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LA LIGNE : COMMUNICATION ET POLITIQUE Par Jean-Luc Gonneau
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LA LIGNE : COMMUNICATION ET POLITIQUE
Par Jean-Luc Gonneau


Les « spin doctors », ça vous dit quelque chose ? Ce sont les conseillers en communication des leaders politiques anglosaxons. Tony Blair a du en virer un récemment, qui avait fait quelques dégâts au sujet des « armes de destructions massives » irakiennes. Chez nous, il y en a aussi. Plein. Des discrets - les « plumes » des politiques - perpétuels exégètes de la pensée de leur patron ou de ce qui en tient lieu. Des officiels, appointés par les partis qui en ont les moyens ou bénévoles en attendant que les partis aient les moyens de les appointer, qui, tels des Elisabeth Teissier de la politique, manient les analyses « sociétales » et scrutent les sondages comme d’autres les astres. Le père Mitterrand, paraît-il, préférait consulter la belle astrologue. Un esthète, on vous dit. Des pros de la com’ patentés aussi : même si vous ne faites qu’une consommation restreinte de la télévision, vous ne pouvez guère ignorer Séguéla, l’homme qui a planté Jospin (il faut dire que le produit n’était guère sexy), et qui s’apprête, dit-on, à planter les ennemis brothers, Fabius et Strauss-Khan.
Ne soyons pas naïfs : la politique a besoin de communication. Mais le problème est que la communication n’a pas vraiment besoin de politique.


Image, avez-vous dit ?

Quand l’ « image » se substitue à l’idée, la démocratie est en danger. Il est vrai que notre pays est préservé de certains excès (interdiction de financement des partis et des candidats par les entreprises, limitation stricte des actions publicitaires). Mais tout de même.
Prenons les cas, un peu symétriques, de deux prétendants ostensibles, voire ostentatoires, en tout cas visibles à la présidence de la république : les chauves brothers, Juppé et Fabius. Leur problème numéro un ? L’image. Ah, ces efforts désespérés de Juppé pour paraître sympa. Ah, cet incessant souci de Fabius de faire simple (non sans talent, bon acteur, le Laurent), motard de location, col ouvert, cheveux au vent non, n’est pas BHL qui veut. Et ces livres inoubliables, la Tentation de Venise, où Juppé joue au romantique, Ca commence par une Ballade, où Fabius nous fait le coup du road movie. Pas une once de sincérité là-dedans. Pas l’ombre d’une idée politique. Même pas de qualité littéraire. Au moins, Mitterrand, lui, avait un style, bourge, mais un style.
Un des problèmes des politiques communicants ; c’est que le public, les électeurs, est beaucoup moins crédule qu’ils ne le croient. Ces efforts éhontés pour se vendre, car les pros patentés fonctionnent comme ça, ne créent au mieux que de l’indifférence, au pire du mépris. Et pire encore, cette indifférence ou ce mépris ne s’arrêtent pas aux palinodies de quelques-uns, mais s’étend à l’ensemble des politiques. L’abstention galopante a sans doute bien des causes, mais la communicationnite est l’une d’entre elles.
Récemment, un « talk show » télévisé revenait sur le flop raffarinien à propos de la canicule. Autour de la table, l’inévitable Séguéla et un de ses collègues spécialisé dans la com’ de l’UMP.
Pour l’un comme pour l’autre, la catastrophe caniculaire n’était qu’un problème de com’. Peu importe que le système hospitalier et de santé français soit au bord du gouffre, du moment que la com’ est bonne.
Les usagers de l’hôpital comprennent, eux, que la situation est critique, aussi dévoués que soit la grande majorité d’un personnel débordé. La misère physique, la misère morale, la misère économique, la misère sociale ne se « gèrent » pas à coup de com’.
Cependant, moins anges que démons, nous savons aussi qu’il faut, en politique, savoir mettre en valeur un discours, que la relation politique est aussi une relation de séduction, qu’il est concevable de corriger ou dissimuler ses travers, tels jeunes gens allant se pavaner au bal. L’emballage a son importance, mais ne remplace pas le produit. Mieux vaut être désiré que rejeté (mais les désirs passent), mais avant tout, il faut être compris.


Annonce (effet d’) et média

L’un des artifices préférés de l’actuel gouvernement, qui est un pourtant un classique, cousu de fil plus que blanc, est l’effet d’annonce. Pas l’annonce à la Chirac, que plus personne ne croit (mais « Chirac est sympa », image). L’annonce raffarinienne type, c’est l’effet bâton-carotte : on annonce une loi, par exemple, apocalyptique pour les opposants supposés (partis de gauche, syndicats…), on laisse mariner un brin, on monte une concertation-bidon, et on fait passer tranquillement une version soft, celle qu’on avait prévue dès le début. Les opposants putatifs s’épongent alors le front, persuadés plus ou moins d’avoir évité, par leur action (quasi nulle), le pire à nos concitoyens. Little Nick Sarkozy est un grand adepte de l’annonce bâton-carotte, et les mollos brothers, Hollande et Chérèque, excellent dans l’épongeage de front.
L’annonce suppose l’accès aux média. Là gît un bât blessant de notre démocratie. Une abondante littérature existe sur ce sujet : les média, et notamment ceux de l’audiovisuel, filtrent les discours, au gré d’intérêts économiques et politiques. Sujet rebattu, mais sujet réel. Qui nous ramène à des questions culturelles et éducatives : comment réagir au recul du lu par rapport au vu ? Quelles incitations à lire, quelle éducation non seulement à l’image, mais aussi au média. Au c’est vrai puisque c’est dans le journal a succédé le c’est vrai puisque je l’ai vu à la télé. Comment réintroduire de l’éthique sans pour autant censurer ? On a nos petites idées là-dessus, qui passent par l’économique, et dont on reparlera bientôt.
Capturé par MemoWeb à partir de http://www.cactus-republicain.org/index.php?ID=&Langue=Object&ThemeID=59&RubID=138&InfoID=438  le 16/07/2004