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Edito: EUROPE! EUROPE? QUELLE EUROPE? Par João Silveirinho
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Edito: EUROPE! EUROPE? QUELLE EUROPE?
Par João Silveirinho

L’approche des élections européennes, la menace qui pèse sur les peuples européens d’être embarqués dans une « constitution Giscard » sans même avoir à se prononcer focalisent évidemment l’attention.
Permettez une incidente avant d’entrer dans du plus gras : un grand merci, une fois n’est pas coutume, à Tony Blair. Sa décision de soumettre la constitution à référendum nous ouvre deux possibilités : la première est que cela incite Jacques Chirac à tenir sa promesse en faisant de même ici, mais on connaît la répugnance constante que manifeste ledit Chirac à tenir quelque promesse que ce soit, et la seconde est un échec probable (disons plutôt possible, restons prudents) d’un tel référendum en Grande –Bretagne, ce qui renverrait la constitution aux calendes grecques, estoniennes ou tout ce que vous voudrez.
L’élection européenne qui s’annonce ouvrait de réelles perspectives pour une liste de gauche clairement opposée à l’Europe libérale et au projet de constitution. Nous savons aujourd’hui que cela ne se fera pas. Le Parti Communiste a préféré le partenariat avec la mouvance dite « Alternative citoyenne », qui se réclame du mouvement social mais n’est en fait pas cautionnée, pour des raisons diverses, par les plus puissantes organisations, syndicales ou associatives, de ce mouvement à celle avec le MRC. Il faut cependant reconnaître que la direction du PC aurait bien pris les deux, mais les « alters » en ont fait un casus belli : c’est eux ou nous. Reconnaissons aussi que le MRC paye là, une fois de plus, la ligne « au dessus de la droite et la gauche », à laquelle son inspirateur n’a de fait pas vraiment renoncé, et l’ineffable bêtise de cette consigne de vote blanc ou nul dans les régions où il n’était pas présent lors des récentes élections régionales. Nos petits camarades « alters » ne se sont pas fait faute de le rappeler aux émissaires MRC, en rajoutant une louche, pas vraiment du meilleur goût sur l’image scrongneugneu de Jean-Pierre Chevènement. Ce dernier, après le score décevant obtenu en Franche-Comté, n’attirait guère le PC, qui en pinçait plutôt pour Sami Nair. Mais n’entrons pas dans les détails de ces belles histoires sentimentales.
Qui plus est, depuis, les cadres fédéraux du PC ont, dans une majorité de cas, fait savoir qu’ils préféraient tout compte fait se débrouiller tout seuls. Bref, sauf miracle, mais nous sommes agnostiques, la gauche antilibérale partira dispersée à la bataille. Une partie restera même à quai, car le MRC, finalement, sera aux abonnés absents.
Dans le camp anti-libéral, la question européenne fait cela dit débat. Si tout le monde refuse la « constitution Giscard », d’aucuns accepteraient une constitution « sociale ». Si Sami Nair (MRC) développe une conception intéressante de l’Europe-puissance, à partir de l’axe franco-allemand (mais, Sami, comment devenir une Europe-puissance sans des institutions qui à un moment ou à un autre devraient s’appuyer sur un accord de type constituant ?), Francis Wurtz (PC) la réfute, lui aussi avec des arguments pertinents (mais, Francis, comment faire contrepoids aux Etats-Unis sans recourir à une notion de puissance ?). Si Georges Sarre (MRC) se méfie de tout traité et veut en détricoter quelques –uns, Jean-Christophe Bonté (CGR) voit d’un œil favorable un traité social, à l’instar d’ailleurs des minoritaires du PS. Bref, la gauche anti-libérale n’a pas assez travaillé le dossier européen, hors quelques petits cénacles qui se sont bien gardés de mettre leurs réflexions à disposition des laborieuses masses militantes. Quand cessera-t-on, au fait, de ne les considérer que comme des machines à distribuer des tracts ? Elles finissent par fatiguer, vous savez, surtout quand elles ne sont payées ni de l’argent qu’elles ne demandent pas, ni de la reconnaissance qui serait la moindre des choses, et qu’elles savent, elles, qu’elles sont capables de bien d’autres choses.
Bref, ces élections européennes qui étaient une chance à saisir pour rééquilibrer la gauche risquent d’être, sur ce point, décevantes
Le Cactus Républicain ne s’exonère pas des critiques précédentes. Nous avons certes publié, dans plusieurs numéros précédents, des articles sur l’Europe, que ce soit dans notre rubrique La Ligne ou par des contributions. Ne manquons pas à ce sujet de faire la pub’ de notre site www.cactus-republicain.org, où vous retrouverez ces textes. Mais on aurait pu faire mieux et plus. D’ailleurs, on va s’y coller dans les mois à venir.