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RMI, RMA, CHOMAGE ETC…
par Daniel Cojean

Bien que mes propos puissent apparaître comme incongrus, le combat pour l’existence ou le maintien d’un RMI n’offre pas de perspective pour résoudre le chômage. Les volontés de lutte contre le marché de dupe qu’est le RMA en sont d’autant affectées.
Encore naïf en 1982, j’ai distribué des tracts de la gauche plurielle (PCF), qui relatait cette avancée que représentait le RMI et considérait cette mesure insuffisante mais significative au regard du système d’indemnisation du chômage, mais qui ne prenait pas en compte les jeunes sortis de l’école sans premier emploi, d’autres catégories devenues sans ressources, etc.
Or, que constate t-on aujourd’hui avec le RMA : une accélération du transfert des subsides de l’état (via nos impôts) dans la poche du patronat, une précarisation, une paupérisation accélérée de la main d’œuvre, sans protection sociale conséquente.
La création du RMI a favorisé le développement du concept d’assistanat en ne permettant pas, en 1982, au système ASSEDIC de se moderniser et de s’étendre aux catégories non couvertes.
Plus encore, il a permit aux patrons (CNPF puis MEDEF) de se désengager financièrement de ses responsabilités d’acteur économique sans agir sur le chômage.
Par la suite nous avons hérité de la CSG pour mutualiser le RMI et permettre aux patrons de se libérer de leurs responsabilités vis-à-vis des jeunes inexpérimentés au profit d’emplois intérimaires, précaires tels que les CDD employés par les prestataires de services, les TUC, etc.
Au lieu de penser un système garanti tel que l’imagine la CGT aujourd’hui (le statut du salarié professionnel incluant des droits sociaux fondamentaux assujettis à cotisations sur la valeur ajoutée des entreprises et garantissant ressources et stabilité tout au long de l’existence professionnelle de tous les citoyens), les choix centralisateurs de l’état basé à l’époque sur l’impôt collectif ont libéré les patrons de l’obligation d’employeur, en favorisant l’autorisation de licenciement. Depuis, la part patronale de l’ASSEDIC n’a cessé de diminuer. La régression sociale qui frappe les intermittents du spectacle en est un bon exemple.
Il faut en finir avec les mesurettes qui alimentent et crédibilisent aujourd’hui un discours et une politique de régression sociale sans précédent. On le voit bien, plus on ménage la chèvre, plus les choux seront croustillants à dévorer et plus le désarroi et la résignation s’installeront dans les esprits.
La thatcherisation est en route en France comme elle l’a été au Royaume Uni. Le parti travailliste et le parti socialiste ont précédé hier, précédent aujourd’hui et précéderont demain une ultra-libéralisation de l’économie.
Un mot sur le programme du FN, qui, s’il était appliqué, serait un exemple d’hyper libéralisation de l’économie en proposant une formule simpliste de l’économie (une société apparemment sans classes où les salariés et les patrons pourraient se regrouper en association de métier ou par profession.) et qu’il serait bon d’analyser pour mieux la combattre. La répartition des plus-values et la propriété des moyens de production et d’échanges ne sont évidemment pas abordés. L’existence d’une oligarchie financière n’est pas remise en cause dans ce programme !
Plus la fourberie est grosse plus elle a des chances de faire rêver des consciences devenues simplistes eu égard à l’érosion politique.
Personnellement, je profite des 35 heures sans vergogne, car le taux de productivité des français est l’un des plus fort d’Europe. Le chômage y est aussi l’un des plus important. La France s’est parfaitement adaptée aux exigences du capitalisme international (le libéralisme).
Les différences de niveau de vie stigmatisent une société organisée en couches et catégories sociales étanches et antagonistes, où les intérêts des uns et des autres semblent s’opposer pendant qu’une classe sociale dominante perpétue ses pouvoirs. Elle brandit ses privilèges comme des miroirs à la vue des humbles gens pour qu’ils perçoivent ce qui relève de la réussite sociale individuelle et ce qui relèverait de l’échec, le rêve collectif et solidaire.
Voilà pourquoi je pense que lutter contre le RMA c’est d’abord lutter contre l’injustice sociale, mais c’est aussi proposer autre chose que le RMI.
La formation professionnelle a été et sera toujours le meilleur système de réinsertion sociale. Assortie de garanties statutaires professionnelles pour un salarié licencié, elle obligerait le patronat a perdre plus d’argent en licenciant qu’il pourrait en gagner en employant un citoyen. Cela serait certainement plus judicieux que tout système d’autorisation ou d’interdiction de licenciement. Une telle mesure ne règlerait en rien le problème de la propriété des moyens de production et d’échanges, mais contribuerait fortement à une autre répartition du PIB (somme des valeurs ajoutées des entreprises). Elle réduirait les écarts entre les riches et les pauvres et en cela, elle participerait de l’appropriation collective des moyens de production et des échanges. Il s’agit donc bien d’une mesure radicale traçant le chemin d’une transformation sociale de la société, et ce, par des étapes transitionnelles qui devraient s’accompagner d’une prise de conscience populaire quant aux modifications nécessaires des comportements individualistes afin de parvenir à un système culturel dominant d’obédience humaniste et laïque.
Le syndicalisme fait parti intégrante du projet de société qu’une force anti-capitaliste en devenir devrait être à même de porter. Oui, la CGT fait de la politique au sens le plus noble du terme. Quelque part, ne pas l’afficher clairement, c’est se méprendre sur les facultés d’analyse des citoyens, quoi qu’en disent mes chers camarades de la confédération, qui opèrent stratégiquement une séparation entre le politique et le social au motif que la tradition syndicale française exclurait de ses pratiques la confusion des genres.

Daniel Cojean est militant de la CGT, du FSL, de la FCPE, signataire de l’Appel pour une Alternative à Gauche et sympathisant de la LCR et du PCF.