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Edito RLB 17
LA LIGNE : LAÏCITE, QUE DE BETISES ECRITES EN TON NOM
LA CONSTITUTION EUROPEENNE ET LA GAUCHE
HONNI SOIT LE FRANCOPHONE !
LES HUMEURS DE JMH


 
LA LIGNE : LAÏCITE, QUE DE BETISES ECRITES EN TON NOM
Par Jean-Luc Gonneau
C’est le dernier débat à la mode. Faut-y une loi sur le voile ou faut-y pas. De jeunes pousses (de moins en moins jeunes tout de même) socialistes, tels J. Dray ou B. Leroux y vont de leur couplet sur la loi sur le voile. Plus mesuré, F. Hollande (mesuré en tout, F. Hollande, un modèle de mesure) parle de loi sur les signes religieux extérieurs. C’est mieux, la mesure paye. La Banquise, c’est bien connu, est réputée pour son haut degré d’ouverture, sauf qu’à gauche quand même, ne poussons pas. La tolérance, nous sommes une ses maisons, comme disait l’autre. Encore que : João Silveirinho est furibard, écoutons-le : « Ils commencent à nous les briser plus que menu, les grenouilles de bénitiers de Jésus, d’Allah, de Yahvé et autres marques. L’évêque qui nous raconte que l’Etat est laïque mais que la société ne l’est pas, T. Ramadan qui s’invite au FSE, mais je parie qu’il n’y dira pas un mot sur la charia ni sur ce qu’il pense de la femme dans son islam, le patron du CRIF qui mélange allègrement antijudaïsme, antisémitisme, antisionisme et antisharonisme, le dalaï lama qui réunit des milliers de gogos payants pour raconter ses fadaises, les scientologues qui ont trouvé la parade imparable contre la drogue : les oeuvres de R. Hubbard plus quelques milliers d’euros versés à la cause. Au Portugal, à l’époque de la « révolution » des œillets, les anarchistes locaux avaient écrit sur les murs : « si dieu existe, c’est son problème, pas le nôtre ». Bien vu, pour une fois, les anars. Bon, d’accord, chacun est libre de se faire entuber par une chapelle. Mais de là à encourager l’entubage, il y a un pas. Laissons les voiles, les kippas, et les cornettes et les robes de chambre, pardon, les soutanes, vont réapparaître. ». Abrégeons, car notre rédac’chef est intarissable sur la question et riche est son vocabulaire blasphématoire. Il est consternant qu’on passe autant de temps autour de ce qui devrait être une évidence : tant à l’école que dans les services publics, aucun signe d’appartenance religieuse, politique ou syndicale ne doit apparaître. Dans la rue, tant que vous voulez, tant pis si des nanas veulent se déguiser an boîte aux lettres, comme dit Charlie Hebdo, ou si des jeunes gens veulent se calotter ou parter des crucifix monumentaux. Silveirinho regrette même l’abandon de la « robe de chambre », comme il dit, et des cornettes, car on n’a plus l’occasion de crier crôa crôa à leur passage, c’est son côté gamin. Continuons sur le couvre chef. La politesse est le premier rempart contre l’incivilité. Et la politesse indique qu’on se découvre devant des tiers. Alors, à l’école, pas de voile ou de kippa, mais pas de casquette ou de bonnet non plus. Et pas de marque ostensible, tant qu’on y est.
Revenons au général. René Rémond, universitaire cul-bénit en retraite, et membre de la commission Stasi qui planche sur le sujet a cafté, horrifié, aux évêques réunis pour leur loya jirga à eux, qu’il avait rencontré des intégristes de la laïcité. Hou la la, quel oxymoron, comme dirait le Che ! Qu’il y ait des anticléricaux virulents, tels l’ami Silveirinho, c’est une chose, mais des intégristes de la laïcité ?
Seraient-ils, ces « intégristes », ceux qui veulent une société laïque, comme le craint l’évêché. C’est bien le moins. Liberté de culte, bien sûr, liberté d’expression, évidemment, mais pas dans l’espace du service public. Et la liberté d’expression vaut aussi pour les athées. Nous nous sommes toujours méfiés de la « laïcité ouverte » prônée par certains à gauche : pas de contenu, attrape-tout vaguement idéologique pour cacher, mal, un attrape-tout électoraliste. Et nous sommes sidérés par le discours de certains verts qui réfutent la laïcité, considérée comme ringarde, pour la remplacer par le « concept » (hin hin) de « société ouverte ». Les Verts sont, officiellement, « mondialistes ». pas internationalistes, mondialistes. Le problème, c’est que dans une optique mondialiste, la différenciation, nécessaire, se fait par le communautarisme, et non par la nation. Ceci implique le remplacement d’une construction politique, la nation, par une construction, finalement, ethno-géographique, la communauté. Ce qui nous ramène quelques siècles en arrière.
Henri Pena-Ruiz, l’un de nos meilleurs philosophes, a publié un excellent ouvrage (La laïcité) que chacun devrait lire, encore qu’il soit possible que le professeur Rémond le range dans la catégorie des intégristes de la laïcité. Pena-Ruiz montre lumineusement l’imbrication presque consubstancielle de la laïcité et de la république. Un modèle de tolérance, de clarté, d’intelligence. Et pour ceux qui s’intéressent au cas particulier du voile (car ce n’est qu’un cas particulier, mais diablement éclairant sur une certaine conception de la condition féminine), on ne peut que conseiller la lecture de Bas les voiles, de Chandortt Djavan, qui sait, intimement, de quoi elle parle.
Capturé par MemoWeb à partir de http://www.cactus-republicain.org/index.php?ID=&Langue=Object&ThemeID=59&RubID=105&InfoID=109  le 16/07/2004