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TRIBUNE LIBRE* : PENURIE MEDICALE ?
Par Elie Arié

Y a-t-il "pénurie de médecins" en France, comme le répète la presse à l'envi, sans avancer le moindre chiffre ni se livrer à la moindre comparaison internationale?
Avec un numerus clausus maintenu à ce qu'il est aujourd'hui (4700), la densité médicale en France en 2020 serait comparable à ce qu'elle était en 1985, époque où l'on parlait, pour la même proportion de médecins, de "pléthore médicale". Si le numerus clausus était porté entre 6000 et 8000 d'ici à 2007, la France disposerait en 2020 de la même densité médicale que les Etats – Unis( les densités actuelles pour 100 000 habitants sont les suivantes: Moyenne des pays de l'OCDE 291 Moyenne des pays de l' Union Européenne 337 Italie 570 Espagne 440 France 335
Suède 290 Norvège et Etats-Unis 280 Canada 210 Japon 190). Autrement dit: le problème de la démographie médicale française est un problème:
- de réponse à une question jamais posée : quels sont les objectifs de la médecine ? À quelle « demande » doit-elle « répondre » ? On peut imaginer des réponses impliquant des besoins d’un médecin par habitant. On notera simplement que personne ne parle de « pléthore » médicale en Italie (une des densités les plus élevées) , ni de « pénurie » médicale au Japon (une des densités les plus faibles), et que, chez nous, la même densité médicale est, selon les époques, perçue comme une « pléthore » ou une « pénurie », avec un jeu incessant de yo-yo du numerus clausus aux concours d’entrée en Faculté de Médecine, faute de savoir de quoi on parle;
- de répartition très inégalitaire à travers le territoire ( la densité des médecins pour 100 000 habitants varie entre -chiffres de 2000- 424 pour l' Ile -de - France et 409 pour Provence- Alpes- Côte d' Azur, et 241 en Picardie; les inégalités entre centre villes et banlieues vont également en s'accentuant).
- de répartition par spécialités : nous formons un trop grand nombre de spécialistes par rapport aux besoins en généralistes, et si les places offertes à l’ Internat de Médecine Générale (devenue une spécialité comme les autres) restent notoirement insuffisantes, c’est parce que les postes d’ internes – donc la formation de médecins – dépendent essentiellement des besoins de fonctionnement des services des Centres Hospitalo-Universitaires, et non des objectifs d’une politique de santé ; ainsi l’organisme de formation (le service hospitalo-universitaire) est-il devenu une fin en soi, et non un instrument au service d’une politique… C’est pourquoi personne ne parle du manque dramatique de certains spécialistes tels que les médecins scolaires (1pour 9000 élèves), car la prévention n’intéresse personne dans un pays où tous les responsables de la santé ne manquent pas de l’invoquer régulièrement sur le mode incantatoire : dans les huit groupes de travail créés à la suite du rapport du Haut Comité pour l’Avenir de l’Assurance - Maladie, aucun n’est consacré à la prévention…
L’ouverture du numerus clausus combinée à la liberté d'installation ne feront qu'augmenter la densité médicale en Ile-de-France et PACA, sans modifier celle de la Picardie , alors que les solutions aux problèmes de répartition sont connues depuis longtemps: incitations à l'installation dans les zones déficitaires, non seulement financières, mais portant sur le cadre de la pratique (réseaux, cabinets de groupe, organisation du système de gardes, partage d'activités, de plateaux techniques et de personnel entre praticiens isolés et établissements); structures publiques avec des médecins salariés bien rémunérés ; obligation de service dans les zones mal desservies pour rétribuer les années d'études gratuites financées par la collectivité (que les syndicats médicaux "libéraux" ne remettent jamais en cause: le "libéralisme" a des limites ) ; conventionnement sélectif en fonction des objectifs géographiques (comme en Allemagne)… mais encore faut-il qu’on se soit fixé des objectifs !; extension et substitution de tâches entre médecins et paramédicaux, entre généralistes et spécialistes, à l'exemple de ce qui se fait aux Etats-Unis..
"Les solutions ne manquent pas, mais ce qui frappe c'est leur non préparation, la recherche dans l'urgence de solutions mal étudiées à des problèmes connus depuis plus de vingt ans" (Jean de Kervasdoué, ancien Directeur des Hôpitaux).


Elie Arié est médecin et Secrétaire national à la Santé du Mouvement républicain et Citoyen

*Les points vue, signalés par une *, n’engagent pas la Rédaction