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LES DESSINS DE MICHEL HULIN
Les belles histoires d'Oncle Sylvain Par Sylvain Ethiré
Boum Boum: nos têtes de turcs Par Mick et Paule
LES HUMEURS DE JMH Par Jean-Michel Hureau
NUMERO (TRES) SPECIAL DE RECHAUFFER LA BANQUISE: MELANGE* EN HOMMAGE A JEAN-LUC LAURENT, PETIT PERE DU PEUPLE DU KREMLIN (Bicêtre)
LETTRE A UN COMMISSAIRE EUROPEEN
COMMENT DEVENIR PRESIDENT Par Jacques-Robert Simon
LU DANS LA PRESSE… Par Jacques-Robert Simon
Glané sur le net
LES (faux) VOEUX DU PRESIDENT POUR 2004
Gag : A DONF’ A GAUCHE, DONC ! (souvenirs de vacances à Belfort) Par Anna Magnanime


 
Boum Boum: nos têtes de turcs Par Mick et Paule



BOUM-BOUM : BARNIER ET DSK, LE DUO DE L’ETE OU COMMENT ORGANISER UN DEBAT TELEVISE DANS VOTRE SALON
Le seul « grand » débat télévisé à l’occasion des élections européennes fut digne de ce que nous attendions. Tous les ingrédients du genre y étaient, jusqu’à la caricature.
Si un jour vous voulez organiser un « grand » débat télévisé dans votre salon, filmé en DVcam, voici le mode d’emploi.
Ne réunissez dans votre salon que les représentants des « grands » partis. A « grand » débat, « grands » partis. Qu’est-ce qu’un « grand » parti ? Fastoche : c’est un parti qui a ou a eu des ministres en nombre suffisant (c’est vous qui décidez du nombre). Les « petits » partis, on en fait quoi, alors ? Grâce à la technique moderne, ils sont filmés chez eux en webcam, et vous les prenez en duplex. Vous constaterez vite que la méthode du duplex est très efficace pour couper le sifflet d’un « petit » qui la ramènerait un peu trop à votre goût.
Quelques conseils maintenant pour conduire le débat. Le but du jeu est de montrer aux spectateurs que ceux pour qui il faut voter sont les gens des « grands » partis. Et tout particulièrement les deux plus grands. Comment les reconnaître ? Très simple, ce sont ceux qui ont les costards les plus chers. Certains experts préfèrent à la méthode du costard la méthode de l’embonpoint : plus le parti est « grand », plus sont représentant est empâté. Ne les écoutez pas, c’est comme si on vous disait que la méthode Ogino est préférable à la pilule pour éviter la grossesse.
Comment les faire gagner ? C’est là qu’il faut un peu de doigté. Incitez les autres à leur poser des questions, et jamais l’inverse. Les « grands » sont là pour donner des réponses, les autres pour poser des questions ou protester, ce qui ne les montre pas sous un bon jour. Au besoin, posez vous-même les questions qui rassurent les « grands » et, tant qu’à faire, celles qui embêtent les petits. Une grande règle absolue : donner la parole en dernier aux « grands ». Indispensable.
Si vous avez suivi le débat à la télé, vous avez eu droit à tout ça, car les Chabot, Bilalian, Mazerolle, Duhamel and co sont de grands pros qui ne plaisantent pas avec les règles.
Mais ce que vous n’aurez pas dans votre salon, c’est « la personnalité politique de premier plan ». Même si vous en avez une parmi vos copains, jamais elle ne perdra son temps dans vos amusettes de salon. La « personnalité politique de premier plan » ne se déplace, costard cossu inclus, que pour les « grandes » chaînes.
Pour les européennes, on a eu droit à MM. Barnier et Strauss-Kahn dans les rôles principaux, avec Bayrou dans la compétition du meilleur second rôle. Du grand art dans la manière d’escamoter les grandes questions d’un débat (la constitution européenne, le libéralisme, les relations avec les USA). Un vide sidéral. Que le vide vienne de la droite, on a l’habitude et cela nous ravit plutôt, nous qui sommes de gauche. Mais quand le « grand de gauche » fait vide égal, il y a malaise. Malaise devant la condescendance des deux encostardés devant les autres. Malaise devant les connivences, dites ou non dites, petits regards entendus, courbettes et politesses de bourgeois établis. Malaise devant les mensonges, car il s’agit bien de mensonges, proférés par DSK pour répondre aux interpellations (bien joué Chabot, fais lui poser des questions) d’un jeune, mais assez célèbre, préposé aux postes, couronné d’un accessit à la dernière Star Academy présidentielle.
Nous avons donc appris, ce soir là, que la gauche n’avait pas privatisé sous le gouvernement Jospin. Ou alors juste un peu, et encore, à l’insu de son plein gré puisqu’il s’agissait de « respecter la parole donnée précédemment par la France ». C’est DSK qui ose dire ça ? Il veut qu’on lui ressorte la liste des entreprises et services privatisés sous Jospin? A qui la France avait donné sa parole pour privatiser un bout d’autoroute ou une sous filiale de filiale ? Et cela veut-il dire que si demain Chirac promet, par exemple, de privatiser l’enseignement, la santé et autres choses, le futur président DSK 1er ne lèvera pas le petit doigt pour revenir là-dessus ? Il veut qu’on lui rappelle son projet d’ouverture du capital d’EDF ? L’impudence de ces « présidentiables » autoproclamés n’a décidément pas de limites. Après les calamiteuses carottes râpées et moto de location de Fabius, voilà les mensonges et pontifications de DSK, l’homme du « socialisme de production », du « socialisme du partage », du « socialisme de l’émancipation », rien que çà.
Nous savons depuis longtemps qu’à droite, la franchise du collier n’est pas la qualité première de ses champions, qu’il s’agisse du titulaire de l’Elysée ou de son challenger de Bercy. On se doutait un peu qu’au PS, on en découvrirait du même tonneau (il y a des précédents historiques, alors on se méfie). Hé bien merci Madame Chabot, vous avez révélé, à ceux qui avaient encore des illusions, la vraie nature de DSK. Et confirmé par-dessus le marché que les prestations de M. Barnier devraient être remboursées par la sécurité sociale : c’est l’un des meilleurs somnifères qui soient.


