https://www.traditionrolex.com/18 La Gauche Cactus http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/ fr SPIP - www.spip.net (Sarka-SPIP) « Prends-moi un Yop » : l'absurde au cœur des émeutes http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article2896 http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article2896 2023-08-21T21:54:00Z text/html fr Romain Huët <p>Sociologue et universitaire distingué Romain Huët jette un regard original sur les révoltes de juillet : certes il y eut colère, justifiée, violences, déprédations, pillages, mais aussi solidarités, dévouements et puis, là réside l'originalité de l'auteur, des comportements, des gestes apparemment absurdes, sans oublier le côté « Robin des bois » (pillons ceux qui nous pillent, puis faisons, nous, ruisseler) Il y a un côté festif, certes fugace, dans la révolte, et Romain Huët en tire les leçons.</p> - <a href="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?rubrique67" rel="directory">Banlieues</a> <div class='rss_texte'><p>« Wala, ça a ouvert le Franprix. Hey, prends-moi un Yop, prends-moi un Yop ». Ailleurs, dans une autre ville de France, au beau milieu des affrontements, un homme mange tranquillement son sandwich, l'air de rien. À Romainville, dans la nuit du 29 juin, j'assiste au pillage d'un bureau de tabac. Un gars ressort les bras chargés de sucettes qu'il balance en l'air tel un brave au bon cœur. Toujours à Romainville, cette même nuit-là, des émeutiers tentent de brûler la laverie automatique. « Tout'e façon, elle n'a jamais marché » relativise un passant. À Nanterre, dans la nuit du 27 au 28 juin, j'observe un gamin s'obstiner à jeter un cocktail Molotov dans un feu de poubelle déjà bien garni. Ailleurs encore, une vidéo montre une femme bien à son aise qui profite d'un feu de poubelle pour faire cuire quelques grillades. Sur un autre snap (réseau social Snapchat), un type cagoulé court avec en mains une guitare électrique tout juste volée. Ailleurs encore, un magasin alimentaire se fait piller. La « dame, elle a pris du coton, mdr (NDLR : mort de rire) ». Au cours d'un autre pillage, on entend crier « prends du mascarpone ». À Sarcelles, un homme déguisé en Spiderman a été aperçu dans les rues. À Rennes, un joyeux luron, un brin détraqué, est aux commandes d'un engin de chantier. Il s'amuse à fracasser un lampadaire.</p> <p>Les révoltes de juin 2023 sont en train de faire l'histoire, une histoire supplémentaire de rupture avec les pouvoirs. Elles frappent par leur intensité, la rapidité de leur propagation, l'ampleur des destructions, et chose nouvelle par rapport à 2005, celle des pillages. La circulation des vidéos sur les réseaux sociaux ajoute à la stupéfaction. Ces émeutes sont des révoltes politiques quand bien même elles ne se traduisent pas, dans le présent de la situation, par des slogans ou des revendications. Ce qui domine dans l'émeute, ce n'est pas la parole mais plutôt l'acte. Elle confronte la société dans ce qu'elle sait déjà mais qu'elle dénie ou qu'elle se refuse d'affronter sérieusement depuis des décennies autrement que par une gestion technique du « maintien de l'ordre public ». Ces vies écrasées et méprisées se redressent et débordent. Elles font effraction dans ce qui leur est habituellement soustrait : la parole et l'audition politiques.</p> <p><strong> « Dingueries »</strong></p> <p>Au côté de la gravité de la situation et de ses déterminations politiques, une chose étonne : au milieu des affrontements, entre les tirs de mortiers, de feu d'artifice, des dizaines de vidéos montrent aussi des émeutiers hilares, amusés de leurs propres gestes et narquois. Ils donnent le sentiment de jouir du moment présent. Ils développent un sens évident de la mise en absurdité de leurs propres gestes. On y croise des « fous » qui font toute sorte de « dingueries » c'est-à-dire des êtres qui osent des gestes transgressifs que le commun s'interdit d'accomplir par crainte ou par honte. Le temps d'un instant, au cours d'une nuit ou d'une marche blanche, certains en oublient les sentiments tristes qui les ont conduits dans la rue.</p> <p>C'est un fait assez commun aux émeutes : elles sont un condensé d'affects et de sensations hétérogènes et souvent contradictoires. L'absurde côtoie la colère. L'humour se confond avec la violence des gestes. La joie se mêle aux larmes de la famille endeuillée de Nahel. Les gestes nihilistes de saccage se mélangent aux plaintes dirigées sans équivocité à l'endroit des forces de l'ordre et de l'état. Rationalités politiques et gestes absurdes sont le propre des pratiques émeutières.</p> <p>L'ivresse s'unit aux idées de vengeance. L'attaque de la maison de Vincent Jeanbrun, maire de L'Haÿ-les-Roses, en est le témoignage concret. Mais au-delà des faits de violence directe, il y a une atmosphère propre aux émeutes qu'il convient de saisir. Quiconque n'a jamais participé à une manifestation émeutière pourrait être surpris sinon scandalisé par le caractère souvent joyeux et festif des émeutes. Au lieu de susciter de la répulsion chez les témoins ou les participants, ces violences sont à l'origine d'amusement, d'enthousiasme collectif, de vertige jusqu'à des formes d'ivresse qui produisent en chacun un profond sentiment d'irréalité. Faut-il encore se demander d'où provient cette joie là où l'on devrait a priori ressentir de la peine et de l'effroi.</p> <p><strong>Puissances retrouvées</strong></p> <p>La première raison est éminemment politique. Elle réside dans le fait que les émeutiers retrouvent une puissance collective. Ces corps assemblés tiennent la rue, non loin de là où ils vivent. Ils ont le sentiment d'occuper l'espace contre la volonté des ordres policiers. Cela produit l'effet grisant de la conquête d'une puissance qui échappe au travail de répression et d'encadrement par les forces policières. L'émeutier ne subit plus. Il inverse même les registres de la puissance puisqu'il oblige les symboles du pouvoir à fermer, à se barricader (institutions), à reculer et à se protéger (forces de police).</p> <p>C'est le vertige tout à fait momentané d'une puissance retrouvée devant la mise en échec des pouvoirs, des ordres et des formes qui empêchent habituellement la vie quotidienne. L'espace physique de la rue est occupé tout comme l'espace médiatique. Aux invisibilisations politiques habituelles les révoltés font effraction dans le débat public. Les dénonciations sont limpides.</p> <p><strong>Un renversement momentané de l'ordre</strong></p> <p>La seconde raison suit la logique du spectacle. L'émeute emprunte particulièrement au registre carnavalesque. Certes, dans ces émeutes, les déguisements sont rares mais, ces derniers jours, on voit de nombreuses mises en scène : un goût prononcé pour le feu (feux de poubelles, cocktails Molotov), un usage abondant des feux d'artifice (mortiers) et de pétards. La circulation affolante des images sur Snapchat et TikTok ajoute à la mise en spectacle. Le geste n'existe pas seulement dans le présent de la situation. Il est vu, capté en vidéo et est promis à circuler voire à « percer » sur les réseaux. Des classements des villes les plus « chaudes » circulent sur quelques comptes Twitter. À cet égard, l'entrée de la ville de Marseille dans les émeutes a été fortement commentée. Il n'y a de spectacle que pour être donné à voir. Le renversement momentané de l'ordre a quelque chose de plaisant car parodique. Le pouvoir quitte son raffinement habituel et est obligé à se déployer de manière grotesque : courir après les manifestants, les frapper parfois indistinctement, se cacher pour surprendre ses proies. Les rires éclatent là où les forces de police apparaissent empruntées, maladroites et débordées.</p> <p>La troisième raison qui explique la joie émeutière réside dans le retournement du rapport avec les forces de l'ordre. Au respect qu'il leur est attaché dans la vie ordinaire, l'émeute ouvre une scène où il est possible de les insulter, de les rabaisser et de les humilier par le langage. Les forces de police peuvent aussi être attaquées et donc atteintes dans leurs corps. L'émeute s'alimente de ces ambivalences. Elle devient un temps symbolique de suspension des formes et offre un défi tantôt narquois, tantôt rageur aux forces de l'ordre. L'émeute inspire les passions et le chaos en réponse à la rigidité, l'ordre, le sérieux et à la froideur de l'État. Il y a donc un charme de l'émeute en tant qu'elle fait rupture avec les expériences ordinaires.</p> <p><strong>Le risque de la fétichisation</strong></p> <p>C'est une sensation qui appartient au voir ; un paysage désorganisé, des rues occupées, des forces de police désorientées, un espace urbain chaotique, c'est-à-dire autant de situations perceptibles qui semblent faire balbutier les structures du monde. Le réel n'est pas anéanti : il est marqué, scarifié et abîmé. La colère trouve le sentiment de son bon droit dans le redressement des corps et leur charge contre le pouvoir. C'est une épreuve corporelle du politique. Les joies souvent absurdes ne doivent pas conduire à une fétichisation ou à une esthétisation des émeutes comme si elles étaient la manifestation la plus évidente d'une révolte authentique. Elles sont le signe d'une détresse politique. Car si l'émeute déborde parfois le pouvoir et le met ponctuellement en échec, elle demeure le signe d'une impuissance à intervenir dans le monde pour faire entendre et reconnaître ses plaintes. Mais elle rappelle aussi l'impatience qu'ont les émeutiers à faire droit à leurs colères. L'émeutier regarde le monde. Il le parcourt, l'engrange et le brûle.