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UNE NOUVELLE BATAILLE DU RAIL ?
Par Georges Hervel


La Documentation Française a publié en juillet un intéressant rapport sur le fret ferroviaire. Ce sujet n’est technique qu’en apparence, puisqu’il est au confluent des problématiques écologiques (le train respecte l’environnement) et économiques (l’Union Européenne impose une libéralisation imminente du fret dans les pays membres). Même si le rapport, rédigé par deux sénateurs proches de la SNCF , se concentre surtout sur ces derniers aspects, il n’ignore pas les enjeux environnementaux à la clé.
A dire vrai, le rapport a le mérite de rafraîchir la problématique générale avec des données sûres et récentes. Il souligne notamment le déclin récent du rail par rapport à la route. Alors que nous sommes abreuvés à longueur de temps par des discours catastrophistes sur l’effet de serre, l’insécurité routière et le mitage des paysages, les politiques publiques se sont concentrées sur un développement de la route au détriment du rail. Si la SNCF continue à transporter bon an mal an l’équivalent de 6 millions de camions, son activité fret est en déclin continu depuis 20 ans (50% de part de marché en moins depuis 1980, environ, dans le transport de marchandises).
L’horizon de la libéralisation met en cause l’avenir même de la SNCF comme entreprise publique. Si le marché français est ouvert aux transporteurs privés ou étrangers, qu’adviendra-t-il de notre transporteur national ? Restera-t-il à la concurrence ? Et cette concurrence donnera-t-elle une nouvelle jeunesse au transport de marchandises par voie ferrée ?
Sur ces questions, le rapport semble frileux et plutôt pessimiste. Peut-être la comparaison avec les expériences allemande (où 200 entreprises disposent d’une licence ferroviaire) et britannique (où le marché est privatisé depuis longtemps) pousse-t-elle nos sénateurs à la prudence. Mais justement, il est très dommage que la France entre à reculons dans une nouvelle ère de conquête du rail.
D’une manière générale, le rapport souligne en creux l’absence d’une véritable ambition politique sur ce sujet. L’Etat pourrait pourtant utilement mobiliser les énergies, à la fois de notre transporteur dominant, mais aussi des collectivités locales et des chargeurs susceptibles d’entrer sur ce marché. Une grande vision européenne pourrait se dégager, avec une stratégie d’expansion tirant profit des avantages de la SNCF : un réseau fourni et bien entretenu, un savoir-faire reconnu, une puissance capitalistique avec peu d’équivalents en Europe.
Au-delà de cette ambition, l’Etat pourrait porter de grands projets d’aménagements utiles au fret. Le principe du ferroutage, survolé dans le rapport (de façon assez négative), mériterait un examen plus attentif. La création d’autoroutes ferroviaires est une idée séduisante et une vraie alternative à l’engorgement de nos routes par les camions. La France pourrait envoyer un signe intéressant à l’Europe en portant des idées nouvelles, bénéfiques pour l’environnement et pour le rail.
Sur tous ces points, le rapport esquisse des pistes, mais semble craindre d’aller trop loin. Mauvais signe, que de voir des administrateurs de la SNCF et de Réseau Ferré de France pâlir à la seule projection de leur ombre sur le sol.