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LES PROPOSITIONS DU GOUVERNEMENT SUR LA SANTE : POUR UNE ANALYSE OBJECTIVE Par Elie Arié
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LES PROPOSITIONS DU GOUVERNEMENT SUR LA SANTE : POUR UNE ANALYSE OBJECTIVE
Par Elie Arié


Il faut reconnaître à la politique de santé annoncée par le gouvernement le mérite de certaines annonces courageuses que ses prédécesseurs n’ont pas osé assumer, notamment dans la lutte contre les gaspillages, toujours impopulaire, car tout gaspillage génère un revenu ou un emploi pour quelqu’un, telles que :
- le déremboursement des médicaments à efficacité nulle et non démontrée (avec l’éternel tabou de l’homéopathie, " médicaments " exclusivement constitués d’eau et d’amidon) et promotion des médicaments génériques ;
- le remboursement des médicaments d’une même classe thérapeutique sur le prix du moins cher d’entre eux ;
- l’ouverture d’une réflexion sur les rôles respectifs de l’assurance-maladie et des assurances complémentaires ;
- la rationalisation de la carte hospitalière, en regroupant en grandes unités les hôpitaux d’ " aigus " (dont nous avons le réseau le plus dense du monde) et en transformant les petits hôpitaux dangereux par leur niveau d’activité trop faible en hôpitaux de long et moyen séjour pour lesquels nous souffrons d’une pénurie alarmante, rationalisation qui se heurtera à l’opposition au redéploiement géographique des emplois qu’elle implique ;
- le déremboursement des visites à domicile sans justification médicale ;
-l’incitation au développement de Maisons de Garde Médicales ;
- les incitations fiscales à l’installation des généralistes dans les zones sous - médicalisées ;
- la volonté de développer la " démocratie sanitaire " en intégrant dans l’Administration de l’ Assurance-Maladie les Associations de Malades.
- la volonté de " responsabiliser " le comportement des professionnels de santé et les assurés, sans précisions sur les moyens autres que des sanctions financières.
Mais, en dehors de quelques points dont la mise en œuvre est déjà entamée, il ne s’agit, pour le moment, que d’annonces d’objectifs que tous ses prédécesseurs n’ont pu mener à bien.
Mais la politique annoncée comporte aussi de lourds dangers
Le déficit prévu de l’assurance-maladie pour 2002 est de 7 milliards d’euros, auquel s’ajoute le déficit cumulé des années précédentes de 17 milliards d’euros. C’est cet ordre de grandeur (50 milliards de francs en 2 années consécutives), jamais atteint auparavant, qui avait contraint Juppé à créer le Remboursement de la Dette Sociale de 100 milliards de francs sur 10 ans, portés ensuite à 15 ans. Mais nous ne pourrons plus continuer à faire payer nos soins d’aujourd’hui par nos enfants.
Cette dérive gigantesque, conséquence logique de l’abandon de la " maîtrise comptable " annoncée par le précédent Gouvernement, comporte un risque de mise en faillite de l’Assurance-Maladie, qui obligerait à avoir recours à la privatisation sous forme de mise en concurrence avec l’assurance privée dès le premier euro (il ne s’agira plus, cette fois, d’assurance complémentaire) lorsqu’il sera trop tard, risque d’autant plus dangereux que 55% des français, faute d’informations suffisantes, se disent plutôt séduits par cette solution.
Cette inquiétude, qui pourrait apparaître comme un procès d’intention, est nourrie par quelques constats convergents :
- les médecins, généralistes puis spécialistes, ont obtenu des hausses d’honoraires considérables non financées, et sans aucune contrepartie, ni aucune réflexion sur le nombre de spécialistes nécessaires ;
- le passage d’un système de gardes de médecine de ville fondé sur l’obligation à un système fondé sur le volontariat s’inscrit dans une logique d’ abandon d’une mission de service public, donc de privatisation ;
- les spécialistes multiplient en toute illégalité les dépassements d’honoraires systématiques, ce qui vide de tout contenu le système conventionnel , sans réaction gouvernementale.
La décentralisation aura des conséquences graves sur l’égalité des Français face au système de soins, comme le redoute le rapport Ruellan (consultable sur : http://www.galerie-sociale.com/pdf/ruellan.pdf), rapport avec lequel le Ministre de la Santé a déjà pris ses distances.

Les tribunes libres de la Banquise n’engagent pas la rédaction

Elie Arié est Secrétaire National du MRC et auteur de Système de santé, mode d’emploi (ed. Vuibert), qui vient de paraître.