</p> <p><i>Romain Huët est Maitre de conférences en sciences de la communication, chercheur au PREFICS (Plurilinguismes, Représentations, Expressions Francophones, Information, Communication, Sociolinguistique), Université Rennes 2. Texte paru dans The Conversation France <newsletter@theconversation.fr></i></p></div> SENLIS A PERDU UNE HEROÏNE http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article701 http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article701 2007-12-23T14:51:00Z text/html fr Karim Bey Smail 23 ans c'est trop tôt pour mourir sous les coups d'un démon : Pourquoi Villiers-le-Bel t'a t'il absorbée dans la fringale sécuritaire de l'actualité ? L'opinion publique est le néo-dictateur des démocraties de surface, puisque le barbarisme fascine encore. Qui élèvera une statue en hommage à ta résistance à la concupiscence masculine ? On préfère creuser un peu plus la tombe d'une jeunesse suicidaire, qui régulièrement te croisait dans ce fameux (...) - <a href="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?rubrique67" rel="directory">Banlieues</a> <div class='rss_texte'><p>23 ans c'est trop tôt pour mourir sous les coups d'un démon : Pourquoi Villiers-le-Bel t'a t'il absorbée dans la fringale sécuritaire de l'actualité ? L'opinion publique est le néo-dictateur des démocraties de surface, puisque le barbarisme fascine encore. Qui élèvera une statue en hommage à ta résistance à la concupiscence masculine ? On préfère creuser un peu plus la tombe d'une jeunesse suicidaire, qui régulièrement te croisait dans ce fameux RER D de la terreur. Il faut que ton nom survive, qu'il soit porté à la connaissance de toute une jeunesse pour qu'elle réforme les principes des relations Homme-Femme.</p> <p>Au gouvernement, je demande que Marianne 2008 ce soit toi. Toi la femme inconnue tombée sous trop de coups. Que chacun chérisse le souvenir d'une jeune femme écrasée par l'homme et adopte ton souvenir en tant que parent, frère ou sœur. Que tu ne sois étrangère pour personne et que dans un frisson national on se rende compte de l'énormité du danger qui pèse sur les femmes. Les crimes qui frappent nos sœurs doivent faire l'objet de circonstances aggravantes. Trop souvent, tuer sa femme apporte des circonstances atténuantes et des remises de peine odieuses quand une tolérance zéro est appliquée à la délinquance. Je serai tout comme toi lettre morte mais je prend les lecteurs à témoin : dans la nuit patriarcale un homme aura crié !</p></div> A PROPOS DE « SALAUDS DE JEUNES », DE CLEMENTINE AUTAIN ET MIKAEL GARNIER-LAVALLEY http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article408 http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article408 2006-05-07T13:42:00Z text/html fr João Silveirinho Nous connaissons peu Mikaël Garnier-Lavalley. Clémentine Autain est adjointe au maire de Paris et a déjà contribué à la Banquise et aux débats du Cactus/La Gauche ! , donc on l'aime bien. Qui aime bien châtie bien, donc commençons par une critique : est-il raisonnable d'écrire que, parmi la génération de 68, certains sont restés fidèles à leurs idéaux, tels Alain Krivine (c'est exact, quoiqu'on pense de la LCR, et nous n'en pensons pas de mal) et... Daniel (...) - <a href="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?rubrique67" rel="directory">Banlieues</a> <div class='rss_texte'><p>Nous connaissons peu Mikaël Garnier-Lavalley. Clémentine Autain est adjointe au maire de Paris et a déjà contribué à la Banquise et aux débats du Cactus/La Gauche ! , donc on l'aime bien. Qui aime bien châtie bien, donc commençons par une critique : est-il raisonnable d'écrire que, parmi la génération de 68, certains sont restés fidèles à leurs idéaux, tels Alain Krivine (c'est exact, quoiqu'on pense de la LCR, et nous n'en pensons pas de mal) et... Daniel Cohn-Bendit. Faudra nous expliquer, Clémentine, cet accès et excès de tendresse pour Dany l'ex rouge. Mais nous avons le pardon plus facile qu'une palanquée d'évêques : l'ouvrage est enlevé, écrit sans façons ni, comme il se dit, se prendre le chou, plante les données essentielles des stigmatisations économiques, sociales, culturelles qui frappent les jeunes, et notamment ceux d'origines différentes, sans tomber dans les pièges des discours victimaires, compassionnels ou communautaristes. Au-delà des analyses, rigoureuses, des perspectives sont tracées pour une alternative politique capable de retisser les liens intergénérationnels, seuls capables de briser les ostracismes et les particularismes soigneusement entretenus par les frilosités d'une société en repli sur elle-même. Loin des pesantes analyses sur la crise des banlieues d'éminents sociologues qui n'y ont guère mis, dans le meilleur des cas, qu'un orteil, loin des discours « jeunistes » parant de toutes les vertus un état transitoire, et l'assimilant parfois à une classe sociale, loin du style journaleux qui fait du toc en prétendant faire du vrai, un ouvrage qui pose en termes clairs les données d'un malaise qui est en fait celui de toute la société et les pistes pour le dépasser.</p></div> Crise des Banlieues ou Crise Globale ? http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article351 http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article351 2006-04-22T12:38:00Z text/html fr Michel Cabirol La crise des banlieues en France a surpris beaucoup d'observateurs ou d'hommes politiques. En effet, elle a été le fait de personnes jeunes voire très jeunes, peu structurées, sans porte parole, sans revendication précise, ... Pourtant, elle a sans doute traduit un malaise profond qui va bien au-delà de la réaction aux provocations de quelques politiciens agités et sans scrupules. Elle n'est qu'une manifestation parmi d'autres de la crise que traverse (...) - <a href="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?rubrique67" rel="directory">Banlieues</a> <div class='rss_texte'><p>La crise des banlieues en France a surpris beaucoup d'observateurs ou d'hommes politiques. En effet, elle a été le fait de personnes jeunes voire très jeunes, peu structurées, sans porte parole, sans revendication précise, ... Pourtant, elle a sans doute traduit un malaise profond qui va bien au-delà de la réaction aux provocations de quelques politiciens agités et sans scrupules.</p> <p>Elle n'est qu'une manifestation parmi d'autres de la crise que traverse l'Europe. En effet, le modèle britannique de tolérance (voire de laxisme) et de communautarisme a volé en éclats avec les attentats de juillet 2005. La voie néerlandaise plus structurée est en crise profonde depuis l'assassinat de Théo Van Gogh. L'opposition majoritaire chez plusieurs peuples Européens à l'entrée de la Turquie dans l'Union Européenne traduit le même malaise. Il est donc nécessaire de procéder à une analyse de fond de la situation Française actuelle mais aussi de l'évolution de l'immigration et de la situation des Français qui, après deux ou trois générations, restent "issus de".</p> <p>Ensuite, nous essayerons de comprendre comment des faux succès de la gauche classique et la stratégie de la droite ont conduit au déclenchement de ces émeutes. Enfin, des pistes de solutions seront avancées.</p> <p><strong>I - La Société Fragmentée</strong></p> <p>Depuis plusieurs années, des géographes, des sociologues ou des statisticiens ont tiré la sonnette d'alarme sur la ségrégation croissante à l'œuvre dans notre société. Les riches deviennent plus riches mais surtout ne veulent surtout plus se mélanger. Par effet de mimétisme, les couches moyennes supérieures ne veulent plus cohabiter avec les couches moyennes inférieures qui évitent les couches populaires qui rejettent les immigrés ou les gens du voyage, ... C'est la "société de l'entre-soi" (E. Maurin). Ce processus est particulièrement visible dans le logement : l'envolée des prix à l'achat ou à la location ou l'exigence de garanties toujours plus élevées repoussent toujours plus loin les plus défavorisés. Ceux-ci se retrouvent alors pénalisés par des temps de transport importants mais aussi par une moindre présence des services publics, des équipements culturels, ... La polarisation des richesses renforce le confort des plus aisés.</p> <p>L'école est aussi un bon indicateur des stratégies d'évitement d'une couche sociale vis à vis de la couche inférieure. A Paris, un tiers des collégiens n'étudient pas dans le collège où ils devraient le faire : recours au privé, choix de langues exotiques ou d'options particulières pour aller dans tel ou tel collège, domiciliation chez un parent.</p> <p>On assiste donc depuis 10 ans à une forte chute de la mixité sociale et à une concentration des problèmes dans des collectivités locales dont les moyens régressent. La récente crise des banlieues corrobore ces analyses : le paroxysme a été atteint dans des communes assez éloignées de Paris. Des communes comme Saint-Denis, parce que le tissu associatif est resté fort, ou comme Ivry et Vitry, parce qu'elles accueillent aussi de plus en plus de couches moyennes, n'ont pas connu de véritable embrasement. Il est symptomatique de constater les problèmes récurrents de la ligne RER D qui dessert les banlieues éloignées et défavorisées alors que les autres lignes connaissent moins de problèmes.