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Edito: BUSH EN GUERRE CONTRE LE MONDE … ET RAFFARIN CONTRE LA FRANCE
LA LIGNE : QU’EST-CE QUE LA GAUCHE AUJOURD’HUI ? (SUITE)
RAFFARIN, LE GOUDRON ET LES PLUMES
POINT DE VUE : LE BAL DES JEUNES VIERGES
POINT DE VUE : POUR DEVELOPPER L’ECONOMIE SOCIALE : MUTUALISME ET COOPERATION
NOUVELLES DE LA GAUCHE CONGELEE : LE CONGRES DU PCF
MANIFESTE : UNE AUTRE VOIE JUIVE
21 AVRIL : A-T-ON COMPRIS ?
LE COIN DE LA BONNE BOUFFE : LE TROU NORMAND


 
LA LIGNE : QU’EST-CE QUE LA GAUCHE AUJOURD’HUI ? (SUITE)
L’IMPENSE DE LA PROPRIETE
Par J.L Gonneau
Il n’y a pas si longtemps, un Président de la république, Georges Pompidou avait formulé le projet sans ambage : la meilleure façon d’avoir la paix sociale et une droite éternellement au pouvoir était de transformer la France en un « pays de propriétaires ». Mission en partie accomplie, quoique n’ayant pas donné les résultats escomptés. Nous sommes loin aujourd’hui des orfraies proudhoniennes (la propriété, c’est le vol). Et depuis le prurit autogestionnaire des années 70 et la vague nationalisatrice de 1981, la question de la propriété n’est plus guère débattue hors, en termes trop souvent convenus, dans quelques cercles d’extrême gauche. On a parfois même l’impression, lorsque l’Etat brade tel ou tel service au privé, que les protestations des politiques concernent davantage le devenir, certes préoccupant, des agents des services concernés que le devenir du service lui-même. Preuve renversée : il est bien rare que, lors de la construction de leurs programmes et des échéances électorales, nos braves et courageux partis de gauche proposent le retour dans le service public d’institutions privatisées, sauf, de ci de là, au fil si on peut dire, l’eau (MRC, PC). Et encore ne s’agit-il pas dans ce dernier cas d’un réel problème de propriété, puisque les sociétés gestionnaires de l’eau ne sont que concessionnaires. Au moins tant que l’OMC ou les Etats-Unis ou les deux, ils sont si proches, une sorte de mystère de la sainte dualité n’auront pas décidé que l’eau de vient un bien privé.
PROPRIETE ET BOURGEOISIE
Mais revenons à l’affaire de la propriété. C’est probablement ce qui, dans le droit français, est le mieux protégé. Incomparablement plus que le travail, beaucoup plus que la santé. Notre brave révolution républicaine fut, on l’oublie trop, une prise de pouvoir de la bourgeoisie. Et ce qui caractérise au premier chef la bourgeoisie, c’est de posséder. « Les possédants », c’est ainsi que pendant longtemps la gauche nommait la bourgeoisie honnie., du temps où elle faisait peur (n’est-ce pas le bon Léon, pas Trotski, l’autre, Blum, qui disait qu’il faudrait s’inquiéter le jour où la gauche ne ferait plus peur ? Léon, si tu nous regardes, ça doit faire un bail que tu t’inquiètes un max).

D’aucuns ont distingué deux types de propriétés, celle des moyens de production et celle du reste. La frontière n’est pas si simple. Je suis propriétaire de mon logement ? Pas de problème, pas bourgeois. Je suis propriétaire de plusieurs, que je loue. Problème. Suis-je un épargnant qui, à la sueur de son front a peu économisé pour arrondir ma maigre retraite par les maigres loyers que je vais arracher à des locataires par ailleurs négligents, vous ne pouvez pas savoir, ou qui a prévu le logis de ses enfants lorsqu’ils seront grands, et, en attendant, paye ainsi leurs études (c’est fou ce que l’enseignement privé a augmenté ces temps-ci) ? Ou bien suis-je un odieux exploiteur de prolétaires qui n’ont pas les moyens, eux d’acheter un logement et qui attendent depuis une quinzaine d’années un logement social ? Courage, ils ne sont plus que 22212èmes sur la liste d’attente, ça approche. Aux siècles derniers, le moyen de production, en gros, c’était la machine. Aujourd’hui, ce n’est plus aussi facile.
DES MODES D’APPROPRIATION
Pour les marxistes, le problème de l’appropriation des moyens de production est central. On en trouve encore trace dans les textes du parti communistes, et, bien sûr, dans les analyses de l’extrême gauche. Pour les marxiens que nous nous devrions d’être, il demeure très important. De la forme d’appropriation des moyens de production, au sens large, dépend tout une organisation de la société. Si on veut faire vite, une appropriation collective publique favorise, pour peu que les objectifs soient démocratiquement définis et contrôlés. Une appropriation privée est la marque d’une économie libérale qui a évidemment des conséquences sur la société et ses valeurs. La distinction opérée en son temps par Lionel Jospin entre une économie de marché, qu’il prétendait contenir, et une société de marché, qu’il acceptait, ne tient pas la route une seconde. Une des multiples raisons de son dérapage. Il existe des modes d’appropriation collective privée, sous forme mutualiste, coopérative ou associative, souvent désignées par les termes d’économie sociale et d’économie solidaire.

Un projet politique doit nécessairement se poser la question, sans dogmatisme excessif certes, mais avec conséquence, des domaines qui ressortissent des différents modes de propriété.
Trouver un équilibre entre l’efficacité économique et sociale, la justice économique et sociale, la nécessaire promotion, si on est à gauche, des valeurs citoyennes n’est évidemment pas simple. Mais le lecteur ne sera pas surpris si nous défendons une extension audacieuse de la sphère d’appropriation collective, qu’elle soit publique ou privée. C’est le plus sûr levier pour faire prévaloir l’intérêt général. C’est aussi, pour la sphère privée, un retour aux valeurs autogestionnairs, un peu trop vite oubliée par une certaine gauche gestionnaire sans auto, hors celles de fonction, et éblouie par charmes de la finance
Capturé par MemoWeb à partir de http://www.cactus-republicain.org/index.php?ID=&Langue=Object&ThemeID=59&RubID=112&InfoID=188  le 16/07/2004