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EXECUTIVE LIFE : une histoire exemplaire
Par Sylvain Ethiré

La facture présentée par la justice américaine s’élève à 770 millions de dollars. Les fonds publics français y contribueront pour 475 millions. Et certains disent que ce n’est qu’un début, que la facture pourrait s’alourdir méchamment, un milliard, deux milliards, qui sait. Mais soyons optimistes, si on peut dire, et restons-en à la note initiale. De quoi payer plus de 100000 rmistes pendant un an, ou pas loin de 50000 smics. Ou presque l’équivalent de ce que l’Etat espère (à notre avis bien imprudemment) récupérer en sucrant un jour férié aux salariés (ou plutôt en l’offrant au patronat). Raffarin, toujours pince sans rire, affirme que ça ne coûtera pas un liard aux contribuables. Et il espère qu’on va le croire ? Qu’on va gober un tel tour de passe-passe ? Raffarin devenu majax de la finance ? Allons donc.
L’affaire est cela dit exemplaire des mécanismes qui gouvernent notre monde. Des financiers français, F. Pinault et les célèbres as du lyonnais en tête, repèrent un magot potentiel en Californie. Risque, mais limité, ou jackpot, confortable (on parle de 1,2 milliards de dollars empochés par le seul Pinault, mais ses acolytes n’ont sûrement pas trempé gratis dans l’affaire). Au passage, on a un peu titillé les limites du droit américain, en oubliant que seuls les américains ont le droit de titiller leur droit. Mais bon, les assurés d’Executive Life (car c’est une compagnie d’assurances), qui craignaient la faillite, rentrent dans leurs fonds, pas de victimes, donc, dans le hold up. Sauf qu’un juge teigneux découvre les papouilles juridiques des frenchies, et c’est l’hallali. Ils veulent reprendre le fric à Pinault and co. Mais Pinault and co ne sont pas d’accord. Et Pinault va voir son grand pote président de notre république. Ce qu’ils se sont dit est secret. L’évocation sans doute nimbée de poésie de services mutuels échangés pendant de longues années. Ce serait dommage de gâcher une aussi belle amitié pour une misérable histoire d’argent. Et ce serait plus simple que chaque citoyen raque une soixantaine d’euros, un rien vraiment, plutôt que d’entamer le magot si précieux de Pinault. Mais notre président de notre république ne badine pas sur les principes : non, non, Pinault, pas question, j’ai promis de baisser les impôts. Mais puisque tu insistes, disons moitié-moitié, tu payes la moitié, et mes français l’autre. Deux tiers un tiers, propose Pinault. Tope là, répond le président. On en est là, en effet. Quand on joue au casino, on empoche les gains, mais on paie les pertes, on ne prie pas les français de passer à la caisse. Pinault et ses copains ont gagné, et vont perdre (il leur resterait quand même un petit quelque chose pas vraiment négligeable, notez, même s’ils paient toute la facture). Nous n’y sommes pour rien. Pinault and partners n’ont qu’à se débrouiller.
Au fait, il paraîtrait que le groupe Pinault a prêté de l’argent au Monde (on l’a lu dans la presse, mais pas dans le Monde). Remboursable en actions. Ah, on aime quand progresse l’indépendance de la presse.