https://www.traditionrolex.com/18 La Gauche Cactus http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/ fr SPIP - www.spip.net (Sarka-SPIP) La pieuvre http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article2655 http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article2655 2021-07-16T22:43:00Z text/html fr Patrick Le Hyaric <p>Directeur de L'Humanité, Patrick Le Hyaric nous propose une analyse fine et sans concessions des pratiques et des moyens de pression d'Amazon, l'une des plus puissantes entreprises de la planète, parue dans sa lettre hebdomadaire.</p> - <a href="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?rubrique69" rel="directory">Mondialisation</a> <div class='rss_texte'><p>Au temps du Covid, le capitalisme et ses mandataires font tout pour renforcer le système, quitte à rogner en permanence sur les droits et libertés des citoyens et des travailleurs. Il ne le fait pas de manière statique. Tentant de résoudre ses contradictions, il mute et s'accapare de plus en plus de richesses, tout en poussant à détruire les droits sociaux en tentant de les aligner sur des minimas partout dans le monde. Ainsi se créent à l'échelle de la planète des oligopoles aux chiffres d'affaires qui dépassent les richesses produites par de nombreux États. D'un nouveau type, elles couvrent l'ensemble des activités humaines. De l'éducation à la santé, de la culture aux transports, de la livraison à domicile jusqu'à, si on laisse faire, demain l'alimentation. Ainsi se développe en même temps un capitalisme numérique, un capitalisme de la santé, un capitalisme foncier avec de plus en plus d'accaparement de terres, un capitalisme qui se déploie dans l'armement et le luxe. Nous y reviendrons.</p> <p>Arrêtons-nous aujourd'hui sur un exemple de déploiement du capitalisme numérique à partir d'Amazon. Cet oligopole qui a tout fait, il y a quelques semaines, pour empêcher l'implantation d'un syndicat au sein de son groupe, aux Etats-Unis. Les changements à la tête de la multinationale Amazon survenus cette semaine nous offrent l'opportunité de revenir sur des considérations importantes qu'il faudra rapidement prendre en compte dans les combats à venir. Même si ces combats prendront la forme de batailles à l'échelle nationale, le besoin d'un internationalisme des luttes est posé comme jamais. Il s'agit d'enjeux de souveraineté populaire, de droits sociaux et plus généralement de droits humains et des libertés, de la participation de cette méga-entreprise au bien commun par le biais de la fiscalité. Cet internationalisme de combat appelle une mondialisation des solidarités, une mondialité sociale, démocratique, écologiste.</p> <p>Nous parlons ici d'Amazon, dont le patron fondateur Jeff Bezos quittait donc cette semaine son poste de directeur général. Cette entreprise grâce à laquelle il s'est propulsé au rang d' « homme le plus riche du monde ». Véritable génie pour ses admirateurs, l'empereur de l'économie en ligne est en réalité l'incarnation ultime d'un capitalisme aussi sauvage et destructeur qu'hypocrite. Prétendument parti de rien, cet homme qui « vaudrait » aujourd'hui 200 milliards de dollars (selon les critères de la mondialisation capitaliste) a en fait réalisé ses études dans une des plus prestigieuses et élitistes universités américaines, débuté sa carrière dans la finance à Wall Street et a pu compter sur l'aide de quelques centaines de milliers de dollars de sa famille pour lancer son entreprise, en 1994. On a connu des départs plus hasardeux. Ce grand sourire qu'affiche le logo d'Amazon ? Il cache en fait un monde plutôt cruel. On compte bien des méfaits sur le tableau de chasse de l'entreprise qui affichait avec insolence plus de 20 milliards de dollars de bénéfices en 2020, alors que l'économie mondiale subissait de plein fouet les conséquences de la pandémie de Covid-19. Disons-le clairement : M. Bezos a fait fortune en détruisant les commerces de proximité, pillant nos données personnelles, abusant de sa position dominante, pratiquant à outrance l'optimisation fiscale, et surtout en imposant d'odieuses conditions de travail à ses employés. Car non content d'ébranler de vastes pans de notre société – de la culture (le cinéma, la télévision), au sport, à notre façon de surconsommer en passant par l'acceptation de l'intrusion dans nos vies de robots-assistants censés « nous rendre la vie plus facile » – Amazon symbolise sûrement l'un des plus grands ennemis du camp des travailleurs.</p> <p>On a ici le prototype de l'exploitation des travailleurs au sens où l'a décrit Marx. En effet, c'est au prix d'une pression à la baisse sur les salaires que le 3ème employeur de la planète (1,3 millions d'employés) engrange ses marges spectaculaires. Cadences infernales, refus d'organisations syndicales… Une violence sociale permanente qui provoque des taux de souffrance au travail effarants. L'Humanité révélait il y a peu un rapport inédit exposant la réalité du bilan social de la branche française du géant américain.</p> <p>Mais dans ce système la rapacité n'a jamais de limite, et le grand projet d'Amazon est de construire un avenir sans salariés. D'une part en se délestant de ses employés, en robotisant au maximum les tâches. Ensuite en promouvant le micro-travail sous-traité (avec sa plateforme Mechanical Turk), un secteur dans lequel les « travailleurs du clic » s'apparentent de plus en plus à l'esclave du futur. Pas de quoi être fière donc, pour la multinationale qui claironne hypocritement vouloir devenir « le meilleur employeur de la Terre ». Et comme si tout cela n'était pas suffisant il faut encore rajouter à ce tableau déjà peu flatteur l'impact écologique d'Amazon. Le bilan est sans appel : directement responsable de plus de 50 millions de tonnes de CO2 (2019), l'empreinte carbone du leader mondial du commerce en ligne est équivalente à celle d'un pays comme la Suède. Fort de ce bilan, qui confirme encore une fois que les « success story » capitalistes se font sur le dos des travailleurs et de la planète, Jeff Bezos passe donc la main à la direction du groupe, tout en restant l'actionnaire principal. Il souhaite maintenant s'adonner à la philanthropie, histoire d'améliorer son image. Et se consacrer à plein temps à sa passion : la conquête de l'espace… pour y développer l'activité industrielle !</p> <p>De son côté, Amazon continuera le chemin tracé par son fondateur. Prochains défis : maintenir son emprise sur le commerce électronique ou le cloud (l'informatique en nuage), étendre son influence dans les domaines de la culture ou du sport, ou encore envahir le secteur de la santé. De la sorte, Amazon nous montre le chemin que suivent les évolutions du capitalisme-mondialisé, offrant au passage un avant-goût inquiétant de ce à quoi pourrait ressembler le monde de demain s'il n'est pas combattu. Ultime fer de lance de l'impérialisme moderne dont le champ de bataille est désormais en grande partie numérique, Amazon est l'archétype de l'entreprise vouée à s'introduire dans tous les pans de notre vie – pour en tirer le maximum de profits.</p> <p>Telle une hydre aux mille têtes, il est déjà presque impossible de lui échapper aux Etats-Unis où l'omniprésence de la firme se fait ressentir tout au long de la journée : emplettes en ligne bien sur mais aussi avec sa présence dans le secteur des médias, du stockage de données, de la surveillance, ou plus concrètement avec ses magasins de denrées alimentaires ou ses assistants vocaux (« enceintes intelligentes »), utilisées par 1 adulte sur 6 dans ce pays.</p> <p>Soit une très bonne illustration des monopoles que décrivait Lénine il y a déjà plus de cent ans : « une particularité extrêmement importante du capitalisme arrivé au stade suprême de son développement est ce qu'on appelle la combinaison, c'est-à-dire la réunion, dans une seule entreprise, de diverses branches d'industrie qui peuvent constituer les étapes successives du traitement de la matière première […]ou bien jouer les unes par rapport aux autres le rôle d'auxiliaires […] » (L'impérialisme, stade suprême du capitalisme, V. I. Lénine, 1917).</p> <p>En Europe, Amazon fait face à des enquêtes pour abus de position dominante. Cela ne l'a pas empêché de déposer une demande au sein de l'UE pour y développer des projets dans le secteur pharmaceutique Nous verrons jusqu'où pourra aller la Commission européenne face à l'armée d'avocats de la multinationale pour faire prévaloir le droit européen et son Acte des Services Digitaux, censé imposer aux grands acteurs du numérique « des règles pour éviter » qu'ils « ne fassent peser des risques sur notre démocratie ». Dans son pays d'origine, la menace pourrait être plus sérieuse. La question du démantèlement des GAFAM* s'était invitée dans les prémices de la dernière élection présidentielle américaine avec de vifs débats au sein des démocrates. Nul doute qu'elle reviendra tôt ou tard. D'ici là, c'est avec l'armée et le secteur du renseignement américains qu'Amazon noue des partenariats économiques et stratégiques.</p> <p>Ainsi, prendre conscience de l'hydre épouvantable que représente Amazon est le premier pas pour le combattre. Nous avons un pouvoir, chacun à notre échelle, ne serait-ce que par nos modes de consommation. De son côté, au lieu de sanctifier le modèle de la « start-up nation », la puissance publique se doit de jouer son rôle à la fois de régulateur, de protecteur et de pilote d'une économie alternative au modèle que nous imposent les GAFAM et plutôt basée sur le développement des biens communs. Le monde d'Amazon ne fait pas sourire : refusons-le <i>* GAFAM : acronyme empruntant ses initiales aux entreprises Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft, mais désignant à présent les entreprises structurantes à la tête de l'industrie numérique.