <p>La sécurité et l'intégrité des élections ne sont aucunement garanties. Un doute pèse sur l'impartialité des commissions électorales locales. Nombre d'avocats proches du pouvoir ayant été nommés juges seront chargés d'organiser les scrutins et d'officialiser les résultats. Diverses agressions et provocations visent à intimider les électeurs et à les décourager de se rendre aux urnes. Les rumeurs sur les menaces d'assassinat du Président du principal parti d'opposition, Kemal Kiliçdaroglu, candidat de l'opposition à l'élection présidentielle, ont fait la une des médias.</p> <p>En plus de « l'Alliance nationale » qui réunit six partis d'opposition, deux autres coalitions de gauche soutiennent la candidature de Kiliçdaroğlu à l'élection présidentielle. Un large front s'est formé contre Erdoğan. Dans les sondages le candidat de l'opposition devance son adversaire. Face à cette situation, nombreux sont ceux qui craignent un regain du climat de violence et d'affrontements comme ce fut le cas lors de l'élection présidentielle de 2015. La Turquie est véritablement à la croisée des chemins. Il est crucial qu'à l'occasion de ces élections elle retrouve la voie de la démocratie et de l'État de droit. <i>Article paru dans la revue Recherches internationales, <a href="http://www.recherches-internationales.fr/" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>www.recherches-internationales.fr</a></i></p></div> TURQUIE : D'UN COUP L'AUTRE ! http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article2090 http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article2090 2016-08-26T21:09:47Z text/html fr Michel Rogalski Les analystes peinent à caractériser ce qui s'est passé en Turquie le 15 juillet. Coup d'État, contrecoup, purge, reformatage de l'État… Le discours officiel, faisant mention d'un complot de la Confrérie Hizmet – sorte de franc-maçonnerie musulmane - infiltrée dans la haute administration et l'armée et animée par le prédicateur, en exil aux États-Unis depuis dix-sept ans, Fethullah Gülen, ne rencontre qu'une écoute polie, mais non convaincue (...) - <a href="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?rubrique61" rel="directory">Turquie</a> <div class='rss_texte'><p>Les analystes peinent à caractériser ce qui s'est passé en Turquie le 15 juillet. Coup d'État, contrecoup, purge, reformatage de l'État… Le discours officiel, faisant mention d'un complot de la Confrérie Hizmet – sorte de franc-maçonnerie musulmane - infiltrée dans la haute administration et l'armée et animée par le prédicateur, en exil aux États-Unis depuis dix-sept ans, Fethullah Gülen, ne rencontre qu'une écoute polie, mais non convaincue des chancelleries. Mais tous s'accordent à penser que se qui s'est passé ainsi que la suite des événements relèvent de la plus haute importance et pourrait constituer un séisme pour la région, tant le rôle et la place qu'y joue le pays sont essentiels. Fidèle pilier de l'Otan, attirée par l'Union européenne avec laquelle elle entretient d'importants échanges, la Turquie apparaissait jusqu'ici comme un pays stable voisinant un océan chaotique, et constituait de ce fait un partenaire pour les grandes puissances, notamment occidentales. Elle avait réussi à ne pas être happée trop centralement par les naufrages irakien et syrien, avait su accueillir plusieurs millions de personnes déplacées du fait de la guerre et était apparue en capacité de tarir avec succès les flux se dirigeant vers l'Europe. Bref, elle était devenue au fil des années, aux yeux de la communauté internationale, le partenaire fiable de la région, aux côtés il est vrai de l'Iran, d'Israël et de l'Arabie saoudite et avait réussi –sauf avec le régime d'Assad – à maintenir, à l'aide d'une diplomatie intelligente, de bonnes relations avec son environnement géographique. Même les liens avec Israël, un temps gelés à la suite de l'arraisonnement de bateaux turcs apportant une aide humanitaire à Gaza, avaient repris permettant aux bateaux d'accoster au sud d' Israël – on imagine pour inspection – pour repartir ensuite vers Gaza.