Non, ce n’est pas une guerre, un raz-de-marée ou un tremblement de terre qui a fait onze mille cinq cents morts dans l’Hexagone. Simplement un coup de chaleur en plein été…et une bonne dose de suffisance et d’imprévoyance de nos dirigeants. Le pire, c’est que contrairement à ce que l’on nous assène, ce phénomène n’est pas exceptionnel et se reproduira tout comme d’autres phénomènes climatiques eux aussi présentés comme l’exception mais qui ont une fâcheuse tendance à se renouveler de plus en plus fréquemment.
Onze mille cinq cents personnes âgées sont mortes à cause de notre imprévoyance. Quand nos responsables politiques nous disent qu’ils n’étaient pas prévenus de ce risque, c’est nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Car dans la France d’en bas on le sait depuis longtemps, quand il fait très chaud, les « vieux » meurent plus nombreux.
Pessimisme réaliste
Et dans la France d’en haut ? Une étude du Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat créé par l’Organisation Météorologique Mondiale et le Programme des Nations Unies pour l’environnement (GIEC) indiquait dès 2001 qu’il « était très probable que le XXIème siècle soit marqué par des vagues de chaleur sur presque toutes les terres émergées. ». L’étude évoquait particulièrement « la hausse de l’incidence des décès et des maladies graves chez les personnes âgées et les pauvres en milieu urbain ». Enfin sans vouloir jouer les oiseaux de mauvais augure, ces experts annonçaient que la France supporterait des « épisodes de précipitations intenses plus fréquents entraînant une augmentation des dommages provoqués par les inondations, les glissements de terrain, les avalanches et les coulées de boue ».

Peut-on imaginer qu’aucun de nos politiques ou des experts de leurs services et conseillers n’avaient pris la peine de lire cette étude ? Mais il y a une mise en garde plus précise qui décrivait précisément en mai 2002 ce qui nous est arrivé cet été. Parue il y a plus d’un an en Angleterre, cette analyse basée sur une observation des décès enregistrés entre 1976 et 1996 révélait qu’au-dessus de 21,5° Celsius, la mortalité des personnes âgées et des personnes fragiles augmentait de 3,3% par degré supplémentaire ! Le calcul est simple : avec des températures de plus de 39°, cela fait 17 fois 3,3% d’augmentation de la mortalité… Ce drame national était donc prévisible !

Pendant que le climat occasionne des dépenses exorbitantes à notre pays (incendies, reboisement, inondations, primes d’assurances, secours, etc…), pendant que les Verts (et Waechter, alouette…) occupent la presse de leurs accords, désaccords, mariages et divorce, pendant que notre société découvre combien elle a abandonné les valeurs qui faisaient la République (comme tous ces morts qui n’ont plus trouvé de famille quand ils en avaient besoin), il est peut-être venu le moment qu’un vrai parti politique ose poser les vrais problèmes et fasse des propositions durables.