</i></p> <p><i>Paru dans <a href="https://patrick-le-hyaric.fr/la-lettre-de-patrick-le-hyaric/" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>https://patrick-le-hyaric.fr/la-let...</a></i></p></div> Mondialisation : vers l'Eden ou le zoo humain ? http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article2595 http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article2595 2021-03-11T14:06:00Z text/html fr Jacques-Robert Simon <p>Si Jacques-Robert Simon est capable d'un humour des plus débridés, c'est avant tout un scientifique, qui aborde ici les dérives possibles des « progrès » de la technologie et les dangers qu'ils peuvent présenter pour l'avenir de l'humanité.</p> - <a href="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?rubrique69" rel="directory">Mondialisation</a> <div class='rss_texte'><p>Plus personne ne doute de l'intention messianique des Etats-Unis de façonner le monde à leur image. Le processus est simple : les états s'endettent pour que leur peuple jouisse à satiété, la dette ancre le pays dans le système, les organisations politiques et sociétales locales sont alors mises aux normes américaines. Pourquoi pas ? Mais cette approche peut-elle être pertinente alors que le problème essentiel que l'on affronte est d'ordre écologique ?</p> <p>L'apparition de nouvelles technologies de communication et le développement des moyens de transport ont permis une libéralisation des échanges à l'échelle de la planète, mettant à mal les gouvernances locales et les droits acquis des salariés. Le capitalisme mondialisé tend à uniformiser les activités partout où il règne, sans toutefois amoindrir les inégalités et les antagonismes de classe. Prenons un exemple de ce que l'on peut attendre de la « mondialisation », terme consacré en novlangue des médias pour signifier capitalisme mondialisé.</p> <p>Le revenu moyen d'un habitant de l'Inde est approximativement 10 fois plus faible que celui d'un Français. À compétence et environnements égaux, un investisseur a tout intérêt à faire fabriquer tout objet coûteux en main d'œuvre en Inde. La production globale de richesse va augmenter dans ce pays et le niveau de vie de l'Indien s'améliorer. Dans le même temps, pour être compétitif, celui du Français de même qualification doit au mieux rester constant. La convergence économique des deux pays peut se produire à terme ; cependant l'Inde compte 1,25 milliards d'habitants contre 0,0658 milliards pour la France, la convergence implique nécessairement une baisse importante du niveau de vie Français. Tout le monde, même les économistes, a compris cela. Avec les logiciels dont ils disposent, ils peuvent même prédire au bout de combien de temps une uniformité économique se produira. Le capitalisme peut réaliser ce que les propositions tiers mondialistes n'ont pas réussi : la décroissance des pays riches, la croissance des pays pauvres. C'était en effet une condition sine qua non pour atteindre l'Eden. Cependant, les inégalités au sein des pays, riches comme pauvres, ne diminuent pas. L'inégalité est de fait le ciment social qui permet à une société de type capitaliste d'être fonctionnelle : le zoo humain est proche de l'Eden.</p> <p>Il subsiste des problèmes : le rattrapage, souhaitable du point de vue moral, est-il possible sans heurts ? La capacité de la planète à fournir les ressources nécessaires suffira-t-elle pour le monde futur ? La réponse est clairement non pour ces deux points.</p> <p>Un ressortissant des USA consomme en énergie 3,6 fois plus que la moyenne mondiale, à mettre en parallèle avec les populations respectives : 320 millions contre plus de 7 milliards. Il faudrait fournir à l'humanité 80 fois plus d'énergie qu'actuellement pour assouvir la soif de consommation des habitants de la planète à hauteur de celle des États-Unis. L'alignement de ces quelques chiffres a été fait par tous et chacun a pris conscience du problème qui se pose. Les gouvernants bardés d'experts les connaissent parfaitement et peuvent en saisir les tenants et les aboutissants. Puisque le but est hors d'atteinte et que chacun le sait, que propose-t-on ?</p> <p>Au cours des années 70 se développa une tentative de création d' « Hommes nouveaux » : sobres, respectueux de la nature, favorisant une production artisanale de qualité sur une autre massive et standardisée. Cette approche, essentiellement associée au monde occidental, se révéla incompréhensible pour ceux qui n'avaient rien de ce qu'avaient ceux qui le proposait. Cet « Homme nouveau » voulait changer le monde en se changeant lui-même, en écartant toute bestialité résiduelle, il exécrait la domination, la coercition ; il proposait un nouveau monde par la loi mais surtout par l'exemple. Certains aspects ont infusé, les mécanismes de domination sont devenus plus feutrés, la féminisation des sociétés a progressé, mais les rapports sociaux sont restés principalement basés sur la puissance, celle de l'argent presque uniquement L'« Homme nouveau » semble donc mourir avant même d'être vraiment né. De toute façon son environnement ne pouvait pas l'abriter. Les énergies renouvelables nécessitent une dispersion de l'habitat. Il est absolument impossible d'alimenter de grandes métropoles de plusieurs millions d'habitants avec des cellules photovoltaïques ou des éoliennes. Or le monde entier se rue vers la construction ou l'extension de telles mégapoles. L'homme sobre, respectueux de la différence et de la nature ne sera pas l'espèce qui aurait pu peupler un Eden.</p> <p>Un autre type d' « Homme nouveau » peut être envisagé, moderne ou du moins prétendu tel, connecté, branché, possédant des fonctions étendues par la technologie (des prothèses commandées par son cerveau), hyperpuissant, immortel grâce à des cellules "reprogrammées", il s'agit de l' « Homme 2.0 » de Google. Ces Goldorak d'un nouveau genre diffèrent par maints aspects de l'Homo sapiens dans le fait qu'ils ne sont ni intelligents, ni sages, ni raisonnables, ni prudents. Leurs performances techniques, physiques, calculatoires sont exceptionnelles, inaccessibles au commun des mortels, mais il leur manque l'essentiel : une âme ; ce sont donc des morts qui s'agitent. L'âme est le principe immanent et transcendant, de toute entité douée de vie, elle est indistincte de la vie, puisque c'est la vie. Lorsqu'une personne meurt, son âme la quitte, écrit-on souvent. Certains croient que cette âme va vers un au-delà, d'autres pensent que la mémoire des Hommes sert à conserver celle-ci. La différence est ténue entre croyants et non-croyants (lorsque ce ne sont pas des incroyants). C'est cette âme qui a permis les innovations les plus folles, les pensées les plus échevelées, les constructions les plus hardies. L'Homme 2.0 n'a rien de tout ceci même si imiter les 100 milliards de neurones du cerveau et les neurones qui le constituent n'est pas hors de portée du génie humain. Mais encore faudrait-il assurer la connexion entre ceux-ci (il y a 10 000 synapses par neurone) par l'intermédiaire de diverses molécules chimiques. Mais les cerveaux eux-mêmes ne sont pas isolés : ils interagissent les uns avec les autres non plus par des molécules mais à travers ce que l'on nomme généralement la pensée, même si le terme paraît quelquefois galvaudé. L'intelligence humaine n'est pas celle d'un homme, c'est l'œuvre de tous. Les algorithmes les plus sophistiqués ou les réseaux de transistors les plus performants ne peuvent guère rivaliser. D'ailleurs une partie ne peut pas remplacer un tout.</p> <p>Deux « Hommes » s'affrontent : l'un doit-il périr ? Nous sommes à la croisée des chemins : va-t-on vers l'Eden ou le zoo humain. Les deux propositions sont inconciliables : l'instinct contre la raison, la domination contre le respect, la délocalisation des ressources d'énergie contre les centrales, tout les sépare.</p> <p>Dès le milieu du siècle dernier, les Etats-Unis se sont eux-mêmes déclarés « champion » du monde libre, de fait le leur. Il n'est pas utile d'énumérer les exemples de la manière forte qu'ils n'hésitent pas à utiliser : des bombardements d'Hiroshima et de Nagasaki, à ceux du Vietnam et plus récemment l'expédition militaire en Irak. À côté de cette manière forte, l'attraction quasi-irrésistible pour le « look » américain finit de convaincre ceux qui doutaient encore de la mission de nature divine des USA. Il est vrai que c'est le seul pays qui puisse faire régner l'ordre au niveau mondial, ses dépenses militaires à lui seul étant égales à celles de tous les autres pays réunis. Le futur du globe risque donc très vraisemblablement de ressembler aux actuels Etats-Unis : une infime minorité de « riches » qui dominent hors de tout cadre démocratique réel une immensité de démunis rendus soumis par quelques subventions, l'accès libre au sexe et à la télévision. Bâtir autre chose nécessiterait d'immenses efforts et beaucoup d'intelligence, mais certes pas celle qui sert à passer des concours.</p></div> NON AU TAFTA, UN TRAITE INIQUE, QUI ENFREINT LES TEXTES DES NATIONS UNIES ! http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article2115 http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article2115 2016-10-24T12:35:44Z text/html fr Chloé Maurel Le traité sur la mise en place d'une zone de libre-échange transatlantique (désigné par son sigle anglais TAFTA ou TTIP), qui est en cours de négociation dans la plus grande discrétion entre les dirigeants des États-Unis et de l'Union européenne (UE), et qui pourrait aboutir à la création de la plus vaste zone de libre-échange du monde (29 États, 820 millions d'habitants, de part et d'autre de l'Atlantique), serait très néfaste pour les travailleurs. Prévoyant (...) - <a href="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?rubrique69" rel="directory">Mondialisation</a> <div class='rss_texte'><p>Le traité sur la mise en place d'une zone de libre-échange transatlantique (désigné par son sigle anglais TAFTA ou TTIP), qui est en cours de négociation dans la plus grande discrétion entre les dirigeants des États-Unis et de l'Union européenne (UE), et qui pourrait aboutir à la création de la plus vaste zone de libre-échange du monde (29 États, 820 millions d'habitants, de part et d'autre de l'Atlantique), serait très néfaste pour les travailleurs. Prévoyant l'élimination des droits de douanes, la suppression des « obstacles non-tarifaires » au commerce (comme le contrôle sur la qualité des importations), l'harmonisation des normes et des réglementations, il pourrait faire sauter les normes européennes en matière sociale ou environnementale, qui sont plus avancées que celles des États-Unis. Ainsi, cela pourrait remettre en cause la liberté syndicale, ou ouvrir l'Europe au bœuf aux hormones américain...