BOUM-BOUM: LE GANG DES EURO-BEATS

Il y avait le gang de la brise de mer, à Bastia, rayon grand banditisme et mafia sauce insulaire, il y a le gang des prix littéraires, club très fermé de répartition de dividendes de renommées parfois éphémères, le gang des grands chefs, qui montre les dents après le suicide de l’un d’entre eux : quels sont ces chroniqueurs pourris qui osent nous critiquer ; le gang du Monde vient d’être créé, mené par un trio qui est soupçonné de vouloir faire main basse sur l’opinion éclairée.

Et il y a le gang télévisuel de l’Europe, avec sa chef-grande-prêtresse Christine Ockrent, ses hommes de main, July et l’autre dont nous oublions toujours le nom, ses succursales légères – Christine Bravo-hi-hi-je-pouffe – ou lourdes (diverses émissions de pure propagande), ses chevau-légers, relativement, dont le plus voyant en ce moment est le quasi inévitable Claude Allègre. Longtemps cantonné à ne dire des bêtises qu’au sujet de l’enseignement, fonction obligeait, sa retraite ministérielle l’autorise maintenant à en dire sur tous les sujets, ce dont il ne se prive pas.

Claude Allègre est, comme on dit chez les Ockrent, un européen convaincu. D’ailleurs, le salon Ockrent ne fréquente, ne reçoit que des européens convaincus. Il propose, le dimanche soir, de passionnants débats où des européens convaincus rivalisent de convictions afin d’apparaître encore plus convaincus que le convaincu d’en face.

Madame Ockrent est une maîtresse de maison accomplie, tout le prouve, dont son impeccable permanente. Et elle sait le secret des salons réussis. Et nous allons vous le sussurer afin que vous réussissiez aussi. Alors voilà : le principe essentiel d’un salon réussi, salon ou talk show télévisé, c’est pareil, hein, n’ergotons pas sur les détails, c’est d’y réunir des gens de bonne compagnie d’accord sur l’essentiel. Sinon, c’est la zone. Pas terrible comme secret ? C’est que le zeste important arrive maintenant.

Si vous ne conviez que et toujours des gens d’accord sur l’essentiel, on finit par s’ennuyer poliment. Il faut donc corser un peu l’affaire. Mais attention, et c’est toute la difficulté de l’exercice, c’est comme les épices dans la cuisine, trop de piment et c’est la bouche en feu.