</p> <p>C'est donc un rouage important et clé de la région qui entre en période de forte turbulence. Indiscutablement ce pays se réoriente vers un nouveau modèle et son leader Recep Erdogan qui dirige le parti islamo-conservateur (AKP – Parti de la Justice et du Développement, à la tête de 317 députés sur 550) bénéficie d'une aura renforcée par l'échec du putsch.</p> <p>On ne s'attardera pas sur les aspects autoritaires et répressifs du régime, sur sa propension à réduire les opposants au silence en emprisonnant massivement divers secteurs de la société, des intellectuels aux militaires en passant par des magistrats et des journalistes. Nous sommes en présence d'un régime autoritaire, musclé, peu respectueux des libertés publiques fondamentales qu'il piétine au nom d'une chasse aux comploteurs, mais néanmoins légitime si l'on en juge par les démonstrations de force massives de ses supporters. Car l'habileté du pouvoir n'est plus à démontrer. La popularité du Président est à son zénith après sa victoire sur la tentative de putsch. Il a réussi à amener les quatre partis représentés au Parlement l'AKP, le MHP – extrême droite nationaliste, le CHP – centre gauche laïc et kémaliste -, le HDP – Parti Démocratique des Peuples, gauche liée au mouvement kurde – à dénoncer la tentative de putsch et à soutenir ses appels à la résistance civile. Or cette société civile est « travaillée » depuis des années par les imams en phase avec la Direction des affaires religieuses – la Diyanet - placée sous la tutelle du Premier ministre. Le but ouvertement affiché est de toiletter la société de toute survivance kémaliste et donc d'opérer un tournant marqué vers plus d'islamisation. C'est certainement le premier sens à donner au tournant engagé par Erdogan. La chasse aux sorcières s'apparente à un fort règlement de comptes entre anciens alliés d'hier car les réseaux gülenistes ont longtemps travaillé de concert avec l'AKP, le parti du Président. Ils s'en étaient écartés lorsque Gülen avait commencé à prendre ses distances très tôt contre cette dérive islamiste. L'orientation antikurde se renforce et a poussé le pouvoir à refuser de dialoguer avec le HDP qu'il cherche à réduire à tout prix. Au-delà de la purge, certains prêtent au Président l'intention de refonder le pays à travers un reformatage de l'État et l'adoption d'une nouvelle constitution lui permettant d'établir un régime hyper-présidentiel sans contre-pouvoir. Nul doute également que l'orientation libérale-conservatrice sera maintenue. Le caractère nationaliste du régime, notamment anti-occidental sera probablement renforcé. Les trois maîtres-mots du nouveau régime seront : islamisation, conservatisme social, nationalisme, l'ensemble maintenu sous une chape répressive. Ce qui éloignera la Turquie de son histoire récente marquée par la modernité kémaliste et laïque sur laquelle l'armée s'enorgueillissait de veiller avant son affaiblissement.</p> <p>L'interrogation circule en Europe sur le fait de savoir si cette dérive turque n'a pas été alimentée par l'attitude souvent méprisante adoptée à l'égard de ce pays qu'on encourageait à entrer dans l'Union européenne tout en provoquant une course d'obstacles rendant cette adhésion toujours plus lointaine et hors de portée. Erdogan considère certainement que l'Union européenne ne s'est pas comportée avec sincérité à son égard, ce que confirmerait le refus maintenu à la dispense de visas pour ses ressortissants alors même qu'il a fait la preuve de sa responsabilité en accueillant le retour des déplacés auquel il s'était engagé. Mais les milieux sensibles à cette thématique sont en régression en Turquie, parce que ce qui y progresse c'est une islamisation rampante qui s'inscrit parfaitement dans les tendances lourdes de la région et à laquelle ce pays n'avait aucune chance d'échapper. La politique de l'Union européenne, au demeurant peu claire dans la région, n'avait aucune chance de pouvoir contrarier cette évolution qui tient pour l'essentiel à l'environnement régional.