</p> <p>Ces phénomènes macroscopiques se traduisent aussi au niveau personnel :</p> <p><img src="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> déclin des grandes institutions collectives (partis, syndicats, églises, ...) et destruction du lien social au profit du réseau personnel. François de Singly prétend toutefois que l'individualisme peut aussi créer du lien : le lien social serait alors" composé de fils moins solides, mais il en comprendrait plus ». "La résolution de la crise du lien social se règlera surtout lorsque chacun aura les conditions objectives de pouvoir se réaliser soi-même dans plusieurs groupes, dans plusieurs places, plusieurs appartenances".</p> <p>Même si on peut débattre de l'évolution du lien social, il reste, a priori, flagrant que les opportunités ou la richesse des appartenances sont généralement plus faibles en banlieue que dans les quartiers plus aisés.</p> <p><img src="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> "privatisation des biographies" (JB Terrail) où chacun devient responsable de sa destinée. Le succès professionnel provient du succès scolaire qui est fonction des qualités individuelles. Il n'est donc alors pas étonnant que les "élites économiques" beurs penchent de plus en plus à droite .</p> <p><strong>II - L'Evolution de l'Immigration et des Banlieues</strong></p> <p>Analyser ces évolutions sur quelques dizaines d'années permet de mieux comprendre la situation actuelle. On peut schématiquement définir 3 périodes pour l'immigration :</p> <p>• Jusqu'en 1973, il s'agit surtout d'importer une main d'œuvre docile et mal payée pour faire pression sur les ouvriers français . Ce sont essentiellement des hommes seuls entre 20 et 40 ans. Ces personnes vivent majoritairement dans des hôtels ou des foyers insalubres, souvent en centre ville, économisant au maximum pour faire vivre leur famille restée au pays. Les relations entre les immigrés et les syndicats ou les partis politiques "Français" sont souvent tendues. Pour certains, ils représentent un nouveau lumpenproletariat. Certains immigrés essayent de s'organiser (MTA, MIB, Divercités mais aussi à la CFDT, ...) mais ils subissent une répression très dure organisée de connivence par le gouvernement Français et le gouvernement de leur pays d'origine (qui n'est que très rarement démocratique). Cette répression empêchera l'émergence de mouvements forts et structurés représentant les intérêts des immigrés même si certaines luttes (amélioration des foyers SONACOTRA par ex.) aboutissent partiellement.</p> <p>• A partir de 1974, l'immigration est théoriquement impossible mais on assiste à l'implantation des familles qui rejoignent les hommes venus en France plusieurs années auparavant. Les échecs précédents et la diversité de la population immigrée les poussent à investir le terrain associatif. Comme on a affaire à des familles, le logement en hôtel en centre ville n'est plus possible. Les familles d'immigrés sont alors souvent logées dans les mêmes immeubles que les familles Françaises de même niveau social qu'elles . Les associations sont alors gérées en commun souvent sous la tutelle des couches moyennes locales (souvent liées au PC ou à des associations caritatives).</p> <p>Pendant les années 80 :</p> <p><img src="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> le politique, qui est survalorisé en France, "pompe" une grande partie de l'élite de ces associations (Harlem Désir, Fodé Sylla, Malek Boutih...)</p> <p><img src="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> l'expression via les médias comme les radios libres est beaucoup plus culturelle que politique</p> <p><img src="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> la dégradation urbaine s'amplifie donc les couches moyennes (y compris les "immigrés" qui ont réussi) fuient certaines zones ; d'autres zones sont rénovées et deviennent inaccessibles aux couches populaires.</p> <p>La ségrégation sociale croît (parallèlement à l'audience du Front National).</p> <p>• La troisième période couvre l'essentiel des années 90 à nos jours Le processus de ségrégation décrit ci-dessus fonctionne à plein mais les "immigrés" ont changé. Beaucoup sont nés en France, beaucoup sont Français. La dégradation de leur situation et de leur traitement par la République engendre rancœur et frustration (de nombreux jeunes en ont assez d'être toujours "issus de" après 2 ou 3 générations passées en France et refusent le mot intégration ). Certes des associations existent et des travailleurs sociaux dévoués font de leur mieux mais :</p> <p><img src="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> les budgets alloués aux associations baissent et on supprime les contrats de travail aidés</p> <p><img src="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> mais, surtout, les solutions sont de plus en plus imposées du haut et les travailleurs sociaux viennent de l'extérieur. Plus personne ne se préoccupe réellement des besoins et des désirs de cette population toujours plus marginalisée. Les dérapages verbaux récents ("racaille", "kärcher", "Clichy sous Bois est une honte pour la France") ne sont que l'aboutissement de ce phénomène de relégation et la manifestation du mépris croissant de certaines "élites".</p> <p>Il est alors assez facile de comprendre comment le communautarisme, le retour sur soi, la plongée dans la religiosité parfois la plus intégriste se développent aussi rapidement dans des zones "abandonnées par les communistes puis par les curés". En parallèle, se développent des réseaux de revente de drogue ou des trafics illégaux.</p> <p><strong>III- Les Faux Succès de la Gauche</strong></p> <p>Cette dégradation a eu en partie lieu pendant une période où la Gauche était au pouvoir et pensait avoir un bon bilan.</p> <p>La Gauche classique a souvent eu une vision mécanique de l'action politique. Les statistiques du chômage baissent un peu et elle pense que tout le monde est heureux (puisque l'emploi est placé en tête des préoccupations des Français dans les sondages) voire que le plein emploi est proche. Un leader de gauche, ancien ministre, rationalisait cette situation récemment : "les couches populaires savent ce dont elles ne veulent plus mais elles ne savent pas ce qu'elles veulent".</p> <p>Malheureusement, sur le terrain, les choses ne sont pas aussi simples :</p> <p><img src="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> le chômage a baissé entre 1997 et 2002 mais</p> <p>o la précarisation s'est accrue (ainsi que les horaires atypiques ou le temps partiel)</p> <p>o beaucoup se sont sentis mal payés (hausse du SMIC donc écrasement des salaires et emplois précaires ou atypiques mal payés. Les 35 heures n'ont pas arrangé cette perception)</p> <p>o à l'opposé, la Gauche ne s'est que mollement opposée à l'explosion des salaires et des avantages des cadres dirigeants</p> <p>o beaucoup de mesures ont été compensées par des exonérations très coûteuses de cotisations sociales (en partie causes des déficits actuels)</p> <p><img src="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> beaucoup de familles populaires ont fondé de grands espoirs sur l'école, toutefois, l'accroissement de la proportion de bacheliers n'est pas suffisante :</p> <p>o les enfants des banlieues se sont vus refuser l'entrée des filières prestigieuses. Ils ont été relégués dans des DEUG sans avenir. "L'élimination des enfants de couches populaires n'a été que différée" (F Dennard)</p> <p>o les autres filières (technique, technologique) ont vu leur image se dégrader alors qu'elles pourraient représenter la voie vers des emplois stables et correctement rémunérés</p> <p>o de plus, les stratégies d'évitement des couches supérieures, mentionnées au début de ce document, n'ont pas permis de faire profiter les enfants des couches populaires de cette institution. En effet, il a été montré qu'une dose limitée d'élèves faibles dans une classe n'entraînait pas de baisse de niveau des meilleurs mais permettait une forte progression des plus faibles. Une telle stratégie devient de plus en plus difficile à mettre en œuvre.</p> <p>L'Etat redevient la question centrale mais celui-ci n'a pas été défendu par la Gauche. En outre, le Parti Socialiste a eu trop souvent tendance à considérer que les couches populaires étaient le "fonds de commerce" du Parti Communiste et que c'était à lui de s'en occuper.</p> <p><strong>IV - La Vraie Stratégie de la droite</strong></p> <p>A l'opposé, la Droite depuis 2002 a mis en place une stratégie cohérente :</p> <p><img src="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> baisse des subventions aux associations et suppressions de contrats aidés (en partie pour pouvoir financer les baisses d'impôts des plus riches)</p> <p><img src="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> la décentralisation accrue de nombreux services sociaux, sous prétexte d'efficacité, marque le désengagement de l'Etat mais aussi la fin de l'égalité Républicaine. Il est intéressant de voir que de nombreux titulaires du RMI (géré puis financé par les départements) essaient d'obtenir l'Allocation Adulte Handicapé (qui reste nationale).</p> <p>En effet, comment les départements les plus pauvres (donc aux ressources les plus limitées) vont-ils financer les programmes résolvant les problèmes les plus lourds ?