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lundi 7 mai 2007
par  Jean-Christophe Frachet

Le cycle d’Epinay est terminé

Le peuple souverain a voté. Il a élu Nicolas Sarkozy qui va donc faire ses réformes ultra-libérales. Sale temps pour les citoyens en difficulté bénéficiant de la solidarité nationale et des services publics. On ne peut que regretter que, malgré les perspectives de renouveau, la candidate de la (...)

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dimanche 13 mai 2007 à 11h41 - par  Jacques LEMARCHAND

Tu as parfaitement raison, Jean-Christophe. La perspective ouverte par Epinay s’est refermée. Plus aucune ligne de force ne soutend aujourd’hui nos débats ni nos actes. Nous avons usé jusqu’à la corde le corps de doctrine né au début des années 70, qui avait permis de mobiliser la gauche et de proposer une alliance au peuple français avec un centre de gravité nettement situé à gauche.

Aucune idée neuve, aucune réelle alternative intellectuelle n’est sortie de la bouche de Mme Ségolène, ou n’est venue étayer les raisons d’une candidature qui reste avant tout marketing, ou tout au moins - on le sait à présent - liée à des motifs personnels forts. Quelle vacuité !

La gauche est un désert. Que ce soit dans la fuite de Jospin, ou la volonté de s’incruster de la candidate battue, c’est la même absence d’idée force, la même façon de courir après des thèmes de droite (travail, famille, patrie, il n’est même pas besoin de caricaturer, ils ont été énoncés tels quels), la même posture maladroite (éthymologiquement), la même tentative désespérée d’exister sans une once de contact réel avec le peuple, sans aucune résonnance populaire en dehors de meetings frelatés, sans aucun écho réel dans le pays.

Disons le tout net, l’écho, c’est le tarzan des banlieues riches qui l’a recueilli. Il a ramassé un pouvoir dont personne ne savait vraiment que faire quand il le détenait par défaut des électeurs et des votes issus du billard des urnes depuis 10 ou 15 ans. Gauche people ou droite classique.

Lui, hélas, sait parler au peuple. Non qu’il ait du contenu, mais faute de thèmes consistants à gauche, il impose les siens, tout au long d’une campagne qui s’est faite autour de son programme, de ses mots, de ses actes, de ses mimiques, de ses coups de menton, y compris autour de la crainte qu’ils inspirent.

Il est la réplique de 1981. Rappelons nous comment les débats d’alors tournaient autour du programme commun, et comment aujourd’hui, ils sont concentrés sur les conneries du type revalorisation du travail, abaissement des coûts, sécurité, concurrence, sommeil long ou sommeil court, activisme affairiste, etc ...Bref, la république des boutiques.

Une campagne, de la même façon qu’un débat, une négociation, ou une bataille, se gagne par la capacité qu’on a de provoquer l’adversaire, de l’amener là où il va faire étalage de ses insuffisances, de ses faiblesses, de ses archaIsmes, par le talent qu’on a de l’attirer là où l’on a la supériorité des armes, et par la volonté de repérer et de préparer les embuscades qui vont permettre de faire basculer l’opinion, de faire levier.

A gauche, on a mené une campagne de type fleur au fusil, face à un adversaire qui avait tout préparé. C’est criminel quand on est responsable de l’espoir de tout un peuple, face à celui qui, lui, n’incarne que la rancune, la morgue ou la ruse des possédants.

Qui parle encore en ces termes crus, au delà de la gentille Mme Royal qui, dans un débat où on l’a trouvé plutôt bonne, n’a pourtant rien trouvé à dire à un Sarkozy qui lui reprochait de perdre son sang-froid.

Et lui, il ne l’a pas perdu à Argenteuil, son sang-froid, quand il a parlé d’appliquer à la banlieue un traitement de nettoyage pressurisé au moyen d’instruments qui ressemblent à s’y méprendre à des baïonnettes à répétition ? Mais qui le lui dira en face ? Qui le lui dira au bon moment ? Qui l’arrêtera, cet apprenti dictateur qui, comme tous les dictateurs, naît d’abord de la faiblesse, de l’inexistence, de la dispersion et de l’irrésolution de ses adversaires ?

Ah Mitterrand, où es tu ?, avec ce mordant, cette dent dure, cette capacité à renvoyer la balle et l’adversaire dans les cordes, avec froideur, détermination et même humour parfois. Rappelons nous combien le "petit télégraphiste" avait touché les auditeurs et téléspectateurs, pour désigner un Giscard d’Estaing minable, servile, abaissé, bref, européen déjà.

On ne pouvait pas faire ça avec Mossieur Sarkozy ? Moi je crois qu’il se serait régalé, le Tonton. Il n’en aurait fait qu’une bouchée, du César de Bauveau. Mais il avait du talent, lui, même si je ne reprends pas tout le contenu de ses septennats à mon compte, et même si je me reconnais, moi aussi, un droit d’inventaire.

Et l’Europe, que ne l’a t-on au minimum utilisée comme levier, ce formidable bras qui avait fait basculer le vote autour du TCE ? Qui avait retouné l’opinion. Qui avait culbuté les élites bien pensantes ? Bref, qui avait fait se lever le peuple.

Mais non, trop facile, trop peu dans le sens du vent, trop peu politiquement correct, trop vulgaire sans doute ...

Mme Ségolène, je vous traduis devant le tribunal de la Gauche pour impréparation, atteinte au moral du peuple et capitulation mentale devant l’ennemi de classe. Vous étiez aussi forte en gueule que Joffre avant la Marne, mais aussi peu prête que Gamelin face à Hitler. Rien de surprenant à ce que cela se termine comme Bazaine claquemuré dans Metz, obligeant l’Empereur chef de l’Etat à la rédition.

Je vous vois encore , au soir de la bataille, tentée, vous aussi, d’échapper aux évènements, vous enfermant, vous pavanant sur les toits de la forteresse Solférino, souriant niaisement à vos groupies ensorcelés.

Il va maintenant falloir affronter le peuple et sa déroute, que vos conseillers en marketing et en paillettes, tels les Weygand de 1940 dansant sur le volcan, devraient pourtant vous inciter à méditer.


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