</p> <p>Il en découlera certainement une nouvelle diplomatie turque marquée par quelques inflexions nationalistes et anti-occidentales qui exalterait plus la grandeur ottomane que la République d'Atatürk. Mais les fondamentaux structurants comme l'appartenance active à l'Otan ont peu de chances d'être remises en cause. Tout au plus verra-t-on émerger une première dans l'histoire de cette institution, à savoir l'un de ses membres qui s'armerait chez les Russes et s'engagerait dans une coopération technico-militaire ! Mais la coopération avec les Russes sera plus large. Lors de la visite d'Erdogan à Moscou – décidée avant le putsch – les déclarations ont indiqué les grands domaines concernés. D'abord l'énergie et la réactivation de grands projets de gazoducs un temps déjà envisagés. La géographie commande les projets. La Turquie importe la moitié de son gaz de Russie, ce qui constitue une forte dépendance. Les Russes veulent associer la Turquie à la construction d'un gazoduc - le TurkStream - qui passerait sous la Mer noire et remplacerait le projet South Stream abandonné par l'Europe car permettant aux Russes de contourner l'Ukraine. L'objectif reste le même et permettrait aux deux pays d'alimenter et de contrôler l'approvisionnement de l'Europe du Sud. La Turquie bénéficierait de tarifs préférentiels. Au cours de cette rencontre Poutine semble avoir convaincu son interlocuteur de modifier sa position très figée sur la Syrie et le régime d'Assad. La politique turque vis-à-vis de la Syrie sera infléchie, donc moins rigide, ce qui fâchera encore un peu plus les Européens.</p> <p>Le différend avec les États-Unis soupçonnés de jouer un double jeu est très vif. Ils sont accusés de forte bienveillance vis-à-vis de la Confrérie. Ils s'opposent à la demande d'extradition de son chef Fethullah Gülen. Vu l'importance des liens entretenus entre les deux pays, il s'agira vraisemblablement d'une brouille passagère. À la faveur de cette tentative de putsch, la Turquie a choisi de s'aligner sur la force montante dans la région, l'islamisme avec toutes les réorientations tant internes qu'externes que cela suppose. La priorité est de fermer la « parenthèse kémaliste » et de débarrasser le pays de tous les marqueurs qui se sont imposés après l'effondrement de l'Empire Ottoman. Et d'accompagner ce revirement d'une poussée nationaliste anti-occidentale et faisant appel aux valeurs de cet Empire. C'est le sens de ce grand tournant. La République turque kémaliste a vécu et le pays se normalise en rejoignant la montée de l'islam politique dont l'emprise gagne la région.</p> <p><i>Article paru dans la revue Recherches internationales, <a href="http://www.recherches-internationales.fr/" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://www.recherches-internationales.fr</a></i></p></div> TURQUIE : REPRESSION ANTI KURDE http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article1444 http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article1444 2012-03-31T14:09:00Z text/html fr Jürgen Klute, Marie-Christine Vergiat Malgré l'interdiction par les autorités turques faites aux Kurdes de célébrer Newroz (la fête du printemps), dès le 18 mars, des milliers de personnes se sont retrouvées dans la rue dans de nombreuses villes y compris à Istanbul. Plus d'un million de personnes étaient présentes rien qu'à Diyarbakir. Face à ces célébrations populaires pacifiques, le gouvernement turque a réagi par une violence inouïe. Haci Zengin, responsable du parti kurde de la paix et de démocratie (BDP) (...) - <a href="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?rubrique61" rel="directory">Turquie</a> <div class='rss_texte'><p>Malgré l'interdiction par les autorités turques faites aux Kurdes de célébrer Newroz (la fête du printemps), dès le 18 mars, des milliers de personnes se sont retrouvées dans la rue dans de nombreuses villes y compris à Istanbul. Plus d'un million de