</p> <p><img src="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> accentuation de la ségrégation sociale : volonté de ne pas construire de logements sociaux "qui apportent de la délinquance" (sic) et préférence pour le paiement d'amende en cas de non respect de la loi SRU ; contestation des systèmes de péréquation des ressources entre collectivités riches et pauvres ; refus de la part des conseils généraux de droite de participer à un office foncier régional en Ile-de-France...</p> <p><img src="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> enfin, stratégie de tension politique avec des dérapages verbaux pour renforcer les peurs et le sentiment d'insécurité mais aussi le mépris des couches populaires (c'est le retour des "classes dangereuses"). Après une élection marquée par une abstention élevée, P. Devedjian se félicitait que la "France soit devenue une démocratie moderne où le taux d'abstention est d'environ 50 %" (ceci est cohérent avec le taux d'abstention généralement plus élevé parmi les couches populaires sauf dans quelques cas comme lors du vote sur le référendum sur le Traité Constitutionnel Européen).</p> <p><strong>V - Quelques Analyses Additionnelles</strong></p> <p>Il faut aussi s'interroger sur les spécificités de cette crise :</p> <p><img src="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> elle ne s'est pas étendue à d'autres pays Européens alors que la situation de certaines banlieues étrangères n'est pas meilleure qu'en France (cf les déclarations de R. Prodi). Est-ce parce que les Français attendent beaucoup (trop) de l'Etat et se retournent systématiquement vers lui en cas de problème ?</p> <p><img src="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> les problèmes actuels des banlieues sont-ils un phénomène classique d'exploitation ou contiennent-ils des dimensions particulières liées au passé colonial de la France et au racisme ?</p> <p>La France n'a pas vraiment analysé ni intégré son passé colonial : un débat approfondi doit être mené sur cette question. En effet, on ne peut aller vers l'autre et échanger avec lui sereinement que si on se connaît vraiment soi-même . Ces questions ne sont pas purement intellectuelles. En effet, suivant la réponse quant à la spécificité du traitement réservé aux habitants des banlieues, les solutions à proposer seront différentes. De nombreuses familles "Françaises de souche" sont, elles aussi, victimes de l'exclusion et rejetée. La situation des famille issues de l'immigration est-elle différente ? Mutatis mutandis, nous retrouvons le débat sur les femmes des années 60/70 : exploitation classique ou exploitation spécifique ?</p> <p>• "Les lieux dits difficiles sont d'abord difficiles à écrire et à penser et il faut substituer aux images simplistes et unilatérales (celles que véhicule la presse notamment) une représentation complexe et multiple, fondée sur l'expression des mêmes réalités dans des discours différents, parfois inconciliables" . Il est donc intéressant de lister des points de vue variés sur cette crise :</p> <p><img src="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> les déclarations de Mr Sarkozy ou Mr Raoult ont été assez médiatisées</p> <p><img src="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> Alain Finkelkraut rejette la compassion "des bourgeois Parisiens, qui roulent à vélo, pour les jeunes de banlieue qui brûlent les voitures des pauvres"</p> <p><img src="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> certains Républicains estiment que des dizaines de milliers de personnes vivent dans des situations difficiles sans brûler des voitures, voire des écoles ou des équipements publics. Pour eux, les Français ont des droits mais aussi des devoirs.</p> <p><img src="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> d'autres ont estimé que cette révolte était salutaire et traduisait une demande de respect. C'est demander la fin de la relégation de personnes dont les "élites" estiment ne pas avoir besoin. C'est la fin du "panem et circenses" moderne : le RMI et la Star'Ac. Matthieu Kassowitz estimait que c'était pour eux la seule façon de se faire entendre.</p> <p><img src="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> enfin, on peut aussi, pour dépasser ces contradictions voir cette révolte comme l'échec des institutions républicaines.</p> <p>• Il serait très prétentieux de penser pouvoir élaborer rapidement un programme complet pour résoudre les problèmes des banlieues :</p> <p><img src="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> les solutions doivent être concoctées en partenariat avec les exclus , avec les habitants des quartiers</p> <p><img src="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> des investissements importants sont indispensables mais les aspects qualitatifs joueront aussi. Comme le faisait remarquer une responsable de la mairie de Vitry : "il sera toujours plus facile de subventionner des vacances au ski pour les jeunes que de les emmener au musée".</p> <p><strong>VI - Quelques Pistes de Solutions</strong></p> <p>Une véritable résolution de ces problèmes exigera une volonté et une créativité allant bien au delà des ritournelles habituelles sur le pacte républicain ou sur l'alliance "fermeté et justice".</p> <p>Un premier groupe implique le retour du politique au sens le plus noble du terme :</p> <p><img src="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> le pacte républicain est valable pour toutes les personnes vivant en France. Les droits (notamment le droit à la dignité et à être écouté) sont les mêmes pour tous et l'Etat doit les faire respecter. La décentralisation ne doit être mise en œuvre que si elle permet une meilleure application des lois (loi contre l'exclusion, mixité sociale/loi SRU, solidarité entre collectivités locales, services publics, ...). Il faut aussi se demander, par exemple, comment l'école doit évoluer pour s'adapter aux besoins des enfants en difficulté. Ce n'est qu'ainsi que l'on éliminera l'échec scolaire.</p> <p><img src="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> les devoirs notamment des parents ne doivent pas être négligés (à condition toutefois de leur en donner les moyens). La création d'un service civique pour les jeunes doit être étudiée.</p> <p><img src="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> les dérapages verbaux de la Droite, à visée électoraliste, doivent être combattus très fermement. Il faut changer le regard de Français sur les exclus et ne pas oublier que les mots peuvent tuer (cf propagande de la radio Milles Collines au Rwanda).</p> <p><img src="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> la gauche doit redonner de perspectives, offrir un espoir aux habitants des banlieues même si tout n'est pas possible tout de suite. En effet, le temps du social est différent du temps politique et médiatique.</p> <p><img src="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> même si l'indépendance des médias doit être préservée, un débat doit avoir lieu sur l'image qu'ils véhiculent des banlieues. La plupart ne s'y intéresse qu'en cas de problème (on ne parle jamais des trains que arrivent à l'heure !). Lors de la crise récente, on a beaucoup parlé des incendies de voitures dans de nombreuses grandes villes. Quels médias sont allés à Marseille s'interroger sur l'absence relative de violence dans les quartiers Nord ?</p> <p><img src="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> de même, un débat sur le colonialisme et les relations de la France avec ses anciennes colonies ou avec les Français issus de ces pays doit être organisé. Les USA ont lancé un programme d'études Afro Américains, une meilleure connaissance et une meilleure valorisation des civilisations Arabe et Africaines inciteraient de nombreux "Français de souche" à porter un regard différents sur leurs compatriotes. Quelques mesures spécifiques pourraient alors être envisagées pour réintroduire du collectif même si la discrimination positive est rejetée par beaucoup .</p> <p>Ensuite, des mesures nécessitant des investissements importants sont à prendre :</p> <p><img src="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> le logement et les équipements publics sont la priorité principale. Toute rénovation urbaine doit se faire en concertation avec les habitants des quartiers et ne pas entraîner d'exclusion supplémentaire (lorsque des barres de HLM sont détruites, le nombre de logements disponibles diminue. Que fait-on pour ceux qui ne peuvent pas être relogés sur place ?). La crise est telle qu'il faut, sans doute, comme le demande une plate-forme signée par une cinquantaine d'associations le 10 septembre 2003, rendre le droit au logement opposable (créer une véritable Couverture Logement Universelle). Un tel électrochoc permettra de casser la spéculation sur le foncier, de solvabiliser la demande notamment de logements sociaux et de faire croître la production de logements y compris sociaux (l'Espagne, qui compte 40 millions d'habitants, construit 600 000 logements par an alors que la France, qui compte 60 millions d'habitants, n'en construit que 400 000).