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Tribune Libre : Education et Défense
Par Eric Ferrand
La loi du 28 octobre 1997, qui annonce malheureusement la fin de la conscription, affirme la nécessité pour l’Education nationale de se préoccuper des « principes, de l'organisation de la défense nationale et de la défense européenne qui font l'objet d'un enseignement obligatoire dans le cadre des programmes des établissements du second degré des premiers et second cycle. Cet enseignement a pour objet de renforcer le lien armées-Nation tout en sensibilisant la jeunesse à son devoir de défense".

Cet enseignement de la politique de défense, obligatoire dès le collège, marque cependant un tournant indispensable dans la sensibilisation des jeunes aux valeurs républicaines qui fondent l’unité nationale.

Car, il ne fait pas de doute que cet élément civique, avec l’apprentissage des mécanismes institutionnels de l’Etat, la morale républicaine et une laïcité expliquée, est porteur des valeurs constitutives de la République.

Dès lors, si nul n’est censé ignorer la loi, le « devoir de défense », qui, incombant à tout citoyen français, revêt une force indéniable. C’est au corps enseignant, que Jean-Pierre Chevènement avait raison de qualifier de plus grande armée au service de la République, qu’il revient de le faire vivre et comprendre aux futurs citoyens français, au quotidien. Les cours d’histoire et géographie, de sciences économiques et sociales, de philosophie (dans son enseignement de la notion d’État, de droit, de morale...), des langues étrangères (par la mise en place de comparaisons instructives entre conceptions nationales de l’indépendance) tels qu’ils existent dans les programmes fixées par l’Education nationale, offrent donc un cadre idéal.

Or, si le contexte international, remet un certain nombre de principes en jeu (souveraineté et indépendance nationale, conditions de la démocratie, garantie du droit international contre l’arbitraire, droits de l’homme comme valeur universelle, évolution des critères de puissances…), il est des rappels qui sont bon à faire, à tous les âges.

En effet, à l’indispensable devoir civique des plus jeunes, est venu se greffer la nécessité, pressante, de sensibilisation de tous les citoyens à ces valeurs, consubstantielles de notre « vouloir vivre ensemble », mais trop souvent mises à mal sur l’autel de la défense d’intérêts particuliers. L’enseignement de « l’esprit de défense » doit prendre pour ainsi dire la voie d’une formation tout au long de la vie quant aux vertus de l’intérêt général et la compréhension que la défense concerne chacun d’entre nous en temps de paix, comme en des temps plus sombres.

La France est orpheline de sa conscription, nul ne peut désormais plus en douter. Ce qui constituait un formidable espace de la laïcité active, vécue comme un formidable creuset d'intégration et d'égalité des chances, a bien du mal à se retrouver spontanément dans sa filiation actuelle du parcours citoyen (recensement; Japd; trynome académique; enseignement des questions défense au collège, au lycée, à l'université, par le biais, par exemple, de la généralisation des DEA et DESS).

Ce parcours témoigne que la construction d’une identité commune passent par des relations civiles-militaires mieux expliquées, aussi bien à ’école, qu’au cours des JAPD (Journées d’Appel et de Préparation à la défense) et par là même une connaissance de la politique de défense nationale. En effet, il serait vain et dangereux de vouloir briser ce lien social indispensable à la République entre la Nation et son armée.

Certes, il faut bien reconnaître que le concept de la Nation en armes est révolu. Les nécessités technologiques et les conditions géopolitiques ont eu raison de son maintien. Cela étant, il me semble que l'esprit doit demeurer intact. C’est pourquoi le rôle des réserves est essentiel : chevillés par l'idéal de l'esprit collectif, nous devons nous engager fermement pour faire de cette capacité défensive, un puissant levier de modernisation et d'adaptation de nos forces aux réalités complexes du monde.

Et ce, même si l’on doit dénoncer avec vigueur les derniers soubresauts relatifs aux rigueurs budgétaires imposées et subies par certains ministères, aggravant davantage ce qui permet à notre Nation d’avoir sa propre voie écoutée et respectée sur la scène internationale.

Le lien Armées-Nation doit être impérativement maintenu, il est de la responsabilité politique de ne pas le laisser se distendre, il doit continuer à prendre son relief moteur dans la vie citoyenne. Y a trait, la capacité à expliquer que l’ordre public et les libertés individuelles, sont les garanties de la sûreté personnelle et de la sécurité collective ; que l’indépendance nationale est la garantie sine quae non de la paix dans le monde, que les mutations internationales - au-delà des inégalités de développement et centres d'impulsion dans l'espace mondial - nous apprennent la prégnance de l’histoire et de là notre capacité à agir par anticipation. Il s’agit donc d’une question très actuelle quand la République est minée sur ses bases.

