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mercredi 16 juin 2021
par  Frédéric Lordon

Fury Room

Sommes-nous rendus en France au point de fascisme ? Pas encore. Sommes-nous en voie de fascisation ? Sans doute... C’est la conviction de Frédéric Lordon, qu’il étaye dans ce texte brillant.

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samedi 19 juin 2021 à 17h27 - par  alain filou

FASCISME ???
"on ne se méfie jamais assez des mots" c’est la conclusion d’un roman haut placé dans la littérature mondiale dont l’auteur fut un fasciste affirmé ; précision : le roman dont il est question c’est le voyage au bout de la nuit. Tout fasciste qu’il fut, Celine a parfaitement raison dans cette affirmation et je vais essayer de le prouver.
bien évidemment Frédéric Lordon a parfaitement raison d’affirmer que les libertés publiques sont en recul net dans notre pays (entre autre). Il a encore totalement raison lorsqu’il souligne que l’extrême droite, elle vraiment fascisante, évolue parfaitement à son aise dans cette situation.
Pour autant, ça ne me semble pas suffisant pour parler de fascisme et de fascisation, voici pourquoi :
Le fascisme c’est, selon moi (et d’autres)"la dictature terroriste ouverte des éléments les plus réactionnaires du capital financier" (Georges Dimitrov, 7ème congrès de l’internationale communiste).
Ce que nous vivons est différent, selon moi, pour trois raisons :
- la dictature n’est pas ouverte
- la dictature n’est pas terroriste
- le capital financier n’est plus le même (quantitativement et qualitativement) qu’il était dans le deuxième quart du XXème siècle.
c’est surtout ce troisième argument qui me pousse à écrire ces lignes. Mais parlons un peu des deux premiers :
1- la dictature n’est pas ouverte, c’est une évidence, aucun de nous ne dormira en prison ce soir ou dans les jours qui viennent ; dans le même temps que nous sommes conscients que les attaques contre les libertés publiques, contre la chose publique sont de plus en plus fortes, de plus en plus graves, la manifestation du 19 mai nous le montre, elle fut sans doute un échec, il n’empêche qu’on a vu plusieurs ministres, dont celui de l’intérieur participé à un rassemblement qui demandait la soumission de la justice aux besoins supposés de la police...ceci est une attaque extrêmement grave contre la république ; si elle impose de penser au 6 février 1934, il convient de noter deux différences importantes :
- il n’y a pas eu de morts
- les policiers présents n’ont pas du tout le même rôle dans les deux cas.

2-la dictature n’est pas terroriste, en tous cas pas physiquement terroriste, certes la répression du mouvement des gilets jaunes qui n’étaient-malheureusement- que quelques centaines de milliers a produit plus de morts que celle de mai 68 et de ses dix millions de grévistes, mais quand la liberté d’opinion est menacée il est encore possible de porter plainte devant les tribunaux de la république.

tout ce qui précède n’a pas pour objectif de nier les attaques de plus en plus graves, de plus en plus fortes sur les libertés publiques, mon objectif est de chercher à les définir au plus près de ce qu’elles sont réellement.
et de ce point de vue, elles sont, comme les attaques fascistes du 20ème siècle des offensives contre la démocratie, contre la république, cela n’est pas discutable.

j’en viens à la troisième différence, celle qui est à mes yeux la plus importante, les différences quantitatives et qualitatives entre le capitalisme des années 1920 et celui des années 2020.
Notons d’abord qu’en France en tous cas les XIXème et XXème siècle sont marqués par des oscillations nombreuses entre république, démocratie d’une part et pouvoir de l’argent d’autre part, cela commence avec Bonaparte, puis la restauration, puis 1830, 1848, le second empire, la commune, sa répression, la 3ème république, la rivalité avec l’Allemagne émergente, 1936, Pétain, la IVème république, De Gaulle etc...tout se passe comme s’i il avait existé, au moins dans notre pays un genre de compromis implicite entre capital, et république. Ce qui n’est plus le cas. Notons aussi qu’au XXème siècle le capital mondial n’est pas unifié : le fascisme s’installe en Allemagne, en Italie avec la participation du grand Capital, comme on dit ; Pétain profite de la défaite pour l’installer en France. Ni la Grande Bretagne, ni les USA ne l’adoptent et les très grandes qualités politiques de Churchill, de Roosevelt ne font ni de l’un ni de l’autre un adversaire du capital.
Toujours est il qu’il me semble important de noter que ces oscillations ont cessé depuis quelques décennies, je ne sais pas exactement quand (et j’aimerai bien le savoir) mais je note qu’en 2008 quand Monsieur Paulson, président de Goldman SACHS et secrétaire d’état au trésor de Monsieur Bush, décide de liquider son principal concurrent LEHMAN brothers en lui refusant le prêt demandé, d’une il entraine la planète dans une crise économique majeure, et de deux personne ou presque ne lui demande sérieusement de comptes. Il est clair que nous ne sommes plus dans le compromis ; le capital s’estime assez fort pour utiliser les moyens de l’état "démocratique" pour ses intérêts propres et CONTRE les intérêts de la planète entière, (il m’est arrivé de penser qu’Al Capone lui même n’a jamais rêvé une telle situation !).
ce qui est clair c’est que cela a été possible parce que la puissance de Goldman Sachs, presente et influente dans de nombreux pays de la planète, le permettait.
je pense qu’il est important de percevoir clairement cette évolution QUANTITATIVE du capital, combien de sociétés, ou groupes de sociétés ont de chiffres d’affaires qui dépassent les budgets de combien de pays de la planète ????

une des conséquences de ce changement d’échelle, c’est que les moyens disponibles ne sont pas les mêmes, Hitler à eu besoin de l’argent d’Henry Ford pour arriver au pouvoir, Monsieur Paulson a utilisé l’argent des citoyens des USA et de la planète pour régler ses problèmes de concurrence.
Ces immenses masses d’argent permettent aussi de mettre en œuvre des moyens de domination plus affinés. Ce fut le travail des SA d’abord puis des SS d’assurer l’ordre social au prix d’une violence terroriste ouverte, aujourd’hui la violence, toujours nécessaire à la domination d’une minorité sur une majorité disposant de plus de moyen est beaucoup plus subtile et beaucoup plus intellectuelle et psychique que physique (même si la violence physique est toujours prête à être utilisée).

C’est pour cela que je m’autorise à utiliser une petite sonnette et à dire, avec Céline, méfions nous des mots.
Il est clair que les objectifs sont les mêmes : le maintien de la dictature du capital contre la volonté et les intérêts du plus grand nombre et la destruction de ce qui s’y oppose : au premier chef en France la République, dont la destruction EST BIEN AVANCEE,
les objectifs sont les mêmes, mais les moyens utilisés sont différents, je ne prétends pas en faire le tour ici, je veux dire que les enjeux exigent de nous de ne pas céder à la facilité.


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