Il convient donc d’inviter de temps en temps, surtout pas trop souvent et pour tout dire rarement, sinon on ne sait plus où on met les pieds, un pas européen convaincu du tout, présentable quand même. Disponibles sur le marché : Besancenot, Chevènement, Pasqua ; Laguiller, limite limite, elle fait mauvais genre à cause de Mme de Fontenay. Bien entendu, on prendra soin d’entourer le pas européen convaincu du tout d’européens très convaincus, de façon qu’il apparaisse tel l’hurluberlu dans un cénacle de gens normaux.

Dans les années cinquante, certains salons bourgeois invitaient ainsi, parfois un communiste, si possible universitaire, y’a des limites. Ensuite, ce fut un gauchiste, forcément universitaire. Une sorte d’attraction, comme le prestidigitateur des entractes des cinémas d’avant guerre.

Car le gang de l’Europe a un objectif, et il y tient de façon inflexible, comme tous les gangs : nous persuader que l’Europe libérale est notre incontournable avenir, que celui-ci fait de toutes façons un large consensus même si quelques originaux, il en faut, ruent un peu dans les brancards.
BOUM-BOUM : LES EXCITES DE L'HOSTIE

Pauvre Jospin. L’un des acquis de son fameux bilan risque encore de lui être piqué. Cela devient une habitude : Martine Aubry lui avait déjà confisqué les 35 heures et la CMU, Jean-Pierre Chevènement la police de proximité. Ne lui restaient que les catastrophes ( privatisation, Corse, traité d’Amsterdam) et UNE bonne action : le refus d’inclure dans ce bazar qu’est la Charte européenne des droits du citoyen une référence à un héritage chrétien réclamé haut et fort par les lobbies bigots. Hé bé, dans cet autre bazar, plus dangereux encore, qu’est le projet de constitution européenne, les lobbies remettent ça, et pas avec le dos du goupillon. Voilà-t-il pas que quelques excités de l’hostie veulent carrément que le préambule fasse référence à Dieu ! Qu’on s’entende bien, nous deux, et ça n’engage que nous, sommes plutôt anticléricaux primaires. Nous regrettons le temps des soutanes et des croâ croâ qui pouvaient joyeusement les accompagner. Les voiles, islamiques ou cathos, nous donnent de l’urticaire, au point qu’il suffirait d’un rien pour que cédions à la tentation de noyer notre désespérance dans les plus noires turpitudes. Mais attention, laïques nous sommes, laïques nous resterons : s’il plait à qui que soit de croire en ces fariboles, grand bien lui fasse. Nous partageons assez, sur ce point, ce qu’écrivaient en grosses lettres les anarchistes portugais sur les murs de Lisbonne après le 25 avril ; si Dieu existe, c’est son problème, pas le nôtre. L’idée même de constitution européenne est déjà assez saugrenue comme ça pour ne pas, en plus, la surcharger avec des billevesées de cet acabit. Sinon, vous êtes prévenus, on repart sur le sentier de la guerre : à bas toutes les calottes, les voiles et autres couvre-chefs !


