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lundi 14 novembre 2005
par  Yann Fiévet

LA FACE CACHEE DU BLAIRISME

L’honnête citoyen est maintes fois confronté à l’incongru. Récemment encore, il n’en crut pas ses oreilles en entendant des hommes de gauche louanger les bienfaits de la politique de M. Anthony Blair. Ici, par surcroît, l’incongruité est double puisqu’il (...)

En réponse à...

dimanche 9 juillet 2006 à 03h29

Monsieur,

Pardonnez si vous le voulez bien ma réponse tardive - de retour au beau pays la rage qui bouillait en moi depuis deux ans s’est quelque peu calmée. Elle ne manque pas de se ranimer lorsque j’entend Mme Royale et certains autres vanter le blairisme, ou les idées libérales d’une certaine bourgeoisie insouciante, cupide et étroite d’esprit.

Le tableau que j’ai à peindre de Londres et de sa banlieue (privilégiée) n’est pas rose. Par où commencer ? Les gens. Ce n’est pas mon intention de faire du stéréotypage contre les britanniques mais force est de constater leur philistinisme marqué, d’où, peut-être, leur méfiance à l’égard non seulement des intellectuels mais aussi de ceux qui se revendiquent de "gauche". Quand on se refuse à toute vie intellectuelle, quand on cherche à enfouir son esprit sous les valeurs superficielles qui sont celles de l’économie de marché et de la société de divertissement, les questions d’ordre social ne se posent pas et ne doivent pas se poser, d’autant plus qu’on s’appuie sur le "volontariat" des étudiants (bourgeois) - je n’appellerai pas ça du travail social - qui agissent non tant par altruisme que par souci tout à fait compréhensible d’améliorer leur curricula vitae dans un environnement ultra-compétitif.

La marginalisation des intellectuels par la bourgeoisie ne date pas d’hier. A vrai dire la bourgeoisie londonienne, et je pense notamment à celle de la BBC, dernier vrai bastion du service public britannique, a ses propres intellectuels, des personnes qui en général invoquent l’érosion des valeurs "traditionnelles" comme la cause de tous les ennuis, que ce soit les problèmes liés à intégration, à la pauvreté etc. Cet argument de la droite est bien connu, et si je puis dire l’un des plus fondés même si un minimum de culture générale indique au contraire que la tradition n’existe plus, qu’il appartient désormais à chacun de trouver sa propre voie spirituelle. Est fanatique toute action qui tend à imposer une certaine relation à l’être (à Dieu) aux autres, au nom de la vérité. Il y a là deux maux, le premier mal étant cette certitude d’avoir trouvé la vérité, l’être absolu ou encore le sens de la vie - comme l’a démontré Karl Jaspers une telle certitude est mal fondée puisqu’en tant qu’humains nous pensons uniquement par objectivisation, ce qui rend impossible la connaissance de "l’englobant" (Das Umgreifende) c’est à dire cette réalité qui nous englobe, nous sujets.

Notre essence spirituel ne peut être reniée complètement - la vie elle-même nous l’interdit, et le divertissement n’est pas bonne cure contre les tragédies de la vie. De même l’alcool. Alors le système encourage le "religieux", le rattachement à l’une des grandes religions universelles. D’autres cultes plus mineurs, la scientologie entre autres, fournissent également d’excellentes échappatoires au train train de la vie productive sans âme. Mais cette "religiosité" ou "spiritualité" est, en vérité, toute fausse puisqu’elle se fonde elle aussi sur la passivité de l’esprit. En effet, c’est cette passivité même qui permet son existence, qui offre le "temps de cerveau disponible" à la thérapie de groupe. En un mot, le domaine spirituel, celui de la relation à Dieu ou à la vérité ou à l’absolu (le terme ici importe peu), est entré dans le domaine du consommable. On va au culte comme on va au cinéma pour se divertir, sauf que dans le culte l’objet est le soi et non pas le "hors de soi" (car être diverti c’est vivre hors de soi).

Pour nous sauver d’un tel destin je ne vois qu’une seule voie valable ; celle de la moralité. J’y inclue les valeurs humanistes chères aux Lumières, mais aussi aux grands prophètes de l’Histoire, leur contexte historique nonobstant. Comme l’a dit Kant, agir librement c’est agir dans le respect des principes moraux qui, sans aucun doute, ne se laissent pas saisir sans l’esprit philosophique du questionnement perpétuel, du désir de connaissance sans superstition, de l’humilité intellectuelle face aux limites évidentes du connaissable (qui par la même invitent à la foie en quelque force transcendante). Pratiquement il s’agit de bannir des instances « démocratiques » ceux qui n’ont pas cet esprit ; ceux qui, de surcroît, se laissent régir par leur convoitise : celle du pouvoir politique.


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