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POUR DEVELOPPER L’ECONOMIE SOCIALE : MUTUALISME ET COOPERATION
Par Alain Le Dosseur


Aujourd’hui, les concentrations capitalistes, réalisées souvent pour améliorer la rentabilité du capital, conduisent à ouvrir des « niches » rentables. Si l’on considère qu’une économie qui se contente d’un taux de profit faible (entre 0 et 5%) est cependant viable, alors ces « niches » existent et vont exister de plus en plus dans notre société. Il s’agit donc de permettre à des formes qui ne soient pas tendues vers la maximisation des profits d’exploiter ces « niches »

Ces formes existent : le mutualisme en France, mais aussi en Allemagne, est très fort si l’on considère aussi bien le nombre de personnes utilisatrices que la capacité financière des mutuelles. Le mutualisme a, de plus, une excellente image dans l’opinion publique. Une autre forme d’économie sociale productive existe également, la coopération. Aujourd’hui marginale, sauf dans certains secteurs de la production agricole, il est possible de lui redonner du souffle.

Politiquement, si l’on veut efficacement lutter contre la bourse, les privatisations, le chômage, il est impératif de proposer à nos concitoyens une véritable politique alternative, crédible et socialement positive.

LA SEULE ALTERNATIVE A LA MONDIALISATION BOURSIERE : LE MUTUALISME ET LA COOPERATION


Classiquement le financement des entreprises, pour croître, peut être fait par croissance interne génératrice d’autofinancement, par le crédit auprès des banques ou par la bourse. La croissance interne produisant en général peu de liquidités, les entreprises qui ne se servent que de ce moyen ont une croissance faible, à l’exception de certaines activités développant des produits nouveaux.

Le crédit, pour peu que l’entreprise l’obtienne, est le moyen le plus traditionnel en France. Son financement se fait par la croissance que l’utilisation des fonds procure.

La bourse a été le moyen, par injection d’argent grâce aux augmentations de capital, de procurer aux groupes de taille importante de se développer, surtout au niveau mondial. Il est à noter que ces groupes étaient déjà constitués, parfois avec beaucoup d’argent public à la base, avant de se tourner vers la bourse. Cette solution a également permis la croissance par rachat d’entreprises existantes, dite croissance externe.

Presque tous les investisseurs en bourse recherchent des dividendes rapides et/ou à réaliser des plus values par des achats/reventes d’actions. Ces investisseurs peuvent être, des zinzins (investisseurs institutionnels), des institutions financières, des entreprises importantes qui rechercheront des placements rémunérateurs à court terme pour leur trésorerie, des fonds de pension. Les particuliers ont peu leur mot à dire : la plupart n’accèdent à la bourse que par l’intermédiaire d’instruments financiers (sicav, fcp…) gérés par des institutions financières.

Ce sont les fonds de pension qui ont pesé le plus sur les bourses depuis quelques années en Europe, et depuis beaucoup plus longtemps aux USA. Les fonds de pension ont pour caractéristique principale d’avoir l’obligation d’obtenir des dividendes importants pour servir les retraites de leurs adhérents, principalement américains.

Depuis le XIXème siècle, au départ en Allemagne, pour permettre la promotion sociale, est né le mutualisme. D’abord bancaire – les sociétaires prêtent en confiance à ceux qui en ont besoin ce que les autres (moyennant rémunération) ont épargné – le mutualisme s’est étendu à d’autres services (assurances diverses dont la santé). Dans le même esprit, la coopérative de production ou de distribution est née. Aujourd’hui, si le mutualisme se porte bien, la coopération est économiquement marginale. Les concentrations capitalistiques liées aux mutations industrielles et à la grande distribution ont fait disparaître les magasins coopératifs et la plupart des coopératives ouvrières.

Un autre constat doit être fait : les dividendes – au sens large – ne peuvent être réalisés que si le pouvoir d’achat des consommateurs que nous sommes est assuré. Or notre pouvoir d’achat est assuré principalement par les salaires, alors que le travail rémunéré diminue (hors services), du fait des concentrations capitalistes (sous la pression des actionnaires) et que les services ne vivent que s’ils ont une demande solvable, les retraites, qui reçoivent aujourd’hui le produit de la répartition et alors que le nombre de salariés productif baisse et que le nombre de retraités croît avec la retraite à 60 ans et l’allongement de la durée de vie et les redistributions sociales (allocations diverses). Cet ensemble, qui constitue les revenus du travail, a vu sa part dans le revenu national décroître depuis 20 ans au profit des revenus du capital.

Les ponctions sur les actifs et les petites entreprises qui ne peuvent se délocaliser vont atteindre un seuil où le cercle de la croissance va s’inverser en récession. Un des grands enjeux se situe donc au niveau de la production, génératrice d’emplois et de plus values. Les différents scandales liés aux grandes entreprises, les errements boursiers et les licenciements des salariés alors que les entreprises ne sont pas en déficit, doivent nous encourager à réagir. La compétitivité d’une entreprise se mesure souvent au coût compétitif des ses produits sur le marché. Dans ces coûts il faut bien sûr inclure les charges diverses, mais aussi ne pas oublier la part du prix liée aux reversions des dividendes. Un double mouvement peut donc être mis en œuvre : la reconquête de certains marchés par des entreprises ne distribuant pas de dividendes et l’allégement des charges. Ce mouvement peut être accompagné par une distribution des productions, sur les mêmes bases, pouvant intégrer l’économie solidaire avec les pays du tiers monde.

Pour assurer le bon fonctionnement d’une nouvelle économie, l’appui des grandes mutuelles françaises et européennes ainsi que des états sera indispensable. Le choix des productions sous forme mutualiste doit faire l’objet d’une vaste concertation. Il ne sera pas question de tout faire. Mais mutualiser les productions de l’eau et de l’électricité, les péages et donc l’entretien et la sécurité des autoroutes et des tunnels, le rail constitue une 1ère série de choix. Notons qu’en Grande Bretagne, après l’échec cuisant de la privatisation des chemins de fer, le gouvernement anglais a créé une société à but non lucratif pur les gérer.

A ce même titre, on peut se poser la question de la production de notre alimentation : mutualiser la recherche et les plantations, y compris si nous utilisons un jour les OGM dans quelques cas très spécifiques, est une façon de sortir de la spirale de l’argent qui conduit à la production de mauvais produits. En ce qui concerne la distribution, celle-ci est actuellement concentrée dans les mains de quelques groupes qui imposent leurs prix aux petits producteurs, dont la disparition progressive nuit gravement au monde rural et fait peser des charges financières à la collectivité pour dynamiser et aménager le territoire.


UN OU DEUX EXEMPLES


Mutualiser la distribution peut se faire vers les sociétaires à partir des outils modernes (internet), de grandes bases régionales et/ou départementales et même s’appuyer sur le petit commerce indépendant. A noter que le groupe financier le plus puissant, Carrefour/Promodès, utilise déjà le petit commerce à son profit pour assurer sa croissance.

En ce qui concerne les grands groupes du BTP, par exemple, leur politique de sous-traitance les amène à perdre jour après jour le savoir-faire technique du fait qu’ils ne maîtrisent plus que la management des projets. Le développement des coopératives dans ce domaine est, à mon avis, la aussi à l’ordre du jour.


Alain Le Dosseur est membre du Conseil national du MRC