personnes étaient présentes rien qu'à Diyarbakir. Face à ces célébrations populaires pacifiques, le gouvernement turque a réagi par une violence inouïe. Haci Zengin, responsable du parti kurde de la paix et de démocratie (BDP) pour l'arrondissement de Arnavutkoy est décédé après avoir été frappé à la tête par une grenade lacrymogène. De nombreux blessés sont dans un état grave. Parmi les nombreuses personnes hospitalisées, on compte deux députés du BDP, Mulkiye Birtane (que nous avions récemment accueillis en France), et Ahmet Turk (âgé de 70 ans). Un autre député, Ertugul Kurkcu a été tabassé par la police à Mersin. Plusieurs centaines de personnes ont été placées en garde à vue.</p> <p>Les autorités turques mènent une politique de plus en plus répressive. Actuellement 9 000 personnes, dont 6 députés, 31 maires, 183 dirigeants du BDP, et au delà des Kurdes, tous ceux qui osent dénoncer le comportement attentatoires aux libertés des autorités turques subissent le même sort : 96 journalistes, 36 avocats, de nombreux syndicalistes, défenseurs des Droits de l'Homme, étudiants, … et près de 2 000 enfants, sont actuellement en prison. L'Union européenne doit cesser de se taire et dénoncer les dérives autoritaires du gouvernement turc.</p> <p>Confrontés de plus en plus fréquemment à des violations patentes des droits de l'Homme, les kurdes et tous ceux qui les soutiennent ont plus que jamais besoin du soutien de tous les démocrates, et de toutes celles et tous ceux qui se battent pour le respect des droits de l'Homme. Face au mur du silence auquel ils sont confrontés de nombreux Kurdes à travers l'Europe ont entamé une grève de la faim pour dénoncer l'oppression croissante dont ils sont victimes. Nous ne pouvons laisser leur appel désespéré sans réponse.</p> <p><i>Marie-Christine Vergiat est députée européenne (Front de Gauche) ; ce texte est également signé par Jürgen Klute (Die Linke)</i></p></div> TETES DE TURQUES : LA SITUATION « PARTICULIERE » DES FEMMES EN TURQUIE http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article247 http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article247 2005-09-11T22:00:00Z text/html fr Emmanuel Dupuy La semaine internationale de la femme a été entachée par la répression policière d'une manifestation à Istanbul en faveur de la reconnaissance des droits des femmes. Le Parlement turc a promis d'ouvrir une enquête. Les dirigeants européens - actuellement en mission d'évaluation-, à Ankara se sont déclarés choqués. Choqué, on le serait à moins. Au-delà des protestations légitimes et excuses de circonstance, est-ce acceptable pour un pays que l'on dit prêt à rejoindre (...) - <a href="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?rubrique61" rel="directory">Turquie</a> <div class='rss_texte'><p>La semaine internationale de la femme a été entachée par la répression policière d'une manifestation à Istanbul en faveur de la reconnaissance des droits des femmes. Le Parlement turc a promis d'ouvrir une enquête. Les dirigeants européens - actuellement en mission d'évaluation-, à Ankara se sont déclarés choqués. Choqué, on le serait à moins. Au-delà des protestations légitimes et excuses de circonstance, est-ce acceptable pour un pays que l'on dit prêt à rejoindre l'Union européenne ? La réponse la plus visible fut d'envoyer des femmes policiers pour les manifestations suivante.</p> <p>Au moment où partout dans le monde, il faut soutenir le combat pour l'égalité des sexes, la mixité et réaffirmer que le pacte républicain vise avant tout à lutter contre toutes formes de discriminations. Il faut réaffirmer que laïcité et féminisme vont de pair. Dans la ligne du combat mené par la révolutionnaire Olympe de Gouges, il faut dénoncer sans répis ceux qui dénient le caractère universel des droits de l'Homme. Les femmes sont-elles condamnées à n'être que des mineures, des demi-citoyennes ? Les violences subies par toutes celles qui aspirent à être des citoyennes à part entière, qu'il s'agisse des mariages forcés, des crimes dits d'honneurs sont des pratiques inacceptables, quelque soit le particularisme local auquel il se réfère, fut-ce au nom de « libertés » et de tolérances individuelles dans l'espace public, lieu d'expression de l'intérêt général. Erigée, par certains, en étalon de l'idéal laïque dans le monde musulman, la Turquie l'est-elle vraiment sur ce versant de l'égalité entre citoyennes et citoyens ?