</p> <p>En outre, le TAFTA prévoit que les grandes multinationales, si elles s'estiment « discriminées » par une réglementation, peuvent réclamer des indemnités aux États, devant des tribunaux d'arbitrage privés. Elles auront le droit de faire condamner des États par des tribunaux d'arbitrage privés opérant en dehors de la juridiction nationale, les ISDS (« investor state dispute settlement »).</p> <p>Dans ces tribunaux privés, ce n'est même pas un magistrat officiel qui juge, mais l'entreprise plaignante qui choisit un premier arbitre, l'État poursuivi un autre, et les deux parties, un troisième. Ces arbitres sont choisis dans un cercle très étroit et fermé, et très favorable aux milieux d'affaires. « On confie à trois individus privés le pouvoir d'examiner, sans aucune restriction ni procédure d'appel, toutes les actions du gouvernement, toutes les décisions de ses tribunaux, toutes les lois et régulations émanant de leur parlement. », comme le résume Juan Fernandez-Antonio, lui-même arbitre international, interviewé dans Fakir . Ces ISDS fournissent une protection aux investisseurs mais pas aux États ni à la population. Ils permettent aux investisseurs de poursuivre des États, mais pas l'inverse ! Par exemple, le groupe nucléaire suédois Vattenfall poursuit en justice le gouvernement allemand pour sa décision d'abandonner l'énergie nucléaire après la catastrophe de Fukushima, et l'entreprise français Veolia, qui avait lancé une filiale de traitement des déchets en Égypte, filiale qui avait peu fait recette, a attaqué le gouvernement égyptien pour avoir augmenté le salaire minimum à la suite de la révolution arabe de 2011. Ces affaires ont déjà coûté aux gouvernements des centaines de millions d'euros. Cette justice est si inique que certains pays ont décidé de l'abandonner : l'Australie, la Bolivie, l'Équateur, l'Afrique du Sud.</p> <p>Le TAFTA constitue aussi une grave menace pour l'exercice du droit syndical et les protections sociales, comme le salaire minimum. En effet les normes sociales seraient uniformisées sur celles des États-Unis. Or ce pays ne reconnaît pas la plupart des conventions fondamentales de l'Organisation internationale du travail (OIT) sur la protection des travailleurs (liberté de réunion, droit aux négociations collectives), car il les considère comme des entraves au commerce et à la libre concurrence.</p> <p>Au nom du respect de la sacro-sainte « concurrence libre et non faussée », les multinationales pourraient par exemple obliger des États à privatiser entièrement les services de santé ! Les multinationales pourraient aussi contester les standards de l'OIT comme discriminants, elles pourraient faire valoir que la protection des travailleurs et des droits syndicaux sont des obstacles au commerce et au libre échange.</p> <p>De plus, le TAFTA va à l'encontre de plusieurs textes importants des Nations unies, comme les conventions de l'OIT et le principe directeur n°9 de l'ONU sur les affaires et les droits de l'homme, qui prévoit que les États doivent s'assurer que les accords sur le commerce et l'investissement ne contraignent pas leur capacité à assurer leurs obligations concernant les droits de l'homme. Un expert des Nations unies, l'avocat américain d'origine cubaine Alfred de Zayas, s'est récemment publiquement élevé contre le TAFTA et a réclamé la suspension des négociations menées entre États-Unis et Union européenne pour faire adopter ce projet. Alfred de Zayas, nommé « rapporteur spécial de l'ONU sur la promotion d'un ordre international démocratique et équitable », a préparé pour l'ONU un rapport sur les tactiques utilisées par les multinationales dans les négociations du TAFTA pour arriver à leurs fins. Il juge sévèrement les ISDS, qui constituent selon lui « une tentative d'échapper à la juridiction des tribunaux nationaux et de contourner l'obligation de tous les États d'assurer que toutes les affaires juridiques soient traitées devant des tribunaux indépendants qui soient publics, transparents, responsables et susceptibles d'appel ». Il ajoute que le TAFTA enfreindrait la Charte de l'ONU, signée par tous les États membres : en effet, « l'article 103 de la Charte de l'ONU dit que s'il y a un conflit entre les dispositions de la Charte et n'importe quel autre traité, c'est la Charte qui prévaut » .</p> <p>Le TAFTA pourrait ainsi aggraver dramatiquement la pauvreté et la précarité dans l'Union européenne. Face à ces dangers, la CNUDCI, Commission des Nations unies pour le droit commercial international, a adopté en 2014 la « Convention sur la transparence dans l'arbitrage entre investisseurs et États fondé sur des traités » : c'est un ensemble de règles de procédure qui visent à rendre publiquement accessibles les informations sur les arbitrages entre investisseurs et États découlant de traités d'investissement, de sorte que tous les textes du TAFTA soient rendus publics afin que dans tous les pays de l'UE, les parlementaires et les citoyens aient du temps pour les examiner et les évaluer de manière démocratique. C'est un pas vers plus de transparence dans les jugements rendus par les ISDS. C'est maintenant à nous, les peuples, de peser pour que les textes et les valeurs humanistes de l'ONU prévalent sur ces tribunaux arbitraires qui sont l'expression du néolibéralisme le plus effréné, et de faire pression pour que le TAFTA ne soit pas adopté.</p> <p><i>Article paru dans la revue Recherches Internationales (<a href="http://www.recherches-internationales.fr/" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://www.recherches-internationales.fr</a>)</i></p></div> MONDIALISATION : ELITE QUI DIRIGE ET POPULACE QUI VOTE http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article2112 http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article2112 2016-10-24T12:25:58Z text/html fr Jacques-Robert Simon Les décideurs, qui représentent environ 1% de la population mondiale, imposent de plus en plus volontairement un modèle dit libéral à tous les peuples de la planète. Pourquoi cette volonté de dominer sans partage : le désir du meilleur des mondes pour tous ou seulement pour eux-mêmes ? Penseurs et financiers ont constaté que des élections libres reflétaient la somme des égoïsmes et ne pouvaient pas (ou très difficilement) imposer l'intérêt général même par un forgeage incessant des (...) - <a href="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?rubrique69" rel="directory">Mondialisation</a> <div class='rss_texte'><p>Les décideurs, qui représentent environ 1% de la population mondiale, imposent de plus en plus volontairement un modèle dit libéral à tous les peuples de la planète. Pourquoi cette volonté de dominer sans partage : le désir du meilleur des mondes pour tous ou seulement pour eux-mêmes ? Penseurs et financiers ont constaté que des élections libres reflétaient la somme des égoïsmes et ne pouvaient pas (ou très difficilement) imposer l'intérêt général même par un forgeage incessant des mentalités par un spectacle politique. Une collectivité nécessite un processus décisionnel opérationnel : le glissement de la démocratie vers le social-libéralisme devenait inéluctable. Les élus s'occupent du social, les financiers de tout le reste, c'est à dire l'essentiel. Vouloir organiser, policer, dominer le monde fut l'idéal de tous les hommes de pouvoir qui régnèrent et dont les noms constellent les livres d'histoire. La mondialisation américano-libérale n'est que la tentative contemporaine pour y parvenir. Mais est-ce une nécessité de rendre semblables peuples, peuplades, cultures ? La cohérence d'une société peut être obtenue par l'acceptation raisonnée des différences, elle peut être aussi obtenue en remplaçant le peuple par la populace sensible seulement aux instincts pour les uns et au désir de domination pour les autres. Deux problèmes à l'échelle mondiale se posaient au siècle dernier : la surpopulation et les inégalités Nord-Sud. Comment les partisans inconditionnels de l'égalité d'une part, et de la liberté d'autre part abordèrent-ils ces défis ? L'augmentation mondiale de la population inquiétait nombre d'analystes : une très inquiétante explosion démographique allait rendre insuffisante les ressources de la terre. Thomas Malthus (1766-1834), proposa de limiter la croissance de la population pour éviter d'effroyables famines. Malthus était contemporain du décollage industriel anglais et l'accroissement de population s'accompagnait d'une augmentation importante des émissions de gaz carbonique (CO2) par l'utilisation de plus en plus massive d'énergies fossiles (gaz, pétrole, charbon). Le passage d'une source naturelle d'énergie, celle associée à la photosynthèse, aux énergies fossiles était inévitable tant l'avidité en ressources était grande. La transformation des photons lumineux en matière végétale est inefficace, le rapport énergie stockée sur énergie lumineuse reçue est inférieur à 1%. Les combustibles fossiles fournissent