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QUI VEUT LA PEAU DU CINEMA FRANÇAIS ?
Par Résistance 7e Art

Voilà trois ans à peine, hors quelques Cassandre comme toujours voués aux quolibets ou haussements d’épaules, on criait sinon au miracle, du moins à une éclatante bonne santé. Alimenté à profusion par Canal+ et les autres diffuseurs de télévision, dopé par les réussites commerciales de quelques vaisseaux amiraux, autour de la vaillante Amélie Poulain, grisé par une hausse de la fréquentation entraînée mécaniquement par les cartes « illimitées » (mais pour voir quoi et où, à peine osait-on s’interroger), le cinéma, en France, était supposé aller « mieux que bien », comme eût J.M. Messier, alors parti, drapeau au vent, « à la conquête d’Hollywood ».

Waterloo suit parfois Austerlitz, surtout si un Austerlitz n’est pas fondé sur des bases solides. Aujourd’hui, les pleureuses sont de retour, le cinéma français va mal, le cinéma en France est sorti de sa brève euphorie. Canal+ a choisi le foot contre le cinéma. La concentration des capitaux fait de nouveau sentir ses effets : on préfère financer de gros paquebots que de frêles esquifs. Même si elles deviennent encore plus pingres, les télés n’ont en aucun cas renoncé, hors peut-être (et encore pas toujours, et même de moins en moins) Arte, à exercer leur vigilante attention sur les règles d’un « prime time » que la majorité des films n’abordent pourtant jamais : attention au format, attention à ne pas choquer, ni dans les idées, ni dans les formes, ni dans les images, ni dans les dialogues.
Comme si cela ne suffisait pas, le gouvernement a modifié la composition des commissions d’agrément, renforçant les « représentants des familles », traditionnellement réactionnaires, réduisant ceux des professionnels, des jeunes. Une censure douce ( ?) s’installe peut-être. On va voir.
Comme si cela ne suffisait pas, on autorise une société faux-nez d’une major américaine à bénéficier des mécanismes de financement des films français. Prélude au démantèlement de notre système d’aide ? On va voir. La réforme en cours du CNC nous éclairera peut-être davantage.
Comme si cela ne suffisait pas, la Commission Européenne, au lieu de s’occuper de l’emploi et du développement, comme chacun voudrait bien, remet une fois de plus à l’ouvrage son projet de supprimer les aides nationales. Elles faussent la concurrence. C’est vrai, et c’est justement pour cela qu’il faut les garder, et même les étendre, en volume et partout où elles n’existent pas, car la culture, dont participe, le cinéma doit échapper au marché, et à la concurrence, car la culture émane des peuples et que chaque peuple doit avoir les moyens de faire son cinéma. Dans une Europe où les cinémas nationaux sont faibles ou moribonds, la France, même affaiblie, fait figure d’exception. Au lieu de généraliser par le haut cette exception, au lieu d’aider à vivre les cinémas nationaux, la Commission finira-t-elle par étouffer le cinéma qu’elle prétend promouvoir, et par livrer à l’Amérique ce qui reste de nos cinémas? On va voir.
Un résultat visible de tout cela, c’est qu’on connaît les premières victimes : le cinéma d’auteur, les projets dont les ambitions ne se situent pas, ou pas seulement, au seul niveau des box offices et des millions d’euros, mais avant tout à celui des contenus, des innovations, des indépendances d’esprit, celles des producteurs indépendants, des distributeurs indépendants, des salles indépendantes d’art et d’essai et de recherche.
Résistance 7e Art s’est donné, dès sa fondation, l’objectif, en faisant se rencontrer professionnels et spectateurs, jeunes créateurs et étudiants, de défendre ce cinéma là. Il est une fois de plus en grand danger. Il convient une fois de plus de se remobiliser.



Résistance 7e Art est une association qui défend le cinéma d'auteur, en France et dans le monde, et l'indépendance des différents acteurs du cinéma face aux logiques libérales. elle réunit des spectateurs et des professionnels du cinéma. A voir, son site : www.r7a.fr.st