Chaque jour ou presque nous apporte son lot de nouvelles stupéfiantes, comme si ce monde était envahi par une armada de disciples déjantés de Groucho Marx, tout aussi dévastateurs, mais l’humour en moins, ou alors involontaire. Quelques exemples récents ? Les voici, les voilou. Tandis que l’Europe se languit de chômages, se traîne de stagnation économique, se chicane sur une constitution plus qu’inutile, nuisible, nos commissaires européens, impavides, règlent les affaires les plus urgentes : la dernière, le passeport européen pour nos amies les bêtes, chiens et chats. Comment ont-elles pu vivre si longtemps, et nous leurs maîtres donc, sans cet indispensable sésame. Il fallait dare-dare trouver une solution à cette affaire fondamentale, les vrais chefs, c’est ce qui les distingue, savent trancher dans les priorités. Chômage, relance économique et réformes structurelles attendront donc encore un peu, et pourquoi pas beaucoup, mais on aura réglé le dossier chiens et chats. De Bruxelles à Douai, il n’y a qu’un pas. A Douai, un commissaire, encore un mais de police cette fois, enthousiaste brandit l’étendard de la citoyenneté à la mode Sarkozy. Ce vibrionnant chaussé à clous nous crée des « citoyens-relais ». Qui ? N’importe quel volontaire. Et il fait quoi, le « citoyen-relais » ? Il dénonce au dynamique commissaire ses voisins un peu louches. Z’y vas, commissaire ! Et tu devrais créer un prix annuel de « citoyen-relais » de l’année, celui qui a le plus dénoncé, ça, c’est de la « culture du résultat », comme dit Sarko. Un conseil en passant à ce gouvernement de dingos : mé-dia-ti-sez vos actions, les gars. Créez les « Raff d’Or », retransmis en direct en prime time sur TF1 : Raff d’Or du meilleur juge à celui qui a plus condamné, remis par Perbern et sa gomina, Raff d’Or du meilleur policier à celui qui a le plus gardé à vue, remis par Sarkozy et sa pile électrique, Raff d’Or du meilleur patron à celui qui a le plus licencié remis par Fillon et sa raie sur le côté, Raff d’Or du meilleur ministre à celui qui a sucré le plus de crédits et de postes, remis par Raffarin himself, et Grand Raff d’Or d’honneur pour l’ensemble de son œuvre (dernier opus : Executive Life) remis à Chirac par lui-même. Mais pendant ce temps, la gauche bouge, et pas qu’un peu : le célèbre motocycliste en location Fabius fait des banquets, donc Strauss-Kahn fait les siens autour de sa trouvaille, le « socialisme de production », dont il se garde de donner la recette, qu’il a dû d’ailleurs oublier. Bon appétit messieurs. Hollande salue un accord « historique » avec les verts franciliens, avec peut-être à la clé un score historique aux régionales pour la « première éco-région-européenne », dixit Mamère. Vive la république une et indivisible.
Heureusement que des israéliens et des palestiniens de bonne volonté tentent de tricoter une paix juste au Proche-Orient à Genève. Heureusement que le Che et Montebourg adhèrent (oh, bien timidement, bien prudemment, certes, faut pas brusquer les grands ou moins grands fauves, mais c’est toujours un début) à la « protectionism fashion » que nous avions lancée voici peu. Heureusement que Florence Bray nous revient, très en forme, que Jean-Michel Hureau râle, que Jeannick Le Lagadec et J.R. Simon proposent, que les bretons pétitionnent, que la Ligne continue, que l’équipe de la Banquise vous souhaite un joyeux Noël et une année 2004 bien meilleure que 2003, ce qui ne devrait pas être difficile, mais qui sait.
Bonnes lectures