BOUM-BOUM : Pascal Lamy, un hurluberlu danger public


C’est Jacques Delors qui nous a fait cadeau de ce monsieur, l’ « ahuri », comme l’écrit Bernard Maris, l’excellent Oncle Bernard de Charlie Hebdo. Comme vous le savez, l’ami Lamy (facile mais bon) est commissaire européen au commerce international. C’est ce grand jeune (de moins en moins) homme dégingandé qui négocie pour l’Union Européenne à l’OMC. Tout seul, comme un grand. Les états l’attendent derrière la porte quand les séances finissent et lui frottent parfois les oreilles, parce que Lamy a un peu beaucoup tendance à tout décider tout seul. Lamy s’aime. Lors de la dernière conférence de l’OMC, il avait fait distribuer par les services de la communication de l’Union Européenne une brochure résumant les positions de l’Europe, truffée de citations du grand penseur et économiste Lamy Pascal, du genre « le commerce est bon pour la paix ». Sans ajouter « par exemple, celui du pétrole », ce qui montre que Lamy n’est pas du genre rigolard ( mais détendu, hein, il a appris ça en stage de com’).
Lamy, qui se prétend socialiste dans le civil, mais sans doute très à droite de Tony Blair, s’apprête à négocier l’AGCS. Ques aco ? une nouvelle forme de l’AMI (décidément), machine de guerre contre les services publics qui fut bloquée in extremis voici quelques années par les efforts conjoints de la gauche et de Juppé, alors ministre des affaires étrangères (vous voyez, on reconnaît même les mérites de ceux qui n’en ont pas beaucoup). L’AGCS, accord général sur les services, fait entrer dans le cadre du marché la culture, la santé, l’éducation, entre autres. Bref, ce qui est le plus sacré du service public.
A l’OMC, les membres, avant chaque session, peuvent faire des offres de secteurs à « libéraliser » (ça ne fonctionne que dans un sens, ont ne peut pas faire des offres pour dé-libéraliser, ils ont oublié de le mettre dans le règlement, c’est con, hein, et maintenant c’est trop tard). Ils peuvent, mais ils ne sont pas obligés. Bon, celui qui ne propose jamais rien passera pour un boudeur, mais il y a des tas de trucs qu’on peut proposer sans problèmes. Les articles de pêche, par exemple. Ca y est déjà ? Bon, mais on réfléchira pour la prochaine fois. Toujours ça de gagné contre les termites libérales. Mais le grand Lamy ne mange pas de ce pain là, lui, il propose, lui, et pas qu’un peu. L’éducation, la santé, la culture, ça vous a de la gueule, tout de même. Par rapport à Lamy, Raffarin va passer pour un dangereux gauchiste.
Lamy est un pur produit de l’irresponsabilité bruxelloise, un pur produit des arrangements entre grands chefs pour nommer les commissaires européens, un pur produit de l’immodestie et du mépris des classes dirigeantes d’aujourd’hui. Lamy n’est donc qu’un produit. On pourrait peut-être faire une offre à l’OMC : libéralisons Lamy. Qui veut de Lamy ? Allez, on solde, soignez sympas les gars, prenez-nous notre Lamy, et gardez-le bien.


BOUM-BOUM : FERRY-BOITE


Le célèbre second couteau de la philosophie devenu ministre de l’Education a, comme on le sait, pondu un ouvrage « pour ceux qui aiment l’école » qu’il a gentiment envoyé à quelques centaines de milliers d’enseignants, pulvérisant ainsi les records des best-sellers de l’année.

Il apparaît que certains enseignants lui ont retourné son pensum. Nous les comprenons tout à fait, mais, à notre avis, s’agissant d’une sorte de cadeau, il convient d’y mettre les formes, question d’élémentaire politesse. Le temps des enseignants, comme celui de bien des citoyens étant compté, nous nous sommes donc dévoués pour proposer quelques lettres « prêtap’» que les enseignants pressés pourront utiliser pour accompagner le retour de l’ouvrage à l’envoyeur.

Lettre n°1
Monsieur le Ministre,
Je vous remercie beaucoup pour votre livre. J’en cherchais justement un pour caler la table de ma cuisine et vous pensez comme j’ai été heureux de le recevoir. Malheureusement, il est un peu trop épais et déséquilibre ma table dans l’autre sens. Aussi, je vous le renvoie. Merci encore.
Ps : si vous publiez prochainement un ouvrage plus mince (1cm environ), auriez-vous la gentillesse de me le faire parvenir ?

Lettre n°2
Monsieur,
Assurant à titre bénévole hors mes obligations de service la chronique littéraire de l’Echo Castelroussin, j’ai bien reçu votre ouvrage. Malheureusement, le petit comité de lecture que j’ai mis en place pour m’assister dans ma tâche l’a rejeté, motivant son avis principalement par l’absence de densité dans le récit, le style parfois pesant, et le fait que vous n’ayez pu terminer votre roman, faisant appel à des confrères (Mme et Mr Haigneré et Darcos, je crois), ce qui nuit gravement à l’unité stylistique de votre œuvre. Je ne pourrai donc, à mon grand regret, en faire état dans les colonnes de l’Echo Castelroussin. Ne vous découragez toutefois pas ! Nombreux sont en effet les auteurs qui ont dû peiner avant d’atteindre la gloire. Cordialement.

