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MANIFESTE POUR UNE ALTERNATIVE REPUBLICAINE ET SOCIALE Par Eric Coquerel, Eric Halphen, Jeannick Le Lagadec, Chloé Loridant…
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MANIFESTE POUR UNE ALTERNATIVE REPUBLICAINE ET SOCIALE
Par Eric Coquerel, Eric Halphen, Jeannick Le Lagadec, Chloé Loridant…


La chute du mur de Berlin a clos historiquement le 20ème siècle et ouvert une nouvelle période. Celle dans laquelle nous vivons.
La désagrégation rapide du camp soviétique a bouleversé l’ordre international, abandonnant aux seuls Etats-Unis d’Amérique toute ambition impériale. Le risque d’un monde unipolaire est bien l’une des données de base de ce début de 3ème millénaire. Il s’agit là d’une volonté géostratégique d’ordre impérialiste mais aussi de l’emprise économique et idéologique sur tous les habitants de la planète d’un seul modèle : celui du capitalisme dans son application la plus libérale. Dans cette version absolutiste, il suppose de casser tous les freins à la mondialisation libérale, de laisser l’individu seul face au marché. Plus rien ne doit échapper à la marchandisation dès lors qu’une source de profit existe : la santé, la culture, l’éducation, les transports, l’énergie, les moyens de communication, l’eau… Sous le paravent du modernisme et du culte de l’individu roi libéré de tout contrainte, il s’agit en réalité d’un gigantesque retour en arrière, la loi de la jungle remplaçant toute notion de bien commun, la charité tout système de solidarité. Cette marche forcée suppose de discréditer, voir de disloquer, tout cadre de résistance collectif qu’il soit existant ou potentiel, y compris les Etats-Nations quand ceux-ci résistent ou même simplement freinent cet « ordre » international.
D’une idée juste – celle d’une plus grande coopération entre les nations et les peuples européens pour en finir avec le spectre des guerres intracontinentales – est née l’Europe de Maastricht. Véritable cheval de Troie de la mondialisation libérale, elle a vocation à étendre à tous les peuples du vieux continent un moins disant social et démocratique, imposant par le haut, sans aucun véritable choix démocratique, politique monétariste, casse des services publics et des outils du bien commun. Alors que la construction européenne, s’appuyant sur les meilleures traditions humanistes, sociales et républicaines de notre continent, devrait représenter dans le monde une alternative au modèle US et une méthode de coopération et d’aide au développement des pays du tiers monde, elle risque de nourrir en réalité, en réaction à un pouvoir supranational technocratique et illégitime, des réactions nationalistes, xénophobes et populistes à l’image du Front National en France.
Aucun projet alternatif à vocation universaliste n’est aujourd’hui capable de répondre à l’offensive idéologique de cette mondialisation libérale. Car la chute du système soviétique n’a pas seulement mortellement atteint le modèle du communisme stalinien mais ébranlé fortement toute croyance dans un avenir socialiste. Qu’ils soient révolutionnaires ou réformistes, force est de constater qu’au XXème siècle, les mouvements se reconnaissant dans le socialisme au sens large ont échoué non seulement à transformer le monde mais tout simplement à présenter un projet vécu comme meilleur et plus efficace que le capitalisme. Cet échec a des conséquences désastreuses dans les pays du tiers monde, là où les raisons objectives de se révolter contre l’ordre capitaliste n’ont jamais été aussi nombreuses. Car c’est aujourd’hui l’intégrisme religieux, rétrograde et à bien des égards fachisant qui a pris le relais et organise dans un nombre grandissant de pays la résistance contre un ordre impérial qui a vainement – la 2ème guerre du Golfe laisse de ce point de vue le roi nu - tenté de draper sa politique de la canonnière derrière le droit d’ingérence.
