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LE COMBAT POUR L’EGALITE N’EST PAS TERMINE Par Fatiha Mlati
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LE COMBAT POUR L’EGALITE N’EST PAS TERMINE
Par Fatiha Mlati


On ne naît pas femme, on le devient aimait à dire Simone de Beauvoir. Trente ans après les grands combats féministes, où en est-on ?
C’est d’abord le mérite de l’ouvrage, Fausse Route, d’Elisabeth Badinter de rouvrir cette question et d’interroger la pertinence du combat féministe. Combat qui semble noyé dans un communautarisme de bon aloi conforme à une période où les luttes se déclinent sur le mode défensif. A ce titre, la dérive dénoncée par Elisabeth Badinter sonne juste : la question féminine a conduit à une victimisation générale des femmes se traduisant par exemple par l’émergence dans le droit de la notion de harcèlement sexuel. Cette démarche laisse de côté le combat essentiel en République, celui de l’égalité, notamment sociale.
Le combat pour l’égalité était une réponse plus appropriée au manquement de l’universalisme républicain qui avait oublié et maintenu dans l’infantilisation la moitié de l’humanité pendant plus de deux siècles. La victimisation est le signe d’un affaiblissement du combat des femmes qui abandonne l’égalité des droits, le combat de classes au profit d’une institutionnalisation de la guerre quasi anthropologique des sexes. Cette évolution est-elle représentative des difficultés objectives des femmes d’aujourd’hui ?
Le reproche que nous pouvons faire à Elisabeth Badiner est que ces critiques s’adressent avant tout aux féministes d’Outre-Atlantique. Il y a absence d’analyse des causes de la régression du mouvement du féminisme français. Comme si l’histoire de ce mouvement s’était enraillé avec la loi de 75 sur l’avortement, mettant ainsi un terme à un cycle de revendications.
Alors, d’aucun dirons que, depuis, il y a la parité. Certes. Est-ce une avancée ? N’a-t-elle pas été octroyé et non gagnée? Ne va-t-elle pas contre le principe de l’égalité? Et par là même n’aide-t-elle pas l’émergence du communautarisme en politique ? La dérive semble s’inscrire durablement dans nos modes de pensées à écouter Anne Hidalgo au Congrès du PS à Dijon : « désormais tous les questions sociales devront faire l’objet d’un traitement sexué ». Qu’est ce à dire ? Les femmes, dans la France de Raffarin, n’ont-elles comme seule réponse au défi de la question sociale qu’une guerre des sexes ? Pourtant, la question fondatrice de l’égalité a encore de beaux jours devant elle et de lourds combats sont à mener…Des exemples?
Une femme avec trois enfants renonce plus facilement à sa carrière professionnelle que son époux. Depuis 1983, le mode de garde d’enfant individuel s’est développé au détriment d’un système collectif. La réduction du temps de travail est occupée essentiellement par les femmes non pas pour leur loisir propre mais pour les tâches domestiques et familiales. 60% du travail à temps partiel, de bas de niveau de qualification, est occupé par des femmes. Le taux de chômage des femmes est largement supérieur à celui des hommes. Leur taux de rémunération reste inférieur de plus de 20%. La récente réforme des retraites vient encore accentuer ces inégalités, avec la certitude pour nombre de femmes de ne jamais atteindre le nombre de trimestre de cotisations requis pour un salaire de remplacement décent. Nous le voyons, tout reste à faire. Nul besoin de la figure de la victime pour mener ces combats aux côtés des hommes engagés dans la lutte pour l’égalité sociale.



Fatiha Mlati dirige une structure d’insertion professionnelle et est Secrétaire nationale à l’égalité et à la Citoyenneté du MRC