Lettre n°3
Monsieur,
Je vous renvoie l’ouvrage que vous m’avez fait parvenir. Je me refuse en effet à conserver chez moi des livres de propagande, de quelque côté qu’ils viennent. Je tiens en effet à protéger mes enfants de toute forme d’influence qui serait susceptible de menacer l’objectivité que j’essaie de leur inculquer. Je vous remercie à l’avance de bien vouloir ne pas insister à l’avenir.

Lettre n°4
Cher Monsieur Ferry,
Savez-vous que mon arrière-arrière grand’mère, Félicie, a connu de très très près votre arrière arrière grand’père, Jules ? Cela crée des liens. Peut-être même sommes nous cousins, qui sait ? En tout cas, ça crée des liens. Quand vous passerez dans le coin, ça me fera plaisir de vous offrir un canon et de parler du bon vieux temps. Merci pour votre livre, que je vous renvoie. Je pense que vous pourrez ainsi l’envoyer à nouveau, à la rentrée, à un collègue débutant, ce qui sera toujours autant d’économisé pour votre budget. Bien à vous

Lettre n°5
Monsieur Ferry,
Je vous renvoie votre petit livre, car ma bibliothèque déborde et je suis contraint à une sévère sélection. Comme je n’aime pas jeter, je suis certain que vous pourrez le confier à votre collègue de l’écologie, qui ne manquera probablement pas de le recycler. Salutations


BOUM-BOUM : LES DELIRES DE DSK


Alleluia, miracle, pleurez de joie bonnes gens et loué soit le seigneur, une nation est née. C’est du moins l’opinion émise par l’ineffable Dominique Strauss-Khan dans un journal du soir dont l’auto-proclamée vertu est un peu chahutée ces temps-ci.
DSK a eu une révélation le 15 février, en constatant qu’il y avait plein de monde dans les rues de plein de pays le 15 février dernier. Et ce monde, il lui a trouvé un nom, la nation européenne. Il fut un temps, mais DSK n’était pas né, ou alors tout petit, et nous non plus, où , chaque premier jour de mai, des cohortes nombreuses défilaient dans les rues de plein de pays de plein de continents. C’est con, vraiment, que DSK n’ait pas vu ça, il aurait pu décréter d’office la naissance de la nation mondiale. Ce n’était, on le sait, qu’une manifestation, timide, imparfaite, d’un certain internationalisme prolétarien, qui en a pris un coup depuis. Et ce n’était pas rien.
La réaction des foules, le 15 février, contre l’impérialisme guerrier du gouvernement américain, a largement dépassé l’Europe, on le sait. Bienvenue donc aux centaines de milliers, aux millions peut-être d’australiens, de brésiliens, d’africains et aussi, ne les oublions surtout pas car il faut saluer leur courage de citoyens des Etats-Unis, dans la nation européenne. Le 15 févier, m’sieur DSK, ce fut une journée internationaliste, une belle journée.
M’sieur DSK n’est pas idiot, il est même probablement cultivé, il sait bien ce que nation est, même si un peu oublié, il y a tant de choses à penser. Mais prendre la vessie d’une « nation » européenne pour une lanterne internationaliste, il n’y a naïveté de sa part. C’est tout bonnement faire feu de tout bois pour instiller un peu plus dans les esprits l’Europe supranationale qu’il appelle de ses vœux. Il vend d’ailleurs sans barguigner sa mèche : puisque maintenant, par le coup de baguette magique du 15 février, l’Europe est une nation (construite en quelques heures, une sacrée perf’), qu’elle a, comme il dit, un espace économique (entendez un espace où les capitaux dictent partout leurs caprices), manque plus qu’un truc : un gouvernement politique.
C’est terrible, ces gens qui ne peuvent pas se contenter de faire ministre dans leur pays et qui veulent diriger le monde, ou l’Europe, en attendant. Mais, m’sieur DSK, tu dois bien te souvenir qu’une nation se construit très lentement, sur une culture commune. Il y aura peut-être un jour une nation européenne. On peut même le souhaiter, mais comme avait coutume de dire le soir au coin du feu Vladimir Illitch Oulianov, les conditions préalables ne sont pas réunies.


BOUM-BOUM : MARIE-FRANÇOISE, ON T’AIME !