une énergie solaire stockée sur des centaines de milliers d'années, ce qui fournit dans l'instant une bien plus grande quantité d'énergie que la photosynthèse. Durant la révolution industrielle de 1850-1900, la population mondiale augmenta rapidement. Une gestion autoritaire de la natalité par la Chine a conduit dès 1955 à des « instructions pour le contrôle des naissances ». En 1970, l'indice de fécondité (nombre d'enfants par femme) est encore de 5,78. Une nouvelle planification des naissances commence en 1971 qui recourt cette fois à des stérilisations et des avortements. Le succès de cette campagne est foudroyant, en 10 ans l'indice de fécondité diminue de plus de moitié (2,31 en 1979). Entre 1970 et 1980, le Produit Intérieur Brut par habitant de la Chine a augmenté modérément. Mais qu'en est-il dans d'autres pays qui ne disposent pas d'un système autoritaire permettant une maîtrise aussi stricte des populations ? À la libération en France, la natalité explosa pour atteindre 3 enfants par femme. Le « baby boom » se maintint durant une vingtaine d'années, la natalité devenant à partir de 1975 inférieure au taux de maintien de la population (1,75-2,0 enfants par femme). En 1973-74, la contraception et l'interruption volontaire de grossesse avaient été autorisées par les autorités. Une baisse des naissances peut être obtenue en agissant vigoureusement ou en ne rien proposant de contraignant : la relation cause-effet n'a guère de sens, l'ensemble du système complexe doit être considéré. Le facteur primordial est la capacité des autorités à conserver une cohérence dans la société qu'ils dirigent. Une forte contrainte pour les uns, une gestion des désirs pour les autres, peuvent être appliquées. De nos jours, une décroissance du nombre d'enfants par femme est observée partout, même en Afrique subsaharienne où l'indice de fécondité est le plus élevé. Dans le même temps, le Produit Intérieur Brut (PIB) mondial a considérablement augmenté entre 1950 et 2000. L'espérance de vie est également en augmentation dans toutes les régions du monde même en Afrique où elle reste faible. Le système actuel engendre bien des richesses et un mieux-être, si on le mesure par l'espérance de vie. Cependant, un système régnant ne peut que produire des inégalités croissantes puisque il est exceptionnel que l'on puisse contrecarrer les intérêts des plus forts quelle que soit l'organisation politique. Un changement de système, une révolution, se produit de temps à autre mais elle s'accompagne d'une chute de la production des richesses, la cohérence sociétale étant transitoirement ruinée. Ainsi, le PIB de la Russie s'est effondré après le « changement de régime » en 1989, elle ne retrouva un niveau comparable qu'en 2007. En 2013, 110 personnes détiennent 35% de la richesse russe. En France, comme dans tous les autres pays occidentaux, les inégalités augmentent jour après jour sans que l'efficacité économique n'en soit améliorée : la concentration du pouvoir n'améliore en rien l'efficience. L'épargne des efforts de la main d'œuvre peut être obtenue par la robotisation. Ils effectuent sans barguigner des travaux répétitifs sans manifester de fatigue, de peine, d'humeur. Les produits deviennent si peu chers que les classes populaires peuvent les acheter et stimuler, en conséquence, la consommation, et donc, dans un second temps, favoriser l'emploi. Cette logique eut un sens puisque le temps de travail a baissé très significativement au siècle dernier. La « mondialisation » remet toutefois en cause ce schéma. Si une masse laborieuse d'un pays pauvre peut produire à moindre coût la même quantité de biens, il est inutile pour l'investisseur de privilégier des robots. Les plus démunis des pays pauvres voient leur sort quelque peu amélioré mais c'est la classe sociale la plus pauvre des pays occidentaux qui en paie le prix. Il se créé ainsi une classe d'intouchables, hors des castes dominantes des hommes d'argent, de pouvoir, de médias. La « révolution informatique » ne permet pas non plus de libérer les travailleurs de tout ou partie des nuisances qu'ils subissent mais plutôt de détruire les contrats sociaux arrachés à l'issue de la seconde guerre mondiale pendant laquelle ceux qui n'avaient rien luttèrent contre des occupants avec lesquels collaboraient la très grande partie des nantis. Ce discrédit, très transitoire, des classes possédantes permit des avancées sociales qui auraient été impossibles autrement. La lutte des classes est devenue aujourd'hui une lutte des castes tant la perméabilité entre strates sociales est devenue infinitésimale. S'achemine-t-on vers une démocratie athénienne : une infime minorité de la planète assurera le fonctionnement, la gestion et le cadre légal de la mondialisation, tandis que le reste de la population ne servira que comme esclaves, métèques ou sub-robots ? L'élite qui dirige, la populace qui vote.</p></div> LA SECONDE MONDIALISATION http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article2098 http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article2098 2016-09-18T15:41:00Z text/html fr Jacques-Robert Simon Personne ne doute que le monde ancien n'a plus aucun avenir : les philosophies, les idéologies, les concepts politiques et même les valeurs morales qui animaient les peuples semblent ne plus avoir de raison d'être. Le dieu même qui avait fourni le cadre de vie de tous depuis la nuit des temps est bel et bien mort après qu'on ait annoncé sa fin il y a un peu plus d'un siècle. Les idées, les dogmes, les raisons sont remplacés par les seules lois du commerce, le (...) - <a href="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?rubrique69" rel="directory">Mondialisation</a> <div class='rss_texte'><p>Personne ne doute que le monde ancien n'a plus aucun avenir : les philosophies, les idéologies, les concepts politiques et même les valeurs morales qui animaient les peuples semblent ne plus avoir de raison d'être. Le dieu même qui avait fourni le cadre de vie de tous depuis la nuit des temps est bel et bien mort après qu'on ait annoncé sa fin il y a un peu plus d'un siècle. Les idées, les dogmes, les raisons sont remplacés par les seules lois du commerce, le quantitatif a remplacé le qualitatif, ce que l'on peut mesurer rend sans intérêt ce que l'on croit et qui est impalpable. Pourtant la mesure d'une quantité ne renseigne pas sur le pourquoi de celle-ci et n'indique rien sur son utilité. Le libre-échange est pourtant prôné partout et pour tous. Un référentiel de société ne fonctionne que s'il est considéré comme un absolu indépassable et indiscutable : ce fut le cas de dieu, sera-ce aussi le cas pour le libre-échange ? </p> <p>La cohérence est le facteur primordial pour assurer la force dominatrice d'un clan, d'une communauté, d'une nation. La principale fonction de dieu ici-bas était de permettre à quelques uns de régner sur tous. En effet la seule contrainte n'est pas suffisamment efficace, il faut encore que des croyants zélés acceptent leur statut de serviteur pour forcer d'autres à l'obéissance. Dieu peut fournir la transcendance nécessaire à l'acceptation de cette soumission qui permet d'engendrer des affidés qui aideront ceux qui dominent à dominer davantage. Il ne faut pas se méprendre, les églises ne sont qu'un des moyens pour mettre en œuvre ce processus, l'esprit républicain et toutes les idéologies humanistes relèvent de la même essence : il n'est pas nécessaire de croire en dieu pour le servir. Les nations européennes certaines de leur force, de leurs sciences, de leurs cultures se lancèrent à la conquête du monde lors des périodes coloniales. En 1914, britanniques, français, russes et turcs se partageaient la grande majorité de la planète (en ôtant en partie la Chine). La cohérence qui aurait dû être atteinte pour assurer la stabilité du système fut désintégrée sous les coups de nationalismes souvent empreints de laïcisme. La mondialisation conduite sous la férule des européens, de leur dieu, de leurs valeurs, de leurs « lumières » s'éteignit irrémédiablement. Le dieu chrétien et sa cohorte de savants si efficaces pour assurer une même âme en Europe se révélèrent inefficaces pour assurer la bonne marche de la planète entière. Il est de fait plus difficile d'assurer la cohérence d'un grand ensemble constitué de beaucoup d'éléments que d'un autre plus restreint. La cupidité était aussi un des ressorts principaux des élans coloniaux. Elle complémentait fort utilement les propositions affichées de transcendance. </p> <p>Le paradis chrétien s'atteint (théoriquement) en faisant preuve de sagesse et d'amour d'autrui. Le paradis du monde des affaires ne postule aucune de ces vertus et se contente de penser que sans intervention le système s'autorégule, quelques lois interfèrent mais elles sont le plus souvent néfastes. Le marché est le lieu où se rencontrent l'offre et la demande et où s'opère la détermination du prix d'un bien, la valeur d'un être : c'est en payant qu'on donne une valeur à tout et à toutes. Le marché peut être vu comme le support de la démocratie car il suppose, au moins virtuellement, l'égalité des individus. Toutefois, même les plus fortunés ne sont pas égaux entre eux : le pouvoir de domination est aisément quantifiable, il est directement relié à la masse des capitaux disponibles, le plus riche est le plus puissant, tellement même qu'il arrive à faire croire que c'est son talent qui l'a conduit où il se trouve. Depuis des décennies la moitié de la population des pays occidentaux ne lègue rien à leur décès à leurs successeurs, c'est une bonne définition des pauvres. Dans le même temps, les sommes amassées par les franges « supérieures » atteignent les plus hauts niveaux, ceux connus à la fin du dix neuvième siècle, la rente financière a simplement succédé à la rente foncière. Il serait