La laïcité est en danger ! Evocation de l’héritage religieux de l’Europe, port du voile et des signes ostentatoires dans les lieux publics, utilisation sexuée des piscines…sont autant de coups de boutoirs portés à ce principe fondateur de la République.
A plus d’un an de la célébration du centenaire de la loi qui l’a inscrite dans les marbres de la République, Henri PENA-RUIZ pose d’emblée les bases sémantiques, historiques, juridiques de cette valeur, consubstantielle du « vivre ensemble » des Français et au-delà...
La laïcité, telle qu’elle est décrite par l’auteur, avec une remarquable faculté pédagogique s’inscrit de plein pied dans la construction de la Res Publica. Il s’agit ainsi tout autant d’une distinction stricte entre sphères publique et privée, du rejet du communautarisme, du refus des dogmes, de la neutralité de l’Etat, de la liberté de conscience que du respect de l’égalité des droits et des devoirs des citoyens, gage d’un égal accès à la citoyenneté.
Au moment où la Commission sur la laïcité, dont fait partie l’auteur, débat de la nécessité de légiférer en complément ou contre la loi de 1905, l’avenir nous le dira, il est important de réaffirmer, que la laïcité, c’est en premier lieu la reconnaissance de la primauté de la liberté individuelle sur l’addition à somme nulle des tolérances entre des groupes.
Cette capacité s’exprimant, selon l’auteur, notamment dans la vertu essentielle portée par la laïcité à s’émanciper, à l’instar des propos, si j’ose dire, prophétiques de Gambetta, qui réaffirmait la nécessité non seulement de reconnaître en chacun un égal, mais dans la capacité de la République à en faire.
La laïcité, qui combat les discriminations de toutes sortes, qu’elles soient religieuses, sexuelles, raciales ou de convictions, s’inscrit ainsi pleinement dans la modernité. A cet égard, la laïcité, telle que décrite par cet ouvrage, demeure le premier des acquis à défendre, car de lui dépend toute l’architecture de notre République tolérante et fraternelle.
C’est ce chemin ardu mais ô combien rafraîchissant que l’auteur nous invite à prendre, tout au long de 347 pages, éloquentes de sincérité de souci de simplicité, qui séduiront tous ceux qui cherchent à comprendre, comment et pourquoi la laïcité doit rester la balise qui unit notre communauté nationale, quand d’autres cherchent à la diviser et à la communautariser.
L’enjeu de l’idéal laïque, qui combat le différencialisme, le communautarisme et la judiciarisation des mœurs, comme le souligne l’auteur, est sans doute ainsi à rechercher à travers cette quête de « l’Universel » qui a conduit tant de citoyens, depuis que la République est « une, indivisible et laïque », à agir pour le bien commun en général et celui des valeurs républicaines en particulier.
Henri PENA-RUIZ dénonce ainsi, tous ceux qui en remettant petit bout par petit bout, concession par concession, souhaitent rallumer la guerre confessionnelle, que justement la loi 1905 a éteint de façon œcuménique.
D’où l’urgente nécessité de commencer par défendre l’école de la République, qui permet l’épanouissement individuel et constitue un apport collectif permet l’adaptation, la transformation et l’amélioration de la société. C’est à cette œuvre commune que l’auteur nous invite en défendant la Res laïca et la Res publica avec la même foi.