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LA GUERRE ET LES TRESORS ARCHEOLOGIQUES DE L’IRAK Par Philippe Calloix
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LA GUERRE ET LES TRESORS ARCHEOLOGIQUES DE L’IRAK
Par Philippe Calloix


Le bombardement inconsidéré de l’Irak ferait peser, comme cela a déjà été le cas lors de la première guerre du Golfe en 1991, le risque de dommages irréversibles sur les différents sites archéologiques disséminés dans le pays, et bien sûr aux musées et tout autres bâtiments abritant en agglomération les richesses incalculables d’un des " berceaux de l’humanité ".
Le territoire actuellement couvert par l’Irak correspond à l’ancienne Mésopotamie, berceau des civilisations sumériennes, assyriennes et babyloniennes pour ne citer que les plus connues. Plus de 10 000 sites recensés témoignent de cette richesse historique.


FAIRE FACE AUX BOMBARDEMENTS ET AUX PILLAGES

Un véritable plan de sauvetage a été mis en place par l’Organisation nationale des antiquités en Irak qui regroupe notamment les directeurs de musées irakiens. Il faut savoir que les sept plus importants musées du pays sont situés en centre ville, à Bagdad ou ailleurs. Leur proximité avec certains édifices " sensibles ", comme un ministère par exemple, peut faire envisager le pire en cas de bombardement intempestif de la part des avions de la coalition.
Une première mesure d’identification des sites afin de les rendre visibles du ciel a été prise : les lettres UNESCO ont été peintes en bleu en énorme sur les toits des bâtiments à protéger. La convention de La Haye prévoit, en principe, de ne pas s’attaquer aux édifices culturels.
Seconde mesure, et de loin la plus responsable et la plus courageuse : l’évacuation d’urgence des objets et statues des salles des musées en un temps minimum. Ceux-ci seraient remisés à l’abri dans des sites confidentiels en attendant de revoir la lumière et la paix. Le personnel du musée de Bagdad a été formé pour évacuer les trente-deux salles du musée en vingt-quatre heures. Grosse performance !
L’autre risque majeur encouru par l’archéologie irakienne dans la cas d’une guerre est le pillage systématique de ses sites archéologiques à ciel ouvert, comme l’immense site d’Assour, sur la rive occidentale du Tigre, témoignage de la splendeur assyrienne. Les risques de pillages seront en effet décuplés, craignent les spécialistes de la fouille scientifique en Irak. Les réseaux de revendeurs et de receleurs d’objets volés seraient déjà en état d¹alerte maximum. Afin de ne pas subir à nouveau l’amère expérience de 1991, le pays s’est mobilisé afin de donner une chance à quelques-uns de ses 10 000 sites en tissant un véritable réseau de " gardiens " bénévoles avec les chefs de clans locaux qui, armés, assureront un œil sur ce patrimoine mondial. Pour l’anecdote, on a retrouvé depuis 1991 des objets pillés dans les collections de musées occidentaux prestigieux. 4000 objets ont ainsi pris la poudre d’escampette après la guerre du Golfe. En général ils ne laissent pas de trace. L’espoir de les retrouver est quasi nul tant le nombre de collectionneurs privés est important. Trafic massif de tablettes d’écriture cunéiforme, vol de bas-reliefs entiers ou découpage de dalles colorées dans les ruines des palais assyriens sont le quotidien de ces pilleurs stimulés par une demande généreuse du marché.


PLAIDOYER POUR LA LEVÉE DE L’EMBARGO
Si l’embargo contre l’Irak a des répercussions aux niveaux que l’on sait, d’abord sur la santé, mais aussi sur l’éducation, le secteur de la culture n’est pas épargné. Depuis 1991 l’Irak ne pouvant plus compter sur des systèmes d’échanges avec des étudiants ou des chercheurs étrangers comme n’importe quelle nation, a dû compter sur ses propres forces en créant l’Organisation nationale de l’archéologie et du patrimoine irakien, dotée d’un budget ministériel. En augmentant le salaire des chercheurs et des étudiants en fouilles, une jeune génération a pu fleurir afin de raviver l’intérêt pour ce patrimoine unique. Néanmoins des points d’achoppement concernant la détérioration et qui devrait bénéficier restauration de centaines d’objets en cours de traitements chimiques ou radioactifs subsistent avec l’ONU.
Si les Italiens sont les seuls européens à avoir continuer à être présent sur les sites de fouilles irakiens, c’est qu’au plus fort de l’embargo, les crédits destinés aux missions vers l’Irak étaient toujours votés car ne dépendant pas du ministère des affaires étrangères, comme en France, par exemple, mais uniquement du ministère de la culture, seul domaine " protégé " un tant soit peu de l’embargo.


Source : n°397 de la revue Archeologia (fév. 2003)
Capturé par MemoWeb à partir de http://www.cactus-republicain.org/index.php?ID=&Langue=Object&ThemeID=67&RubID=134&InfoID=349  le 16/07/2004