Si le XXème siècle aura été celui des guerres fratricides et de la violence des idéologies, le XXIème n’en sera pas moins débarrassé de menaces globales (environnementales, économiques, démographiques, sanitaires, démocratiques…), qui, bien comprises, peuvent être maîtrisées. N’est-ce pas là un élémentaire « principe de précaution » qu’il convient de défendre et apprendre ?

Une conception à appliquer avec d’autant plus de vigilance, que la prévision des risques, malgré les progrès techniques, comportera toujours une part de « doute » scientifique incompressible. Incontestablement c’est une responsabilité éminemment politique et par voie de conséquence, pleinement citoyenne, d’autant plus fortement que l’ordonnancement du droit international, via la Constitution de 1958, la Charte des Nations Unies de 1945, les traités européens depuis 1957, permet à chaque citoyen de réclamer le droit à la paix.

Mais, l’esprit de défense, qui est résolument un des piliers de la citoyenneté participative, ne doit pas éluder pour autant le danger de sa modélisation et sa simplification à l’extrême. En effet, philosophie universaliste, les relations internationales prises dans leur acception historique, géopolitique, institutionnelle, doivent ainsi être une part active de cette éducation à l’esprit critique, ouverte d’ailleurs à toutes les critiques...
Car, si l'évolution de la politique extérieure de la France et les transformations de son rôle mondial et européen sont inscrites dans le contexte d'une économie ouverte sur le monde, il ne fait pas de doute qu’une mondialisation déséquilibrée, des processus d’intégrations régionales, parfois trop hâtives, les écueils de la sécurité collective et l’échec actuel du multilatéralisme…, portent aussi en elles les germes de menaces futures locales, nationales comme transnationales ; cela mérite au moins d’en aborder tous les aspects positifs comme négatifs pour mieux les appréhender.
Qui mieux que le corps enseignant peut nourrir ce travail interactif, qui font de l’élève comme du professeur des acteurs concernés au quotidien ?

Il est un fait indéniable : de plus en plus de jeunes, engagés dans le tissu social, imprégnés par les valeurs morales, d’intégration et de responsabilité, plus que l’on ne le laisse à croire et qui plébiscitent la quête du sens et le besoin d'engagement, peuvent trouver dans ce lien Armée-Jeunesse-Nation, une concrétisation de leur volonté à s’impliquer pour le bien collectif.

L’actualité du 60ème anniversaire du débarquement en Normandie offre un exemple éclatant de l’utilité pédagogique de l’enseignement au plus jeune du devoir de mémoire et de la force de l’histoire comme guide pour l’avenir. Des exemples qui permettent à des collégiens et des lycéens de se rendre sur des lieux de mémoire, tels que le Mémorial de Caen, à Auschwitz, à Valmy sont des expériences enrichissantes qu’il convient de développer, en partenariat avec l’Education nationale, les conseils régionaux et généraux, les municipalités.
Dès lors, cette indispensable action pédagogique, donnera aux jeunes les armes pour se construire un esprit critique pour que l’histoire et son exemplarité ne soit pas travestie, aux grès des événements.
La Difficulté, en matière de politique de défense, est de savoir jusqu'où vous pouvez allez sans détruire de l'intérieur ce que vous vous efforcez de défendre de l'extérieur. Cette approche apporte ainsi une réponse directe à ceux qui font des parallèles douteux entre le 6 juin 1944 marquant le début de la libération d’une Europe sous le joug du nazisme et une occupation arbitraire en Irak rejetée par l’immense majorité des peuples, et qui pensent que sa mission civilisatrice est de porter partout la guerre préventive…A cela, en effet, l’éducation à l’esprit de défense, permettra aux plus jeunes d’estimer la réalité de la menace.
Sachons, chacun à sa place, élus, enseignants, parents d’élèves, responsables associatifs, militaires actifs et réservistes des forces armées, animer ce désir légitime de France, qui a permis, par le passé, dans des moments tragiques, comme dans la reconstruction, que notre Nation existe pour l’avenir.



Eric FERRAND estAdjoint au Maire de paris, chargé de la vie scolaire et Conseiller régional d’Ile-de-France
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Capturé par MemoWeb à partir de http://www.cactus-republicain.org/index.php?ID=&ThemeID=67&LangueID=1&RubID=135&InfoID=558  le 16/07/2004