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jeudi 15 février 2007
par  Laurent Tarillon

IL FAUT REVOIR LE TEMPS DE TRAVAIL DES ENSEIGNANTS !

Actuellement, le temps de travail d’un enseignant de collège ou de lycée est de 18 heures par semaine. C’est, pour les professeurs certifiés, le seul élément fixe et clair relatif au temps de travail qui leur est demandé. Il a été fixé par un décret datant de 1950. Rendez-vous (...)

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lundi 26 mars 2007 à 15h39 - par  VMi

Je ne peux m’empécher de réagir à cet article. En espérant apporter de la valeur sur le sujet.

1) Le temps de travail

J’avoue avoir du mal à comprendre pourquoi les enseignants se justifient en permanence de ne pas faire autant d’heures théoriques que beaucoup d’autres professions... Etant fils de professeur et côtoyant quelques enseignants, je sais que c’est un métier qui demande plus d’heures que les heures passées à l’école, au collège, au lycée.

Ceci étant, j’ai encore plus de mal à entendre que loin de critiquer les horaires des professeurs, il faut les plaindre.

Compter 1,5 heures me semble délicat. Combien d’enseignants font plus en s’impliquant bénévolement dans des associations d’aide aux élèves ? Combien d’enseignants font moins ? Pour avoir une vision concrète de la situation, combien sont prêts à être contrôlés sérieusement (et pas pendant deux heures en cours en étant averti un mois à l’avance) ?

Soit. Admettons que les enseignants travaillent de nombreuses heures.
Il s’agit donc de comparer avec le monde du privé. Je vais parler de mon cas personnel, loin d’être isolé dans mon domaine et dans mes connaissances et probablement loin d’être le plus mal loti.
Je ne travaille pas sur le mode "qui passe du temps au travail est performant" et je suis rémunéré "à la tâche et non au temps". J’ai pourtant rarement réalisé moins de 40 heures par semaine, étant officiellement rémunéré 36h40. Ces heures supplémentaires n’ont jamais été rémunérées, jamais été reconnues... et pourtant, jamais été médiatisées ou débattues.

Que dire des commerçants (ceux qui sont cadres. Les autres ne nous intéressent pas dans le cas présent) travaillant du lundi au samedi du matin au soir ?
Et je sais que ça n’a rien à voir mais que dire des bac+3 ou plus qui se retrouvent "en équipe" ? Je sais, travailler à la chaîne présente l’intérêt de ne pas continuer à penser à son travail en rentrant à la maison (le soir, le matin, ou la nuit, selon la semaine). Je n’ai travaillé en équipe que pendant 1 mois dans ma vie. Je souhaiterais que tout le monde connaisse cette expérience.

2) La rémunération, le pouvoir d’achat, la suite...

J’ai toujours du mal avec les documents présentant de beaux chiffres. S’il faut jouer avec les chiffres, pourquoi n’apparaissent pas dans le calcul des rémunérations les diverses primes qui peuvent être accordées aux enseignants ?

Ceci dit, et ici encore, ce n’est pas tant la revendication d’un meilleur salaire que la crédibilité de la comparaison avec le monde du privé qui me pousse à réagir.

Sur la comparaison avec le Smic, je ne peux qu’adhérer à la remarque. Moi aussi, dans mon domaine, j’attends avec impatience de voir la hausse promise du Smic par les politiques de tous bords pour voir tous les débutants toucher une augmentation inespérée.

En ce qui me concerne, je ne peux envisager de réévaluation de mon salaire qu’en prenant la décision de changer d’employeur. C’est loin d’être simple de prendre un tel risque. Nulle mention n’est faite dans ce texte de la sécurité de l’emploi. Certes, c’est aussi un risque en ce sens que si cet emploi n’est pas à la hauteur des espérances, il est probablement difficile d’envisager une reconversion. A l’heure actuelle, je suis quand même convaincu que c’est une notion qui doit être prise en compte.

Sur la forme, enfin, je ne peux pas laisser passer la phrase suivante : "Nous sommes nettement en dessous de la moyenne des cadres du privé comme du public (qu’on nous prouve le contraire)."
Manger des nouilles au beurre est cancérigène (qu’on nous prouve le contraire)... J’attends avec impatience les preuves !

3) Le reste : ce dont il n’est pas fait mention dans ce texte.

Un sujet tout autant litigieux : la retraite. Nulle mention n’est faite du régime de retraite de l’enseignement.
Pour ma part, je vais cotiser toute ma vie (professionnelle) mais je suis loin d’être sûr de pouvoir un jour toucher une retraite. Je pense que ce point doit aussi être pris en compte lorsqu’il s’agit de comparer enseignement et privé. Je comprends d’autant moins les revendications du type "salariés du privé, soutenez les revendications des enseignants pour le maintien de leur régime de retraite".

C’est loin d’être LE sujet que j’aurais mis en avant à l’heure actuelle.

Pourquoi n’entend-on jamais (ou très rarement, ou alors je regarde jamais au bon endroit au bon moment) de revendication sur la reconnaissance des enseignants ?
En quelques décennies, le statut d’enseignant a été régulièrement décrédibilisé, détérioré et déresponsabilisé.
Tous les enseignants conseillent un redoublement de l’élève, ses parents s’y opposent. A qui donne-t-on raison ? Aux professionnels expérimentés, experts sur le sujet ? Non.
Un enseignant est mauvais, un autre est exceptionnel. L’un des deux va-t-il être aidé à s’améliorer et l’autre félicité ? Non.
Un enseignant subit des comportements violents. Va-t-il recevoir le soutien de sa hiérarchie ? A ma connaissance, pas toujours... pour rester optimiste.
La hiérarchie des enseignants est-elle responsable ? Leur donne-t-elle les moyens de réussir leur mission ? Je n’en suis pas convaincu. J’en suis même loin.
Vaut-il mieux 80% de réussite à un bac sans valeur ou 50 à 60% à un véritable diplôme valorisant et des formations adaptées (loin d’être dévalorisantes, par ailleurs) aux 40 à 50% restant ?
Est-ce utile de laisser tous les étudiants en bio (psycho/math/sport... la liste semble longue) faire 3 ans de fac, avant 10 ans de chômage et de se réorienter ?
Est-ce normal de laisser rentrer en 6e des élèves qui ne savent pas lire et à peine compter ?

Pourquoi ne parle-t-on pas de la formation des enseignants ?

Pourquoi ne parle-t-on pas des moyens qui devraient être mis à contribution des enseignants pour ne plus envoyer énormément de jeunes sur des voies ne menant nul part ?

Pourquoi ne parle-t-on pas (plus) de la situation des contractuels de l’éducation nationale ? De la situation des jeunes enseignants ?

4) Concluons

En premier lieu, j’ai pour habitude de na pas répondre à ce genre de texte qui, en s’appuyant sur des chiffres nous explique ce qu’il faut penser. D’autres courants politiques les utilisent à foison pour démontrer, par exemple, que "2 millions de chômeurs = 2 millions d’immigrés"...

Ensuite, je pense que le débat est biaisé. La question est très complexe, très vaste mais je pense qu’il a été fait abstraction de bon nombre d’informations liées à ce sujet dans le texte d’origine. En particulier lorsqu’il s’agit de chercher à comparer enseignement et "les cadres du privé".

Je pense aussi que ce débat est déplacé.
A la fois parce que je trouve déplacé de venir se plaindre sans connaître la situation ailleurs.
Aussi parce que je ne comprends pas pourquoi chercher à placer le débat dans cette direction alors que d’autres réflexions me paraissent autrement plus urgentes à mener et tardives à être amenées.

VMi


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