La preuve qu’on ne mord pas tout le temps et qu’on ne dit pas que du mal. Ce mois-ci, on va montrer qu’on a, sous notre rude écorce, un cœur d’artichaut. Marie-Françoise Bechtel, une ex du cabinet du Che, (et militante aussi, une énarque qui distribue des tracts, vous en connaissez beaucoup, vous ? – Dans la rue ? Oui, oui, dans la rue. – Nooon… - Si.) était directrice de l’ENA. Elle voulait redonner à cette institution son rôle républicain, y insuffler le sens de l’Etat et de l’intérêt général que l’intense pratique du pantouflage, du copinage, d’une grande consanguinité sociale avaient depuis belle lurette fait disparaître. Mais Raffarin veille, à moins que ce ne soit Juppé, allez savoir, et Marie-Françoise n’est plus directrice de l’ENA. Les aspirants arrivistes respirent, on ne cassera pas leur joujou. En plus, Marie-Françoise a le sens de l’humour. Croyez-vous que ce soit pour ça qu’on l’a virée ? Ne t’en fais pas, Marie-Françoise, tu n’as pas tout perdu, on t’aime.


BOUM-BOUM: LE MRC

On voulait se refaire Jospin, mais Trannoy a couru plus vite, alors, on va causer du MRC.
Ainsi donc, le Pôle Rep’, ex MDC, devient MRC. La boutique est repeinte. Son article phare demeure le discours de Vincennes de Jean-Pierre Chevènement. Il faut reconnaître que, par rapport à la concurrence, c’est un produit plutôt solide, de bonne qualité. On se demande même pourquoi il n’y a pas plus de clients. Notre révéré Directeur y trouvera une preuve de plus que le marché, ça ne fonctionne pas bien. La peinture à peine sèche, le produit à l’étalage, restait à trouver le boutiquier en chef. Le Che, principal actionnaire, veut rester dans les hauteurs (les hauteurs, hein, Jean-Pierre, pas les nuages), le pourtant talentueux Jean-Yves Autexier, plébiscité par la base, ne se sent pas la bosse du commerce. C’est donc Jean-Luc Laurent, maire, réélu donc apprécié, du Kremlin-Bicêtre (maître du Kremlin, insinuent les mauvaises langues, qui ne sont pas notre genre) qui s’y colle. À l’insu de son plein gré, prétend l’intéressé, mais on connaît la chanson.
Il revient donc au responsable en chef des calamiteuses élections législatives du Pôle rep’ défunt de développer la boutique MRC. Nous sommes sévères mais justes : il faut bien reconnaître que le meilleur des stratèges eût sans doute échoué pour les législatives en question, mais il y a la manière et celle, à la serpe, de J.L. Laurent a laissé des cicatrices. De même, sa condescendance vis-à-vis de ses petits camarades qui se sont impliqués dans la préparation du congrès fondateur de sa boutique n’a pas plu à tout le monde, comme on dit à la télé. J.L. Laurent a en conséquence un problème d’image : comment troquer un costard de coupeur de têtes, rigide plus que sur les bords, en avenant animateur d’un parti dynamique et accueillant. Certes, on a déjà vu des choses du genre (le regretté Krasu, par exemple). Et la fugace lueur de candeur enfantine que décèlent parfois dans son regard des observateurs (très) perspicaces est sans doute un signe encourageant. Mais, comme disait Michel Hulin en d’autres circonstances et à propos d’autre chose, y’a du boulot.
BOUM-BOUM : ELIE ARIE*


Elie Arié est casse-bonbons. C’est vrai, quoi, voilà un garçon intelligent, sinon, on ne le publierait pas deux fois, qui dit des choses sensées, notamment sur la mondialisation, et qui devient fébrile et agité quand il entend un mot, un seul, « gauche ». Tentez l’expérience, prenez un pot avec Elie, à un moment, demandez au garçon où sont les toilettes. Il vous répondra, c’est fatal, au fond à gauche. Et observez alors Elie, on parie que d’un coup, lui si calme et posé, souriant même jusque là, va commencer à devenir nerveux et impatient. C’et rigolo comme symptôme, mais on vous rassure, ce n’est pas contagieux.