</p> <p><img src="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> même si cela va à l'encontre des politiques libérales suivies depuis 15 ans en ce domaine, il faut renforcer la présence des services publics et améliorer leur efficacité dans le traitement de l'exclusion</p> <p><img src="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> une stratégie presque opposée à celle de Mr Sarkozy est à mettre en œuvre pour la sécurité (qui doit rester un droit fondamental). Il faut revenir à la prévention et à la police de proximité. Il ne faut pas non plus verser dans l'angélisme et utiliser tous les moyens légaux disponibles pour lutter contre la grande criminalité, le trafic de drogues ou d'êtres humains</p> <p><img src="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> l'école, qui est un facteur d'espoir majeur pour les couches populaires, doit être dotée de moyens adéquats mais doit aussi s'interroger sur les méthodes pédagogiques à appliquer <br /><img src="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" width='8' height='11' class='puce' alt="-" style='height:11px;width:8px;' /> la baisse du chômage dans les quartiers difficiles est possible (dans les quartiers Nord de Marseille ; le taux de chômage est passé de 30 % à 16 % en quelques années) même si la création de zones franches doit rester l'exception. La rénovation urbaine, le maintien des services publics, la reconstruction du tissu associatif, l'aide à la création d'activités (cf l'action de l'ADIE), ...permettraient de recréer des emplois dans les zones défavorisées ;</p> <p>Enfin, la crise récente a révélé des problèmes mais a aussi occulté certains problèmes réels de violence notamment vis à vis des femmes et des filles.</p> <p><strong>VII - Conclusion</strong></p> <p>La crise des banlieues, avec le recul, a été assez limitée dans le temps, dans l'espace et au niveau de ses conséquences.</p> <p>Toutefois, il ne faut surtout pas la négliger car elle est le symptôme d'une crise beaucoup plus globale en France et en Europe. Pour Michel Wieviorka, c'est une crise sociale mais aussi institutionnelle, culturelle et politique. S'attaquer à ses racines et la résoudre en profondeur impliquent un changement de mentalités notamment des dirigeants politiques (souvent les grandes innovations politiques et sociales ont eu lieu en marge du "système". Cette crise de banlieues pourrait s'avérer très féconde). Cette démarche est encore plus nécessaire pour la Gauche classique qui risque d'être prise entre deux radicalisations : sécuritaire à droite et libertaire à gauche. Comme disait le poète "les pauvres ont le secret de l'espérance" mais attention à ne pas trop les décevoir ou les désespérer pour éviter de nouvelles catastrophes équivalentes au 21 avril 2002.</p></div> LETTRE D'ELEVES DE TERMINALE AU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article339 http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article339 2005-12-15T12:24:00Z text/html fr Voici une lettre écrite par les élèves de terminale BEP bioservices à la suite d'un débat en classe sur ce qui se passe dans nos banlieues. A ma grande surprise, ils ont décidé d'agir et donc d'écrire au Président de la République. Ils ont dès lors dicté à leur prof de français-hist-géo cette lettre. J'ai écrit au tableau et ils ont effectué les corrections qui s'avéraient nécessaires. Qui sont ces "jeunes" ? Ce sont 15 élèves de BEP bioservices assistant (...) - <a href="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?rubrique67" rel="directory">Banlieues</a> <div class='rss_chapo'><p>Voici une lettre écrite par les élèves de terminale BEP bioservices à la suite d'un débat en classe sur ce qui se passe dans nos banlieues. A ma grande surprise, ils ont décidé d'agir et donc d'écrire au Président de la République. Ils ont dès lors dicté à leur prof de français-hist-géo cette lettre. J'ai écrit au tableau et ils ont effectué les corrections qui s'avéraient nécessaires. Qui sont ces "jeunes" ? Ce sont 15 élèves de BEP bioservices assistant technique d'alimentation et maintenance hygiène des locaux, ils sont dans un établissement ZEP et ont des choses à dire</p></div> <div class='rss_texte'><p>Monsieur le Président de la République,</p> <p>Nous sommes des élèves du lycée professionnel Valmy de Colombes en terminale bioservices. Nous vous écrivons pour vous expliquer ce qui se passe dans notre pays, la façon dont nous voyons les choses et comment nous les vivons. Si les jeunes des cités se révoltent aujourd'hui c'est pour répondre aux provocations du ministre de l'intérieur, monsieur Sarkozy. Selon nous, un ministre doit avoir un minimum de respect dans sa façon de parler et faire attention à ce qu'il dit. Il n'a pas à dire qu'il va nettoyer les cités au Kärcher et traiter les jeunes de racailles. La majorité d'entre nous habitent dans des cités et on n'est pas des racailles ! On est juste des personnes comme les autres qui demandent à être respectées et écoutées. Le couvre-feu et l'expulsion des étrangers qui ont commis des violences n'arrangeront rien. De même pour les emprisonnements. Le problème provient du chômage et du racisme. Beaucoup d'habitants du pays n'ont pas de travail, les noirs et les arabes et les étrangers sont victimes de discriminations dans la recherche d'emploi mais beaucoup de « Français blancs » sont aussi au chômage. Les jeunes d'origine étrangère sont violents car ils ne trouvent pas d'autres moyens de s'exprimer pour faire passer leur message.</p> <p>Ils brûlent des voitures, des bus, des écoles maternelles, des centres commerciaux, agressent des personnes. Nous ne sommes pas d'accord pour agir ainsi et c'est pour cela qu'on vous écrit. Mais on les comprend. La voiture est un objet de valeur facile à détruire et à leur portée, les bus appartiennent à nous tous et les brûler touche tout le monde. Lorsqu'ils détruisent des écoles, ils montrent qu'ils sont prêts à tout pour être pris au sérieux qu'ils en ont vraiment assez. Par exemple, certains d'entre nous se sentent rejetés par les élèves des lycées généraux, ils pensent qu'on est bon à rien et c'est la même chose quand on habite une cité par rapport à l'extérieur. Souvent des jeunes agressent les personnes qu'ils aimeraient être qui ont un bon travail qui sont bien habillées.</p> <p>On s'est marié avec la République et elle nous a trompé ! On est venu chercher nos parents et arrières grands parents, ils ont construit les cités et la France et maintenant vous voulez nous jeter. Nos ancêtres ont combattu pour la France, parmi nous le grand père malien d'une de nos camarades y a laissé un bras. Aujourd'hui vous faites intervenir des imams pour remettre de l'ordre. Pour nous c'est n'importe quoi ! Beaucoup de jeunes ne sont pas musulmans et la religion est un choix personnel, on ne la mélange pas avec la politique. Certains policiers abusent de leur pouvoir et ne respectent pas les jeunes.</p> <p>Souvent les hommes politiques nous jettent des fleurs, ils veulent nous séduire et après ils ne font rien pour nous. Donc la mauvaise image des cités continuera, les solutions ne seront pas trouvées et les voix du Front National augmenteront. Et nous irons voter en 2007 ! Pour renouer le dialogue avec les jeunes il faut essayer de nous comprendre et ne généralisez pas tout. Rencontrez les associations de quartier. Il faut lutter contre le racisme et appliquer la loi contre les entreprises qui font de la discrimination. Il faut aussi médiatiser des campagnes contre le racisme et donner une image positive des cités. Il faut résoudre le problème du chômage.</p> <p>A 14 ans, on ne sait pas ce que l'on veut faire, on change souvent d'avis. Comment un jeune qui a des difficultés à l'Ecole peut-il travailler en entreprise ? Pour certains d'entre nous c'est une façon de se débarrasser des jeunes qui ont des difficultés à l'Ecole et pour lesquels on ne trouve pas de réponse.</p> <p>Nous espérons que notre lettre vous fera comprendre notre situation et que vous trouverez des solutions. Dans l'attente d'une réponse de votre part, veuillez agréer monsieur le Président de la République nos salutations distinguées.</p> <p>La classe de Terminale BEP bioservices ATA et MHL.</p> <p><i>Régis Signarbieux est professeur de lettres-histoire-géographie au lycée professionnel de Valmy Colombes (92)</i></p></div> BANLIEUES BLUES http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article338 http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article338 2005-12-15T12:18:00Z text/html fr Karim Bey Smail Je ne parlerai pas de discrimination raciale ou d'intégration, mais d'incrimination raciale et de désintégration. L'incrimination raciale, pour moi, c'est le regard du monde sur ceux qui sont comme moi. J'ai régulièrement du montrer patte blanche, argumenter, démontrer que je n'avait pas fait mon éducation sexuelle dans une cave, que je ne passais pas à la violence quand j'étais à bout d'arguments. C'est aussi le sac à main que (...) - <a href="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?rubrique67" rel="directory">Banlieues</a> <div class='rss_texte'><p>Je ne parlerai pas de discrimination raciale ou d'intégration, mais d'incrimination raciale et de désintégration. L'incrimination raciale, pour moi, c'est le regard du monde sur ceux qui sont comme moi. J'ai régulièrement du montrer patte blanche, argumenter, démontrer que je n'avait pas fait mon éducation sexuelle dans une cave, que je ne passais pas à la violence quand j'étais à bout d'arguments. C'est aussi le sac à main que l'on serre fort contre soit et ce regard perçant fait de jugement et de désapprobation sur la promiscuité entre eux et moi. Sans les rencontres merveilleuses de mon existence, qui serais-je aujourd'hui ? Avec tout les « c'est du travail d'arabe, bougnoule, crouille, raton, t'es pas chez toi, minorité visible, oueche, français de papier, beur et les toi c'est pas pareil », comment ai-je pu conserver mon sang froid ? Par ce que je suis pareil ! Bouillonnant et passionné par la vie et ma place au soleil. Qu'avez-vous fait du monde ? Où mènera l'absence de vigilance de ceux qui nous ont précédé et dont les survivants verrouillent l'ascenseur social parce qu'on n'est pas comme eux.