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Edito numéro 3
Analyse : Corse, un Non salvateur
Alerte : Le MRC malade de ses élus (Variations sur un thème)
Point de Vue* : Quelle stratégie face à la mondialisation
Proposition : Pourquoi il faut aller à Belfort
Analyse : A propos de « Ramulaud »
Nouvelles de la mouvance : Les Tribulations de « Transcender Vincennes »


 
Point de Vue* : Quelle stratégie face à la mondialisation
Par Elie Arié
N’ayant pu assister au Conseil National, je tiens à préciser mon analyse d’un débat récurrent et ce que j’y aurais dit si j’avais pu être présent.
Nous sommes face à un processus de mondialisation dont tout le reste dépend (retraites, assurance-maladie, démantèlement des services publics, marchandisation générale de la société, décentralisation, organisation de l’Europe en un simple marché sans pouvoir politique autre que celui des régions, etc.) et n’est que la conséquence ; tous les combats futurs au coup par coup sont voués à être perdus, comme celui des retraites.
Tous ceux qui s’opposent à ce rouleau compresseur sont aujourd’hui broyés : Séguin, Chevènement, etc. Le Front National accédera au pouvoir lorsqu’il se sera intégré à la logique ultralibérale ; ce n’est pas le fascisme qui menace la France, mais la berlusconisation.
J’ai quitté le Parti Socialiste parce que son analyse l’amène à considérer, aujourd’hui, que cette mondialisation est arrivée à un stade irréversible, et que le combat que nous menons est un combat d’arrière-garde ; pour lui, le seul combat possible est de faire connaître à l’Europe la même histoire qui a été celle de la France : période d’ultralibéralisme suivie d’une édification progressive de lois sociales. Il faut en passer par la construction d’une Europe ultralibérale, sur laquelle « on » (nos enfants ? nos petits - enfants ? nos arrière-petits-enfants ?) construira un jour une Europe sociale : entre Jospin et Blair, c’est Blair qui a gagné.
Toute son action récente, présente et future est conforme à cette analyse : le gouvernement Jospin est celui qui a le plus privatisé depuis la Libération , il a introduit la capitalisation des retraites (sous forme d’épargne salariale, dont la sortie se fait sous forme d’un capital, et non d’une rente), il a signé à Barcelone l’allongement de la durée des cotisations, il est responsable de la moitié du déficit abyssal de l’Assurance-Maladie qui conduit à sa privatisation, il a entamé la privatisation d’EDF, de France-Télécom , de la SNCF et des autres grandes entreprises publiques, il a poursuivi en Corse le démantèlement de l’Etat ; il a prôné la baisse des prélèvements obligatoires, notamment pour les revenus les plus élevés, mise en œuvre par Chirac ; aujourd’hui, en plein débat des retraites, il est dans l’incapacité de formuler un contre-projet crédible. Sa seule différence avec la « droite » est qu’il s’est résigné à ce qu’une partie d’entre elle souhaite, mais, en politique, les états d’âme ne comptent pas.
Ce n’est donc certainement pas avec lui que nous pourrons combattre les effets d’une mondialisation à laquelle il s’est rallié, encore moins depuis le Congrès de Dijon où, toutes motions confondues, il s’est unanimement prononcé pour le fédéralisme européen. A-t-il raison ? La mondialisation a-t-elle atteint un stade irréversible ? Sommes-nous de doux rêveurs face à son attitude réaliste ? C’est la seule question qui compte. Je n’ai évidemment pas de boule de cristal, mais j’ai une certitude : si plus personne ne s’oppose à la mondialisation, alors elle sera effectivement irréversible ; et nous sommes les seuls à avoir un contre-projet cohérent, ne se limitant pas à coller aux mouvements sociaux au jour le jour, tous voués à la défaite dans le monde tel qu’il est : il suffit de prendre un peu de recul pour voir quelle a été l’évolution de la France depuis 20 ans ; le MEDEF n’a pas à se plaindre de la gauche au pouvoir.
J’attire votre attention, au passage, sur le mépris qu’implique notre soutien aux mots d’ordre les plus corporatistes des manifestants (« bien sûr, vous ne serez plus en état de travailler à 60 ans, voire à 55 » ce qui sous-entend « parce que vous êtes des pauvres types, ce n’est pas comme moi, il ne faudrait pas tout mélanger »), mépris qu’ils perçoivent parfaitement et qui nous vaut un égal mépris de leur part en retour. Et sur le fait que, définitivement et durablement décrédibilisé par cette affaire des retraites , il a mis fin au processus de l’alternance automatique à chaque élection. Le refus de la fatalité de la mondialisation ultralibérale était, pour moi, le sens de la démarche initiée par Jean-Pierre Chevènement. Aujourd’hui, j’entends un autre discours émerger, remettant cette ligne en cause, au nom d’une incantation à une « gauche » qui n’existe plus depuis longtemps ; ce discours est à la fois pré-pubertaire (voir le monde tel qu’on souhaite qu’il soit et non tel qu’il l’est) et opportuniste : sacrifier ce qui fait notre spécificité à une tentative de réélection de quelques notables de l’ex-MdC. Logiquement, elle devrait conduire, dans un premier temps, à fusionner avec l’ AGR, qui a le mérite de l ‘antériorité.
J’espère que ce débat sera réglé par le PS lui-même, qui nous enverra promener lorsque nous viendrons, la bouche en cœur, lui apporter le soutien décisif de nos 1 % de voix aux législatives. Sinon, bien sûr, cette « nouvelle ligne » se fera sans moi, ce qui n’a aucune importance, mais aussi sans tous les électeurs et sympathisants qui nous avaient suivi depuis le début de la Présidentielle ; paraphrasant la formule de Churchill à Chamberlain après Munich (« vous avez accepté le déshonneur pour éviter la guerre ; vous avez le déshonneur et vous aurez la guerre »), on pourrait leur dire : « vous avez accepté le déshonneur pour éviter la défaite électorale ; vous aurez le déshonneur et vous aurez la défaite électorale », mais en y rajoutant : « et vous l’aurez bien cherchée et bien méritée ».
*Les « points de vue » édités par Alerte ! n’engagent évidemment pas la rédaction.