possible de postuler que la concentration du pouvoir en quelques mains permet une meilleure efficacité économique. L'examen de la situation actuelle ne permet en rien de le croire. Il importait de répondre la bonne parole sur le monde entier : « La concurrence libre et non faussée » et non plus des slogans divins comme « Liberté, Égalité, Fraternité » devait régir le monde. C'était indispensable pour que les gens subissent ce qu'on leur demandait de subir : subir une précarisation supplémentaire pour le bien être de quelques uns. Un examen sommaire permet de démonter la proposition mercantile : une concurrence ne peut structurellement pas être libre et encore moins non faussée, à moins de ne pas tenir en compte les privilèges liés aux fortunes héritées. L'ingéniosité de la voie marchande vers la mondialisation est de favoriser l'émergence de classes bourgeoises dans l'ensemble des pays, y compris les pays émergents. La cupidité étant la chose la mieux répartie au monde, une internationale des classes aisées, donc dominantes, peut s'installer avec beaucoup plus d'aisance que lors du colonialisme centralisateur, mono-culturel et sous le couvert d'un dieu unique. Chaque pays fait émerger ses propres « riches » qui sont en charge de structurer la nation. Aucun conflit cultuel n'est à attendre des rivalités internationales, les philosophies étant devenues identiques, les folklores locaux ne servant plus que pour les touristes. Les détenteurs de capitaux pour maintenir leur fortune doivent mettre à leur service le maximum de gens. Les républiques » permirent aux « humbles » de s'unir pour posséder la force suffisante pour faire prévaloir leurs droits. La nouvelle mondialisation permet de délocaliser les investissements dans les pays où la bourgeoisie locale peut faire régner l'ordre dans une classe prolétaire infiniment plus démunie qu'en occident ; il s'en suit une déstabilisation des pauvres des pays riches afin de permettre l'émergence d'une classe bourgeoise dans les pays pauvres grâce à la délocalisation des industries fort demandeuses de main d'œuvre. L'émiettement des intérêts des travailleurs participe grandement à la non remise en cause d'exploiteurs qu'il est convenable de nommer investisseurs pour préserver son image de modernité. </p> <p>Alors mondialisation ou immondialisation ? Pour les travailleurs des pays riches la réponse ne fait aucun doute. Pour ceux de l'ensemble de la planète, la réponse est plus réservée. Cette seconde mondialisation a toutes les chances de réussir, pas seulement parce que les classes bourgeoises de tous les pays y trouvent leur compte mais aussi parce que les peuples récupèrent des oripeaux de bonheur : des portables, des McDonald's, des casquettes US, des matchs de football constellés d'idoles, des monstres sacrés du cinéma servant d'ersatz de dieux, des drones qui exterminent les seuls barbares avec la même efficacité que dans un jeu vidéo … La justice qui devait régner sur le monde est remplacée par le pragmatisme, ainsi nommé pour ne pas désigner la loi du plus fort. Personne ne doute que celle-ci est efficace. Mais la seule mutation qui importe est celle qui conduit à un monde qui se satisfait de ses ressources. La sobriété des consommations comme l'usage raisonnable des biens doivent être atteints pour éviter une disparition pure et simple de l'espèce humaine. L'homogénéisation du monde telle qu'elle s'opère est très probablement un préalable nécessaire. Il faudra encore se préoccuper de l ‘égalité entre tous, notion qui relève de nouveau d'un idéal. Mais qui pourrait se contenter d'une société faite de maîtres repus et d'une multitude d'esclaves privés de tout et surtout de respect ?</p></div> L'ECONOMIE MAFFIEUSE ET CRIMINELLE INTERNATIONALE http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article2070 http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article2070 2016-06-20T16:27:20Z text/html fr Michel Rogalski Tout le monde l'admet. L'économie mafieuse internationale ne s'est jamais aussi bien portée qu'aujourd'hui. Rapports, travaux et révélations s'accumulent confirmant tous l'extraordinaire dynamisme de ces activités particulières ayant réussi à infiltrer des secteurs d'une extrême diversité. Ayant appris très vite à apprivoiser la mondialisation, des réseaux mafieux se sont organisés et maillent désormais la planète se jouant des frontières et (...) - <a href="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?rubrique69" rel="directory">Mondialisation</a> <div class='rss_texte'><p>Tout le monde l'admet. L'économie mafieuse internationale ne s'est jamais aussi bien portée qu'aujourd'hui. Rapports, travaux et révélations s'accumulent confirmant tous l'extraordinaire dynamisme de ces activités particulières ayant réussi à infiltrer des secteurs d'une extrême diversité. Ayant appris très vite à apprivoiser la mondialisation, des réseaux mafieux se sont organisés et maillent désormais la planète se jouant des frontières et des différences de législation. Ils ont su prendre comme modèle la façon dont les firmes transnationales les ont précédés en la manière.</p> <p>Profitant de l'aubaine qu'a représentée l'explosion de la mondialisation libérale et financière depuis quelques décennies, ces réseaux en ont utilisé tous les rouages et en sont devenus, à travers de vastes opérations de blanchiment, des interlocuteurs quasi-officiels. Car il faut bien profiter de ce qu'a rapporté son crime et utiliser en toute légalité ce qui a été acquis illégalement. Ainsi la libéralisation financière permet aux gagnants de la dernière vague de mondialisation de se rapprocher dans un bénéfice réciproque permettant aux uns de jouir de leur forfait moyennant une dîme raisonnable et aux autres d'accroître leurs profits et de pouvoir bénéficier d'une manne douteuse qui viendra gonfler leur trésorerie déjà bien confortable. Tout cela au détriment des perdants de la mondialisation, les États et leur souveraineté, les peuples et la démocratie. N'oublions jamais que la mondialisation est devenu le processus, présenté comme naturel, qui permet de faire ailleurs, sans entrave, ce qui est devenu interdit dans son pays grâce à l'élévation d'acquis sociaux. Nombreux, hélas, sont les pays qui s'inscrivent dans ce mécanisme en valorisant les pires aspects de leur attractivité, les mettant ainsi en concurrence.</p> <p>Le dernier scandale que révèle la presse mondiale et accusant le Panama de jouer un rôle pivot dans le fonctionnement de cette économie maffieuse confirme tout ce que les spécialistes avaient largement décrit. Ce scandale du « Panama papers » paraît énorme parce qu'il ne concerne qu'une seule société – la Mossack Fonseca - et que l'on sait que c'est par milliers que de telles officines prospèrent. Certains clients devant émarger à plusieurs.</p> <p><strong>L'économie criminelle gangrène tout</strong></p> <p>Peu de domaines échappent à ces activités mafieuses. Commerces et trafics illicites ont de tout temps accompagné drogues et armes et généré d'immenses profits aussitôt réinvestis et étendus à d'autres secteurs lucratifs comme l'immobilier ou le tourisme. La prostitution, dont les profits ont servi à alimenter l'argent du banditisme et des gangs, s'est organisée en réseaux internationaux pratiquant le trafic d'êtres humains. La dislocation des Balkans et les soubresauts de l'Europe de l'Est ont ainsi dynamisé les réseaux de prostitution sur le continent. Certaines zones se sont trouvé des spécialisations liées à des ressources naturelles comme l'héroïne en Asie, la cocaïne en Amérique latine, le hachich au Maghreb. D'autres ont profité de l'aubaine d'être sur des trajets utiles et ont prélevé des dîmes générant corruption et économie maffieuse. Les flux migratoires ont été immédiatement « accompagnés » de réseaux de passeurs et de fournisseurs de faux documents aussi bien durant le voyage qu'à l'arrivée. Les raretés, les réglementations, les fluctuations de prix se révèlent être des aubaines dans lesquelles s'engouffrent les trafiquants en tout genre, de métaux, d'organes humains, d'œuvres d'art. La contrefaçon est sortie de son domaine traditionnel des biens de luxe en inondant le marché de faux médicaments, causant des victimes chez les populations les plus démunies.</p> <p>Les grandes manifestations sportives et les grands clubs sportifs sont ouvertement suspectés de pratiques corruptives. L'informatique et les réseaux internet sont devenus des supports d'activités délictueuses dont les auteurs ont toujours un coup d'avance sur leur parade. La fraude fiscale sur les profits ou sur la TVA prospère même sur les marchés des permis négociable des émissions de gaz à effet de serre occasionnant de lourdes pertes de recettes aux États. Les paradis fiscaux sont certes de mieux en mieux recensés et cèdent peu à peu aux pressions internationales, mais restent toujours actifs au service tout à la fois des malfrats, des firmes, des banques et des États dont les plus grands protègent jalousement les leurs, les estimant nécessaires à leur prospérité économique.</p> <p><strong>Un système s'est mis en place</strong></p> <p>Toutes ces activités ont besoin pour se développer de gagner des appuis et doivent donc laisser quelques miettes de leurs profits en corrompant pour s'assurer de protections nécessaires. Cette gangrène s'est développée à l'échelle de la planète et a affecté certains États à un niveau tel que l'on peut alors parler d'une véritable osmose entre milieux mafieux et pouvoirs dès lors que nouveaux maîtres de guerre et parrains dialoguent d'égal à égal avec les responsables politiques. Cette image de marque colle à la réputation de certains pays. Au cœur même de l'Europe, le Luxembourg en a fait sa spécialisation internationale. Monsieur Jean-Claude Juncker, actuel président de la Commission européenne, était Premier ministre lorsque son pays s'est engagé dans cette voie en négociant des avantages fiscaux particuliers aux firmes européennes leur permettant d'échapper aux fiscalités plus élevées de leur pays d'origine – le mécanisme du « tax ruling ». Ceci s'est traduit par un manque à gagner de recettes fiscales dans des pays accusés dans le même temps de déficits budgétaires trop élevés. Partout les États et les populations souffrent de ces pratiques dont l'idéologie dominante favorise la progression et qui restent encore insuffisamment réprimées.