</p> <p>Oui, on n'est pas comme eux, sclérosés dans une France, qui meurt de ne pas cultiver sa jeunesse, parce que la loi ne leur permet pas de trier les individus autrement que par l'argent, comme si nous étions des globules noirs et qu'ils ne voulaient que du sang bleu. Aussi stupide que les « racailles », ces hommes en gris brûlent le monde, pour le profit, le bénéfice et des raisons qui m'échappent sans doute. Comme si, après eux, rien n'importait, que leur lignée n'était pas soumise à la même fin du monde qu'ils nous préparent. En attendant un monde sans eau, sans air, sans oiseaux ou poissons par ce que pas humain, là, les derniers hommes, se regarderont avec une tristesse infinie en se disant : « qu'avons-nous fait ? ». Eux ? Rien infiniment rien, mais nous, chaque jour nous vandalisons le monde avec nos voitures, nos déchets et acceptons que d'autres fassent pire, pour nous fournir la possibilité d'être leur complice.</p> <p>Tout se paie ? Le crime ne paie pas ? Faux et archi faux ! Ceux qui souffriront le plus de nos abandons ne sont pas encore nés. Alors, ceux qui nous ont mis dans cet état disparaîtront sans vraiment avoir compris le temps qu'ils ont vécu égoïstement : après moi le déluge ! Profite, racaille à col blanc qui dit « ils ont brûler des voitures ». Et vous, vous brûlez le monde toute l'année ; il agonise et l'addition, comme l'économie, sera globale.</p> <p>Quels étaient mes rêves ? Je ne m'en souviens plus, ils ont été écrasés par notre réalité, je peux, comme dit mon chef, m'estimer heureux pour un jeune issu de l'immigration. Oui, j'ai mal à ma citoyenneté, j'aurais aimé écrire des belles histoires, parler d'amour et d'eau fraîche, de l'alizé qui fait frémir les branches d'un olivier dans la chaleur d'une nuit d'été rougeâtre, comme le feu dans l'âtre, d'une cheminée hivernale au flanc d'une montagne enneigée et d'un froid glacial. En quelques mots nous voilà de l'été à l'hiver. Au lieu de ça, je n'ai que du noir dans mon verbe, des tourbillons de misère à donner le tournis a celui qui me lit. Mon amour il ne reste plus que toi entre ce monde et ma colère, sans toi je ne serait que feu et après poussière. Ton esprit m'apaise, ta peau me chavire, quelle fut ta faute pour avoir été plongée dans un tel enfer ? Notre enfant sera-t-il ange ou démon ? Et s'il est ange sera-t-il à sa place dans ce monde ? Mon dieu, rien ne m'apaise... je suis un chien de garde aux abois et coincé dans une souricière, le mal tout autour est assourdissant, tant de cris, tant de misère, de larmes et de sang. J'agonise, à chaque pensée il me reste moins d'espoir. Quel que soit l'horizon, je ne vois que la poussière soulevée par des loups. L'homme honnête, lui, serein, dort sur sa couche, alors que l'aube rouge s'avance et réclame le réveil des justes. L'oracle des livres avait eu une vision et a saisi notre terre vue du ciel, de là il inventa le mot « apocalypse » et notre temps lui donne raison. Hiroshima et shoah ont effacé par l'horreur toutes les concordes humaines. A l'heure où Gengis Khan œuvre en bourse, par où il passe les sociétés trépassent (la rime est aisée, je sais), il va toujours plus loin dans l'enivrement de la victoire qui étend le territoire de la misère. A toi mon petit frère, ne deviens pas un loup, le monde en regorge, la meute est lâchée depuis des millénaires, un de plus ne fera pas notre affaire. Je sais, c'est dur, c'est étouffant, c'est dramatique. Mais ne leur donne pas raison ! Pars explorer le monde, prends de solides bagages et pose les ailleurs, loin de ceux qui sont assis sur un trésor qu'ils veulent pour eux seuls, même morts. Ils ne te céderont pas leur place ! Bats-toi pour la leur prendre a l'école, à l'université, fais le cracher, celui qui crache sur ta misère un long filet de bave. Toi, et ta couleur, élève-toi dans l'universalisme. Détache-toi de toutes ces identités pesantes à force de stigmatisation. Ne confonds pas les raisons de ta colère, tu aurais la couleur verte du dollar, toutes les places s'ouvriraient. Pourquoi s'acharne-t-on à aimer la France ? Français, je l'étais il y a longtemps comme j'était algérien ou musulman, viscéralement, complètement, par les tripes, mais la vanité de tous ces mondes et ce dogme de Georges Brassens : mourir pour des idées mais de mort lente...</p> <p>Alors ne joues pas ta liberté ou ta vie à la roulette banlieue, sors-en. Vas voir d'autres univers, pars en quête de sourires et d'amour, construis ta vie ici ou ailleurs. Mais ne te recouvre pas de haine. Sois français raisonnablement, ne pense pas que la liberté, l'égalité et la fraternité t'est due. Il faut les conquérir, les séduire, à force de travail et d'amour. Ne fais pas l'erreur de croire que seul le français de papier souffre dans l'hexagone : ceux de souche aussi ils souffrent, regarde dans les rues, les sdf qui y dorment, que feras-tu pour les aider ? Alors comme eux, ne compte que sur toi. La France, tragiquement belle depuis l'Afrique, nous montre ici tout ces abcès, et ses Jean Valjean aussi. La France, comme l'islam, n'est pas responsable de ce que les hommes en font. Somme nous digne des utopies d'hier ? Bien sur le monde entier est injuste, mais le monde n'est pas la France, vas lire la constitution de l'an un et tu comprendras à quel point ils l'on fait changer... Marianne, le regard plongé vers l'horizon pour semer à tout vent, n'a pas vu qu'ici les ogres regagnaient du terrain. Leur faim a pris ta part, réfléchis, pense au danger qui t'entoure, entre un faux islam et une fausse France, ne perd pas ton âme ! Tu es plus français que n'importe quel député qui garde son calme à l'assemblée. Le vent de thermidor devrait y souffler après l'avertissement que vous leur avez donné, mais chacun aspire au retour au calme, à ce calme glacial que l'injustice réclame, pour opérer comme une larve. Les hommes bleus du désert des banlieues, avec leurs casques et leurs matraques, ne peuvent pas être ton seul lien avec la France.</p> <p>Comment te sortir de là ? Je ne sais pas, à part l'école et le travail. Je ne vois rien, la drogue ou la religion de cave ne sont pas des paradis, mais des enfers que ce soit le caïd ou le fasciste vert, ces dealers de paradis, pour paraphraser Zazie Sadou. Ces démons des enfers te feront toutes les promesses, te parleront du tirailleur sénégalais et du spahi marocain, ils te diront que tu t'es éloigné de tes racines, qu'ils les ont coupé avec des cisailles républicaines. Ils ne valent pas mieux que les DRH ou les chefs de service. Fuis-les comme la peste, ils ne veulent qu'étendre l'ombre qui leur est nécessaire, faire de toi une main d'œuvre pour leurs besognes. Je sais, ça fait beaucoup de requins entre les matons des banlieues et les salopards de toute sorte. L'erreur que tu commets, c'est de te croire des leurs. Pour eux, tu n'es qu'un petit poisson, une proie facile car désespérée. Pense à ta mère, à tes sœurs, à ceux qui attendent d'être fiers de toi, ne te laisse pas incriminer en suivant d'autres dans leurs larcins. Le plus important dans ton existence se construit maintenant ! Chasse la violence de ton cœur, vomis tout ces enseignements, qui t'on fait croire que la valeur est dans la force virile. Voilà ce que je veux te dire, à toi qui chemines laborieusement dans l'obscurité la plus totale. Quand à toi, le petit héros des banlieue, qui as trouvé la lumière, qui baigne dans les mathématique ou dans les lettres, je te donnerais bien une médaille tellement je suis fier de toi ! Même si tu galères comme les autres dans les files de l'Anpe, tu contiens ta rage, tu en as fait une volonté, une énergie. Tu m'impressionnes, j'aurais tellement voulu être comme toi, bac, licence, maîtrise, clap clap clap pataclap ! Bravo ! Ola !</p></div> MA NUIT A MASSY http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article352 http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article352 2005-11-14T13:48:00Z text/html fr Jérôme Guedj Il est 3h30. Je viens de rentrer chez moi. Je viens de voir brûler le gymnase Jean Jaurès dans ma ville, Massy, qui connaît ce soir sa 4ème nuit consécutive d'incidents sérieux. J'ai la rage au ventre, la colère sourde . Le clavier de mon ordinateur est le seul remède au sentiment d'impuissance qui m'étreint. Je sais que tout à l'heure, ou peut-être demain, çà passera. Mais ces dernières heures ont été si étranges. Dans l'après-midi, après une longue (...) - <a href="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?rubrique67" rel="directory">Banlieues</a> <div class='rss_texte'><p>Il est 3h30. Je viens de rentrer chez moi. Je viens de voir brûler le gymnase Jean Jaurès dans ma ville, Massy, qui connaît ce soir sa 4ème nuit consécutive d'incidents sérieux. J'ai la rage au ventre, la colère sourde . Le clavier de mon ordinateur est le seul remède au sentiment d'impuissance qui m'étreint. Je sais que tout à l'heure, ou peut-être demain, çà passera. Mais ces dernières heures ont été si étranges.