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LA LIGNE : QU’EST-CE QUE LA GAUCHE AUJOURD’HUI ? (SUITE)
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LA LIGNE : QU’EST-CE QUE LA GAUCHE AUJOURD’HUI ? (SUITE)
LA GAUCHE EMIETTEE ET LA METHODE
Par J.L Gonneau
Le nombre de parlementaires n’est pas le seul paramètre pour juger de l’influence d’un parti. Si tel était le cas, le parti Socialiste, à gauche, serait le seul parti vraiment important, le reste comptant pour des beurres. Lors des échéances nationales ou locales, le PS, lorsqu’il va seul à la bataille, représente moins de la moitié des suffrages se portant sur les formations se réclamant de la gauche. C’est sensiblement plus que chacun des autres, c’est insuffisant pour concurrencer, tout seul, la droite. D’où le jeu idiot qui prévaut depuis des années : il s’agit de devenir le « meilleur allié » du PS, pour obtenir, par des petits chantages divers, des répartitions avantageuses dans les postes éligibles. Ces derniers temps, les Verts et le Parti Communiste ont été sérieusement en concurrence dans le rôle de la « maîtresse préférée ». Les autres, plus petits donc moins dotés, avaient aussi de gros défauts : le PRG est en ménage depuis si longtemps qu’il a perdu beaucoup de son attrait, le MRC est trop petit et trop raide. Quand à l’extrême-gauche, il ne faut quand même pas pousser : de flirts appuyés, des coucheries boulevardières peut-être, mais pas de mésalliance : le siège du PS est, tout de même, dans le faubourg Saint-Germain.
Bref, la gauche est émiettée, avec une grosse miette et de plus petites. Il faut donc des boulangers pour refaire du bon pain.
On entend ici et là que la gauche manque cruellement d’idées. Pas tant que ça, mais elles sont dispersées, peu cohérentes, même lorsqu’elles émanent d’une même source ( cf certaines des motions du PS), prisonnières d’intérêts boutiquiers plus ou moins chèrement acquis. Une gauche cisaillée par des ambitions individuelles, ce qui n’est pas nouveau, mais quand il manque l’inspiration, un certain talent, éventuel, ne suffit pas. Une gauche où chacun y va de son couplet unitariste, mais propose des chemins divergents, et prétend toujours rassembler autour de soi. Il est vrai que depuis le baiser qui tue de Mitterrand au PC, on y regarde à deux fois avant de considérer les avances du PS, qui est aussi une redoutable machine à absorber, diluer, broyer les idées et les hommes de ses partenaires. Et l’unitarisme communiste « à la base », prêché par son congrès, ne pèse pas lourd quand vient le temps des accords d’appareils. La tentative de J.P. Chevènement , inadaptée aux temps présents, de se situer au-delà des clivages rémanents qui divisent la gauche en appelant certaines franges de la droite à construire un projet commun a connu l’échec que l’on sait. Complexe, intellectuellement séduisante, elle a fait l’impasse sur les désarrois de nos concitoyens. Que le MRC n’en ait pas tiré les conséquences explique son atonie, que ne compensent pas, loin de là, les méritoires communiqués à répétition d’un Georges Sarre, superbement ignorés par la presse. Les verts, quant à eux, demeurent écartelés entre les jeux personnels de leurs leaders historiques, la sincérité évidente de nombre de leurs militants, fussent-ils bobos, et l’absence congénitale de vertébration politique : décidément non, l’écologisme ne peut fonder à lui seul une vision globale de la société. Et que dire de l’unitarisme trotskiste, quand il ne peut venir à bout de ses multiples branches.
Comment redonner à la gauche, aux gauches si on préfère, une perspective allant au-delà d’un pari sur l’échec de la droite, maigre viatique d’un Lionel Jospin qui s’installe patiemment, c’est une qualité chez lui, dans le rôle de gourou socialiste, et dont François Hollande semble se contenter ?
Comment retrouver un lien réel avec un mouvement social que la gauche gouvernante n’a eu de cesse de désarmer ?
Cela suppose une méthode, et probablement une ascèse préalable qui consiste, pour les partis, à se dépouiller, au moins le temps de la réflexion, ne rêvons pas, de leur relations de rapport de force pour travailler ensemble, d’égal à égal.
Au nom de quoi, pourrait-on objecter, le puissant Parti Socialiste, disposant de nombreux élus, accepterait-il de causer d’égal à égal avec des formations beaucoup plus modestes, voire électoralement marginales ? Au nom, tout simplement, de l’intérêt général de la gauche et du pays, qui inclut son intérêt bien compris. La perspective est celle de la construction sinon d’un projet commun, du moins d’un cadre de travail qui permette, des militants aux directions, de faire le point sur les convergences et les divergences existantes. Les appareils seront peut-être étonnés en constatant que la « gauche d’en bas » - si elle consent, elle aussi, à mettre un temps au vestiaire ses patriotismes de parti, honorables au demeurant – se trouve bien des affinités. Peut-être aussi s’en doutent-ils et le redoutent : les baronnies tremblent quand le peuple s’unit.
C’est à partir d’un noyau de convergences que la gauche peut se retrouver et avancer. Ce noyau existe mais est aujourd’hui caché, faute de dialogues. Ceux-ci vont certes se multiplier dans les mois à venir, élections obligent, mais ils feront, à l’habitude, l’impasse sur le fond pour laisser la part à la chasse aux places éligibles, habillant ensuite les accords éventuels d’une panoplie programmatique que d’habiles tâcherons savent tricoter en toutes circonstances. Comme si, au théâtre, le costume primait sur le texte. Soyons toutefois réalistes et optimistes : ces discussions culinaires sont inévitables et peuvent permettre des alliances opportunes sans trop d’opportunisme. Par exemple, le noyau de convergences, peu lisible aux niveaux national et international, apparaît plus aisément au niveau local. Les sujets qui fâchent (attitude vis à vis de la mondialisation, conséquences à tirer du libéralisme, construction européenne, politique énergétique, place des services publics, contrôles de l’Etat…), s’ils ne disparaissent pas, sont minorés par des valeurs partagées qui peuvent trouver des traductions concrètes en termes de politique de la ville, des transports, de politique culturelle, d’urbanisme, de vie associative, de soutien à l’emploi. Les majorités de gauche en charge de municipalités, de départements, de régions, hors ça et là quelques foucades vertes, fonctionnent plutôt bien. En tout cas sans les convulsions parlementaires de la défunte gauche plurielle. Et sans les OVNI politique qui virent, autre exemple, un MDC troquer deux places au parlement Européens contre une sourdine mise sur ses divergences avec le PS concernant l’Europe le temps d’une campagne.
Nous sommes donc favorable à la multiplication des dialogues, formels ou informels, entre les partis de gauche, les acteurs de la vie sociale et associative. Pourquoi ne pas proposer qu’une sorte de « comité des sages », formé de personnalités respectées mais ne participant pas aux appareils lance un appel pour que, sur tout le territoire, les femmes et les hommes de gauche se réunissent pour faire le point, pour chercher ce qu’ils ont, aujourd’hui, en commun. Les partis s’en méfieraient ? Ils auraient bien tort : il ont beaucoup à y apprendre, et peut-être d’abord à se transformer enfin, ce qui n’exclut pas la fidélité à leurs histoires
Capturé par MemoWeb à partir de http://www.cactus-republicain.org/index.php?ID=&Langue=Object&ThemeID=59&RubID=111&InfoID=179  le 16/07/2004