L’ école , ses missions, le pari de l’égalité pour tous et ses difficultés d’application ont toujours été au centre de nos préoccupations. Le ministre Ferry prétend lancer un débat dans tous les établissemnts scolaires. Voire. Car les conditions d’organisation de ce débat laissent perplexe : des questions imposées, des réponses déjà toutes prêtes que l’on trouve sur internet. Pour l’exemple, à la question 3, « quel type d’égalité …. », on passe sans frémir du principe de l’égalité des chances à l’égale dignité de tous : comprenez, il n’y a pas de sot métier et comme on ne peut pas tous être ingénieur ou médecin autant aller tout de suite vers des voies de réussite et l’obtention d’une qualification, je cite les propos de la fiche. C’est une conception bien étrange du débat démocratique que mérite pourtant notre système scolair .
Les questions induisent la pensée qui les sous-tend : désengagement de l’Etat, orientation et qualification précoce pour une adaptation au monde du travail, remise en cause de l’égalité pour tous . Alors je n’étonnerai personne en disant que nous refusons cette pré-vision d’une école marchande, libérale, cette destruction de l’éducation nationale.
Un Ferry suit l’autre mais ne se ressemble pas : Jules Ferry a fondé l’Ecole de la République avec pour mission première de former les futurs citoyens, des individus éclairés, capables en conscience d’assumer leurs devoirs et de jouir de leurs droits.
Ceci est plus que jamais d’actualité et nous pensons essentiel de nous saisir de ce débat pour définir ensemble quelles sont les missions de l’école. La formation citoyenne doit être une priorité nationale dans le contexte mondiale. L’instruction donne au citoyen les moyens de se forger un jugement éclairé et de ne pas se dessaisir de son pouvoir de décision au profit des experts ou des démagogues. Quelle culture scolaire commune de base pour quel citoyen ? Jules Ferry affirmait déjà « Bien apprendre ce qu’il n’est pas permis d’ignorer ». La maîtrise de la langue française est la clé de tout car c’est la langue de l’intégration sociale et politique. L’accent doit être mis sur la constitution d’une culture générale (le patrimoine littéraire, philosophique, artistique, scientifique et technique de notre pays et plus largement de l’humanité).
C’est à l’école maternelle que tout commence et elle a un rôle essentiel pour l’éducation des enfants. C’est un de nos points forts. Il faut encourager la scolarisation des enfants dès que les parents le souhaitent en veillant à améliorer l’accueil des 2 ans. A l’heure où 70% des femmes travaillent, diminuer de façon drastique l’accueil des 2, 3 ans comme cela a été le cas lors de la rentrée 2003, cette mesure est une régression dramatique pour l’égalité entre les hommes et les femmes et une nouvelle atteinte aux droits des femmes. C’est une mesure dramatique pour les enfants issus des milieux les plus défavorisés car pour eux comme pour les autres la socialisation, le bain de langage, l’accès aux livres, sont autant d’objectifs primordiaux et ce dès le plus jeune âge. Madame la rapporteure des droits de l’enfants , Claire Brisset avait-elle bien mesuré la portée de sa proposition quand elle conseillait au gouvernement la déscolarisation des 2/3ans ? Je l’invite à venir écouter, pendant ma permanence municipale , le désespoir de ces mères qui, faute de ne pouvoir faire garder leur enfant ( manque de structure, manque de moyens), subissent des situations parfois dramatiques pour elle et pour leur(s) enfants ! Mais je m’emporte et je m’éloigne de mon sujet : comment mettre en place une véritable égalité des chances ?
La conception démocratique de l’enseignement envisage un élévation totale de la nation quelle que soit la situation occupée ou le travail qu’auront à accomplir tous les individus de la société. La revendication de l’égalité est à la fois la conséquence de l’éducation et sa condition. Bien sûr la scolarisation de masse est un défi pour l ‘école, mais justement, il est temps de reaffirmer sa vocation fondamentale , transmettre des savoirs, former des citoyens mais plus encore le soutien de la nation toute entière à l’entreprise d’émancipation qu’elle incarne.
Ne nous y trompons pas, à travers le devenir de l’école de la République c’est un projet de société qui se trouve en débat.