Après les déclarations désopilantes de Lucky Luc sur le privé, c’est maintenant Xavier Darcos, ministre délégué à l’Enseignement scolaire, qui donne dans le comique : il est pour le retour au vouvoiement et au port de l’uniforme ! Il se propose aussi de faire chuter la violence à l’école de moitié en 5 ans.
Il est évident que le vouvoiement restaurerait un climat de confiance entre le maître et l’élève, qui ainsi, pourrait apprendre mieux ! Quant à l’uniforme, dont l’objectif serait de gommer les différences sociales, je vous parlerais de mon expérience. En Amérique Latine, le port de l’uniforme est généralisé avec pour but, celui affiché par le perspicace Xavier. Au Chili, chaque école a le sien, et on reconnaît à la qualité du tissu et à l’élégance du vêtement, le gamin qui vient d’un lycée privé huppé ou celui qui vient d’une école publique.Au Venezuela, où je dirigeais le secondaire, il m’a été impossible d’imposer le port de l’uniforme aux enfants français. Et je souhaite bien du plaisir aux directeurs d’école. En fait, le meilleur uniforme est celui qui est porté aujourd’hui : jeans et tee-shirt. Et puis, pour la violence, y a qu’à appeler Sarko Le Spécialiste ! Bon Dieu, mais c’est bien sûr ! Alors plutôt que de délirer avec des raisonnements par l’absurde, nos soi-disant responsables feraient mieux de s’attacher aux vrais problèmes de l’École. Où alors, plutôt que Darcos, on a qu’à appeler Devos à l’Éducation parce que lui, l’absurde, ça le connaît. Mais au moins, il le fait exprès et ça nous fait rire !

Depuis des décennies, on trimbale l’École de réforme en réforme et de programmes en programmes. Cependant, rien ne change vraiment. Après la convulsion de 68, vînt la réaction. Puis la révolutionnaire réforme Haby a accouché d’une souris. J’Ose Point a observé. Langue n’a fait que parler. Lucky Luc fait dans l’humour noir, en privé et en public. Tous n’ont fait que se livrer à des dérives pédagogistes, voulant placer l’élève au centre du système scolaire ou faire de l’École un lieu de vie. Exception faite à Jean-Pierre Chevènement qui est, sans doute, dans cette multitude de ministres, le seul à avoir énoncé des mots simples mais de bon sens : faire en sorte que les élèves sortent de CM2 en sachant lire, écrire et compter. Ça paraît évident, et pourtant, ça ne l’est pas autant, puisque plus de15 ans après, ces objectifs ne sont pas atteints.
Certes, un élève apprendra mieux s’il se sent bien à l’école. Certes, il est au centre des préoccupations. Mais il ne pourra apprendre bien que si son environnement est propice à son épanouissement. Des parents au chômage ou dans une situation précaire ? Des profs qui ne savent pas de quoi est fait leur lendemain ? Des surveillants, pourtant garants de l’ordre et de la sécurité, toujours plus rares ? On peut toujours réformer. Rien n’y fera si on ne règle pas des problèmes de société plus fondamentaux. Le fameux ascenseur social du Grand Jacquot en 95, il est toujours en panne, ou je me trompe !
L’école ne peut plus supporter les replâtrages. Elle nécessite une reconstruction car elle est, en fait, le véritable ciment de la République.

Recherchant une main d’oeuvre meilleur marché, Levy Strauss n’aura plus d’usines aux Etats-Unis et au Canada. La règle absolue de la mondialisation touche à présent l’hyper-puissance et son flot de chômeurs. Á quand Coca-Cola, Mac Do ou Chevrolet ? En espagnol, on dirait : « Te salió el tiro por la culata ». Traduction littérale : « Le coup est parti par la culasse ». Autrement dit : « Ça t’a pété dans la gueule ! ». Bien fait ! On vous aura prévenu !