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CHIRAC, JOHANNESBURG ET L’OMBRE DE LA REPUBLIQUE Par Roberto Robertelli
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CHIRAC, JOHANNESBURG ET L’OMBRE DE LA REPUBLIQUE
PAR ROBERTO ROBERTELLI


L’échec annoncé du récent sommet pour le développement durable de Johannesburg a offert à M. Chirac une occasion en or de se distinguer à moindres frais. Que de bonnes intentions et de promesses, que de générosité devant l’opinion française et internationale, quel souci de l’avenir de la planète, surtout quand on sait qu’aucun engagement contraignant sur des points aussi essentiels que l’émission de dioxydes de carbone, la biodiversité ou les énergies renouvelables n’est prévu.
M. Chirac, grand spécialiste du genre à beaucoup promis en matière d’environnement pendant la campagne récente, et même ce que beaucoup d’écologistes (sincères) attendaient en vain des verts. Pendant cette campagne, notre positionnement sur l’environnement, réservé aux happy few du net et carrément absent lors des législatives a été inintelligible. Cela doit changer, car l’environnement demeure au cœur de nos vies, sans parler de la une des médias. Notre mouvement doit se saisir du débat en proposant une approche sensible aux attentes de l’opinion et pragmatique face aux réalités socio-économiques, comportant quatre thèmes majeurs : le codéveloppement, le rôle de l’Etat et des services publics, le nucléaire civil et les énergies renouvelables, et l’agriculture.

Le codéveloppement

L’accélération du développement industriel des pays d’Asie, d’Amérique latine et même de l’Afrique est inévitable. Elle peut conduire à une augmentation dramatiques des gaz à effet de serre et à une dégradation rapide des milieux naturels terrestres et marins. Une politique vigoureuse de codéveloppement , favorisant les transferts de technologies non polluantes du Nord vers le Sud sera un outil, sera nécessaire pour faire face.
De même, le codéveloppement doit être un instrument pour assurer le maintien et l’amélioration des agricultures vivrières, au Sud, mais aussi au Nord, prendre en compte un objectif de partage équitable des ressources du sous-sol, protéger les pays et les populations disposant de vastes ressources biologiques contre la brevetabilité du vivant, nouveau pillage orchestré par quelques entreprises multinationales, ouvrir les marchés du nord aux produits du sud respectant une éthique sociale et environnementale. La stabilisation des flux migratoires, qui est un objectif central d’une politique de codéveloppement, passe par la prise en compte des problèmes d’environnement. Alors disons-le.
Le rôle de l’Etat et des services publics
Il appartient à l’Etat et aux services publics de coordonner les actions pour lutter contre les émissions à effet de serre, par une politique des transports adaptée, par une politique énergétique volontariste. Loin de privatiser EDF-GDF, il convient au contraire de redonner un rôle actif et coordonnateur à l’état pour l’ensemble du secteur énergétique, du bois au pétrole en passant par les énergies renouvelables. Contrôler à nouveau les entreprises pétrolières, impulser l’innovation dans les énergies renouvelables, sécuriser l’énergie nucléaire et ses conséquences (déchets) sont des priorités.
Autre secteur où l’Etat et le service public doivent intervenir : l’eau. Les risques qu’elle devienne une ressource rare sont importants . Depuis la protection des nappes phréatiques jusqu’à l’arrivée au consommateur, seul l’Etat et la puissance publique peut assurer un contrôle et éviter les rentes de situation, qui sont à l’origine, entre autres, de la fortune puis des déboires de Vivendi.
Le nucléaire civil
La part du nucléaire civil dans la production énergétique est déjà considérable. Elle peut encore s’accroître, dans la mesure ou le nucléaire est, avc l’énergie hydraulique, la seule énergie « propre » pour ce qui concerne les émissions à effet de serre.
Le reprise du programme « surgénérateurs, qui minimisent la production de déchets radioactifs, un financement vigoureux des recherches concernant le traitement des déchets et de la réalisation de réacteurs de nouvelle génération sont nécessaires.

L’agriculture

Nous ne devons pas avoir pour objectif de gagner la course à la surproduction à coup d’OGM et de manipulations génétiques animales. Les Etats-Unis visent, dans ce domaine aussi, une hégémonie mondiale, qu’on ne leur contestera avec succès qu’en jouant sur un autre terrain : celui de la qualité et du respect de l’environnement, tout à fait compatibles, quoiqu’on en dise, avec des impératifs de productivité. Comme nous défendons l’exception culturelle, il nous faut défendre l’exception alimentaire, c’est à dire le droit pour chaque peuple à produire le nécessaire pour se nourrir, l’autosuffisance alimentaire. L’agriculture surintensive que nous connaissons est un facteur de pollution (nappes phréatiques, émissions de méthane) qui devient insupportable dans certaines régions. Assurer le maintien des populations dans le tissu rural en restaurant la marge des producteurs face aux grands groupes de distribution, c’est contribuer au maintien de la qualité de l’environnement et des produits. Ce souci de qualité implique une orientation de nos exportations vers des produits à plus forte valeur ajoutée, permettant à nos producteurs de gagner en qualitatif ce qu’on abandonne en quantitatif. Le « savoir faire » français en la matière est reconnu. Ne le laissons pas dépérir.

Le refus des Etats-Unis de signer le protocole de Kyoto, au mépris des aspirations de la communauté internationale, comme la volonté d’hégémonisme pétrolier (cas irakien) ou agricole (OGM, hormones) conduisent à des confrontations désastreuses pour la paix dans le monde et l’environnement. La France doit se situer à l’avant garde de la résistance, mobiliser d’autres pays en Europe et audelà, ce qui ne doit pas se confondre avec l’antiaméricanisme de certains. Ni la droite, prisonnière de ses complicités avec le monde le finance, ni la gauche « vert-caviar », spécialiste du « maquillage développement durable », sensibles aux lobbies de tout poil ne sauront faire face aux appétits impérialistes qui menacent. Et une République qui flotterait au dessus de la gauche comme au dessus de la droite finirait par planer au dessus de la couche d’ozone.

Nous avons besoin d’une gauche bien sur nourrie des valeurs républicaines, ancrée dans le réel, consciente de l’ampleur et de l’urgence des enjeux environnementaux, pour une France qui ne soit pas complice de l’impérialisme américain, qui fasse entendre sa voix, qui agisse exemplairement, bref, la France que nous continuons d’aimer.