*voir l'article en cause d'Elie Arié (Gauche et Droite) dans la rubrique Alerte!, contributions sur le MRC

BOUM-BOUM: CLAUDE ROCHET


Connaissez-vous Claude Rochet ? C’est un respectable expert, puisqu’il a contribué aux réflexions des dits experts lors de la campagne de Jean-Pierre Chevènement. Claude Rochet n’a pas apprécié le dernier numéro de Réchauffer la Banquise.. Tant mieux, l’unanimisme est toujours suspect. Il nous reproche des « analyses économiques écrites avec un marteau, qui mériteraient un zéro pointé en première année de fac ». Libre à lui. Mais s’il lit ces lignes, il constatera que nous n’écrivons pas seulement avec un marteau, mais aussi avec la faucille. Bref, nous ne sommes pas des adeptes du dos de la cuiller. Et comme l’a dit notre Dir’ pub’ ( double apocope ), le problème de la première année de sciences éco, c’est qu’on y enseigne une économie unijambiste : point de vérité hors les dogmes libéraux. Et ça ne s’arrange pas les années suivantes, malgré les méritants enseignants qui font de la résistance, n’est-ce pas oncle Bernard ?Il est temps, cher Claude Rochet, de se servir, pour appuyer nos réflexions, des différentes sources des analyses économiques. Il est temps de se souvenir que l’économie est politique, on la nommait d’ailleurs ainsi il n’y a pas si longtemps dans nos facs. Ses instruments ne sont pas neutres. Et ne pas se servir des outils fabriqués, entre autres, par le père Karl (Marx), même en adoptant parfois un style Groucho (Marx) c’est se priver d’une partie de la pensée. Pas pour être marxiste, mais au moins pour être raisonnablement marxien. Se dire anti-libéral en ne remettant pas en cause les auto-proclamés « fondamentaux » économiques, ce n’est pas très sérieux. C’est malheureusement trop fréquent à gauche, même dans nos rangs. Il est vrai que Claude Rochet n’aime pas la gauche, ce qui est aussi son droit.

BOUM-BOUM : SACRE KERDRAON !*


On est comme ça, à Réchauffer la Banquise, sympas et ouverts. La preuve, l’article de
Pierre Kerdraon que vous venez de lire. La désignation des candidats aux fonctions internes et aux élections locales et nationales par les militants des comités locaux, comme nous le proposions dans le numéro d’août, le tourmentent. Et l’éventualité de courants le fait frémir. Cool, Pierre. Causons un peu. Un, nous n’avons rien contre une validation des candidats désignés par une instance nationale. Cela peut servir à éviter des candidatures hurluberlues dans certains cas. Encore faut-il que la décision nationale soit motivée, expliquée et acceptée par la base. Cela sert aussi à faire respecter certains principes, tel la parité. Quant aux « personnalités apportant un plus », rigolons doucement. Ou bien c’est le cas, et les militants raisonnables accueilleront, même avec quelques réticences, les personnalités en question. Ou bien le « plus » en question est farcesque, ce qui fut parfois le cas en juin, et les militants, qui ont tout de même oublié d’être idiots, auront la capacité de dire non.
Le problème des courants est d’une autre nature. On en connaît les travers, lorsqu’on regarde ce qu’ils sont devenus dans d’autres organisations (le PS ? ben oui, le PS) : des vecteurs de présidentiables putatifs ou d’ambitions d’appareils. Mais il y eut aussi, même au PS, des courants d’idées. Comment imaginer un parti qui a vocation à rassembler des citoyens dont les parcours, les références sont diverses sans permettre à ces différences, qui enrichiront le collectif, de vivre et de s’exprimer ? Es-tu, Pierre, déjà nostalgique de ces listes de responsables désignés par le « haut » et « élus » avec des scores qui feraient pâlir d’envie Monsieur Bongo par des militants n’ayant pas d’autre alternative ? Nous n’osons le croire. Et ne vaut-il pas mieux qu’existent des courants, à la condition que leur fonctionnement soit transparent et respecte les règles communes, plutôt que des batailles souterraines ou les gesticulations et simagrées pour entrer dans les petits papiers de tel chef ? Bref, le courant n’est pas la panacée, mais mieux vaut courant que courtisan ou eau dormante, qui peut finir en marécage.

* Voir l'article de P. Kerdraon en question dans la rubrique Alerte!, contributions sur le MRC