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HONNI SOIT LE FRANCOPHONE !
Par Gilles Bachelier et François de la Chevalerie



La francophonie a-t-elle encore un sens ? Avec le retour de la France sur la scène internationale, cette question pourrait offrir une réponse encourageante. Se profilerait désormais l'heureuse perspective d'une solidarité internationale, pendant d'une langue en partage. Se compteraient de bonnes raisons de croire à l'universalité d'un discours rassemblant pays du sud et du nord. Force de proposition et d'innovation, la francophonie serait le point d'ancrage d'un monde plus pacifique, plus ouvert, moins dangereux. Au dogmatisme du culte de la puissance, s'opposerait un discours vertébré autour des droits de l'homme, de l'aide au développement, de l'éducation et de la santé.
Se nourrissant de rêves de grandeur, le renouveau proclamé de la geste gaullienne tiendra-t-il le temps d'une saison ? La francophonie n'est pas une vue de l'esprit. Elle commence par la libre circulation des francophones dans l'espace francophone. Pourtant, Consulats et Préfectures entretiennent le doute. Jamais le migrant francophone n'a connu de telles difficultés pour obtenir des documents : visa d'entrée ou titre de séjour. Tout est bon pour le dissuader de son engagement francophone. S'en accommodant, la francophonie au poing, il y croit toujours. Des heures durant, il veille, devant des guichets. L'attente, les délais, les courriers qui ne viennent jamais, l'attente toujours avec, en point d'orgue, le déni, le refus. Aujourd'hui, la Loi Sarkozy vient à point nommé laminer ses dernières illusions.
Serait-il seulement indésirable ? Au printemps 2003, le Ministre des Affaires sociales présente un programme d'actions portant sur l'intégration des étrangers. Aucune mention n'est faite alors du migrant francophone. Quand bien même, ce dernier eût été en bon droit de considérer que sa connaissance du français augurait d'une intégration réussie, tout autre candidat lui est préféré. Se peut-il alors, comme le suggèrent certains, que le francophone serait persona non grata en raison de ses origines : pour la plupart noir ou arabe dont certains musulmans ? Se peut-il que le francophone soit le bât qui blesse dans le puzzle ethnique désormais très éclaté de la France ? L'on aime à croire qu'il s'agit d'une politique de circonstance. Baissons la violence ! Intégrons mieux ! L'on finira bien par retrouver le cap d'un immigration jugée économiquement nécessaire par tous. Malheureusement, la francophonie n'est pas mieux embrassée par la politique étrangère de la France. Par exemple, elle est timorée à l'échelle européenne. A Bruxelles, la francophonie est considérée comme un non sujet absolu. Elément perturbateur d'une gestion rationnelle de l'identité européenne (judéo-chrétienne), l'enjeu ne saurait être évoqué par le plus mauvais élève de l'Europe. La France ne s'y ose donc point. Comme elle ne monte pas davantage au créneau ailleurs. Ne pouvait-elle pas, par exemple, prendre en compte la demande les pays francophones qui réclament plus de justice dans les échanges commerciaux internationaux ? Ne pouvait- elle pas accorder ses violons avec les autres pays francophones autour d'une résolution « francophone » commune au Sommet de Cancun ? Certes, l'on parle davantage français à l'ONU mais serait-ce là l'effet de quelques paillettes ou le reflet d'une vraie politique ?
L'audace francophone étant absente, la langue de Molière est-elle alors d'une quelconque utilité pour le migrant, l'assoiffé, le miséreux ou l'intellectuel ? Dans l'absolu, oui ! La France des lumières poursuit son oeuvre, s'y tiendra encore. Selon un ordre économique, oui ! La mise en oeuvre d'un espace solidaire commun aux pays francophones, c'est faire le choix de l'avenir : prendre des risques, investir, favoriser les échanges et in fine la croissance. Sur le plan humain, le règne du oui l'emporte plus encore ! Donner une vraie place au francophone, c'est tendre la main au francophone de France dont beaucoup - d'origine étrangère - sont relégués dans des ghettos, souffrent de discrimination au logement, à l'éducation et à l'emploi.
Dans l'immédiat, non ! Faux semblants et pusillanimité se conjuguant, rien n'est fait donner corps à une véritable ambition francophone pour la France, une certaine idée de la France !



Gilles Bachelier est membre du Comité Valmy et François de la Chevalerie préside l’association Sommet Francophone Hors les Murs
Capturé par MemoWeb à partir de http://www.cactus-republicain.org/index.php?ID=&Langue=Object&ThemeID=67&RubID=134&InfoID=421  le 16/07/2004