</p> <p>Suffit-il de proclamer la laïcité comme socle de valeurs pour ensuite s'en amender au gré du contexte...La laïcité, portée en bandoulière par les militaires turcs et utilisée « à bon escient » par un pouvoir aux accents islamistes, est pour beaucoup antinomique avec ce qui constitue, en cette année de célébration du centenaire de la loi qui l'a ancrée dans le marbre de notre République, la vraie nature émancipatrice, égalitaire de ce formidable outil d'intégration nationale. La laïcité porte en elle la notion de l'universalisme. Si cela est vrai dans tous les territoires et pour tous les citoyens de la République française, pourquoi serait-ce différent ailleurs ?</p> <p>La Turquie, promise à l'Europe, serait-elle ainsi la seule à avoir une perception « particulière » de l'émancipation des femmes ? Pourtant, en effet, la laïcité y est inscrite au frontispice de la république d'Atatürk depuis 1923. Le droit de vote des femmes est en vigueur dès 1934. La révision récente du code de la famille marque une avancée importante. La bonne volonté manifestée un temps par le Parlement turc pour réduire le poids du Conseil national de sécurité turc ne lève pas pour autant les questions que l'on est en droit de poser au Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, pour nous convaincre que la Turquie puisse répondre, à l'avenir, aux critères humanistes qui fondent l'adhésion au projet collectif européen.</p> <p>Le cahier des charges des négociations d'adhésion le 3 octobre prochain est pourtant clair...Le pluralisme, la démocratie, l'égalité entre hommes et femmes, la liberté d'expression et de croyance, la reconnaissance des droits des minorités non musulmanes, la reconnaissance de la souveraineté de Chypre y sont posés. La question du génocide arménien est-elle pour autant reconnue par la totalité des Turcs ?</p> <p>Par ailleurs, l'appartenance de la Turquie à l'Organisation de la Conférence Islamique (OCI) au moment même où l'on doit dénoncer avec la plus grande fermeté des pratiques inhumaines et des comportements barbares en Iran, principal « actionnaire » de l'organisation pose un réel problème. Le dessein européen de la Turquie impose une condamnation immédiate de la peine de mort, arme des intégristes, dont les femmes sont les premières victimes. L'ambiguïté sur ce sujet est-elle levée ?</p> <p>La visite de la troïka européenne à Ankara ne semble guère le laisser penser, tant il apparaît de plus en plus clair que le mouvement de réformes démocratiques promis par le pouvoir en place à Ankara marque quelque peu le pas depuis l'obtention d'une date pour le début des négociations d'adhésion. L'Europe doit savoir s'ancrer durablement dans le combat humaniste et laïque. Toutes celles et tous ceux qui se reconnaissent dans le clivage durable entre obscurantisme et tolérance ne peuvent ainsi se contenter d'être des spectateurs de décisions que certains voudraient « voilées ». L'enjeu est trop important pour ne pas être mis sur le tapis, dès aujourd'hui, sinon, en 2014, au moment où la constitution européenne devrait être effective et que la Turquie siègera au Conseil, il sera déjà trop tard...à moins que le débat turc n'ait alors laissé la place à celui de l'adhésion des Etats du Caucase, scellant définitivement le projet des pères fondateurs, et ouvrant le grand marché de l'Atlantique à l'Oural...Mais ceci est une autre histoire, peut-être malheureusement déjà en marche.</p> <p><i>Emmanuel Dupuy est président de l'Union des Républicains Radicaux (U2R)</i></p></div> https://www.traditionrolex.com/18 https://www.traditionrolex.com/18