Il ne faut plus dire Ramulaud. Le patron du restaurant éponyme, signataire cela dit de l’Appel pour une Alternative à Gauche, en a sa claque. Pas besoin de pub pour son resto, dit-il, qui marche bien (c’est vrai) sans ça. Va donc pour l’appel etc. Comme on le sait sans doute, les quatre secrétaires nationaux du MRC démissionnaires ont signé cet appel, que vous trouverez dans la prochaine banquise ou sur le site www.alternative-gauche.com. Ils ne sont pas les seuls de la mouvance MRC. Paul Violet, secrétaire national, Joëlle Ellert et moi-même, élus parisiens, notre ami « banquisard » Jacques Simon et d’autres encore figurent parmi les 1300 signataires enregistrés au 14 juillet. Les amis d’Alerte ! n’ont pas tous la même analyse de cette initiative. Pierre Henry semble y voir une énième resucée d’un « pôle de radicalité », condamnée, comme les précédentes, à l’échec. Il est vrai que la présence très active des amis de Jean-Luc Mélenchon, de représentants de l’actuelle direction des verts, mais aussi d’émissaires de Noêl Mamère, peut laisser craindre bien des manœuvres. Il est vrai aussi que les discussions pour approfondir ce qui peut rapprocher les différentes « familles » de la gauche participantes vont être croustillantes. Il n’était que d’entendre les cris d’orfraie des verts quand j’ai évoqué, lors de la première réunion de la coordination provisoire, ces jours-ci, la laïcité (non, société ouverte, disait le mamériste de service) pour se rassurer : ce ne sera pas du gâteau. Et sur l’Europe, on imagine les gouffres. Le jeune mélanchonien présent : « finalement, mis à part vous (ndlr : le MRC), tout le monde est d’accord sur l’Europe fédérale ». « C’est pas joué ! », répond prestement Clémentine Autain, adjointe au maire de Paris et représentante de la mouvance « rénovatrice » du PC.
Malgré ces difficultés, qui risquent à tout moment d’être fatales, il est au moins une chose à la fois utile et intéressante dans l’appel Ramulaud, pardon, pour une alternative à gauche : on se parle, avec franchise, pour l’instant, avec un souci d’écoute réciproque, pour le moment. Une réunion publique aura lieu à Paris, accompagnée peut-être de forums dans les régions, où seront mis sur la table, lors de travaux en atelier, bien des sujets qui concernent la gauche et le pays : la question du contrat social, l’éducation et la culture, outils d’émancipation, et la place de la laïcité, l’internationalisme ou l’altermondialisation, les rapports de domination, les problèmes de marchandisation, de productivisme. Compte tenu de l’atonie générale des partis de la gauche « traditionnelle », il est probable que la presse se fera l’écho de cette manifestation. Et il est important, pour cette raison mais aussi, et surtout, pour alimenter les débats, que nos idées s’y expriment. Notre université d’été nous permettra, espérons-le, de nous armer et de nous revigorer avant la rentrée. Nous n’en connaissons pas encore le programme, ce qui est plutôt inquiétant, sauf pour les amateurs invétérés de surprises, mais comme le dit furieusement Georges Michel, il faut y aller.