</p> <p>Le contrôle de la libéralisation de la finance qui a joué un rôle central dans la montée de ces activités mafieuses et criminelles doit constituer un levier décisif pour faire reculer ce fléau dont l'ampleur menace tout à la fois la souveraineté des États, l'exercice même de la démocratie et la morale publique. Ces scandales ne sont jamais révélés par la puissance publique. C'est parfois au détour d'une procédure de divorce que le pot aux roses est découvert. Mais c'est surtout grâce au rôle des lanceurs d'alerte que la vérité éclate. Ils doivent pouvoir bénéficier d'un statut protecteur.</p> <p><i>Article paru dans la revue Recherches internationales, <a href="http://www.recherches-internationales.fr/" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://www.recherches-internationales.fr</a></i></p></div> L'AVENIR EST AILLEURS http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article2067 http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article2067 2016-06-20T16:12:07Z text/html fr Jacques-Robert Simon Deux phénomènes apparemment incompatibles coexistent dans la nature. Dans l'un s'effectue un éparpillement, le colorant d'une solution concentrée va diffuser vers une autre plus diluée. Dans l'autre, des molécules vont se rassembler pour former un agrégat. Pourtant, les espèces en présence sont pratiquement semblables et les lois physico-chimiques strictement identiques. Il ne faut donc pas compter sur la science pour expliquer la mondialisation qui se déroule (...) - <a href="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?rubrique69" rel="directory">Mondialisation</a> <div class='rss_texte'><p>Deux phénomènes apparemment incompatibles coexistent dans la nature. Dans l'un s'effectue un éparpillement, le colorant d'une solution concentrée va diffuser vers une autre plus diluée. Dans l'autre, des molécules vont se rassembler pour former un agrégat. Pourtant, les espèces en présence sont pratiquement semblables et les lois physico-chimiques strictement identiques. Il ne faut donc pas compter sur la science pour expliquer la mondialisation qui se déroule actuellement à une vitesse accélérée durant laquelle les gens et les capitaux s'éparpillent tandis que des zones rassemblent hors du cadre des Nations des gens de même typologie. L'éparpillement tout d'abord. Les capitaux peuvent, depuis toujours, être transportés efficacement là où ils peuvent engendrer une plus value optimisée. Il leur faut trouver une main d'œuvre peu coûteuse et qualifiée fabriquant des produits vendus le plus cher possible, donc pas à ceux qui les fabriquent. Le capital fournit l'arme nécessaire pour contraindre les travailleurs à œuvrer dans le sens souhaité. Les pays « sous-développés » fournissent des multitudes de personnes si pauvres que le pire des travaux est un rêve pour eux. Un investisseur avisé placera donc ses capitaux au sein du tiers monde. Même si l'appât du gain est son ressort, il peut aussi proclamer qu'ainsi des miséreux deviennent moins miséreux, ce qui est exact : il est bon de soigner son image. Une des multiples conséquences, au sein des pays développés, de ce transfert de capital vers le tiers monde, c'est que la main d'œuvre locale ne trouve plus d'emploi dans des secteurs industriels qui tendent à disparaître. Les nouveaux besoins en service (aide aux personnes, garde d'enfants …) conviennent mal aux ouvriers en recherche d'emploi Ainsi, plus de quatre ouvriers (25% des emplois) sur cinq sont des hommes, tandis que près de quatre employés sur cinq sont des femmes. La féminisation des emplois est concomitante avec les délocalisations industrielles. Il est souvent fait mention de main d'œuvre peu qualifiée pour désigner les emplois industriels, il serait plus judicieux de parler de personnes peu diplômées car l'intelligence de la main acquise par l'expérience n'est plus mise en doute par personne. Ce ne sont pas seulement des emplois qui disparaissent, c'est une voie d'accès vers une reconnaissance sociale qui se ferme. On assiste donc à une « intellectualisation », ou du moins une tentative d'intellectualisation, des sociétés occidentales en mettant sur la touche l'apprentissage qui est une éducation par le faire plutôt que par le savoir. Toutefois, cette obsession du diplôme est moins frénétique dans d'autres pays européens qu'en France. L'égalité homme femme va de soi, mais les revendications spécifiques pour les femmes obscurcissent jusqu'à rendre invisible la lutte des classes, les femmes appartenant à toutes les classes sociales. Pourtant pour constituer un capital, qui n'est rien d'autre que du travail accumulé, il est impératif et inévitable de trouver un moyen de faire travailler d'autres pour soi-même. La lutte des classes n'existe apparemment plus car on a divisé les prolétaires en castes. Les membres des castes se reconnaissent des affinités électives en leur sein bien que d'immenses inégalités de tous ordres les séparent. Notre futur ressemblera peu ou prou au présent des États-Unis : 30% des jeunes âgés de 29 ans ont fait des études supérieures (niveau licence) avec cependant des disparités : les femmes blanches sont 39,1% mais les hommes noirs 12,2%. Le taux de pauvreté aux USA est le plus important des 17 pays les plus riches : un enfant américain sur quatre et un enfant afro-américain sur deux (50%) grandit en dessous du seuil de pauvreté. Il serait ridicule de prétendre une quelconque aptitude de telle « race » ou de tel sexe à apprendre et comprendre mieux que d'autres. Il est prouvé sans aucune espèce de doute que l'environnement des enfants est le facteur déterminant pour son avenir, et cet environnement est lié intimement aux revenus disponibles. La pyramide hiérarchique est d'autre part déterminée selon les critères des possédants : pour y appartenir il est impératif d'être leur semblable. Éparpillement donc : les capitaux peuvent se déplacer avec facilité sur la planète entière. Il est mis en avant qu'en conséquence ils vont créer des richesses en permettant des investissements productifs. Il y a cependant tout lieu de penser que les capitaux créent surtout une force de contrainte permettant d'asservir autrui plus que le libérer. Les vraies créations de richesses sont le fruit du talent, de l'esprit d'aventure, de la culture intellectuelle ou manuelle et surtout de l'ingéniosité. Il est inutile de mettre de l'engrais sur une plante morte, c'est pourtant ce que font les financiers incapables de faire la différence entre un m'as-tu-vu et un entrepreneur. Résultat : les habiles pullulent tandis que les créateurs se meurent : il est impossible de rêver en comptant. L'éparpillement conduit à terme à une homogénéisation des cultures, des pratiques politiques, des mœurs, en fait de tous les aspects de la vie quotidienne sauf ceux qui concernent les capitaux : dans la logique du modèle proposé (dit libéral grâce à un talent certain de communication) les inégalités ne peuvent que croître. Elles augmentent car aucun des dispositifs antagonistes n'est efficace. Le contrepoids au despotisme économique peut être la révolution, l'émeute, les élections, mais la formation de castes ne permet plus cette solution. Un autre pourrait relever de la réglementation, mais on voit mal comment celle-ci pourrait être écrite autrement que dans le sens qui favorise ou du moins qui préserve les possédants puisque ceux qui les écrivent font partie eux aussi des nantis. L'agrégation par les castes est efficace car elle tire parti d'éléments naturels : le besoin de dominer, la haine des différences, le besoin de paraître … Il n'y a rien de naturel à être égaux, libres et fraternels : il faut toute l'attention de parents, d'une école, de références morales, toutes choses que s'acharne à détruire le prétendu libéralisme. Faire une liste exhaustive et détaillée des diverses castes serait possible mais difficile, car l'appartenance à l'une d'entre elles peut se définir de maintes façons, par l'ethnie, la culture, la sexualité, le sexe … Des miséreux, les uns soudanais les autres afghans se sont récemment battus dans un camp de réfugiés. Leur désespérance est pourtant la même, tout comme sa cause. Il peut être avancé qu'à long terme un citoyen unique peuplera le monde et que des problèmes de ce type ne se poseront plus. Il n'en sera rien car l'homme a une imagination infinie pour trouver des motifs de se détester. Seul la fraternité peut parvenir à allier l'égalité et la liberté, pas la cupidité ni l'esprit de lucre. Le règne de l'amour n'arrivera jamais, certes mais, ce qui est certain c'est que le futur est ailleurs, pas dans un tiroir caisse.