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VENEZUELA : UNE DEMOCRATIE EN DANGER
Par Eric Halphen

Faut-il sauver le soldat Chavez ? Faut-il défendre celui que beaucoup, à gauche comme à droite, à l’intérieur du Venezuela comme à l’extérieur, souhaiteraient de tous leurs vœux voir remplacer ?
La raison de ce souhait est simple : Hugo Chavez, avec son physique de talonneur, sa vitalité et son enthousiasme de jeune homme, son charisme de révolutionnaire, est avant tout un gêneur. Celui que Fidel Castro surnomme « le second diable de l’Amérique Latine » ne pratique guère, c’est un euphémisme, la complaisance à l’égard des Etats-Unis. D’où les critiques émanant des milieux industriels et financiers, pour qui le Président manquerait de finesse voire d’intelligence (serait-il le seul dans ce cas sur le continent américain ?), ne connaîtrait pas forcément les tenants et les aboutissants de l’économie, et gouvernerait en populiste, à la Peron, voire en dictateur.
Il ne faudrait pourtant pas oublier l’état du Venezuela lorsque Chavez, au nez et à la barbe des partis classique de la sociale démocratie et de la droite, est arrivé, par la voie des urnes, au pouvoir. Partant d’une situation, au 19ème siècle, où aucune démocratie n’existait, le pays a ensuite évolué aux mains des producteurs de café puis de pétrole, c'est-à-dire d’une économie de rentiers, au seul bénéfice de la classe la plus privilégiée, et non d’une économie productive. Résultat ? Alors que ce pays grand comme trois fois la France, riche de nombreuses matières premières, et seulement peuplé de 24 millions d’habitants, devrait être capable d’assurer à chacun le minimum vital, 80% des Vénézuéliens vivent sous le seuil de pauvreté en raison, notamment, de l’évasion fiscale et de la corruption.
C’est cette situation que Chavez a tenté d’inverser. S’il est vrai qu’à l’économique il préfère le social, ceux qui ont bénéficié de ses premières mesures sont avant tout les plus défavorisés. Comme plus aucun médecin du pays ne voulait officier dans les barrios, c'est-à-dire les quartiers où vivent, dans des carrés de parpaings non terminés, les démunis, Chavez a réussi à faire venir plus de 6000 médecins cubains, payés 150 dollars par mois pour apporter un peu de santé à ceux qui n’avaient jamais vu un médecin de leur vie, en échange de pétrole à bas prix. De même, les programmes de réforme agraire, les écoles bolivariennes, les plans d’alphabétisation (plan Robinson), sont sur le point de rendre à la population ce qui lui manquait le plus : la dignité.
Enfin, il a introduit dans la constitution des mesures de nature à créer une réelle démocratie participative, une sorte de troisième voie entre capitalisme et communisme. Ainsi ce nouveau droit qui n’existe nulle part en occident : la possibilité pour le peuple de révoquer à mi-mandat tout élu, à condition que 20% des électeurs inscrits le souhaitent et signent, préalable indispensable au référendum révocatoire.
Ce mécanisme a été appliqué ces derniers jours au Venezuela, d’abord contre les députés, puis contre le gouvernement, la semaine dernière. Malheureusement, si toutes les mesures ont été prises pour que la collecte des signatures se passe sans entrave, il semble bien que les opposants aient utilisé tous les moyens dont ils disposaient, en particulier les plus douteux. Des cartes ont ainsi été remises aux signataires, pour faciliter leur embauche future. A l’inverse, certains chefs d’entreprise ont clairement laissé entendre à leurs salariés qu’ils ne feraient plus partie du personnel s’ils n’étaient pas en mesure de présenter la preuve de leur civisme. Dans le même sens, certains hôpitaux ont indiqué qu’ils refuseraient de soigner tous ceux qui ne pourraient pas exhiber la fameuse carte. Comme, à partir du deuxième jour, les signataires de ne se bousculaient plus aux tables de comptage, certains émissaires de l’opposition se sont rendus au domicile d’électeurs inscrits pour recueillir, on imagine dans quelles conditions, leur signature. D’où les manifestations des chavistes, cris aux lèvres et petit livre bleu (la constitution) brandi à bout de bras.
C’est dans ce contexte en tout cas que le président Chavez a pu parler de « mega-fraude ». Le terme est exagéré, sans doute. Mais il peut laisser penser que les services gouvernementaux ont fait preuve, à tout le moins, de naïveté. Ce qui, chacun en conviendra, est très éloigné d’un régime dictatorial.
Si on ne décide pas, maintenant, de soutenir le processus démocratique mis en œuvre au Venezuela, de vrais dictateurs risquent de prendre, prochainement, le pouvoir. Alors oui, sauver le soldat Chavez, c’est soutenir un des rares régimes, en Amérique du Sud, tentant une avancée vers la parfaite démocratie.


Eric Halphen est Président du MARS (Manifeste pour une Alternative Républicaine et Sociale)
Capturé par MemoWeb à partir de http://www.cactus-republicain.org/index.php?ID=&Langue=Object&ThemeID=59&RubID=140&InfoID=461  le 16/07/2004