</p> <p>Dans l'après-midi, après une longue discussion avec un ami, sympathisant de gauche, très impliqué dans l'association des musulmans de Massy, j'ai réalisé qu'il fallait agir, plutôt qu'observer et commenter les évènements gravissimes qui secouent les banlieues et au-delà le pays entier. Il m'expliquait alors que chacun doit prendre ses responsabilités, d'abord pour éviter des drames. C'est pourquoi ils avaient mobilisé leurs fidèles, en demandant aux parents de garder leurs enfants à la maison, et de descendre dans les rues le soir pour dissuader les autres de faire des conneries. Louable intention. Mais pourquoi laisser cette tâche aux seules cultes (le républicain intransigeant que je suis n'aime viscéralement pas que les religions investissent le champ public, aussi méritoires soient les intentions originelles), ou aux militants associatifs (dans un étrange paradoxe d'ailleurs : celles-là même qui souffrent de la diminution drastique des subventions continuent à mobiliser, et à éteindre les incendies allumés par leurs coupeurs de crédit...). Quel est le réseau que moi aussi je peux mobiliser ? Les militants socialistes. Ce qui se passe est d'abord et avant tout une crise politique et sociale, le reflet de l'état d'urgence politique et sociale dans lequel se trouve notre pays, crise qui se cristallise dans ces territoires de la relégation que sont devenues depuis bien longtemps déjà ces cités-ghettos (je viens de lire cette expression dans une dépêche AFP, je crains que la formule connaisse un réel succès...). Je parle de cela avec Marie-Pierre Oprandi, qui est comme moi conseillère générale d'une moitié de Massy, et Hamed Kribi, le secrétaire de la section socialiste. Nous ne savons pas où cela nous mène mais l'inaction nous coûte. Nous passons donc une partie de l'après midi à téléphoner à quelques dizaines de militants socialistes. Etrange quiproquo souvent : beaucoup d'entre eux croient d'abord que notre appel est destiné à mobiliser ou convaincre avant le vote interne des socialistes pour notre Congrès ... Cruel décalage ou déclinaison pratique de ce que nous écrivons dans nos motions, je ne sais trop.</p> <p>Rendez-vous est pris avec ceux qui peuvent le soir même, d'abord pour échanger entre nous, puis pour tenter de peser concrètement sur le cours des choses. A 20h30, nous sommes 35 à nous serrer dans le petit local des socialistes massicois. Beaucoup ont envie de s'exprimer, sur Sarkozy bien sur, le rôle des médias, le désespoir des jeunes et tant d'autres choses encore. Je suis frappé de ce dilemme permanent : l'écoeurement face à ces violences inutiles, stériles et auto-destructrices mais aussi très vite l'expression diffuse d'une solidarité, une compréhension fataliste de ce qui se passe. Les réflexes politiques reviennent vite : bien sur, cette situation profite directement à tous ceux qui souhaitent évacuer la question sociale pour lui substituer les enjeux sécuritaires. Ce gouvernement échoue délibérément en matière de lutte contre le chômage et la précarité, d'amélioration du pouvoir d'achat, de résorption de la crise du logement, de défense des services publics... Alors rien de tel que de susciter la peur et de flatter les instincts sécuritaires. Les provocations de Sarkozy sont délibérées. Elles sont destinées à mettre le feu aux poudres. « Cela couvait depuis longtemps », nous a asséné le ministre de l'intérieur. Il savait donc que ses mensonges (après la mort des deux jeunes à Clichy) et ses provocations de langage réitérées (à la Courneuve, Argenteuil ou ailleurs...) suffiraient à mettre le feu, au sens propre comme au sens figuré. Et voilà la thématique sécuritaire de nouveau propulsée à la une des journaux, comme en 2002 lors de l'élection présidentielle. Accessoirement, en invitant les responsables religieux à prendre leur part dans la gestion de la crise, Sarkozy conforte le modèle communautariste qu'il défend. Et voilà un beau projet, très bushien, extrêmement cohérent, de liberal-communautarisme pour 2007...</p> <p>Au bout d'une heure et demie de discussion, il est temps d'agir, sans vraiment savoir comment. Nous partons, en huit équipes, pour sillonner la ville. Cela me rappelle les campagnes électorales, quand nous organisons une soirée de porte-à-porte. Mais là j'ignore vraiment l'impact de ce que nous entreprenons, ni l'accueil que nous réserverons les habitants du Grand Ensemble ou de Villaine, jeunes ou moins jeunes. A peine arrivés dans un des quartiers « sensibles », nous sommes saisis par l'odeur . Ici ou là, des poubelles brûlent. Les camions de pompiers accomplissent un étrange ballet à travers les rues. L'ambiance est irréelle . Je reconnais à peine la ville où j'ai grandi. Quelques jeunes (franchement jeunes, plutôt 14 - 16 ans) déambulent, capuche enfoncée sur la tête. Quelques uns me reconnaissent, nous discutons. J'essaie de les convaincre de rentrer chez eux, mais le spectacle est pour une fois en bas de chez eux. C'est l'effet Disneyland me glisse l'un d'entre eux. Des phrases un peu automatiques sont prononcées (« la mairie fait rien pour nous », « il fallait bien que çà pète un jour », « comme çà on s'occupera enfin de nous »). Un peu plus loin, d'autres m'ignorent hostilement quand je tente de dialoguer avec eux. Je me sens con, avec mon ton paternaliste du haut de ma petite trentaine. Heureusement, une mère de famille à la recherche de ses enfants vient à ma rescousse à ce moment là. Les quatre ados esquivent et s'en vont.</p> <p>Un peu plus loin encore, un groupe d'adultes discutent dans un parking au pied des immeubles. Ils sont là pour surveiller leur voiture. C'est la deuxième nuit qu'ils sont contraints de descendre régulièrement. Un père est excédé : il craint pour sa voiture bien sur, mais aussi que la fatigue accroissent la nervosité des habitants et que tout cela nourrissent ailleurs le racisme « anti-jeunes, anti-noirs, anti-beurs » . Plusieurs fois dans cette soirée j'ai entendu parler de fusil qu'on est prêt à sortir « si on s'en prend à ma voiture ». Rodomontades peut être. Mais tous s'accordent à reconnaître que les habitants épuisés, autant que les policiers sous pression, ne sont pas à l'abri du dérapage dramatique. Une équipe de militants socialiste nous rejoignent. Ils nous apprennent que là même où nous sommes passés il y a dix minutes une voiture brûle. Notre passage là n'a-t-il donc servi qu'à retarder de dix minutes l'incendie ? Un agent de la RATP me raconte qu'il vient de descendre de chez lui et qu'il a mis en fuite deux types qui bouteilles à la main s'approchaient de la maison de quartier/centre social . Un coup de chance, le courageux machiniste était à sa fenêtre et n'a pas hésité à descendre. Dans leur fuite, ils balançent l'essence de leurs bouteilles sur plusieurs voitures garées là. Les propriétaires concernés sont vite alertés et veillent à protéger au mieux leur voiture. Mais comment enlève-t-on de l'essence sur un capot ?.</p> <p>Aux fenêtres d'ailleurs, beaucoup de monde. La ville est étonnamment illuminée : de nombreux appartements, et tous les bâtiments publics (écoles notamment) sont éclairés ce soir. Les seules voitures qui sillonnent les rues sont remplies de policiers. Une ou deux autres « tournent » dans le quartier. Je reconnais un des responsables musulmans. Mais dans une autre, j'écope d'un doigt tendu. D'autres discussions avec des habitants .C'est étrange, tout ce monde dans les rue à minuit. Une autre constante : ce ne sont pas des « jeunes d'ici » qui mettent le feu, martèlent-ils pour mieux s'en convaincre, tant ils ne comprennent pas (et refusent d'admettre) que « les leurs » puissent s'en prendre à leur quartier, à leurs voisins. On me remercie d'être passé, en ajoutant non sans perfidie que depuis trois jours personne n'a vu le maire (dont je suis le principal opposant) ni ses adjoints. Je me méfie de ses invectives mécaniques sur les élus « pas présents sur le terrain ». Je ne relève donc pas. L'échange est plus vif quand on parle de Sarkozy. Un père accorde tout le monde avec bon sens : « qu'il démissionne : pour une fois, la démission d'un ministre servira à éviter que çà empire plutôt qu'à sanctionner une connerie déjà faite ». Un jeune, tête bien faite, qui s'était joint à nous dans notre déambulation, commente le passage d'un cabriolet luxueux conduit par un homme étonnament jeune : « à la limite, qu'ils crament les bagnoles de ceux qui dealent la came sur le quartier et ailleurs ».</p> <p>Sur le chemin du retour vers nos voitures, après deux bonnes heures dans un froid, je constate que la synagogue n'est surveillée par personne. Il y a deux ans, durant la vague d'actes antisémites, elle avait reçu sur sa façade un cocktail Molotov. La communauté juive en avait alors organisé la surveillance nocturne. Mais ce soir, ce sont les abris bus (plus un ne conserve sa façade en verre), et les équipements publics qui concentrent l'attention des casseurs au pois chiche dans le cerveau.