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NOUVELLES DE LA GAUCHE CONGELEE Septembre 2003
NOUVELLES DE LA GAUCHE CONGELEE : A DIJON, RIEN DE NOUVEAU AU CONGRES DU PS
NOUVELLES DE LA GAUCHE CONGELEE : LE CONGRES DU PCF Avril 2003
NOUVELLES DE LA GAUCHE CONGELEE: MARS 2003
NOUVELLES DE LA GAUCHE CONGELEE Février 2003
NOUVELLES DE LA GAUCHE CONGELEE: Janvier 2003
NOUVELLES DE LA GAUCHE CONGELEE: Décembre 2002


 
NOUVELLES DE LA GAUCHE CONGELEE : LE CONGRES DU PCF
Par João Silveirinho


Ca y est, la Loya jirga* du PC est finie. Comme promis, nous - c'est-à-dire moi, en réalité, pas très solidaires, les copains – nous sommes farcis les trois textes présentés, plus le texte final, plus des commentaires divers. Premier constat qui n’est pas une surprise, on ne retrouve pas dans tous ces textes la verve et le primesaut qui sont parfois un des charmes de La Banquise. Dans le genre, le plus dur est encore à venir, puisqu’il va falloir se coltiner les 300 et quelques pages des motions de la Loya Jirga PS, pas vraiment affriolantes à première vue. Après les 300 pages du MRC de l’hiver dernier, vous ne pourrez pas dire que La Banquise ne vous mâche pas le travail. Mais foin de considérations stylistiques et statistiques et passons au fond, si possible.

Un bon point d’abord, pour le PC. L’autocritique, que Chevènement et Jospin s’abstiennent avec une constance inébranlable de pratiquer, le PC connaît par cœur. Les opposants tapent comme des sourds sur les méfaits de la direction sortante, la direction sortante confesse ses turpitudes pendant des pages et des pages. C’est promis, elle ne le refera plus, puisqu’elle se représente, et finit par être élue. Les turpitudes en question ?Citons les textes. Celui de la direction d’abord : « En renonçant à combattre les choix du capitalisme mondialisé, le parti socialiste hégémonique a placé le gouvernement de la gauche plurielle sous la dépendance des marchés financiers et des contraintes d’une construction européenne contre l’emploi et le social. Dans ces conditions difficiles, nous étions au gouvernement. Nous ne nous sommes pas donné les moyens d’une autonomie de notre parti. Cela ne nous a pas permis de déployer assez vite et assez fort des initiatives pour contrecarrer les dérives de la gestion gouvernementale », puis (nous avons) « pris des positions ambiguës, voire erronées, par exemple sur l’ouverture du capital de certaines entreprises publiques » et encore « nous avons laissé se distendre nos liens décisifs avec les ouvriers, les employés et les catégories sociales les plus exploitées et les plus en difficulté. De fait, nous avons reculé sur nos positions de classe ». On vous en passe et des meilleures. Mazette ! Heureusement que le petit père des peuples a clamsé il y a quelques lustres !

Les opposants, bien sûr, en rajoutent encore. Exemple : « Pire, l'abandon délibéré par notre parti de la lutte contre le Traité de Maastricht est apparu comme un reniement de plus et finalement un encouragement à la politique sociale libérale du parti socialiste et aux coups portés à notre souveraineté nationale ».

Après de tels constats, comment remonter la pente ? Les cocos sont courageux et s’y attellent, mais nous avons le sentiment que les recettes ne sont ni neuves ni originales. Réinvestir les quartiers, rétablir les liens avec les travailleurs, quel parti de gauche ne le dit pas ? Même le PS en parle, alors. Mais sur quelles bases ? On retrouve quand même quelques points qui seraient susceptibles de trouver échos et convergences. Exemples : « les services publics comme élément structurant d’une société solidaire ; la diversification des modes d’appropriation sociale contre la domination du capital financier ; une nouvelle orientation de l’argent au service des êtres humains et du développement de la société ; la démocratie comme but et comme moyen ; l’accès égal de tous aux droits ; la construction d’une Europe sociale et d’un monde solidaire ». Peu de choses, par contre, sur le comment. Faut-il jeter la pierre aux cosaques ? Pas forcément ou alors pas trop fort, car les autres composantes de la gauche, hors la banquise bien sur, ne sont pas en meilleur état.

Avec qui mener les futurs combats ? Avec les socio-traîtres du PS traînés dans leur ignominie comme on l’a vu précédemment ? Avec l’extrême gauche ? Avec la société civile ? Avec d’autres ? Prudence de sioux des socio-bolchos. Morceaux choisis : « L’union et les alliances électorales ne peuvent constituer un but en soi. Elles sont néanmoins un moyen incontournable du rassemblement des femmes et des hommes qui aspirent à de profondes transformations sociales, celles et ceux qui appellent à un changement de société », voila qui ne mange pas de pain, mais « Alors comment sortir des écueils du passé qui ont brouillé notre image, qui ont conduit à ce tête-à-tête réducteur avec le PS ? ». Suspense, car en voilà une question qu’elle est bonne. Réponse : « La question du contenu est déterminante et nous devons rehausser le niveau de nos exigences, en remettant en avant sur tous les sujets, l’idée de transformation de la société et de la logique capitaliste qui la régit aujourd’hui ». Fastoche, on impose notre contenu au PS, et on repart comme avant. Sacrée Marie-George, quel talent !

Les opposants sont (un peu) plus clairs : « réaffirmer le principe qu’aux élections présidentielles, législatives et cantonales, le PCF présente des candidat-e-s au premier tour, et des listes ouvertes rassembleuses aux élections régionales et européennes ». Les « listes ouvertes et rassembleuses », ça ne vous rappelle pas les listes « Bouge l’Europe » dont les mêmes opposants rappellent la campagne « calamiteuse » ? A eux, peut-être que non, mais à nous, sûr que oui.

Après la « bataille d’idées », la bataille d’appareil. Ma rie-Jo a fait alliance avec les refondateurs, puis avec les reconstructeurs « marchaisiens » puis les a tous ou presque virés de la direction. Olé !

Beaucoup de communistes ont été déçus par leur congrès, amers, même. On les comprend mais, hein, tant qu’il a de la vie, il y a de l’espoir. Quelques conseils en passant : sortez de votre coquille, partez du principe que la gauche antilibérale est éclatée et ne se construira ni autour de vous ni autour de quoi que ce soit d’autre, mais en construisant ensemble autre chose. Bon, allez, le mois prochain, on se fait le PS.


*Pour répondre à une question de lecteurs, la Loya Jirga est une assemblée de sages des tribus afghanes (ndlr)