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Edito : 2003 ANNEE DE TOUS LES DANGERS, UN NUMERO SPECIAL INTERNATIONAL
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LA GAUCHE AUJOURD’HUI, POINT DE VUE 3 : LA GAUCHE ENGLUEE PEUT-ELLE ENCORE PARLER ?
UN ESPOIR POUR LE BRESIL ?
LES ETATS-UNIS EN GUERRE
GRAND REPORTAGE : DU BAS DE CES PYRAMIDES, TANT DE REGARDS SOMBRES SEMBLENT VOUS CONTEMPLER…
LES ENERGIE RENOUVELABLES, UN ENJEU POUR LE DEVELOPPEMENT DU SUD, UN INSTRUMENT CONTRE LA MONDIALISATION FINANCIERE
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UN ESPOIR POUR LE BRESIL ?
Entretien avec Ruy Rodrigues Da Silva - Propos recueillis par João Silveirinho
RlB - Quelques mots sur la popularité de Lula ?
RRDS – Il n’y a jamais eu au Brésil une telle identification entre le peuple et son président, et ceci non seulement auprès des classes populaires, mais aussi auprès des classes moyennes, des intellectuels. Nous sortons d’une situation ou les brésiliens étaient complexés. Ils sont maintenant fiers d’eux-mêmes. C’est aussi la première fois que nous avons un président issu des classes populaires, qui ne soit pas passé par les études supérieures.
RlB – Comment faire vivre cet espoir ?
RRDS – Dès le départ, Lula a proposé un pacte social, en liant un projet commun de société et un programme de gouvernement. Ce projet commun va être précisé par un organisme représentatif de la société civile, d’un peu plus de 80 membres, qui est en train de ce mettre en place, un peu sur le modèle des gouvernements participatifs que la ville de Curitiba et de l’Etat de Rio Grande do Sul. Il s’agit, ce faisant, de consolider notre système démocratique, qui est encore jeune.
Lula a défini les grands axes des réformes qu’il entend conduire. Il y aura bien sûr une réforme agraire pour non seulement favoriser l’agriculture familiale, mais aussi pour réorienter la production vers les besoins intérieurs : c’est un point important de la lutte contre la faim, qui constitue une priorité pour le gouvernement.
L’axe central doit être la politique sociale, la lutte contre les inégalités, qui sont énormes au Brésil. Il faut démontrer que la variable sociale est au moins aussi importante que la variable économique et financière.
D’autre réformes sont nécessaires et urgentes. La réforme de la justice, par exemple : nous devons sortir d’une sorte de justice de classe, peu accessible aux classes populaires. Un autre point épineux est la réforme de la sécurité sociale, dont les déficits sont abyssaux. C’est très difficile à faire, car plus de la moitié de la population active vit dans une économie informelle qui ignore la protection sociale, mais ne cotise pas. Comme partout, les patrons veulent diminuer les charges, et les syndicats maintenir les droits acquis, notamment dans la fonction publique, mais ceci pose un vrai problème d’égalité. D’autre part, l’accès aux soins par exemple, est très mal couvert par la santé publique, malgré des efforts du gouvernement précédent, notamment dans la lutte contre le SIDA, et les classes moyennes et supérieures se sont ruées sur des « plans de santé » privés, qui éloignent encore plus de la médecine publique ceux qui pourraient davantage contribuer à son financement.
Le système participatif doit aussi concourir à une réforme des pratiques politiques. Au brésil, on change de parti politique aussi souvent qu’on change de club de foot-ball, au gré d’intérêts électoralistes immédiats et d’éventuelles prébendes (le Parti des Travailleur est le seul parti qui soit structuré et qui compte vraiment des militants). La lutte contre la corruption doit être renforcée.
RlB – Quels obstacles à ce projet ?
RRDS – Les milieux financiers, nord américains et brésiliens, avaient mené campagne en promettant des désordres importants en cas de victoire de Lula. Mais la passation de pouvoir s’est faite dans le calme. Les mouvements les plus radicaux, tel le Mouvement des paysans Sans Terre, jouent le jeu.
Le problème le plus difficile est celui de la dette extérieure, qui a quadruplé pendant la mandature précédente. Il ya eu une dollarisation de fair de l’économie, qui a laminé la valeur de la monnaie et fait redémarrer l’inflation. Le dollar a été une excuse, facile et fausse, permettant aux entreprises d’augmenter leur prix : « C’est la faute au dollar ». Le gouvernement a commencé une renégociation de la dette. Lula a eu l’intelligence de nommer aux postes économiques sensibles des gens compétents et reconnus comme tels y compris au niveau international.
Mais bien sur, la partie n’est pas gagnée, et les forces de droite restent vigilantes. Un échec serait un immense traumatisme, une sorte de désaveu du peuple par lui-même, tant ce peuple s’identifie aujourd’hui à l’équipe et au projet de son président
Ruy Rodrigues Da Silva a été Secrétaire d’Etat à l’Education et à le Recherche dans les gouvernements des Etats brésiliens de Goias et du Tocantins, avant et après la dictature miliaire pendant laquelle il a été réfugié politique en France
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