</p> <p>Je propose un thé chez moi. J'y retrouve avec plaisir mon ami Jean-Luc Melenchon qui a rejoint un peu plus tôt une des équipes qui parcourait le quartier populaire où il habite. Plus tôt dans la journée, il avait, par un communiqué, appelé à ce que les militants de gauche occupe le terrain, et ne le laisse pas à la seule confrontation entre jeunes désabusés et policiers excédés. Je sais que personne ne croira que c'est sans connaître l'existence de cette prise de position exprimée le matin par Jean-Luc lors (en déplacement politique dans le Sud-Ouest depuis deux jours) que nous avons pris notre initiative à Massy. C'est pourtant vrai. Nous nous réchauffons en échangeant sur notre inquiétude, notre pessimisme face à la dégradation de la situation et l'arrogance des réponse gouvernementales. Un père de famille se présente. Son fils est en garde à vue depuis la nuit précédente au commissariat de Massy. Plusieurs d'entre nous le connaissent, certains m'assurent que c'est un « gars sérieux », pas un casseur. Je m'étonne alors de l'heure de son interpellation (4h du matin : que faisait-il dans les rues à cette heure si tardive, alors que la nuit était émaillée d'incidents sérieux) . Nous nous rendons, avec Marie-Pierre, Hamed et le près du jeune homme au commissariat pour tâcher d'en savoir plus. Bien sur, nous savons parfaitement que durant la garde à vue aucune information ne peut être communiquée, mais nous sommes là pour prendre le pouls de la situation. L'accueil des policiers est limite glacial, mais les circonstances sont tendues. Et cette démarche me gêne. D'autant que les policiers affirment avec aplomb qu' « eux aussi connaissent » notre jeune... Nous repartons désemparés (en ayant toutefois appris que la comparution immédiate était prévue pour le lendemain dimanche) ; je suis mal à l'aise . J'ignore alors que ce malaise était peut être intuitif...</p> <p>Plus tard, vers 1h, alors que certains sont rentrés chez eux, j'apprends qu'un incendie vient d'éclater dans un gymnase. Nous nous y rendons immédiatement. A peine quinze minutes après le début du feu, le spectacle est désolant. Au milieu des habitations, le gymnase gît, éventré par les flammes. Le toit s'est effondré, les flammes montent haut, une très épaisse fumée se dégage. Et pour cause : ce gymnase accueille la Tricolore Sportive de Massy, club de gymnastique fondé il y a 110 ans à Massy. Tous les matériels (tapis, coussins...) partent en fumée. Je soupire en songeant aux quelques 600 licenciés du club privés pour longtemps de salle... Les pompiers font ce qu'ils peuvent mais le gymnase est foutu. Je croise un employé municipal les larmes aux yeux devant le triste spectacle. Le silence (très étonnant aussi) est entrecoupé par les coups de massue des pompiers qui s'abattent sur les murs du gymnase. François Lamy, député de la circonscription et maire de la commune voisine, Palaiseau, arrive. Je réalise alors que plus d'une heure après le début du feu, pas l'ombre du maire ni d'un élu de la majorité municipale. Le commandant des pompiers est d'ailleurs embêté de s'adresser « aux seuls élus municipaux qu'il a sous la main, même s'ils sont de l'opposition » pour indiquer les besoins en barrières métalliques pour isoler le bâtiment. La situation fait sourire le correspondant local de l'AFP et un journaliste de l'hebdomadaire départemental, qui viennent d'arriver. Ils parcourent le département dans tous les sens, les nouvelles ne sont guère bonnes. Ils repartent d'ailleurs vérifier si un Mac Donald's est en feu à Villemoisson...</p> <p>Nous discutons avec des policiers. Innocemment, nous les questionnons sur les interpellations qui ont eu lieu et les éventuels gardés à vue. L'un lâche que trois jeunes ont bien été interpellés la nuit dernière dans le quartier en flagrant délit de tentative d'incendie sur une voiture. Je suis abasourdi. Demain, je ferai tout pour comprendre...</p> <p>Finalement, le maire arrivera peu après, une heure et demie après le début de l'incendie. Vaine querelle, me diriez vous. Non, je suis sincèrement atterré par un tel abandon. C'est pour moi une faute politique grave que de ne pas être aux côtés de ses administrés dans l'adversité. Même symbolique, la présence des élus de la République est importante, pour atténuer la désespérance naissante, autant que pour entendre la colère et le dégoût face à un tel gâchis.</p> <p>Abattu, je raccompagne à pied Marie-Pierre qui habite non loin. Il faut continuer, ne pas se laisser abattre, ni céder à la résignation. Ce qui se passe ne concerne pas que la police, ni que les élus. Et si demain soir nous étions plus nombreux encore dans les rues pour parler et tenter d'enrayer la stupide escalade ? Et si on demandait aux licenciés et bénévoles des différents clubs sportifs de la ville de prendre en charge la surveillance pacifique et dissuasive des équipements sportifs ? Ainsi qu'aux parents d'élèves pour les écoles ? Ou tout simplement, à tous les citoyens qui aspirent à préserver l'essentiel, de jouer le rôle de « casques blancs » (comme lors des manifestations lycéennes pour éviter les débordements) de leur ville et de leurs enfants, dans une sorte de grande veille citoyenne et républicaine, aux antipodes d'une milice de quartier ? Et dans l'idée de construire demain ensemble les bonnes réponses aux besoins des ces quartiers, de nos quartiers ? La nuit sera hélas encore longue demain, je vais donc me coucher.</p> <p><i>Jérôme Guedj est Vice-président du conseil général de l'Essonne et Conseiller municipal de Massy</i></p></div> LE PROBLEME DES BANLIEUES, OU L'ART D'UTILISER LES NON - DITS http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article353 http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article353 2005-11-10T13:56:00Z text/html fr François Ledru Le problème des banlieues devenant ghettos date de bien trente ans ; la ségrégation raciale à l'embauche est de toujours, les différences entre zones pour l'éducation aussi. Le repli sur la bande est ancien, ainsi que les bagarres dures opposant deux bandes pour un mot. Les pierres contre la police sont venues ensuite, et la petite minorité qui vole et deale après encore. L'apparition de la pratique ultralibérale écrasant les salariés, avec flexibilité et précarité, a (...) - <a href="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?rubrique67" rel="directory">Banlieues</a> <div class='rss_texte'><p>Le problème des banlieues devenant ghettos date de bien trente ans ; la ségrégation raciale à l'embauche est de toujours, les différences entre zones pour l'éducation aussi. Le repli sur la bande est ancien, ainsi que les bagarres dures opposant deux bandes pour un mot. Les pierres contre la police sont venues ensuite, et la petite minorité qui vole et deale après encore.</p> <p>L'apparition de la pratique ultralibérale écrasant les salariés, avec flexibilité et précarité, a beaucoup aggravé le tableau, frappant bien plus les « bronzés » que les autres. La résignation de la Gauche en 1997 - 2002 face à l'ultralibéralisme, qui n'a pas que des mauvaises raisons au départ, a fait qu'elle n'a pas fait son travail de Gauche, d'appui du peuple. Au plan sécuritaire, le fait qu'on aurait voulu rester de Gauche, et humanistes, et que les violences dénoncées partout - même trop - qui devaient être punies, devaient être accompagnées du commentaire : « c'est dû à la trop grande injustice », a été paralysé par une très étrange maladie : si on ne veut pas dire les mots « ultralibéralisme ; flexibilité », on ne peut plus parler ; dire « les banlieues sont plus frappées » ne veut rien dire si on ne sait pas qu'il y a des gens frappés. Le discours inaudible de la Gauche en 2002 (punit-on ou pas ?) a provoqué le 21 avril.</p> <p>Or M. Chirac et M. Sarkozy sont alors aux manettes ; et ils choisissent de ne rien dire, sauf qu'on va punir plus. Même pas vrai : les quartiers riches sont sécurisés, les pauvres privés de la police de proximité. (et de médiateurs). Surtout ils ne veulent pas dissiper l'incompréhension, et ils ne vont sûrement pas dire que le turbocapitalisme est coupable : la flexibilité et la précarité augmentent, le chômage aussi, et vous avez deviné qui est frappé d'abord ; le racisme est moins puni. Mais il n'y aura, un temps, pas plus de révolte contre l'injustice et - éventuellement - de délinquance, car la répression est promise, et plus brutale.</p> <p>Sarko-la-matraque choisit alors d' « entourer » le problème, excusez ce terme curieux qui doit servir parfois en guerre psychologique, de laisser intacte la pyramide d'erreurs, car plus personne ne comprend rien, sauf que les jeunes des quartiers en veulent au P.S. , ça c'est sûr. Il augmente la férocité de la répression, et on le voit pour les « reconduites », pour les expulsions de squats pour insalubrité ...mais sans relogement, sympa.... Les contrôles d'identité deviennent trop musclés, là tout le monde est unanime ! Et il trouve le moyen de dire qu'il est le seul à l'UMP à se préoccuper des quartiers ! Car il a parlé de vote des étrangers - et je m'étonne que quelques-uns à Gauche le croient sincère ! - et surtout : « mais je m'en occupe puisqu'on ne voit que moi à la télé !! »</p> <p>Aujourd'hui la situation lui pète à la figure ; tout simplement, je ne supporterais pas un contrôle la face contre terre, et un pied derrière la nuque, et vous non plus ; ne demandons pas à d'autres de le supporter. Ils voient que ça commence, ils partent en courant. Face au mensonge d'Etat, merci à Libération d'avoir publié deux fois le plan qui montre qu'il y a eu interpellation à 50 mètres du fatal transfo. (confirmé sur RMC).</p></div> https://www.traditionrolex.com/18 https://www.traditionrolex.com/18