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lundi 14 novembre 2005
par  Yann Fiévet

LA FACE CACHEE DU BLAIRISME

L’honnête citoyen est maintes fois confronté à l’incongru. Récemment encore, il n’en crut pas ses oreilles en entendant des hommes de gauche louanger les bienfaits de la politique de M. Anthony Blair. Ici, par surcroît, l’incongruité est double puisqu’il (...)

En réponse à...

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lundi 10 juillet 2006 à 20h13 - par  JudgeRomer

Monsieur,
Pardonnez si vous le voulez bien ma réponse tardive - de retour au pays la colère que j’ai dû contenir pendant deux ans s’est quelque peu éteinte.

Le tableau que j’ai à peindre de Londres et de sa banlieue n’est pas rose même si je reconnais certains points forts de cette culture. Je ne tiens pas à stéréotyper les Anglais mais force est de constater leur philistinisme marqué, qui se caractérise par une méfiance à l’égard non seulement des intellectuels mais aussi de ceux qui sont "engagés". Car on n’aime pas ceux qui se dressent contre les intérêts de la classe dominante, surtout lorsque ils y appartiennent - ce ne sont pas moins des traîtres. L’un des non-dits les plus influents et décisifs est cette supposition que le bien-être de la classe dominante (la classe moyenne certes, mais parlons plutôt de la haute classe moyenne) équivaut au bien-être de toute la population ou, plus précisément, que le bien-être de la population entière est entre les mains de cette même classe dominante. Je ne démentirai pas ce présupposé puisque dans les faits elle est largement vérifiée. Mais c’est l’absence de critique, ou même d’observation de cet état des choses qui me trouble - car tout conduirait à penser que cet état des choses est "naturel" et c’est ce manque de questionnement que je trouve dérangeant. En effet mon propos est que cette absence de mise en cause décèle la réalité de l’exploitation d’une classe majoritaire non unifiée par une classe minoritaire fort bien organisée et puissante (les deux vont de paire). Cette dernière détient le pouvoir médiatique et donc ses représentations du monde deviennent représentation collective, représentation à laquelle se rattache la société entière.

Il convient alors de regarder la tenue morale de cette élite. Par "tenue morale" je fais référence à la conception platonique de la moralité, à savoir celle du règne de la raison sur la passion et les désirs. Or j’ai noté un manque d’aspiration à s’élever au dessus des satisfactions immédiates offertes par la société de consommation et le divertissement. En somme, l’idée de la Bonne Vie serait d’avoir un boulot rémunératif, de préférence dans les services, lequel permettrait un pouvoir d’achat conséquent pour acheter biens et divertissement. Jusque là rien de bien extraordinaire. Cependant il me semble que cette conception comporte un vide essentiel : celui de la vie spirituelle. Le Gouvernement anglais l’a bien compris, ainsi que les entrepeneurs religieux : le vide spirituel laissé par une vie productive et consommatrice sans âme est la cause à mon avis d’un retour du religieux, entendu au sens ’culte’ puisque le religieux n’a plus de réelle signification communautaire. En un mot, le domaine du spirituel, de la relation à Dieu, est lui aussi entré dans le domaine du consommable.

Les traits que j’ai ici décrits ne sont pas étrangers à la France. Seulement il y a des facteurs unitaires en France que je ne retrouve pas au Royaume-Uni : l’idée de la République avec ses valeurs laîques et humanistes a une portée symbolique inclusive - toute la sociéte, chaque individu est membre de cette République. Le Royaume-Uni n’a pas de tel idéal - son idéal est même anti-républicain et discriminatoire, le choix ayant été fait d’une monarchie consitutionnelle.

Les candidats Sarkosy et Royale manquent cruellement de moralité à mon goût. Tous deux ont avoué, même vanté, leur passion pour la "politique" (et non la République) et, par la même, leur passion pour le pouvoir. Autre point commun : tous deux jouent sur le terrain des valeurs éphemères, de la gloire, de l’argent, de la force brute (par exemple en matière de sécurité). Mon propos est que c’est l’approbation par la population de ce type de discours qui mène à ce dont j’ai été témoin en Angleterre ; une société fragmentée, endettée, inégalitaire et en crise spirituellement. En effet, ce type de système tend à nier l’esprit de création et de connaissance pour favoriser l’esprit consommateur (et donc destructeur) et, par réaction à une vie spirituelle en crise, célèbre le culte de la personnalité et l’accumulation matérielle sans fin.

Site web : Utopie

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