</p> <p><i>Le voyage pour moi, ce n'est pas arriver, c'est partir. C'est la saveur de la journée qui s'ouvre, c'est l'imprévu de la prochaine escale, c'est le désir jamais comblé de connaître sans cesse autre chose, c'est la curiosité de confronter ses rêves avec le Monde, c'est demain, éternellement demain. Partir... </i> Par Roland Dorgelès</p></div>  MONDIALISATION OU IMPERIALISME ? http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article1706 http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article1706 2013-09-15T17:26:17Z text/html fr Jacques-Robert Simon Il est toujours profitable de changer de nom, de vocable, de qualificatif lorsque ceux-ci sont par trop teintés de diverses horreurs. L'impérialisme Nord-Américain n'est plus évoqué ! Aurait-il disparu ? Sa dénonciation était constante lors de la guerre du Vietnam, il ne fut plus évoqué pour l'Irak : son emprise avait-il pris fin ? L'impérialisme consiste à empêcher peuples et citoyens de chercher, voire de trouver, une alternative à un mode de domination. La (...) - <a href="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?rubrique69" rel="directory">Mondialisation</a> <div class='rss_texte'><p>Il est toujours profitable de changer de nom, de vocable, de qualificatif lorsque ceux-ci sont par trop teintés de diverses horreurs. L'impérialisme Nord-Américain n'est plus évoqué ! Aurait-il disparu ? Sa dénonciation était constante lors de la guerre du Vietnam, il ne fut plus évoqué pour l'Irak : son emprise avait-il pris fin ?</p> <p>L'impérialisme consiste à empêcher peuples et citoyens de chercher, voire de trouver, une alternative à un mode de domination. La modernité dans ce domaine tient à l'utilisation massive de « para-sciences » afin de le mettre en œuvre : sociologie, psychologie, communication… A titre d'exemple, examinons ce qui se passe de nos jours dans les pays arabes ? L'ensemble des médias et une grande majorité des « êtres pensants » ont qualifié ces événements de « printemps ». Ne prenons que les faits, sans se préoccuper de « bien », de « mal », de « bon », de « mauvais ».</p> <p>Les manifestations journalières, les tressaillements divers, les soubresauts de tous ordres ne sont manifestement pas canalisés au sein de principes d'action, d'axes citoyens, de références morales : des revendications tout au plus. Le résultat : des Nations déstabilisées pour plusieurs dizaines d'années. Cette destruction ne semble pas imposée car elle se produit de l'intérieur, il s'agit d'une auto-décomposition. Les « réclamations » des manifestants peuvent sembler légitimes : le droit des femmes, des minorités, des homosexuels … en fait les mêmes choses que ce qui semble préoccuper les pays occidentaux. Les possédants devenus trans-mondiaux se soucient comme d'une guigne de telles propositions : elles servent à occuper l'esprit des uns en les détournant de l'essentiel : l'effroyable régression démocratique que l'on exerce contre eux, elles servent à agiter les autres afin de mettre à bas toute organisation qui pourrait rendre puissante une Nation ou un ensemble de Nations. Les réseaux sociaux, marginalement utiles, servent principalement à dresser les uns contre les autres lorsque l'intérêt supérieur des possédants entre en jeu. Les aspirations aux jouissances tiennent lieu de mot d'ordre ou de philosophie.</p> <p>N'écrivez pas, ne dites pas, ne murmurer pas ceci : « Qui a intérêt à la déstabilisation durable des Nations arabes ? » Poser la question c'est y répondre. Quelques millions de citoyens contraints dans un petit pays doivent affronter plus d'un milliard de personnes qui ne partagent pas leur religion. Manifester, crier, vitupérer ne servirait qu'à s'attirer encore davantage de désagréments de toute sorte, il ne convient pas de s'offrir aux coups de ces nouveaux maîtres. Expliquer et comprendre, voilà le seul chemin qu'il reste à ceux qui veulent dénoncer l'impérialisme, qui correspond de plus à une régression de la culture, des valeurs morales, des valeurs citoyennes, des valeurs républicaines.</p></div> DEMONDIALISATION : LE DEBAT INTERDIT ? http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article1373 http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article1373 2011-12-13T16:17:00Z text/html fr Michel Rogalski L'ampleur du tir de barrage opposé au terme de démondialisation donne la juste mesure de son côté insupportable pour tous ceux qui avaient vanté depuis des décennies la mondialisation heureuse, alors même que les faits accumulaient jours après jours les symptômes de son échec. Qu'on en juge par les quolibets et noms d'oiseaux : tour à tour absurde, irréaliste, réactionnaire, subalterne, accusée de propager illusion démagogique, d'être un concept superficiel et (...) - <a href="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?rubrique69" rel="directory">Mondialisation</a> <div class='rss_texte'><p>L'ampleur du tir de barrage opposé au terme de démondialisation donne la juste mesure de son côté insupportable pour tous ceux qui avaient vanté depuis des décennies la mondialisation heureuse, alors même que les faits accumulaient jours après jours les symptômes de son échec. Qu'on en juge par les quolibets et noms d'oiseaux : tour à tour absurde, irréaliste, réactionnaire, subalterne, accusée de propager illusion démagogique, d'être un concept superficiel et simpliste, une fable, un thème provocateur, d'encourager un repli national ne pouvant conduire qu'au modèle de la Corée du Nord. Rien ne fut épargné.</p> <p>La mobilisation des think tanks et des politiciens émargeant au « Cercle de la raison » ne doit pas étonner. Ils sont dans leur rôle en agissant en sorte que l'alternance reste bien une alternance et ne soit surtout pas une alternative. Les forces qui concourent à ce Cercle, tel un disque rayé, ressassent en boucle, malgré la réalité, les bienfaits de la mondialisation. Par contre, on ne peut qu'être surpris que d'autres, au nom de l'idéologie altermondialiste dont le bilan des avancées depuis dix ans confine à l'évanescence, viennent, dans la crainte de perdre le peu qu'il reste de leur fond de commerce, joindre leurs voix aux premiers avec tout autant de mauvaise foi. Mais le débat n'est plus confiné à la gauche de la gauche puisqu'il s'est invité dans la bataille présidentielle. Et c'est bien normal car il porte en lui l'analyse nécessaire du bilan des trente dernières années. Vouloir étouffer un tel débat serait une faute politique majeure. Ce serait occulter la richesse potentielle inhérente à tout débat sur la sortie maîtrisée du tunnel de l'austérité fabriqué à coup de déflation salariale, de délocalisations, d'invention de « contraintes extérieures » recherchées par nos élites et reposant sur une soi-disante rationalité supérieure d'essence mondiale, de construction européenne important les formes les plus exacerbées de la mondialisation, souvent au prétexte d'y résister et bien sûr se mettant dans l'incapacité de protéger, de promouvoir le social ou de contrôler la finance.</p> <p>Ce dont il s'agit aujourd'hui, c'est de reprendre et d'approfondir l'opposition à la bifurcation de 1983 qui sacrifia les avancées sociales sur l'autel de la construction européenne, en prenant appui sur l'acquis de la confrontation d'idées qui vit le jour en 2005 à l'occasion du referendum constitutionnel européen. Magnifique débat dont l'enjeu ne portait ni sur des personnes ou des postes et qui est relancé aujourd'hui par la crise de 2008 et son contrecoup actuel alimenté par les dettes souveraines, l'incertitude sur l'euro et les interrogations sur la façon de penser la construction européenne. Et si la démondialisation interpelle fortement l'Europe c'est parce que cette région du monde est devenue un concentré -un laboratoire- de la mondialisation et que, loin d'y être douce, elle y concentre tous ses excès. Il n'y a pas lieu de s'en étonner. C'est dans cet espace que le commerce de proximité s'est le plus développé, que l'interdépendance y est la plus forte, que des pans entiers de souveraineté nationale ont été transférés, qu'une majorité de pays ont décidé de se doter d'une même monnaie et d'une Banque centrale indépendante des gouvernements et enfin que des éléments de constitutions économiques se sont successivement empilés (Acte unique, Traité de Maastricht, Pacte de stabilité, etc.) pour être repris dans le corset du Traité de Lisbonne. En s'élargissant à 27 pays, l'Europe a brutalement modifié les conditions de la concurrence, y a importé brutalement la diversité de mondialisation et s'est mise hors d'état de pouvoir assurer la moindre protection à ses populations sur lesquelles plane l'ombre de l'austérité.</p> <p>C'est pourquoi les débats que suscite le thème de la démondialisation sont essentiels. Ils touchent tout simplement aux conditions nécessaires à la réalisation d'une rupture avec trente années de néolibéralisme mondialisé qui tel un rouleau compresseur écrase tout sur son passage. Car peut-on supporter plus longtemps la stratégie délibérément mise en place par le capital pour se rapprocher d'un travail précaire et non protégé et fuir celui qui avait su lui imposer la « contrainte » des acquis sociaux. Tout fut tenté avec les conséquences que l'on sait, des délocalisations massives à l'organisation de flux migratoires en passant par libre circulation des capitaux spéculatifs et déstabilisants, le libre-échange généralisé des marchandises, la déflation salariale et son corollaire l'endettement des ménages, la soumission aux signaux des marchés, internationaux de préférence. Quelques questions centrales émergent avec force de ce débat dont on voudrait étouffer la richesse :</p> <p>On nous explique qu'il faudrait être patient et que nos maux proviendraient de la situation d'entre deux dans laquelle nous serions entrés. L'État-Nation est blessé, mais il bouge encore, alors que l'économie mondiale ne serait pas encore instaurée et peinerait à se doter d'une gouvernance globale (ou européenne). Ainsi nous cumulerions les défauts de l'érosion des frontières sans être encore en mesure de bénéficier des avantages de leur dépassement. Cette « transition », qui se déroule depuis une trentaine d'années, n'a pour l'instant accouché que de la crise et se trouve de moins en moins en mesure de prouver que l'expansion du néolibéralisme à l'échelle du monde serait salvatrice. L'attente d'un gouvernement mondial pour résoudre les problèmes engendrés par sa recherche risque fort