L’élection européenne passée, et bien mal passée, ce sont trois années électoralement vierges qui s’annoncent tant les sénatoriales de septembre ou des partielles de ci de là ne culbuteront guère la vie politique.
Trois années pour tenter de construire une gauche diverse et antilibérale. Trois années pour constituer, à gauche, une alternative aux socio-libéraux majoritaires, actuellement, au parti socialiste. Certains choisiront peut-être un débat interne au PS. C’est ce que semble faire l’Association pour la Gauche Républicaine, c’est ce que prétendent faire les amis de Jean-Luc Mélenchon et d’Henri Emmanuelli. S’il est vrai qu’il existe des « anti-libéraux sincères » au PS, nous ne sommes pas certains que le débat interne ouvre tant de perspectives, quand un tout autre combat, celui des prétendants aux élections présidentielles, sans merci, risque fort d’occulter tout le reste.
D’autres peuvent envisager un bout de chemin avec le parti communiste, convalescent pour les uns, à peine stabilisé pour les autres. Nous pensons, et l’avons écrit récemment aux moment des élections européennes, que le PC est incontournable dans une construction antilibérale. Les autres composantes, nous n’osons pas dire forces, pas encore en tout cas, sont plus dispersées que jamais, ce qui confine à la performance. L’extrême-gauche revient à un étiage électoral plus proche de sa tradition, la mouvance dite alternative, tout court ou citoyenne, a pu récolter quelques élus régionaux aux basques du PC, mais hésite entre une certaine forme de gauchisme et des clarifications qui nous semblent nécessaires. Le camp dit de la « gauche républicaine » part en torche : son navire amiral, le MRC (à peine un aviso, en vérité) sombre dans le ridicule de vagues d’exclusions, et si de multiples initiatives existent, elles demeurent, pour l’heure et pour la plupart, très individualisées.
Dans ce magma, où paradoxalement les idées et les bonnes volontés ne manquent pas, nous allons continuer notre chemin, si possible à la croisée des autres. Nous continuerons chaque mois de proposer idées et analyses, nous programmerons des rencontres et débats. Mais nous allons nous investir beaucoup plus directement dans le champ politique. Avec d’autres, sans doute, sans autre exclusive que la volonté partagée de contribuer à la construction d’une gauche tournant clairement le dos au libéralisme. Nous allons interpeller les partis, faire des campagnes, à la mesure bien sur de nos moyens, dégager des thématiques à partir de nos acquis qui ne sont pas, tout compte fait, si négligeables dans la torpeur actuelle des partis institutionnalisés. Si le cœur (et la tête) vous en dit, bienvenue.
En attendant, dans ce numéro, deux nouveaux contributeurs, Jean-Philippe Brunet à propos d’une astucieuse proposition anti-délocalisations et Jean-René Peltier, sur l’éducation nationale. Comme d’habitude, Jean-Michel Hureau râle et Mick et Paule font Boum-Boum, sur les débats télé et MM. Barnier et DSK cette fois. Et pour commencer, João Silveirinho poursuit son voyage dans les rapports entre culture et politique. Bonnes lectures !