Dans les pays occidentaux, cette faillite a des conséquences dont on ne fait que commencer à mesurer la portée. En décomposition idéologique, les forces de gauche « institutionnelles », dominées par une social-démocratie en passe d’abandonner tout idée de projet alternatif, tendent à ne plus se différencier de la droite que sur des mesures sociétales et sur la taille du sparadrap à apposer sur la fracture sociale. Elles sont dès lors incapables de s’adresser aux attentes des couches populaires et de représenter les intérêts sociaux du plus grand nombre, ceux qui n’ont pour seule richesse que leur force de travail. Or le monde du travail est en but à des attaques sans précédent : délocalisation, chômage, précarisation à outrance, remise en question des droits sociaux détruisent progressivement le compromis social construit après guerre en Europe et pendant la période de prospérité des trente glorieuses. Dans ces conditions, le système de bipartisme à la mode US dont rêvent tout haut nos « élites » politiques, avec l’alternance pour seul horizon, a des effets catastrophiques. Il ne fera que développer le désintérêt des citoyens pour la politique en leur donnant pour seuls refuges au mieux l’abstention massive ou le vote protestataire, au pire l’extrême droite. Pourtant les peuples ne se sont pas résignés à l’horizon indépassable du libéralisme. Autour des mouvements anti-mondialisation et sociaux s’organisent non seulement la résistance mais se tissent également de nouveaux réseaux militants permettant à toute une génération de se politiser. Reste que ces mouvements ne peuvent se suffire à eux-mêmes. Le 21 avril l’a montré : il est possible de vivre dans un pays qui connaît sans nul doute la résistance au libéralisme la plus forte en Europe depuis vingt ans et se retrouver avec un duel droite/extrême droite au 2ème tour des Présidentielles. Il prouve l’urgence d’une recomposition des forces de gauche et la refondation d’un projet alternatif anti-libéral capable de s’adresser à la grande majorité de nos concitoyens.
Pour notre part, nous considérons que cette refondation doit s’appuyer sur des bases solides : ceux de la République. Que ce soit sur les services publics, l’école publique et plus généralement les notions d’égalité et de biens communs, les principes républicains s’opposent frontalement au tout marché. Sur la question de la démocratie, à laquelle le mouvement communiste aura été tragiquement incapable de répondre au siècle dernier, la citoyenneté politique ancrée sur un socle laïque reste une valeur fondamentale à opposer aux critères ethniques de la nationalité, au péril communautariste et à l’individualisme. Mais pour prétendre redevenir la matrice d’un projet alternatif de gauche, la République ne peut être un « objet » figé et au dessus des clivages sociaux. Elle doit au contraire être considérée comme inachevée afin de répondre aux enjeux qui sont devant elle. Républicains de gauche, il est dans notre devoir de décliner dans un sens toujours plus progressiste, émancipateur et universaliste le triptyque « liberté, égalité, fraternité ». Egalité entre les citoyens quelque soit leur condition sociale et leur origine, entre les hommes et les femmes, devant les responsabilités politiques ce qui suppose de réfléchir à de nouvelles pratiques en ce sens. Egalité sociale évidemment ce qui conduit développer la citoyenneté dans les entreprises et à ne jamais subordonner la question sociale aux intérêts nationaux en niant les contradictions de classes, voie à laquelle conduit inévitablement la stratégie « la République au dessus de la gauche et de la droite ». « Notre » République n’est de ce point de vue pas étrangère aux analyses, aux combats et aux traditions du mouvement socialiste même si celui-ci est aujourd’hui dans l’impasse. Ils doivent au contraire être capable de se revivifier mutuellement et de proposer un projet alternatif qui prendra également en compte la question essentielle de la préservation de l’environnement.
Il est donc plus que jamais nécessaire de travailler sur le projet républicain social, laïque et internationaliste sur laquelle la gauche doit se refonder. Aujourd’hui aucun parti ne peut prétendre en avoir l’apanage. Il nous apparaît donc urgent de proposer à tous les républicains de gauche, sans sectarisme aucun, un cadre de réflexion, d’élaboration et d’action dégagé de toute préoccupations partisanes et électorales. Ce chantier républicain, c’est le sens de la Fondation Mars.