de s'enliser dans le sable. Elle est évidemment insupportable pour les peuples. Se sortir de cette ornière en proposant une véritable issue, c'est, pour tout pays, nécessairement entrer dans un processus de démondialisation. Faut-il attendre que ça change en Europe ou dans le monde pour que cela puisse changer chez nous ? Ou bien, faut-il engager l'action de façon unilatérale en mesurant sa portée conflictuelle et s'y préparer ? Réductrice d'incertitude, l'Europe a toujours servi de gangue gluante pour réduire l'amplitude de l'oscillation du balancier de l'alternance et jouer ainsi le rôle de Sainte Alliance, remplaçant le Mur d'argent des années 20. Ainsi refuser la démondialisation reviendrait à subordonner tout changement en France à d'éventuelles et bien improbables évolutions européennes ou mondiales. Ce constat conduit à poser la question incontournable de l'exercice de la souveraineté, c'est-à-dire de la nécessaire superposition entre le périmètre où se joue la démocratie et celui de la maîtrise de la régulation des flux économiques et financiers. Le cadre national s'impose. Pourquoi la « relocalisation » sur la région serait à la limite acceptable, l'Europe fédérale souhaitée et la souveraineté nationale vilipendée ? Pourquoi cette haine de l'Etat-Nation qu'il faudrait prendre en tenaille par le bas et par le haut ? Les gauches latino-américaines ont montré que le cadre national pouvait permettre des avancées sociales substantielles, faire tache d'huile et rendre possible des coopérations.</p> <p>La soumission à une rationalité dite supérieure parce que mondiale crée ce que nos élites appellent la « contrainte extérieure ». Celle-ci n'est que le retour de ce qui a été voulu et recherché. La mondialisation qui nous retombe sur la tête c'est celle que l'on a envoyée en l'air à coups de dérégulation, de libre-échange forcené, de privatisations, de délocalisations, de circulation incontrôlée de capitaux et de marchandises, de financiarisation, d'endettement de peuples et d'Etats. Elle se heurte aux acquis sociaux historiquement constitués qui deviennent ainsi pour nos mondialisateurs des « contraintes internes » qui freinent leurs objectifs et dont ils doivent se débarrasser pour obtempérer aux ordres des marchés. La compétition internationale devient l'arme de l'antisocial et dévaste les territoires. Le mérite du débat sur la démondialisation est de bien montrer l'affrontement des logiques des deux contraintes, l'une fabriquée pour mieux combattre l'autre (1) et d'identifier les gagnants (les facteurs mobiles : capital et finance, grandes firmes, maffias) et les perdants (les facteurs fixes : peuples et territoires).</p> <p>Les conséquences sur les politiques économiques à adopter reviennent au cœur du débat. La demande de protection qui monte concerne prioritairement l'ensemble des acquis sociaux engrangés pendant les Trente Glorieuses, annexement ceux du capital national malmené par la concurrence sauvage. Cette période a connu les protections tarifaires, quelques contrôles de change, nombre de dévaluations qui n'ont pas signifié pour autant repli national, fermeture ou adoption d'un modèle nord-coréen. Croissance, élévation du niveau de vie, plein-emploi ont bien été au cœur de ce qu'on voudrait nous faire regarder aujourd'hui comme une horreur « national-protectionniste ». La crise actuelle appelle au retour de l'Etat comme acteur économique majeur. Il n'y a pas de protection possible sans qu'un rôle accru lui soit confié, aussi bien en termes de périmètre d'action que dans la nature de ses interventions. Enfin, faut-il se tourner vers la satisfaction des besoins du marché intérieur ou vers ceux, erratiques, du marché mondial ? Où sont situées les sources de croissance de notre pays ? Dans notre territoire où à l'export ? Un pays peut le tenter, mais si tous font de même l'avantage disparaît. C'est cette stratégie non généralisable qui fut proposée au Tiers monde dans les années 70 et provoqua la crise de la dette et les politiques d'austérité qui s'ensuivirent.</p> <p>On allèguera qu'il existe une forme de mondialisation désirable, celle des échanges culturels, du tourisme, de la connaissance et des savoirs, de la coopération entre les peuples, de tout ce qui fait la densité de la vie internationale ou d'un espace public en construction à ce niveau. Mais ne la mélangeons pas avec celle qui fait l'objet du débat d'aujourd'hui à savoir le nécessaire blocage de l'expansion du néolibéralisme à l'espace mondial. Ne fusillons pas les messagers qui apportent la mauvaise nouvelle mais regardons plutôt les signaux divers qui attestent des limites de la phase en cours, à commencer par l'annonce faite par la Cnuced de la réduction du commerce mondial de 8 % au premier trimestre 2011.</p> <p><i>(1) Lionel Stoléru, conseiller de Giscard, nous avait déjà tout expliqué dès 1987 dans L'ambition internationale (Le Seuil) en résumant parfaitement le sens de la démarche mondialiste : “Ces prétendues “contraintes” internationales, c'est nous-mêmes qui les avons voulues, c'est nous-mêmes qui les avons édifiées, c'est nous-mêmes qui, jour après jour, nous employons à les développer. Nous n'avons plus les coudées franches parce que nous avons voulu ne plus avoir les coudées franches.” (p.12) (...) “Disons d'abord qu'il n'y a pas de contraintes internationales, il n'y a que des ambitions internationales que nous avons librement choisies, que nous voulons atteindre parce que nous savons qu'hors d'elles, point de salut”. “Disons que par rapport à ces ambitions internationales, il n'y a plus de politiques nationales, il n'y a plus que des contraintes nationales, qui nous freinent dans la recherche de nos ambitions internationales”. (p.13)</p> <p>Michel Rogalski est économiste, CNRS, directeur de la revue Recherches internationales. Le site de la revue : <a href="http://www.recherches-internationales.fr/" class='spip_url spip_out' rel='nofollow external'>http://www.recherches-internationales.fr</a></i></p></div> TRIBUNE LIBRE : UNE NOUVELLE REVOLUTION ? http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article1206 http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?article1206 2010-12-20T16:35:00Z text/html fr Elie Arié Et si ce nouveau monde, qui ne nous convient pas, convenait en réalité à la majorité des pays de la planète bien davantage que l'ancien ? Et si nous n'étions, en somme, qu'un pays qui, derrière un langage de gauche, ne défend plus que les avantages menacés de son ancien « régime spécial », en se foutant pas mal de celui des autres (à l'image de ceux qui bénéficient pour encore quelques années d'un régime spécial de retraites) ? Et si, alors que nous dénonçons (...) - <a href="http://www.la-gauche-cactus.fr/SPIP/spip.php?rubrique69" rel="directory">Mondialisation</a> <div class='rss_texte'><p>Et si ce nouveau monde, qui ne nous convient pas, convenait en réalité à la majorité des pays de la planète bien davantage que l'ancien ? Et si nous n'étions, en somme, qu'un pays qui, derrière un langage de gauche, ne défend plus que les avantages menacés de son ancien « régime spécial », en se foutant pas mal de celui des autres (à l'image de ceux qui bénéficient pour encore quelques années d'un régime spécial de retraites) ? Et si, alors que nous dénonçons l'individualisme des privilégiés, nous n'étions qu'un pays qui défend ses privilèges de façon très individualiste ? Et si la mondialisation était une nuit du 4 Août planétaire dont nous sommes les victimes en tant qu'anciens privilégiés qui se sont fort bien accommodés, pendant des siècles, de la misère des milliards d'êtres humains (Chinois, Indiens, Brésiliens, etc.) qui y voient enfin un moyen de s'en sortir - à nos dépens ? Ce ne sont pas « quelques privilégiés chinois » qui sont sortis de la misère, mais quelques centaines de millions, et autant en Inde, et quelques dizaines de millions en Asie du Sud-Est, au Brésil, etc. Et tout cela, en 20 ans.</p> <p>La création d'une classe moyenne est toujours la première étape indispensable au démarrage économique d'un pays ; mais ce n'est qu'une première étape. Qu'était le Japon il y a soixante ans ? Et tous les économistes sont d'accord pour dire que l'ensemble des Chinois (et des Indiens, et des Brésiliens, etc.) en profiteront un jour (plus ou moins équitablement, suivant leur système politique – et ceux qui vivent de l'agriculture étant, comme partout, les derniers et les plus mal servis – mais, avec le développement économique, leur nombre est appelé à diminuer), que les salaires moyens chinois (et indiens, et brésiliens, etc.) ne resteront pas éternellement ce qu'ils sont et qu'ils sont appelés un jour à augmenter (d'ailleurs, en Chine, ils augmentent déjà un peu, il y a déjà des grèves). Bien sûr, le jour où leurs salaires auront rattrapé les nôtres, ces pays perdront leur avantage compétitif ; mais, compte tenu des milliards d'individus concernés, ce jour est encore lointain : d'ici là, ils se seront beaucoup enrichis, et nous, beaucoup appauvris.</p> <p>Seulement, voilà : ceux qui frappent à la porte de la prospérité que nous connaissons (collectivement) depuis longtemps sont infiniment plus nombreux que nous ; certains d'entre nous rêvent d'un nouveau 1789 (pas tous : Jean-François Copé parle d'une « ambiance malsaine de nuit du 4 Août », reconnaissant ainsi qu'il trouverait malsaine une abolition des privilèges...), mais peut-être est-il en train de se produire, que nous sommes les aristos qui iront à la lanterne, et que notre avenir est celui de ces nobles désargentés que personne n'aura l'idée de plaindre, car nous avons trop longtemps vécu de la pauvreté des autres en la trouvant bien triste, mais au fond « naturelle », et sans en perdre le sommeil.</p></div> https://www.traditionrolex.com/18 https://www.traditionrolex.com/18